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Musique philippine

La musique philippine est un métissage entre les musiques d'Europe, d'Amérique, d'Indonésie et d'éléments indigÚnes, à la suite de quatre siÚcles d'une colonisation qui ne s'est jamais souciée d'en collecter les formes.

Ce n'est qu'au dĂ©but du XXe siĂšcle que cette musique indigĂšne a Ă©tĂ© dĂ©couverte et prĂ©servĂ©e. On ne peut parler de musique « nationale » tant la disparitĂ© de langages et d'habitats est grande aux Philippines, d'autant plus que les musiques rĂ©gionales, sont surtout ou percussives, ou vocales. À ce groupe indigĂšne, s'ajoute le folklore espagnol.

Musique traditionnelle

Contrairement aux musiques voisines, la musique traditionnelle philippine est essentiellement diatonique, et peu pentatonique (voire heptatonique tempérée). De ce fait, elle se subdivise en musique joyeuse jouée sur mode majeur, et musique plaintive sur mode mineur. Elle a plutÎt un triple mÚtre de coutume, mais le double ou le quadruple ne sont pas inconnus. En raison de l'étendue de leur archipel, les Philippines ont des styles régionaux trÚs variés.

Le kulintang est un répertoire répandu à Mindanao et à Sulu. Il est exécuté par des hommes sur cinq types de gongs à bosse similaires à ceux d'Indonésie : le kulintang (huit gongs (parfois douze) jouant la mélodie), l'agung (le plus grand donnant la basse, parfois doublé), le gandingan (quatre grands gongs servant la mélodie) ou le tunggalan et le duahan, le dabakan (tambour en sablier à peau de chÚvre ou lézard) ou le gandang et le babendil (un gong qui marque la mesure).

Kulintang.

C'est une musique d'agrément servant dans les noces, les réceptions, les pÚlerinages, etc., mais elle sert aussi de thérapie et de mode de communication (grùce à un code d'interprétation de la musique jouée).

Le sindil (joutes chantĂ©es) est un style lĂ©ger chantĂ© par des partenaires de mĂȘme sexe. Les vers sont emplis de railleries et de plaisanteries. Ils sont accompagnĂ©s au gabbang (xylophone) et au biyula, une vielle traditionnelle.

Le kapanirong est une forme de sérénade.

Le tultul est un chant Ă©pique des Palawan vivant dans les montagnes

Le tagonggo est une musique de rue tonitruante pour les festivals.

L'utom est la musique épique et animiste pratiquée par les T'Boli.

À Luçon, il existe aussi une musique de gongs Gangsa (sans bosse), accompagnant les danses avec des tambours, dans une polyphonie rĂ©pĂ©titive. D'autres musiques sont jouĂ©es sur des cithares en bambou, des tambours, des luths et des flĂ»tes, nasales notamment.

Influences espagnoles

Les colons espagnols et mexicains ont apporté la chrétienté et les instruments occidentaux. Bien des chants occidentaux sont devenus des classiques du folklore local sans qu'il s'en dégage une version commune. Ils sont tout autant exécutés en falsetto qu'en voix narrative.

Harana

L'harana est une musique courtoise inspirée du mariachi mexicain. C'est une musique d'aubade protocolaire avec des styles musicaux pré-coloniaux ; elle est jouée à la guitare, ou à l'ukulele, plus rarement au violon ou à la trompette.

Kundiman

Le kundiman est un chant lyrique romantique en espagnol, sur le mode mineur, trouvant aussi ses origines avant la colonisation. Le Matud Nila en est l'un des plus connus. Durant les années 1920, ce style fut populaire grùce au talent de Diomedes Maturan et Ruben Tagalog.

Rondalla

ImportĂ© d'Espagne au XIXe siĂšcle, la rondalla est un ensemble d'instruments Ă  plectre jouant un rĂ©pertoire d'ouvertures symphoniques et d'arias d'opĂ©ras occidentaux. Ceci ne l'empĂȘche pas d'ĂȘtre trĂšs populaire et de se marier avec la danse. Il se compose d'une bandurria piccolo, une bandurria, un laĂșd, une octavina et une mandola, une guitarra et un bajo de unas (remplacĂ© par la contrebasse).

