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Napier Gazelle

Le Napier Gazelle était un turbomoteur[3] britannique, conçu et produit par la société D. Napier & Son Limited à milieu des années 1950. En 1961, la production ft transférée nominativement à une entreprise conjointe avec Rolls-Royce Limited, appelée Napier Aero Engines Limited[4], mais cette association prit fin deux ans plus tard[5].

Napier Gazelle
(caract. Gazelle 501 / Mk.101 / NGa.2(R))
Vue du moteur
Un Napier Gazelle, exposé au Royal Air Force Museum, à Londres, Royaume-Uni.

Constructeur D. Napier & Son Limited
Utilisation • Westland Wessex
• Bristol Belvedere
Caractéristiques
Type Turbomoteur[1] - [2]
Longueur 1 778 mm
Diamètre 851 mm
Masse 376,5 kg
Composants
Compresseur Axial, Ă  11 Ă©tages
Chambre de combustion 6 tubes Ă  flamme sĂ©parĂ©s
Turbine • Régénération : Axiale, à deux étages
• puissance : libre, à un étage
Performances
Poussée maximale à sec • Résiduelle : 1,16 kN
Puissance maximale 1 650 eshp, soit 1 230,4 kW
Taux de compression 6,25 : 1
DĂ©bit d'air 8 kg/s

Historique

Pendant plus de dix ans, la sociĂ©tĂ© Napier & Son avait dĂ©vouĂ© une grande partie de ses efforts de dĂ©veloppement Ă  faire Ă©voluer une sĂ©rie de turbomoteurs Ă  flux axial pour l'aviation. Si initialement ces derniers jouaient plutĂ´t dans la catĂ©gorie des faibles Ă  moyennes puissances, lorsque la compagnie fit usage d'un Ă©tablissement de tests bien Ă©quipĂ© Ă  Liverpool, elle parvint Ă  mettre au point une famille de compresseurs qui battait tous leurs concurrents, sur le plan de l'efficacitĂ© comme de la performance par Ă©tage. DĂ©marrant avec le Naiad de 1 500 ch, la compagnie Ă©volua avec le Eland de 3 000 ch, le turbogĂ©nĂ©rateur de gaz sous pression Oryx d'une puissance de 800 Ă  1 200 ch, et l'unique Nomad, un moteur de type « turbo-compound » employant un moteur Ă  piston et une turbine Ă  gaz. Chacun de ces modèles Ă©tait conçu pour une application particulière, et l'Oryx en particulier fut conçu pour fournir un flux de gaz convenable pour les hĂ©licoptères Ă  rotors Ă  rĂ©action. Le moteur Ă©tait simple et attractif, et il parvint Ă  atteindre le niveau de performances dĂ©sirĂ© par son constructeur[3].

En 1953, la Bristol Aeroplane Company (BAC) suggĂ©ra Ă  Napier qu'un Oryx en version turbomoteur Ă  turbine libre pourrait ĂŞtre associĂ© au dĂ©veloppement de l'hĂ©licoptère bimoteur Ă  rotors en tandem Bristol 173, et Napier prĂ©para alors les projets NOr.2 et NOr.3, de respectivement 650 et 900 ch. Le premier fut considĂ©rĂ© comme adaptĂ© Ă  une version civile dĂ©rivĂ©e du Bristol 173, et le dernier fut rattachĂ© au projet d'un Bristol 191, une machine plus lourde destinĂ©e Ă  la Royal Navy. Les demandes exprimĂ©es concernant le moteur pour le 191 Ă©taient très sĂ©vère, bien qu'une puissance de 900 ch soit initialement adĂ©quate pour n'importe-quel appareil bimoteur. Le constructeur exigea en effet que le moteur puisse supporter de fonctionner une heure Ă  une puissance de 1 100 ch, puis qu'il puisse dĂ©livrer une inhabituelle puissance d'urgence pendant deux minutes Ă  « au-moins 1 260 ch », pour les cas de perte d'un des deux moteurs. De telles puissances Ă©taient dans les 50 % plus importantes que celles des unitĂ©s Oryx existantes[3]

Après avoir Ă©tudiĂ© avec attention les demandes exprimĂ©es, Napier dĂ©cida que les besoins de puissance pour le Bristol 191 et le plus avancĂ© Bristol 192 pourraient ĂŞtre atteintes avec un nouveau moteur, qui disposerait d'un dĂ©bit d'air plus important que l'Oryx. Un facteur dĂ©cisif dans ce choix fut qu'il existait dĂ©jĂ  un compresseur aux caractĂ©ristiques requises qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© largement Ă©prouvĂ©. Le moteur « compound » Nomad employait en effet une unitĂ© Ă  12 Ă©tages avec un diamètre maximal constant de 265,17 mm et un taux de compression maximal de 8,25 pour 1. Cette unitĂ© avait Ă©tĂ© basĂ©e sur les donnĂ©es aĂ©rodynamiques issues du compresseur de recherches de 287,52 mm utilisĂ© Ă  l'Ă©tablissement d'essais de Liverpool, et possĂ©dait suffisamment de bons retours d'expĂ©rience pour ĂŞtre dĂ©clarĂ© adaptĂ© au nouveau futur moteur, mĂŞme avec quelques modifications. En fait, il fut dĂ©cidĂ© de retirer le douzième Ă©tage du compresseur et d'ainsi obtenir une unitĂ© lĂ©gère et efficace, capable de fournir un dĂ©bit d'air de 7,26 kg/s et un taux de compression de 6,37 : 1[3].

