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Musique industrielle en France

La scène de musique industrielle en France est riche et ancienne, si l'on considère par exemple les débuts de Die Form dès la fin des années 1970. Les groupes d'Indus (abréviation d'« industrielle ») « pure », tel que défini dans l'article musique industrielle, et l'activisme politico-provocateur, les tactiques de choc chères aux premiers groupes, ont pourtant plus ou moins disparu, sauf chez quelques groupes « à l'ancienne » comme ICK, Brume, Servovalve, ou Nocturne.

Mais nombreux sont les groupes français post-industriels, ambient, metal-indus, neofolk ou electro qui ont été influencés par la musique industrielle des origines, et continuent à s'en réclamer aujourd'hui.

Les origines - la scène industrielle française des années 1980

Cette section traite de la période essentielle où les musiques industrielles se sont internationalement développées dans toute leur diversité, participant à l'ensemble du mouvement underground dit "alternatif" ; il s'agit du début des années 1980 où différents artistes et courants esthétiques vont devenir des référents pour le futur, malgré la confidentialité de leur travail à l'époque.

L'amorce

Throbbing Gristle touche autant un public musical à travers ses expérimentations sonores que le milieu artistique de l'époque en quête de provocations subversives. Philippe Fichot crée Die Form en 1977 puis fonde le label Bain Total pour éditer sa musique. Les cassettes qu'il produit ont une présentation irréprochable (boitiers luxueux, pochettes imprimées...) qui permet de répondre à la demande marginale sans se préoccuper de rentabilité. En 1980, il édite aussi les premières cassettes d'Étant donnés, le groupe de Marc et Eric Hurtado, puis son premier LP en 1982, Die Puppe. De leur côté Étant donnés créent leur label Vita Nova sur lequel ils éditent leur premier EP Plutôt l'exil du cinq doré en 1983.

Jean-Marc Vivenza, qui jouait depuis quelques années dans des formations inspirées des premiers Kraftwerk, Glace (1976) puis Mécanique Populaire (1978/79), intervient au début de 1980 sous son propre nom : Vivenza, et tente d'adapter les thèses de L'Art des bruits des futuristes italiens aux techniques modernes d'enregistrement, et propose des pièces sonores purement « industrielles » au vrai sens du terme, à savoir, se réclamant de la musique bruitiste, uniquement réalisées à partir de sons ou plus exactement de « bruits » concrets issus de l'industrie lourde (sidérurgie, chimie, barrages, aciéries, etc) de la région Rhône-Alpes, produisant son premier single en 1983 Fondements bruitistes sur son label Electro-Institut.

Pierre Jolivet fonde Pacific 231 en 1980 et sort son premier LP Unusual Perversions en 1984 sur son label VP231 et fait quelques collaboration avec Brian Ladd de Blackhouse. Ce que ces artistes recherchent, c'est un impact musical extrême ; aussi leurs prestations scéniques sont des performances artistiques ou audiovisuelles bien différentes de celles de groupes plus traditionnels.

Dans un courant expérimental moins extrémiste, Déficit des Années Antérieures éditent leur première cassette en 1979, tandis que Art & Technique, aux sonorités plus synthétiques sortent le LP Climat X en 1980. Jusqu'au milieu des années 1980, le support standard de tous ces groupes est la cassette, les perspectives de distribution restant difficiles. L'objet correspond à ce réseau parallèle éloigné du grand public. Ptôse se font connaître d'un plus large public lors d'une interview des Residents pour le magazine de grand tirage Actuel.

Le label Sordide Sentimental fondé par Jean-Pierre Turmel est un modèle de liberté artistique. Il édite le EP de Throbbing Gristle We hate you little girls en 1978 avec une pochette réalisée par Loulou Picasso. Le lien avec les graphzines est essentiel pour cette musique. Elle a besoin visuellement d'expérimentations graphiques et de tout le retour à la figuration primitive en vogue à l'époque. Il faut regarder du côté de Bazooka (Kiki Picasso, Olivia Clavel...) ou Elles sont de sortie (Pascal Doury, Bruno Richard). On remarque que Joy Division sort le EP Dead Souls / Atmosphere sur ce même label en 1980.

Émergence et diffusion

Il n'y a pas de revue spécifique à ce courant au départ, mais New Wave, qui laisse une grande part à l'underground, présente autant les groupes punk, cold wave, new wave, expérimentaux ou industriels. Ils en distribuent sur leur catalogue Al Di La et en produisent certains (comme la première cassette de Minamata en 1984).