Fabriqués à partir d'essences locales, tels le langka, le narra, le kamagong et le mahogany, ces instruments sont joués avec un plectre en écaille de tortue. La plupart ont des cordes doublées, voire triplées pour parfaire la qualité et le volume sonore.

Chorale

Ce style est l'Ɠuvre du groupe Philippine Madrigal Singers qui a su glaner des rĂ©compenses mondiales, gagnant deux fois le European Grand Prix for Choral Singing (1997 et 2007). Il s'agit de chorales universitaires dont The University of the Philippines Singing Ambassadors (ou UPSA) et The University of the Philippines Concert Chorus (ou UPCC) sont aussi des reprĂ©sentants Ă©minents. On peut aussi mentionner Kundirana, UST Singers et The Ateneo College Glee Club.

Musiques de danse

Trois groupes se dégagent de la masse, chacun ayant su préserver sa musique :

  • Danses chrĂ©tiennes, incluant Habanera, Jota, Fandango, Polka, Curacha, et des versions locales telles balitao, tinikling et cariñosa.
  • Danses musulmanes de Cour, proche du Gamelan indonĂ©sien et du Piphat thai. Elles sont narratives Ă  l'image du singkil, hĂ©ritĂ© du Rāmāyana hindou

  • Danses ethniques, liĂ©es aux percussions et aux rites chamaniques ou naturels.

Instruments de musique

D'origines indigĂšnes :

D'origines espagnoles :

Musiques populaires

À la suite de l'occupation des Ăźles de 1898 Ă  1935 par les États-Unis, le blues, le folk, le rhythm and blues et le rock 'n' roll sont devenus populaires, tant et si bien qu'il y a beaucoup de cover band, reprenant les hits des groupes amĂ©ricains facilitant l'Ă©mergence de superstars comme Martin Nievera, Sharon Cuneta, Gary Valenciano, Lea Salonga et Regine Velasquez.

Filipino rock

Depuis les annĂ©es 1950, la langue nationale, le tagalog, a Ă©tĂ© adaptĂ©e au rock'n'roll donnant le filipino rock. Le groupe Rocky Fellers eut mĂȘme du succĂšs aux États-Unis. Durant les annĂ©es 1970, Juan Dela Cruz Band et Hotdog mĂ©langĂšrent tagalog et Anglais, formant le Taglish. S'y ajouta ensuite une touche de folk, avec Freddie Aguilar dont Anak fut un hit mondial.

Durant les années 1980, le rock fut un soutien aux émeutiers. La new wave, le métal et le punk firent leur apparition, mais c'est surtout avec le groupe Eraserheads, que le filipino rock éclata.

Un nouveau genre, le neo-traditional est en train de devenir populaire grĂące Ă  Joey Ayala, Grace Nono et Bayang Barrios qui incluent des relents de musiques ethniques des minoritĂ©s dans leurs Ɠuvres.

L'Original Philipino Music ou Original Pinoy Music (OPM) est une forme de balade originale popularisée par Ryan Cayabyab, Sharon Cuneta, Kuh Ledesma, Zsa Zsa Padilla, Martin Nievera, Gary Valenciano, Basil Valdez, ey Valera, Regine Velasquez.

Origine

Étant donnĂ© que les Philippines Ă©taient une colonie des États-Unis de 1898 Ă  1946, la culture amĂ©ricaine a eu un profond impact sur le dĂ©veloppement du pays, y compris sur sa scĂšne hip-hop, connue sous le nom de hip-philippin hop, hip-hop Pinoy ou rap Pinoy. Avec environ 20 bases militaires amĂ©ricaines sur son territoire, comme la base aĂ©rienne de Clark Ă  Angeles City et la base navale de Subic Bay Ă  Olongapo, les villes entourant ces sites ont Ă©tĂ© parmi les premiĂšres Ă  ĂȘtre exposĂ©es Ă  la culture amĂ©ricaine, car le contact avec des militaires afro-amĂ©ricains, amĂ©ricains-philippins et latinos a donnĂ© lieu aux premiers contacts des habitants Ă  ce nouveau genre musical.

