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Narcisse Leven

Nathan Narcisse Leven, né le à Uerdingen (aujourd'hui quartier de la ville de Krefeld) et mort à Paris le , est un avocat, philanthrope et homme politique français.

Narcisse Leven
Illustration.
Fonctions
Conseiller municipal de Paris
(Quartier du Faubourg-Montmartre)
–
Prédécesseur Eugène Viollet-le-Duc
Successeur Aimé-Joseph Daumas
Président de l'Alliance israélite universelle
–
Prédécesseur Salomon Hayum Goldschmidt
Successeur Sylvain Lévi
Biographie
Nom de naissance Nathan-Narcisse Leven
Date de naissance
Lieu de naissance Uerdingen (Krefeld)
Date de décès
Lieu de décès 9e arrondissement de Paris
Nationalité Prussienne (1833-1848)
Française
Parti politique ARD
Enfants Georges Leven
Profession Avocat

Il est reconnu pour son action de promotion de l'idée républicaine en France à partir de 1870, ainsi que pour ses créations d'écoles et de livres destinés à l'émancipation de la jeunesse juive en Afrique du nord, dans le cadre de l'Alliance israélite universelle dont il est l'un des fondateurs en 1860.

Biographie

Origines, famille et études

Originaire de Rhénanie prussienne, la famille Leven s'établit en France sous la Monarchie de Juillet avant d'y obtenir sa naturalisation par décret du . En 1842, Maurice Leven (1795-18..) fonde une tannerie à Paris, reprise en 1854 par ses deux fils aînés, Isaac (né vers 1819) et Samuel-Maurice dit « Stanislas » (1824-1911), futur conseiller général de la Seine (canton de Saint-Denis)[1]. Un troisième fils de Maurice, Moïse-Manuel (1831-1912), sera médecin, tandis que le cadet, Nathan-Narcisse, se consacrera au droit.

Il s'investit très tĂ´t dans les Ĺ“uvres philanthropiques. En 1848, alors Ă©lève au lycĂ©e Henri-IV et âgĂ© d'Ă  peine quinze ans, il lance avec des camarades une « Association lycĂ©enne Â» « pour le soulagement des familles nĂ©cessiteuses du 12e arrondissement de Paris Â», n'hĂ©sitant pas Ă  s'adresser Ă  Victor Hugo, BĂ©ranger, Lamartine ainsi qu'Ă  d'autres personnalitĂ©s afin de solliciter leur appui[2].

Avocat et militantisme

Avocat à la cour d'appel de Paris à partir de 1855, secrétaire de la conférence des avocats en 1858-1859[3], Narcisse Leven devient l'assistant de son coreligionnaire Adolphe Crémieux, ténor du barreau, homme politique républicain et défenseur des juifs, qui exercera une influence déterminante sur son jeune confrère. En , il participe, aux côtés de Charles Netter, Jules Carvallo, Eugène Manuel et de deux autres jeunes notables israélites, à la création de l'Alliance israélite universelle (AIU), soutenue et bientôt présidée par son mentor[4]. Le , Crémieux, devenu ministre de la Justice au sein du gouvernement de la Défense nationale, choisit Leven pour chef de cabinet[5] et directeur du personnel. C'est à ce titre que Leven suit Crémieux quand celui-ci est délégué à Tours () puis à Bordeaux ()[6].

Son engagement rĂ©publicain se poursuit au-delĂ  de ces missions car, en , il participe, aux cĂ´tĂ©s d'autres gambettistes (Jules Barni, Jules Cazot, Alcide Dusolier), Ă  la fondation d'une « SociĂ©tĂ© d'instruction rĂ©publicaine Â» « ayant pour but d'Ă©clairer les citoyens sur leurs droits et leurs devoirs Â»[7]. En diffusant de nombreuses brochures, cette association s'attache surtout Ă  rĂ©aliser le projet de Gambetta : convertir les campagnes au rĂ©publicanisme. Par consĂ©quent, elle est mise sur la sellette par le pouvoir conservateur au temps de l'Ordre moral[8] et s'attire notamment les foudres du marquis de Beaucourt, qui y voit « un dangereux poison Â»[9].

Carrière politique

Le , Narcisse Leven est élu au conseil municipal de Paris par les citoyens du quartier du Faubourg-Montmartre (9e arrondissement), succédant ainsi à Viollet-le-Duc. Républicain modéré (« opportuniste ») et non autonomiste[10], il est réélu en 1881 et 1884 avant d'être battu en par le radical-socialiste autonomiste Daumas, à l'issue d'une campagne pendant laquelle la Ligue antisémite l'a attaqué en raison de ses origines juives allemandes[11]. Membre de l'Association nationale républicaine (antiboulangiste), dont il intègre le comité directeur en 1893, il en démissionne en , après que le président de l'association, Honoré Audiffred, ait rejoint les antidreyfusards en votant contre le gouvernement Waldeck-Rousseau[12]. À l'instar de nombreux progressistes (nom des opportunistes dans les années 1890) soutenant Waldeck-Rousseau, Leven rejoindra le parti de l'Alliance républicaine démocratique fondé en 1901[13].