Grâce aux contacts et informations trouvés sur les fanzines et les catalogues de distribution, les labels produisent des compilations qui contribuent à faire connaître les différents artistes. Les français y côtoient les artistes étrangers représentatifs du genre : Merzbow, Lustmord, Nurse With Wound, ou SPK par exemple.

Certains pratiquent des collaborations en Ă©changeant des sons par courrier.

Le festival Nuit & Brouillard est l'occasion de présenter la scène française à son public les 4 et à Paris. Les têtes d'affiches sont les Anglais de Whitehouse et les allemands de Sprung aus den Wolken.

Des revues vont se spécialiser plus en France comme Hello Happy Taxpayer, (à partir de 1983) et Out of Nowhere (à partir de 1988).

Précurseurs

  • Die Form (origine : Bourg-en-Bresse en 1977 / label Bain Total)
  • DĂ©ficit des AnnĂ©es AntĂ©rieures (Caen en 1979 / Illusion Production)
  • Vivenza (Grenoble 1980 / Electro Institut)
  • Étant donnĂ©s (Grenoble en 1980 / Vita Nova)
  • PtĂ´se (La Rochelle en 1980 / PPP)
  • Art & Technique (Paris en 1980)
  • Nox (Paris en 1980 / AKT Production)

Première vague

  • Manon Anne Gillis (Bordeaux en 1982 / DMA2)
  • Denier du Culte (Annecy en 1982 / ActĂ©on)
  • DZ Lectric et Anthon Shield (Dijon en 1982)
  • AIZ (Millau en 1982)
  • Le Syndicat (Paris en 1982)
  • Geins't NaĂŻt (Nancy en 1983 / Permis de Construire)
  • Prima Linea (Rennes en 1984 / Acta de Facto)
  • Kni Crik (Paris en 1984 / VISA)
  • La STPO (Rennes en 1984)
  • Urbain Autopsy (Pantin Paris en 1984 / Medicinal Tapes)

Deuxième vague

  • The Grief (St Malo en 1985 / Les Nourritures Terrestres)
  • Toy Bizarre (Limoges en 1985 / Kaon)
  • Brume (Paris en 1985)
  • La Nomenklatur (Tours en 1986 / Les Nouvelles Propagandes)
  • Lieutenant Caramel (Annecy en 1986 / ActĂ©on)
  • Aschwghâ Ney WodeĂŻ (Paris en 1986 / VISA)
  • La SonoritĂ© Jaune (Paris en 1986 / Organisation Orange)
  • Phaeton Dernière Danse (Annecy en 1987 / Dedali Opera)
  • DĂ©saccord Majeur (Amiens en 1988 / DM)
  • Palo Alto (Paris en 1989)

Panorama des groupes industriels français, par genres

Musique industrielle « pure »

  • Étant donnĂ©s : Ce groupe aura rĂ©ussi Ă  crĂ©er une Ĺ“uvre remarquable en quelques albums, films et performances théâtrales, incontournables. Groupe pluri-disciplinaire (en plus de la musique, théâtre, films, Ă©crits), dont l'esthĂ©tique repose sur les travaux de Marcel Duchamp pour le nom du groupe qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  son Ĺ“uvre la plus cĂ©lèbre, ainsi qu'aux Ă©crits du sulfureux Antonin Artaud et son Théâtre de la cruautĂ©.
  • Vivenza : Se rĂ©clamant de l'hĂ©ritage du « futurisme bruitisme » de Luigi Russolo (1885-1947), dĂ©veloppa une thĂ©matique sonore et visuelle originale Ă  la rare radicalitĂ© (les concerts Ă©taient souvent Ă  la limite du supportable sur le plan de l'intensitĂ© acoustique) et intransigeante rigueur, thĂ©matique sous-tendue par une rĂ©flexion philosophique portant sur l’« essence de la technique » et le « dynamisme dialectique du devenir », rĂ©flexion qui dĂ©bouchera, par une attention extrĂŞme touchant Ă  la question de la « nĂ©gativitĂ© », sur une rĂ©orientation purement mĂ©taphysique et thĂ©orique de son activitĂ©.
  • Le Syndicat : Groupe de performers bruitistes parisien n'utilisant pas d'instruments conventionnels mais des bruiteurs et un appareillage Ă©lectronique complexe de sa fabrication. Également label de cassettes autoproduites ayant Ă©ditĂ© 21 cassettes dont Merzbow, Pacific 231, Blackhouse, Controlled Bleeding... ÉditĂ© d'abord par RRR en 1986(triple LP boxset Vorgine, relapse, Delikatessen), Le Syndicat a ensuite rĂ©alisĂ© trois autres albums et trois CD's. Ă€ la fin des annĂ©es 1980, le syndicat produit une electro musclĂ©e assez Ă©loignĂ©e de son bruitisme sauvage des annĂ©es 1980.
  • Nox : Groupe Industriel parisien, un des rares groupes Ă  utiliser des guitares Ă©lectriques, indus prĂ©curseur[1].