Pour de nombreux AmĂ©ricains-philippins, ces zones de contact militarisĂ©es ont fonctionnĂ© comme des intermĂ©diaires importants entre personnes et culture, en particulier dans la diffusion et le dĂ©veloppement du hip-hop au sein d'un rĂ©seau de communautĂ©s philippins-amĂ©ricains[1]. Or, les Philippines ont Ă©tĂ© le premier pays en Asie Ă  voir une scĂšne de hip-hop s’installer sur leurs territoires Ă  cause de l’influence amĂ©ricaine.

Le hip-hop pinoy est rappĂ© et chantĂ© en tagalog, anglais, cebuano, ilokano, bicolano et d'autres langues provenant de l’archipel philippin. Bien que la langue soit un problĂšme permanent et qu’elle affecte l'identitĂ© du rap pinoy, ce type de rap est entiĂšrement philippin, car il reprĂ©sente les racines, les expĂ©riences et la fiertĂ© nationale du pays.

20e siĂšcle

PopularisĂ© dans les annĂ©es 1980 et utilisĂ© comme le « langage des adolescents », le rap pinoy est composĂ© d’une immense variĂ©tĂ© de messages, allant de valeurs morales et de questionnements sociaux, jusqu’à des sujets comiques et amusants. À cette Ă©poque, les artistes Ă©mergents cherchaient Ă  intĂ©grer des Ă©lĂ©ments ethniques dans la culture de la musique hip-hop. Ceux-ci dĂ©siraient donc crĂ©er de nouveaux sons et un langage musical Ă  partir de sources autochtones qui sauraient toucher la culture de masse.

Les origines du rap pinoy remontent Ă  l'Ă©mergence du Sugarhill Gang (1979–1985, 1994–) « Rapper's Delight » (1979), qui est devenu si populaire Ă  Manille que le chanteur et comĂ©dien philippin Dyords Javier (George Javier) a enregistrĂ© une parodie intitulĂ©e « Na onseng dĂ©lice » (Conduit Ă  croire, 1980). Avec « Nunal » (Taupe mystĂ©rieuse, 1980) de Vincent Dafalong (1953 * –2017), il fut l’un des premiers morceaux de rap enregistrĂ©s aux Philippines[2].

L’ñge d’or fait gĂ©nĂ©ralement rĂ©fĂ©rence Ă  la pĂ©riode de la fin des annĂ©es 1980 et du dĂ©but des annĂ©es 1990, lorsque la popularitĂ© du hip-hop commençait Ă  prendre de l’ampleur et que plus en plus de style de rap se formait, le genre s'est lentement dĂ©veloppĂ© au cours des annĂ©es 1980, mais a rapidement atteint le grand public lorsque Francis Magalona a sorti son premier album « Yo ! » qui comprenait le hit nationaliste « Mga Kababayan » (mes compatriotes) en 1990. Magalona, qui rappe Ă  la fois en anglais et en tagalog, est devenu un pionnier du genre et la premiĂšre superstar de rap philippin. En 1992, Francis Magalona a montrĂ© ses innovations stylistiques avec la sortie de son deuxiĂšme album Rap is FrancisM.. Aujourd’hui, ce projet est considĂ©rĂ© comme l'un des plus grands albums de rap pinoy et une pierre angulaire de ce genre musical. En 1994, Death Threat a sorti le premier album de gangster rap philippin intitulĂ© « Gusto Kong Bumaet » (je veux ĂȘtre bon).

