Musée archéologique Saint-Laurent
Le musée archéologique Saint-Laurent est un musée départemental situé à Grenoble, en France, au pied de la colline de la Bastille, dans le quartier Saint-Laurent de la rive droite de l'Isère et à proximité de la Porte Saint-Laurent.
Type | |
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Ouverture |
1853 (musée lapidaire) 1986 (musée actuel) (il y a 36 ans) |
Dirigeant |
Anne Lasseur[1] |
Visiteurs par an |
47 211 (2018)[2] |
Site web |
Collections |
Archéologie nationale : Gallo-romain, Paléo-chrétien, Médiéval, Moderne |
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Pays | |
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Région | |
Commune | |
Adresse |
Place Saint-Laurent - 38000 Grenoble |
Coordonnées |
45° 11′ 52″ N, 5° 43′ 53″ E |
L'ancienne église Saint-Laurent reconstruite sur les vestiges d'une nécropole gallo-romaine a été désacralisée en 1983 pour devenir un site archéologique puis un musée en 1986. Le site est cependant étudié depuis le début du XIXe siècle et fait l'objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [3]. Il se caractérise par un important empilement d'édifices et de structures, dont le joyau est la crypte Saint-Oyand datant du VIe siècle.
Après une longue période de travaux, le musée est ouvert dans sa configuration actuelle depuis .
Histoire
Au IVe siècle, la voie romaine partant de Cularo en direction de la Sapaudie (Savoie) longeait ce site funéraire païen, puis va passer entre les premiers mausolées chrétiens et la colline, lorsque Cularo devient Gratianopolis vers 380.
La première mention écrite de l'église carolingienne Saint-Laurent du IXe siècle remonte au mois de , à l'occasion d'une charte de donation de cet édifice par l'évêque Humbert d'Albon de Gratianopolis aux moines bénédictins de Saint-Chaffre en Velay[4] - [5]. Il est mentionné dans l'acte que l'évêque le donna pour le rétablir dans son état primitif, fondé en l'honneur du bienheureux Laurent, martyr, dépendant de sondit siège, lequel lieu était par incurie mal administré, et qui, à cause du manque d'ecclésiastiques, lui paraissait devoir être entièrement supprimé[4] - [6].
Reconstruite par les moines au XIIe siècle, l'église Saint-Laurent de style roman, visible actuellement, a été édifiée sur l'église carolingienne, elle-même construite sur une précédente église funéraire cruciforme du VIe siècle et sa crypte, qui venaient remplacer les premiers mausolées de personnages importants de la ville comme les évêques. C'est également durant ce siècle que le culte d'Oyand de Condat est introduit après sa mort en 510, car il est lié avec l'abbé Léonien de l'église Saint-Pierre à Vienne, et l'évêque Avit de Vienne[7].
Situé à l’extrémité d'une ville frontière, ce site funéraire et religieux va partager dès le XIVe siècle son environnement immédiat avec les différentes générations de fortifications de la ville. En 1338[8], le prieuré bénédictin voit la première génération de fortifications de la rive droite de l'Isère venir s'accoler à ses murs près du porche d'entrée[9], et l'année suivante, le prieur de Saint-Laurent, Amédée Alleman, devient le premier recteur de l'université de Grenoble[10]. À cette époque, Humbert II de Viennois est encore un dauphin indépendant dans sa principauté du Dauphiné. Au siècle suivant, le prieuré connaît une intense activité architecturale révélée par l'archéologie mais également par les textes : construction dans la nef de l'église, réfection du clocher qui menace déjà ruine en 1454, reconstruction de la tribune, d'escaliers, pose au sommet du clocher d'une croix en fer forgé, agrandissement du cloître ainsi que la construction de chapelles[11]. La communauté monastique compte alors douze moines dont trois novices auxquels s'ajoutent un prieur et un sacristain. La grande croix sommitale est actuellement exposée à l'entrée du musée et une copie a été installée sur le clocher.
Un siècle et demi plus tard, à la suite des guerres de religion dans la région, l'environnement immédiat du prieuré est de nouveau modifié par le gouverneur du Dauphiné, Lesdiguières, qui achève en 1615 de nouveaux remparts partant du sommet de la colline de la Bastille et aboutissant à une nouvelle porte Saint-Laurent légèrement repoussée du prieuré voisin. À la suite des vœux formés par les consuls de Grenoble lors de l'épidémie de peste de 1629, les pénitents blancs de Saint-Laurent prennent l'habitude de faire chaque année, au , une procession jusqu'à la chapelle Saint-Roch de l'hôpital des pestiférés[12]. En 1683, faute d'un nombre suffisant de moines, le service monastique en place depuis près de sept siècles est supprimé officiellement.