Musique expérimentale

Electro, EBM, Metal industriel

  • Die Form : Excellente formation electro-indus et nĂ©oclassique, pluri-disciplinaire (photos, clips, etc), dont l'esthĂ©tique (souvent très Ă©rotique et proche des milieux fetish-SM) en plus du Théâtre de la cruautĂ© d'Antonin Artaud, fait rĂ©fĂ©rence Ă  Sade le « divin marquis ».
  • Le Syndicat : Ă€ la fin des annĂ©es 1980, le groupe power electronic bruitiste Le Syndicat donne dans l'EBM très musclĂ©e.
  • SKOYZ, Duo EBM Lyonnais sĂ©vissant depuis 1996, avec une musique parfois teintĂ©e de sonoritĂ©s trance.
  • Heet Seas formĂ© en 2005 Ă  Amiens et apportant Ă  une base Rock Industriel des Ă©lĂ©ments du Rock Progressif, de la Cold Wave, New Wave, du Post Punk ou encore de la World Music.
  • Pavillon Rouge, groupe de black metal aux influences New Wave originaire de Grenoble et Lyon.
  • Red City Noise, trio synthpunk industriel originaire de Lyon.
  • Mark of the Sphinx, projet solo teintĂ© de sonoritĂ©s et d'ambiance industrielle, deathrock, post-punk et dark ambiant.

Industriel rythmique, « power noise »

  • G-Nox : ex-leader du Groupe NOX, Gerome Nox commence son projet solo avec l'album BloodRed Poppies sorti chez Moloko +, puis l'album Ventre sorti en 2003 chez M-Tronic Records, travaille avec Black Sifichi dans le duo BlackNox qui a sorti un premier album live, We Don't Believe In Heaven… coproduit par le label Optical Sound et l'association Emmetrop.
  • Servovalve : projet multimĂ©dia expĂ©rimental industriel de GrĂ©gory Pignot and St. Alia sorti chez UWe & M-Tronic Records.
  • HIV+ : DJ Pedro est l'un des plus anciens activistes indus du sud de la France, notamment Ă  PĂ©zenas, Babeau-Bouldoux, PĂ©gairolles-de-l'Escalette et Balaruc-le-Vieux , et sort des albums collector sous le nom de HIV+.
  • KL : projet solo de l'ancien chanteur du groupe Stigma
  • Anthon Shield (avec ou sans DZ Lectric) projet industriel experimental d'Ushersan (cofondateur de Norma Loy), ayant publiĂ© des cassettes sur de nombreux labels confidentiels (de 1981 Ă  1986) certains repris en vinyle par le label New Yorkais minimal Wave (Lickin' 2013) ou par les Français de Nuit et Brouillard (La FraternitĂ© 2022°.
  • Lingouf : a participĂ© Ă  de nombreux festivals locaux.
  • Lith : Apparu en 1996 et hĂ©ritier de l'Ă©cole Dive autant que des groupes Ant-Zen mĂ©langeant indus bruitiste et techno, Lith s'est imposĂ© peu Ă  peu avec son electro ultra bruitiste et rythmique, portĂ© par un discours fortement Ă©cologiste.
  • Margaret Freeman : Projet de deux ex membres de Urbain Autopsy (Chris.P. et Overload System (futur Mass Hysteria)).
  • Minamata (groupe) : Projet de Tiburce avant La Nomenklatur qu'il abandonnera pour revenir Ă  Minamata en 2000. Seul groupe du dĂ©but des annĂ©es 1980 Ă  avoir rivalisĂ© la fureur et les cris de Neubauten ou Whitehouse. Devenu culte avec le temps. Minamata connait un regain d'activitĂ© en 2007 avec un superbe concert concept Ă  Anvers. En 2009 le groupe crĂ©e une performance Ă  la Tonwellen Konferenz 2 de Burscheid (Allemagne). En , Minamata entamera une mini tournĂ©e de sept dates en Russie dont un concert Ă  Saint-PĂ©tersbourg, deux Ă  Moscou. Minamata a sans cesse Ă©voluĂ© depuis cette annĂ©e 2009. DĂ©veloppant un VJING très spectaculaire alliant puissance audio et visuels en temps rĂ©el, Minamata connait un vif succès qui s'est admirablement confirmĂ© au ZugZwang Festival de Darmstadt en 2010, et plus rĂ©cemment au festival de Wroclaw (Pologne) en 2011. En 2012, Minamata revient aux origines Japonaises de sa crĂ©ation en dĂ©veloppant un nouveau spectacle sur Fukushima et ses consĂ©quences.
  • Neon Rain : produit par le label Steelwork Maschine qui en quelques annĂ©es est devenu l'un des plus importants de France (en nombre de sorties), Neon Rain va de l'indus bruitiste au dark ambient en passant par des expĂ©rimentations pop.
  • Remain Silent : Apparu en 2003 sur le label Brume Records puis sur Axesscode en 2005, ce projet allie des visuels en image de synthèse Ă  des musiques inspirĂ©es de formation telles que Skinny Puppy ou Numb.
  • Stigma : Groupe de Strasbourg qui a sorti deux albums (Ant-Zen/Daft records)
  • Les Tambours du Bronx : Le groupe français de la scène post-industrielle le plus connu.
  • Low Distortion Unit : projet rock et Ă©lectro expĂ©rimental industriel de Thierry Th. Desseaux et Lucas_a. Le groupe LDU a notamment composĂ© les musiques du jeu vidĂ©o Alone in the Dark (4) : The New Nightmare.