Un autre artiste hip-hop philippin qui s'est fait connaĂźtre dans les annĂ©es 1990 Ă©tait Andrew E., anciennement basĂ© Ă  Los Angeles, qui a ensuite fondĂ© son propre label, Dongalo Wreckords, ainsi que le groupe de rap Salbakuta[2]. Lors de cette pĂ©riode, les Philippins et leurs familles aux États-Unis se partageaient de la musique. Les Philippins et les Philippins amĂ©ricains Ă©changeaient des albums de rap, des cassettes et des CD Ă  travers l'ocĂ©an Pacifique, en personne ou par la poste[3]. À la fin des annĂ©es 1990, le rap Pinoy commençait Ă  se sĂ©parer de plus en plus de l’influence amĂ©ricaine en dĂ©veloppant ses propres tempos, sons et sujets Ă  travers sa musique. Cette Ă©volution permet alors Ă  ce genre musical de se distinguer et Ă  se donner une identitĂ© proprement philippine.

21e siĂšcle

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, le rap Pinoy devient un des genres les plus populaires au pays. Ils compĂ©titionnent avec le rock pinoy qui s’était Ă©tabli comme le style de musique le plus populaire aux Philippines.

Sur la scĂšne internationale, le rap pinoy se fait ressentir entre autres grĂące Ă  Apl.de.ap. En faisant partie du groupe les Blacks Eyed Peas, il est capable d’utiliser sa plateforme pour promouvoir le rap pinoy et parler des problĂšmes qui habite son pays natal. Sur les albums « Elephunk » et « Monkey Business », Apl.de.ap chante des chansons en tagalog et en anglais.

Lors des annĂ©es 2000, l’utilisation de l’anglais reste un sujet controversĂ© dans le rap pinoy. Il y a eu des dĂ©bats entre les artistes qui utilisent les langues philippines et ceux qui utilisent uniquement l'anglais, en particulier dans le courant populaire. De nombreux artistes rap croient que l’industrie de la musique aux Philippines souffre d’une mentalitĂ© coloniale et que cela favorise ceux qui rappent en anglais uniquement[2]. Tandis que d’autres croient qu’en mĂ©langeant leurs langues natales et l’anglais, ils rĂ©ussissent Ă  atteindre un plus grand public, et cela permet d’accroitre la popularitĂ© du genre.

Gloc-9 est devenu l'un des artistes hip-hop les plus accomplis des Philippines lors des annĂ©es 2000 grĂące Ă  son style vocal rapide. Francis M. le reconnaitra comme Ă©tant l’un des meilleurs rappeurs de sa gĂ©nĂ©ration. Il a popularisĂ© des chansons de rap qui parlent des problĂšmes sociaux philippins. À travers ses chansons, il aborde des sujets reliĂ©s aux problĂšmes mentaux, Ă  l’homosexualitĂ©, la dĂ©pendance, la violence conjugale, etc.

Au milieu des années 2010, le trap pinoy va surgir. Inspiré par des rappeurs américains comme Gucci mane, Migos et Young Thug, les rappeurs philippins développent leur propre style de trap caractérisé par des rimes faisant référence à des sujets beaucoup moins politiquement conscients.

Le raptivisme se fait encore sentir lors de cette Ă©poque. Avec le gouvernement Duterte, les rappeurs philippins utilisent leurs voix pour dĂ©noncer le systĂšme en place et les inĂ©galitĂ©s qui continu d’exister aux Philippines. En 2020, le rappeur Tito Uncle a sorti le morceau « Louis XVI » en collaboration avec le producteur IZE! . Ses paroles condamnent le fascisme de l'État et la brutalitĂ© policiĂšre.

Avec l’ùre du streaming, les rappeurs philippins sont capables de distribuer plus facilement leurs contenus Ă  l’extĂ©rieur des frontiĂšres. Cela leur permet de toucher un plus grand public et de se faire approcher par des maisons de productions qui siĂšgent Ă  l’extĂ©rieur des Philippines. La nouvelle gĂ©nĂ©ration de rappeur philippin est constituĂ©e de Shanti Dope, Ez Mil, MBnel, Ruby Ibarra, Kiyo, Flow G et plusieurs autres.

Perception

Pour les jeunes philippins, le hip hop - et la culture DJ, plus spécifiquement - peut servir de véhicule pour repenser les frontiÚres de leur identité ethnique et la perception de vivre la « fierté pinoy ». En mettant en évidence les façons dont la jeunesse philippine a créé son propre espace dans le hip hop et, à son tour, utilisé la musique noire pour affirmer davantage son identité philippine[4].