Inquiet des persĂ©cutions dont sont victimes ses coreligionnaires français dès le dĂ©clenchement de l'affaire Dreyfus, Leven est l'un des cofondateurs, en , du « ComitĂ© de dĂ©fense contre l'antisĂ©mitisme Â» initiĂ© par le grand rabbin Zadoc Kahn. Il vient Ă©galement en aide aux juifs des autres pays, que ce soit au sein de l'AIU ou de la Jewish Colonization Association (ICA), dont il se voit confier la prĂ©sidence en 1901. FondĂ©e en 1891 par Maurice de Hirsch, l'ICA a pour but d'aider les rĂ©fugiĂ©s juifs fuyant les pogroms Ă  s'Ă©tablir sur des territoires plus hospitaliers, notamment en AmĂ©rique (plutĂ´t qu'en Palestine, Leven Ă©tant peu favorable aux thèses sionistes de Theodor Herzl). Parmi ces colons, ceux de Bender Hamlet, au Canada, nomment un hameau voisin « Narcisse » en l'honneur de Leven. Une Colonia Narcisse Leven est Ă©galement fondĂ©e près de Bernasconi, en Argentine. SecrĂ©taire-gĂ©nĂ©ral (1863-1883) puis vice-prĂ©sident (1883-1898) de l'AIU, Narcisse Leven en prend la prĂ©sidence en 1898. Son Ĺ“uvre scolaire Ă  la tĂŞte de l'AIU sera saluĂ©e par l'attribution de son nom Ă  une Ă©cole de Casablanca.

Mort le en son domicile de la rue d'Aumale, Narcisse Leven est inhumé au cimetière de Montmartre[14].

D'un premier mariage, Narcisse Leven est le père de Mayer-Joseph-Georges Leven (1868-1941), agent de change et lieutenant-colonel de réserve. D'un second mariage, il est le père de Maurice Leven (1876-1951), avocat. Tous deux seront actifs au sein de l'AIU. Georges est le père de Gustave Leven (1914-2008), dirigeant de la société Perrier de 1948 à 1990[15].

Références

  1. Ernest Gay, Nos édiles, Paris, 1895, p. 459-460.
  2. Maurice Leven, « Une Association lycĂ©enne en 1848 Â», Revue politique et littĂ©raire, 5e sĂ©rie, t. IV, no 1, 1er juillet 1905, p. 154-159.
  3. Bulletin annuel de l'Association amicale des secrétaires et anciens secrétaires de la Conférence des avocats à Paris, no 36, 1922, p. 141.
  4. Leven, t. I, p. 67.
  5. Le Temps, 10 septembre 1870, p. 3.
  6. Gouvernement de la Défense nationale, deuxième partie : Actes de la Délégation à Tours et à Bordeaux - Ministère de la Justice, Tours, 1871, p. 5-6.
  7. Revue politique et littéraire, 2e série, t. I, no 10, 2 septembre 1871, p. 227 et no 24, 16 décembre 1871, p. 598.
  8. Xavier Roux, « Procès de Châtillon Â», Revue de France, 4e annĂ©e, t. IX, janvier-mars 1874, p. 599.
  9. Gaston du Fresne de Beaucourt, La Propagande catholique et la propagande radicale, rapport lu au congrès des comités catholiques tenu à Paris du 18 au 22 avril 1876, Paris, 1876, p. 5-6.
  10. Le Temps, 3 mai 1884, p. 3.
  11. Le Temps, 14 mai 1887, p. 1.
  12. Le Temps, 9 juillet 1899, p. 3.
  13. Gilles Le Béguec, La République des avocats, Paris, Armand Colin, 2003.
  14. « NĂ©crologie Â», Le Temps, 8 janvier 1915, p. 3.
  15. Nicolas Marty, « Gustave Leven Â», in Jean-Claude Daumas (dir.), Dictionnaire historique des patrons français, Paris, Flammarion, 2010.

Bibliographie

  • Narcisse Leven, Cinquante ans d'histoire - L'Alliance israĂ©lite universelle (1860-1910) (2 t.), Paris, FĂ©lix Alcan, 1911 et 1920.
  • « NotabilitĂ©s israĂ©lites : Narcisse Leven Â», L'Univers israĂ©lite, 67e annĂ©e, no 43, , p. 445.
  • « Le centenaire du PrĂ©sident Narcisse Leven Â», Paix et droit, organe de l'Alliance israĂ©lite universelle, 13e annĂ©e, no 7-8, septembre-, p. 25-28.

Liens externes

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