Indus martial, neofolk, dark ambient

  • Advocated Apocalypse : Projet musical Ă©voluant dans un style neo classique, indus martial et dark ambient
  • Barbarossa Umtrunk : Projet rituel et indus martial influencĂ© par la Gnose et la Mythologie Indo-EuropĂ©enne qui dessine des atmosphères "guerrières", "apocalyptiques" et "Ă©sotĂ©riques".
  • Dawn and Dusk Entwined : Projet indus martial et dark ambient, produit par World Serpent puis par Athanor, marquĂ© par un esprit « europaĂŻen ».
  • Dernière VolontĂ© : Groupe de « Military Pop » Ă©voluant vers une musique entre pop et indus martial.
  • DĂ©saccord Majeur : L'un des plus anciens groupes ambient de cette scène (une quinzaine d'annĂ©es d'existence), marquĂ© par des influences « ethniques ».
  • Land : DĂ©butĂ© dans les annĂ©es 1980, un groupe puis projet solo qui est allĂ© de la new-wave au dark ambient.
  • Les Joyaux de la Princesse : L'un des groupes les plus populaires depuis les annĂ©es 1980, ayant assis son style sur l'utilisation d'archives sonores (essentiellement des discours politiques) et de problĂ©matiques liĂ©es Ă  la Première Guerre mondiale ou Ă  l'Occupation.
  • Les Sentiers Conflictuels : Projet discret signĂ© sur Athanor se situant entre dark ambient et nĂ©oclassique, marquĂ© par la pensĂ©e et l'histoire europĂ©enne de la fin XIXe / dĂ©but XXe.
  • Omnicore : duo indus martial aux dĂ©buts plus electro.
  • Regard ExtrĂŞme : Projet solo qui s'est notamment fait connaĂ®tre de par son travail aux cĂ´tĂ©s des Joyaux de la Princesse. La musique s'inscrit dans une tradition « nĂ©oclassique ».
  • Schattenspiel
  • Tribe of Circle : Projet solo articulant son Ĺ“uvre autour d'une musique nĂ©o-classique puissante.
  • Westwind : Projet industriel martial breton, qui a sorti plusieurs CD et LP consacrĂ©s Ă  des thèmes guerriers comme les Kamikaze ou la destruction de Brest.
  • Liyr : Projet solo indus martial.
  • Auswalht : indus martial
  • Theusz : Indus martial & nĂ©oclassique

Quelques labels industriels français

  • Athanor : Label et distributeur portĂ© sur les musiques ambient rituelles.
  • Walnut + Locust : Label de musiques industrielles et expĂ©rimentales crĂ©Ă© en 2003, issu du webzine du mĂŞme nom

Notes et références

  1. Nox : Rock En Rut - Webzine ObskĂĽre

Liens externes

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