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs consuls de Grenoble se font inhumer dans la chapelle Saint-Nicolas du cloître Saint-Laurent, comme Jean Guynier mort le à l'âge de 77 ans[13]. En 1748, un magnifique autel actuellement visible dans le chœur de l'église est réalisé par Francesco Tanzi, puis au moment de la Révolution française le prieuré est supprimé en 1790 et Saint-Laurent devient église paroissiale et siège d'un chapitre consacré au martyr saint-Laurent.
Entre 1824 et 1847, de nouveaux remparts plus proches de l'église que les précédents sont construits par le général Haxo et restent visibles de nos jours comme décor environnant. Ces aménagements militaires apportent derrière le clocher de très épais remblais qui modifient totalement la perception visuelle du site primitif, car l'église romane et les édifices funéraires n'étaient pas adossés directement à la colline, mais en étaient largement dégagés[14]. Le peintre Théodore Ravanat a peint le site de l'église dans les années 1840 avant les aménagements militaires[15]. Cependant, dans cette première partie du XIXe siècle, trois hommes vont relancer l'intérêt architectural et patrimonial de l'église Saint-Laurent.
Jacques-Joseph Champollion
En 1803, Jacques-Joseph Champollion, frère aîné de l'égyptologue, révèle au monde savant l'existence à Grenoble d'un monument souterrain du début de l'époque mérovingienne, en faisant paraître anonymement une "dissertation", dans laquelle il donne un plan schématique de l'oratoire Saint-Oyand. Il s'agit de la crypte Saint-Oyand, située sous le chœur de l'église haute Saint-Laurent. La plus ancienne mention du vocable Oyand (Eugendus) remonte à l'an 1015[16], où dans une charte de donation, accolé à Saint-Laurent, Saint-Eugénie est substitué par erreur au titulaire réel, Sanctus-Eugendus.
En 1835, l'archiviste et historien Jean Pilot de Thorey, futur conservateur du musée[17], publie un article sur cette crypte, illustré par une lithographie d'Alexandre Debelle et dans lequel il informe de la destruction de tombeaux par des ouvriers dès l'année 1826. À la même époque, en 1839, sous la municipalité d'Honoré-Hugues Berriat, des travaux de réfection de la charpente du clocher de l'église sont effectués par l'entrepreneur J.B. Gallet.
Prosper Mérimée
Mis en alerte en 1846 par des actes de vandalisme sur cette crypte, les membres de l'Académie Delphinale décident, dans leur séance du , d'informer le ministre de l'intérieur de la nécessité de protéger la crypte. Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments Historiques, intervient alors pour faire classer l'édifice. Il effectue pas moins de cinq voyages à Grenoble dont chacun fait l'objet d'un rapport. La crypte est classée Monument historique le [18] grâce à son intervention et à celle de Radulph de Gournay, membre de l'Académie Delphinale et présenté comme premier conservateur du musée. Cette même année, les frères Alexandre et Ferdinand Jail offrent à l'église Saint-Laurent un vaste tableau du peintre grenoblois Pierre-Auguste Marquiand représentant le Martyre de Saint-Laurent, une huile sur toile de 3,68 m x 3,00 m exposée jusqu'en 1858 dans le cœur et de nos jours dans la sacristie[19] - [20].
Le préfet de l'Isère, Benoît de Chapuis Montlaville, demande également au maire Frédéric Taulier une participation financière de la ville pour les travaux de restauration de l'édifice, dont le premier devis se monte à 20 000 francs. C'est son successeur, Joseph Arnaud, qui fera voter par la séance du conseil municipal du une somme de 2 500 francs complétant celle de l'État et du Conseil général pour entamer ces travaux.
L'année 1853 marque un tournant décisif dans la fondation officielle d'un musée archéologique puisque la séance du de l'Académie Delphinale pointe l'intérêt de récupérer les vieilles pierres tombales de l'époque gallo-romaine et notamment celles qui sont entreposées depuis longtemps le long du mur du lycée, afin de les déposer dans un lieu plus convenable[21]. Une demande est faite en ce sens au maire Joseph Arnaud qui y répond favorablement quelques jours plus tard. Le musée est créé officiellement le par un arrêté municipal[22] - [23] et se situe alors entre l'église Saint-Laurent et une maison riveraine occupée par l'industriel gantier Xavier Jouvin. Il est constitué principalement de pierres tombales[24] recouvertes d'épitaphes, datant de la période gallo-romaine de Cularo, et entreposées dans une cour humide, peu accessible, au point d'en émouvoir les membres de la Société française d'archéologie qui déplorent cet état de fait dans leur almanach de 1866[25].