L’opinion Ă©litiste considĂšre le rap pinoy comme Ă©tant « baduy »[5]. Ce terme est une expression en tagalog signifiant pas cool, dĂ©modĂ©, de mauvais goĂ»t, dĂ©pareillĂ© (vĂȘtements), ou sans raffinement dans le style ou la classe. La raison pour laquelle il est considĂ©rĂ© comme "baduy" est qu'il y a des chansons avec des paroles absurdes et des nuances misogynes. Selon cette pensĂ©e, ce n'est pas branchĂ© de parler tagalog dans des chansons.

Turntablism

Le « turntablism » est l'art de composer de la nouvelle musique en empruntant, en mĂ©langeant et en sĂ©parant un ou plusieurs enregistrements similaires. Cette technique a dĂ©butĂ© dans des fĂȘtes undergrounds, puis est passĂ©e Ă  une forme d'art international acclamĂ©e par plusieurs[6].

En tant que lieux cruciaux de socialisation, les espaces publics ont favorisĂ© une production de hip-hop chez les jeunes philippins amĂ©ricains. Les garages de banlieue Ă©taient un lieu important pour la crĂ©ation de la scĂšne DJ philippine amĂ©ricaine. À Daly City, la base militaire offrait une scĂšne pour le hip-hop sur les planchers des centres communautaires, les terrains de racquetball et les clubs d'officiers[1]. Par la suite, les Ă©quipements de DJ et les albums de musique Ă©taient partagĂ©s entre les AmĂ©ricains-philippins et les Philippins, ce qui a permis Ă  ceux-ci de dĂ©velopper le « turntablism » aux Philippines. Dans les annĂ©es 1990, les artistes hip-hop d'origine philippine ont pris de l'importance et ont fini par dominer la forme artistique du DJ en introduisant le monde Ă  un style de grattage plus innovant en utilisant une grande variĂ©tĂ© de nouvelles techniques.

Le groupe qui était à la pointe de ce mouvement était Les Invisible Skratch Picklz (ISP). Les Invisibl Skratch Piklz étaient une équipe de DJ hip-hop de descendance philippins dont les acrobaties tactiles étaient plus précisément servies par le terme (inventé par le fondateur de Piklz DJ Q-Bert) "turntablist". Principalement formé de 5 membres (bien que leur composition change constamment), le noyau du groupe se composait de Q-Bert (Rich Quitevis), "Mixmaster Mike" Schwartz et Shortkut (J. Cruz), avec les nouveaux venus D-Styles et Yoga Frog remplaçant le membre fondateur DJ Disk (Lou Quintanilla)[7].

Le 7 septembre 1997, l'International Turntablist Federation (ITF) a tenu ses deuxiĂšmes championnats du monde annuels au Palais des Beaux-Arts de San Francisco dans diffĂ©rentes catĂ©gories de compĂ©tences : scratch, beat jonglage, Ă©quipes ou DJ groupes, etc.[6]. Lors de cette compĂ©tition, les DJ philippins constituaient la majoritĂ© des concurrents. Pour ces artistes, les tables tournantes sont leur instrument de musique, tout comme une guitare ou une batterie dans un groupe traditionnel. Aujourd'hui, la jeunesse philippine a une prĂ©sence omniprĂ©sente non seulement dans la scĂšne de combat DJ, mais aussi dans la scĂšne des clubs, la scĂšne des fĂȘtes universitaires et la radio.