DĂ©but 1954, les prĂ©paratifs pour la mise au point d'un moteur employant un tel compresseur furent finalisĂ©s, et le Ministry of Supply (en) (MoS) britannique attribua Ă  Napier un contrat de conception et dĂ©veloppement. Le moteur reçut le nom de « Gazelle ». La conception commença en , et le premier exemplaire tourna sur banc et fut validĂ© le . Le , il dĂ©livrait sa pleine puissance annoncĂ©e, de 1 260 ch, et en , plus de 2 000 heures de tests avaient Ă©tĂ© effectuĂ©es, donc plus de mille sur un seul exemplaire. Ces rĂ©sultats sont dus en partie au fait que la compagnie possĂ©dait dĂ©jĂ  un compresseur Ă©prouvĂ©, mais Ă©galement Ă  la grande expĂ©rience de la sociĂ©tĂ©, qui avait rĂ©ussi Ă  rendre plus prĂ©visible la conception de moteurs que ce qu'elle l'Ă©tait jusqu'alors[3].

Caractéristiques techniques

Le moteur a été initialement conçu pour les applications à voilure tournante, et ce choix explique qu'il peut être installé sous n'importe-quel angle, dès l'instant que l'entrée d'air est plus haute que la tuyère d'échappement (ceci afin de prévenir les risques d'incendie en cas de démarrage raté, si du carburant reste présent à l'intérieur du moteur).

Entrée d'air

L'entrĂ©e d'air du moteur est de forme annulaire et pĂ©riphĂ©rique, formĂ©e dans un alliage de magnĂ©sium et de zirconium. Le choix de cet alliage lĂ©ger permet d'obtenir une pièce qui ne pèse qu'Ă  peine plus de 20 kg, malgrĂ© sa taille imposante[3]. Le moulage consiste en une paire de disques joints par six renforts radiaux. Cinq de ces six renforts sont chauffĂ©s par de l'huile provenant du moteur et le sixième par de l'air prĂ©levĂ© au niveau de compresseur, le tout permettant de combattre le givre sur l'entrĂ©e d'air. Le moulage de cette pièce se termine Ă  l'entrĂ©e du compresseur axial et supporte une rangĂ©e de guides aĂ©rodynamiques d'entrĂ©e Ă  incidence variable (de 10 Ă  35°), qui sont contrĂ´lĂ©es de manière automatique pour toujours alimenter correctement le moteur quelle que soit sa vitesse de rotation. Ces guides sont formĂ©s Ă  partir de feuilles fines d'un alliage de cuivre et de bĂ©ryllium enroulĂ©es et brasĂ©es autour d'une longueur de câble, ce qui fait que ces guides sont creux et qu'on peut y faire passer de l'air chaud en provenance du compresseur (200 Ă  220 °C) pour les chauffer[3]. Une fois travaillĂ© lorsqu'il Ă©tait doux, l'alliage est durci par une trempe, et les guides sont insĂ©rĂ©s dans des extrĂ©mitĂ©s moulĂ©es du mĂŞme matĂ©riau, qui possède non-seulement les mĂŞmes propriĂ©tĂ©s thermiques, mais qui agit aussi comme des roulements secs, bougeant Ă  l'intĂ©rieur d'anneaux installĂ©s sur le carĂ©nage de l'entrĂ©e d'air. L'incidence des guides est contrĂ´lĂ©e par des anneaux installĂ©s Ă  leurs extrĂ©mitĂ©s[3].

Compresseur

Le compresseur est dotĂ© de 11 Ă©tages. Toutes les ailettes sont en alliage d'aluminium-bronze, offrant une bonne rĂ©sistance Ă  la corrosion et Ă  la fatigue. Les pales des rotors sont reliĂ©es Ă  leurs disques supports par des « racines » en forme de sapin. Les disques des rotors 1, 8, 9, 10 et 11 sont en alliage d'acier inoxydable Rex 448, alors que les autres sont en alliage d'aluminium[3]. L'arbre qui entraĂ®ne les disques est Ă©galement en acier inoxydable et le bout d'arbre situĂ© au plus bas est fabriquĂ© sĂ©parĂ©ment (en prenant exemple d'un moteur installĂ© verticalement, entrĂ©e d'air vers le haut). Il est assemblĂ© par brasage et pressage Ă  l'arbre principal Ă  chaud, et cette conception permet de grandement simplifier la fabrication. Elle a toutefois Ă©tĂ© rendue possible par le fait que l'assemblage n'a pas de puissance Ă  transmettre Ă  l'hĂ©lice du moteur[3].