Pierre Manguin
Pierre Manguin, architecte, est chargé des travaux de restauration du monument sous le contrôle vigilant de Prosper Mérimée. L'architecte réalise de nombreux dessins aquarellés de la crypte[26]. Parallèlement aux travaux de restauration de la crypte Saint-Oyand, l'abside et la sacristie de l'église seront rénovées entre 1850 et 1861 par l'entrepreneur Jean Olivier-Pallud et son fils. En 1854, alors que les travaux de la crypte touchent à leur fin, une délibération du du conseil municipal de Louis Crozet prend en charge la moitié des 11 000 francs nécessaires à la rénovation de l'abside et le , la restauration de la sacristie est votée.
À partir de 1862, d'autres travaux de rénovation seront entrepris sous la direction d'un nouvel architecte, monsieur Laisué. Ils comporteront le nivellement du terrain environnant l'église, la démolition et la reconstruction de l'annexe de l'église portant le nom de chapelle Saint-Nicolas ainsi que la mise en place d'un mur de clôture sur la rue Saint-Laurent avec sa grille en fer. À la même époque, Eugène Chaper, membre de l'Académie delphinale est chargé par celle-ci de rédiger en 1863 un courrier au maire Eugène Gaillard afin de le sensibiliser à la construction d'un édifice spécifique consacré à l'archéologie grenobloise. Le conservateur Jean Pilot de Thorey signale l'année suivante l'existence d'un autre petit bâtiment funéraire et commence à réfléchir sur l'organisation et les transformations d'une église primitive à cet endroit.
Un rapport de l'architecte voyer du signale en effet l'état de délabrement dans lequel se trouve la chapelle Saint-Nicolas et la nécessité de la démolir. Un arrêté municipal est pris dans ce sens le mais, pour la démolir, la ville doit acquérir un appartement situé au-dessus de cette chapelle et appartenant à la fille de Xavier Jouvin, mariée depuis peu à un négociant et futur maire, Édouard Rey. L'acte de vente entre la famille Rey-Jouvin et la ville est signé le [27]. Le principe de reconstruction de la chapelle Saint-Nicolas peut être adopté dès le mais, avec la déclaration de la guerre franco-allemande en juillet et les événements politiques qui en découlent, il est ajourné par une délibération du conseil municipal le . Ce n'est qu'en 1874, à la suite d'une demande du curé de Saint-Laurent, que le projet est repris et qu'une délibération le l'approuve en provoquant la déclaration d'utilité publique. L'adjudication des travaux de reconstruction d'une nouvelle chapelle située de l'autre côté de l'abside de l'église est passée le et l'achèvement des travaux par l'entrepreneur Éphrem Vinsard intervient le . La réception définitive de la nouvelle chapelle Saint-Nicolas se fait le [28]. En 1886, des vitraux illustrant Saint-Laurent présentant les pauvres comme trésors de l'église à l'empereur Valérien sont installés dans l'abside.
Au XXe siècle
En 1959, sous la municipalité d'Albert Michallon, une nouvelle restauration de la crypte Saint-Oyand a lieu[29], ainsi qu'une campagne de fouilles du site, au cours de laquelle, lors de sondages vérifiant la stabilité des fondations, Raymond Girard, architecte départemental des bâtiments de France, tombe sur des maçonneries anciennes. En 1974, au terme de la campagne financée par le Conseil Général de l'Isère, il lui apparaît tout un ensemble d'édifices très ruinés, mais l'ensemble du site n'est fouillé que partiellement. Raymond Girard demande que des archéologues poursuivent les fouilles, mais il faudra attendre 1978 pour que cela soit possible.
En 1978, débute une longue campagne de fouilles du site sous la direction de l'archéologue Renée Colardelle, future conservatrice du musée, mettant au jour suffisamment d'objets pour que s'impose la désacralisation de l'église et sa transformation en musée archéologique. Dès 1984, un premier circuit de visite des fouilles est organisé pour le public[30]. Parallèlement, sous la direction de l'architecte Jean-Louis Taupin, d'importants travaux de création de structures en béton sont alors effectués afin d'accueillir les visiteurs dans un circuit de visite du musée. Au cours de l'année 1985, un mausolée est découvert à l'extrémité de l'abside, sous la grille séparant le site Saint-Laurent de la rue[31]. Le musée archéologique de Grenoble ouvre ses portes en à l'occasion du XIe congrès international d'archéologie chrétienne qui se déroule à Grenoble[32].