Raptivisme

Un style de rap qui est trĂšs populaire aux Philippines, le raptivisme peut-ĂȘtre retracĂ© jusqu’au dĂ©but du rap pinoy grĂące aux chansons de Francis M.. Ce genre de rap invoque un type d'« activisme culturel » impliquant des chants de rĂ©sistance et de prise de conscience qui poussent ses auditeurs Ă  l'action politique. Bien qu'il y ait des rappeurs philippins / o-amĂ©ricains plus « mainstream » (par exemple Apl.de.Ap des the Black Eyed Peas), la montĂ©e en puissance du rap philippin / o-amĂ©ricain Ă  la fin des annĂ©es 1990 et au dĂ©but des annĂ©es 2000 peut ĂȘtre attribuĂ©e Ă  la popularitĂ© du « raptivisme », qui fusionne le lyrisme du rap et l'activisme communautaire[8]. Le passĂ© colonial, l’instabilitĂ© politique, les inĂ©galitĂ©s sociales, la toxicomanie et les gangs de rues sont tous des sujets qui sont rapportĂ©s dans ce genre de rap. Les messages qu’on retrouve dans le raptivisme touchent souvent des problĂšmes culturels et sociaux liĂ©s Ă  la vie aux Philippines.

ScĂšne underground

Pour plusieurs rappeurs philippins, c’est sur la scĂšne underground de rap que ceux-ci font leurs dĂ©buts. C’est Ă  travers cette communautĂ© que les rappeurs gagnent la reconnaissance, la crĂ©dibilitĂ© et le respect de leurs pairs. Le hip-hop underground est un terme qui identifie la musique hip-hop en dehors du genre populaire/commercial. Il est gĂ©nĂ©ralement associĂ© Ă  des artistes indĂ©pendants, signĂ©s par des labels indĂ©pendants ou pas de label du tout. Le hip-hop underground est souvent caractĂ©risĂ© par des paroles socialement conscientes, positives ou anti-commerciales. Parmi les actes underground qui ont connu un succĂšs important aux Philippines, il y a les groupes Pamilia Dimagiba, Bawal Clan, 727 Clique, Blue Scholars, Native Guns, Kontrast, etc. Pour la majoritĂ© d’entre eux, ils partagent leurs enregistrements Ă  travers l’internet et en se dirigeant vers des lieux publics comme des parcs ou des stations de mĂ©tro.

Francis Magalona

ConsidĂ©rĂ© par plusieurs comme Ă©tant le plus grand rappeur philippin de tous les temps, Francis Malagona est celui qui a rĂ©ussi Ă  mettre de l’avant le rap pinoy aux Philippines. Avec la sortie de son premier album Yo! en 1990, il a Ă©tĂ© le premier artiste philippin Ă  gĂ©nĂ©rer un succĂšs commercial Ă  travers un album de hip-hop aux Philippines. Ă€ travers ses paroles chantĂ©es en anglais et en tagalog, le rappeur Ă©met des messages politiquement conscients et inspirants. Ceci l’aide Ă  catapulter le hip-hop philippin underground Ă  un statut plus populaire. De plus, cet album a Ă©galement marquĂ© la naissance du Makabayang (rap nationaliste) dans le hip-hop philippin.

En 1992, Francis Magalona sort « Rap Is FrancisM ». Ce projet est trĂšs considĂ©rĂ© par plusieurs comme l'un des plus grands albums de rap pinoy. Avec des pistes traitant des divers problĂšmes culturels et sociaux qui sĂ©vissent dans son pays tels que la toxicomanie dans "Mga Praning" (paranoĂŻa), l'instabilitĂ© politique dans "Halalan" (Ă©lections) ainsi que les effets nĂ©fastes d'une mentalitĂ© coloniale dans "Tayo'y Mga Pinoy" (nous sommes philippins), la complexitĂ© et le message conscient de l’album lui ont rapidement valu son statut de classique et sont devenus la norme par laquelle les futurs albums de ce genre devaient ĂȘtre comparĂ©s[9].

Le 6 mars 2009, Francis Magalona rend l’ñme aprĂšs un long combat avec la leucĂ©mie. Plusieurs artistes philippins et internationaux lui rendent hommage pour l’immense impact qu’il a eu envers son pays et le rap pinoy.

Andrew E.