Le carénage du compresseur est moulé par la société Sterling Metals, Ltd. dans un alliage de magnésium et de zirconium. Chaque demi-carénage comporte des anneaux de support pour les ailettes de stator, dont les extrémités sont poussées dans des rails de maintien intégrés au carénage. La partie supérieure du carénage de compresseur est boulonnée à la plaque de support-moteur principale. Comme souvent avec les moteurs conçus par Napier, cette plaque est l'arête dorsale de l'ensemble du moteur et elle contient quatre attaches pour le maintien du moteur. Il s'agit d'un moulage en une seule pièce, qui contient également l'anneau des diffuseurs menant l'air du compresseur aux six chambres de combustion du moteur[3].

Chambres de combustion

Les précédents moteurs conçus par Napier étaient dotés de chambres de combustion démontables individuellement, mais la durée de vie des sections dédiées à la combustion a tellement été améliorée depuis que cette caractéristique n'a pas été reprise sur le Gazelle. À la place, les six tubes à flamme sont montés à l'intérieur d'autres chambres tubulaires soudées à des plaques avant et arrière, formant ainsi un bloc unique, qui joue également un rôle structurel et supporte les efforts produits par la turbine[3]. Cela a permis au passage de supprimer les treillis tubulaires qui étaient habituellement présents sur les anciennes conceptions du constructeur. Les chambres sont en alliage Nimonic 75, et un joint fusible boulonné est disposé à la partie arrière, au cas où les chambres devraient être démontées[3].

L'injection du carburant est effectuée par des buses placées en amont du flux d'air comprimé, avec une géométrie assez ressemblante à celle des autres moteurs Napier. Un petit trou est percé au niveau de chaque carénage de tube a flamme pour éviter que le carburant ne s'accumule en cas de démarrage raté[3].

Turbine

La turbine entraînant le compresseur est dotée de deux étages, dont les disques sont en alliage et fixés à un tambour en métal forgé. Celui ci contient un engrenage à son extrémité arrière, qui s'engage dans son équivalent installé sur l'arbre du compresseur. Cette disposition permet de séparer les deux éléments en laissant le reste du moteur attaché à la plaque-support principale. Les pales de la turbine sont en alliage Nimonic et sont fixées à leurs disques par des racines en forme de sapin[3].

Le refroidissement des ailettes est assuré par un prélèvement d'air sous pression pris au niveau du dixième étage du compresseur. La nature « toutes positions » du moteur a nécessité l'emploi de roulements étanches. Les joints sont également alimentés par de l'air sous pression pour assurer l'étanchéité des joints étant collés aux roulements[3].

La turbine dite « de puissance », celle qui fournit du couple sur l'arbre de sortie, est indépendante et intégralement forgée avec son arbre de rotation. Le mouvement est transmis via une boîte à engrenages réducteurs au rotor de l'hélicoptère ainsi équipé. L'ensemble turbine de puissance/boîte à engrenages peut être démonté séparément du reste du moteur[3].

Versions

  • NGa.1
  • NGa.2
  • NGa.2(R)[2]
  • NGa.2 series 2
  • NGa.13(R)[2]
  • NGa.13 series 2
  • Mk.101[2]
  • Mk.161[2]
  • Mk.162 (NGa.13 series 2)[2]
  • Mk.165[2]
  • Gazelle 501[2]
  • Gazelle 503[2]
  • Gazelle 512[2]
  • Gazelle 514[2]
  • Gazelle E.219[2]

Applications

Exemplaires préservés

Un Gazelle préservé est exposé au Royal Air Force Museum London, au Royaume-Uni. Un autre, appartenant à un hélicoptère Wessex, est exposé au Queensland Air Museum (en), en Australie.

Notes et références

  1. (en) « Napier Gazelle cutaway view », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 71, no 2520,‎ , p. 633 (lire en ligne [PDF])
  2. (en) Taylor 1962
  3. (en) « Napier Gazelle », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 54, no 2068,‎ , p. 630-633 (lire en ligne [PDF])
  4. (en) « ENGLISH ELECTRIC-ROLLS ROYCE Napier Aero Engines Ltd. », Times, London, England, 1er juin 1961, p. 24
  5. (en) « NAPIER AERO ENGINES LTD. (CLOSURE) », sur http://hansard.millbanksystems.com, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) John W.R. Taylor, Jane's All the World's Aircraft 1962-63, London (UK), Sampson, Low, Marston & Co Ltd,
  • (en) Bill Gunston, World encyclopedia of aero engines, Wellingborough New York, N.Y, P. Stephens Distributed by Sterling Pub. Co, , 192 p. (ISBN 978-1-852-60163-8, OCLC 21117189, prĂ©sentation en ligne)


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