Au XXIe siècle
Alors que la fréquentation annuelle au début des années 2000 se situe aux alentours de 14 000 à 16 000 visiteurs[33], le musée est fermé pendant l'été 2003 afin d'entreprendre des travaux de grande ampleur, financés par le Conseil général de l'Isère. Le musée ne rouvre ses portes que le après d'importants travaux visant à créer une couverture de verre et d'acier sur l'ancien cloître du prieuré[34]. Cette structure de 450 m2 est l'œuvre de l'architecte en chef des Monuments historiques, Alain Tillier, et de Manuelle Héry, architecte du patrimoine; elle s'accompagne d'un parcours fléché à travers le musée ainsi que de bornes interactives accessibles en quatre langues. Fin 2011, alors que Jean-Pascal Jospin est nommé directeur du musée archéologique de Grenoble, sa fréquentation pour les huit mois d'ouverture s'établit à 34 168 visiteurs[33]. La fréquentation des années suivantes remonte légèrement pour atteindre 42 863 visiteurs en 2014[33]. Cette même année, le musée change sa dénomination en musée archéologique Grenoble Saint-Laurent. Le musée participe à la nuit européenne des musées[35].
En , le musée reçoit la visite des paléontologues Yves Coppens et Michel Brunet à l'occasion de leur venue à Grenoble pour la 8e édition du congrès national de traumatologie[36].
En janvier 2021, Anne Lasseur devient directrice du musée.
Classement du site
La crypte (VIe siècle) est classée au titre des monuments historiques le [37]. Par la suite, le chœur et le chevet (XIIe siècle) de l'église haute ainsi que l'ensemble de l'abside, sont classés au titre des Monuments Historiques le par le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts[38]. L'ensemble du site (église et parcelles fouillées) est classé au titre des Monuments Historiques depuis le [3]. Le musée bénéficie du label Musée de France.
Situation administrative
Le musée et le site archéologique restent propriété de la Ville de Grenoble. La gestion du musée a été confiée au conseil général de l'Isère en 1992, et les charges du propriétaire en .
Collections
Généralités
Dans l’un des plus anciens quartiers de Grenoble, au pied des fortifications de la Bastille, la visite permet de découvrir les premiers temps du christianisme dans la région avec en particulier des sanctuaires et une crypte du VIe siècle. À l'extérieur de l'ancienne église, les vestiges mis au jour par les archéologues sont protégés par une couverture de verre et de métal.
Ce site archéologique complexe peut être caractérisé par quatre phases distinctes[39]. L'Antiquité et le haut Moyen Âge forment la première, marquée par les traditions funéraires et la christianisation du lieu. Puis, lors d'une seconde phase, une grande église carolingienne du IXe siècle unifie les dispositifs morcelés antérieurs, témoignant sans doute du déclin des cultes funéraires au profit des offices eucharistiques. La période monastique, à partir du XIe siècle, définit la troisième phase, depuis l'essaimage des bénédictins de Saint-Chaffre à la disparition du prieuré en 1790. Enfin, du fait de la précocité de la prise de conscience de l'intérêt du lieu (Champollion-Figeac, Prosper Mérimée) et des restaurations de la crypte au XIXe siècle, la période contemporaine, caractérisée par l'amenuisement progressif du culte paroissial au profit d'un usage culturel, est marquée par des modifications profondes des structures bâties pour répondre aux nouveaux besoins.
Église Saint-Laurent
Le parcours commence sur un promontoire dans la nef de 37,5 mètres de long[31] de l'ancienne église Saint-Laurent, permettant de découvrir les grandes étapes architecturales de l'édifice. La crypte Saint-Oyand, d'une longueur de 7,5 mètres, est située sous le chœur de l'église et présente un décor sculpté du haut Moyen Âge. Grâce aux recherches archéologiques menées depuis les années 1980, il est établi aujourd’hui qu’elle fait partie d’une église cruciforme construite au début du VIe siècle[40]. Bien qu'appelée couramment crypte, la petite chapelle située sous le chœur de l'église haute n'a pas été conçue à l'origine comme une crypte et son enfouissement date de la construction romane[7]. La crypte Saint-Oyand reste aujourd'hui l'un des rares monuments du haut Moyen Âge conservés en élévation en Europe. Le retour du circuit de visite est assuré par l'escalier à vis du clocher.
Les travaux de construction du parcours ont fait apparaître dans l'élévation de la face ouest du clocher une pierre remployée par les maçons du XIIe siècle portant une inscription datée de 521 et parfaitement visible des visiteurs. Le plafond de l'église peint en 1910 met en scène des croix gammées appelées Svastika, symboles fréquemment employés dans les églises jusqu'en 1933, année où les nazis en Allemagne vont l'utiliser comme signe de ralliement.