Andrew Espiritu est un rappeur philippin qui a largement contribuĂ© Ă  la croissance du rap pinoy aux Philippines. Il a adoptĂ© le nom d'Andrew E lorsqu'il est devenu DJ dans des discothĂšques de haute gamme Ă  Manille. C’est lĂ  qu'il a Ă©tĂ© dĂ©couvert par le cĂ©lĂšbre musicien Ramon Jacinto. Au milieu des annĂ©es 1990, Andrew E. fonde Dongalo Wreckords, la premiĂšre maison de production de rap aux Philippines. Avec ce label, Andrew E. cherche Ă  dĂ©couvrir de nouveaux artistes hip-hop provenant des Philippines. C’est entre autres Ă  travers Dongalo Wreckords que le groupe de rap Salbakuta a fait ses dĂ©buts. Lors de sa carriĂšre, Andrew E. a sorti plus de 40 albums auto-enregistrĂ©s et produits pour d'autres artistes. Son album le plus rĂ©cent « Clubzilla » a Ă©tĂ© nommĂ© « Album de l’annĂ©e » par les PMPC Awards en 2010. Aujourd’hui, Andrew E. a trouvĂ© une autre carriĂšre en tant que mentor pour les jeunes rappeurs philippins qui essaye de percer dans le milieu musical.

Artistes philippins-américains

Sur la scÚne internationale de hip-hop, plusieurs américainp-hilippin ont su laisser leur marque. Parmi eux, il y a Apl.de.ap du groupe les Black Eyed Peas. Originaire des Philippines, Apl.de.ap décrit souvent les aspects de la vie aux Philippines dans ses chansons. « The Apl Song », « Bebot » et « Mare » sont quelques chansons dans lesquels il rappe en anglais et en tagalog.

Un autre artiste de descendance philippine qui a connu du succÚs au niveau mondial est Chad Hugo. Fils de parents philippin, Hugo fait partie du groupe de producteur The Neptunes et le groupe N.E.R.D. Il a collaboré avec les plus grands noms du hip-hop comme Drake, Jay-z, Snoop Dogg, Diddy, etc. Son style de production est fortement inspiré de la scÚne underground philippine des années 1990.

Notes et références

  1. (en) Mark Redondo Villegas, « Currents of Militarization, Flows of Hip-Hop: Expanding the Geographies of Filipino American Culture », Journal of Asian American Studies,‎ , p. 25-46
  2. (en) Melissa Ursula Dawn Goldsmith and Anthony J. Fonseca, Hip Hop around the World [2 volumes]: An Encyclopedia, Santa Barbara, California, Greenwood, , 894 p., p. 552-553
  3. (en) Mary Schons, « Filipino Hip-Hop », sur National Geographic, (consulté le )
  4. (en) Shawn M. Higgins, « Filipinos Represent: DJs, Racial Authenticity, and the Hip-Hop Nation by Antonio T. Tiongson Jr. », Journal of Asian American Studies,‎ , p. 224-226
  5. (en) Kelly Punzalan, « Pinoy Rap Isn’t “Jeje” and We Shouldn’t Be Ashamed to Like It », sur We In Manilla, (consultĂ© le )
  6. (en) Antonio T. Tiongson, « Filipino youth cultural politics and DJ culture », Doctoral dissertation, UC San Diego,‎ , p. 1 (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en) « Invisibl Skratch Piklz | Biography & History », sur AllMusic (consulté le )
  8. (en) Roderick N. Labrador, « The Rock, Rock On : Musical Autobiography as National Counter-Story », Popular Music and Society,‎ , p. 243-260.
  9. (en) « Francis Magalona biography », sur Last.fm (consulté le )

Liens externes

Kulintang
  • Clewley, John. "Pinoy Rockers". 2000. In Broughton, Simon and Ellingham, Mark with McConnachie, James and Duane, Orla (Ed.).
  • World Music, Vol. 2 : Latin & North America, Caribbean, India, Asia and Pacific, p. 213-217. Rough Guides Ltd, Penguin Books.
  • Philippine Literature : Folk Music by Mauricia Borromeo.
  • Philippine Progressive Music Series by Norberto Romualdez.
  • The Encyclopedia of Philippine Art, Volume 6 : Philippine Music by the Cultural Centre of the Philippines.
  • Himig : A Collection of Traditional Songs from the Philippines by Raul Sunico.
  • (en) Kulingtang
  • (fr) La musique des Philippines sur Music Lodge
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