La scénographie a été réalisée par Jean-Noël Duru et le film projeté sur le mur nord de l'édifice faisant office d'écran géant retrace l'évolution du site depuis son origine[41]. Il a été réalisé à la demande du Conseil Général de l'Isère par Bernard David-Cavaz et Yannick Bonnefoy[42].
La crypte saint-Oyand VIe siècle La crypte saint-Oyand La colonnade de la crypte Chapiteau et tailloir La porte du clocher roman et les vestiges mis au jour dans la nef
Sépultures
Le site de Saint-Laurent, à l'abri des débordements de l'Isère, est le tout premier site d'inhumation chrétien de Grenoble et il restera en activité jusqu'en 1800 avec l'ouverture du premier cimetière municipal de la ville situé au bord du Drac, lui-même remplacé dix ans plus tard par le cimetière Saint-Roch.
Plus de 1 500 sépultures ont été mises au jour durant la campagne de fouilles. Bien visibles, les plus anciennes remontent au IVe siècle et les plus récentes au XVIIIe siècle, avec la présence de certaines pierres tombales de consuls de Grenoble morts vers la fin du XVIIe siècle. Cette succession de sépultures étalées sur une période de seize siècles a permis d'étudier l'évolution de la typologie des sépultures, les modes d'inhumation, les pratiques funéraires, ainsi que l'évolution des dépôts d'objets dans les tombes. Cette étude est très riche d'enseignements sur l'évolution des mentalités, des relations avec les défunts et des croyances religieuses.
- Les sarcophages mis au jour dans la nef (VIe – VIIe siècles)
- Sépultures en pleine terre et en coffre de bois (haut Moyen Âge)
- Sépultures médiévales
- Sépultures médiévales anthropomorphes
Anthropologie
Les individus retrouvés à Saint-Laurent sont soumis à des études bio-anthropologiques et notamment des analyses isotopiques[43]. La signature isotopique de l'azote 15 et du carbone 13 est révélatrice du régime alimentaire des populations passées[44].
En 2018, des chercheurs identifient parmi les nombreuses sépultures du site, le corps du premier prieur du prieuré Saint-Laurent. Prénommé Guy (Guido en latin), il mesurait près de deux mètres en vivant lors de périodes d'abondance au XIe siècle[45].
Artéfacts
Plus de 3 000 objets ont été retrouvés dans les couches archéologiques (sols, remblais) et dans les tombes dont la relation avec les différentes phases architecturales a été établie. Ces objets replacés dans leur contexte sont des témoins précieux pour les archéologues. Les éléments de datation renseignent également sur la mentalité des vivants : le type des objets déposés a, en effet, évolué considérablement durant ces quinze siècles d'histoire.
La majeure partie des collections issues des fouilles est présentée, révélant pour la première fois l'essentiel du contenu des recherches. Une très grande diversité de collections est exposée dans l'ancienne salle funéraire située sous la sacristie construite au XIXe siècle (poterie, céramique, orfèvrerie, verrerie) et tout au long du circuit de visite (architecture et urbanisme, art religieux, sculptures et peintures murales de l'antiquité tardive et du haut Moyen Âge, sculptures du XIIe siècle, autel du XVIIIe, vitraux du XIXe) et enfin beaux-arts (peinture, sculpture).
- Peigne en os (IVe siècle)
- Épitaphe funéraire de Flureia (début VIe siècle)
- Poterie (1re moitié XIIe siècle)
- Crucifix en faïence (XVIIIe siècle)
Aide de la science
Fin 2013, une petite boite de 4 centimètres trouvée dans les années 1980 dans la crypte du musée, a pu être analysée finement grâce aux puissants rayons X de l'European Synchrotron Radiation Facility. Trop endommagée pour être ouverte sans dégâts, cette boite du XVIIe siècle conservée depuis une trentaine d'années a révélé trois médailles portant des iconographies religieuses ainsi que deux perles. Ces examens fournissant des indices sur l'évolution des religions et des rites religieux durant le XVIIe siècle[46] - [47].
Accès
Situé à l'angle de la rue Saint-Laurent et de la place Saint-Laurent, le musée est desservi par les lignes de bus 16 et 62, arrêt Saint-Laurent.
Notes et références
- « Une nouvelle directrice au musée archéologique », sur ledauphine.com, (consulté le )
- [PDF] pro.isere-tourisme.com 2018
- « Église Saint-Laurent », notice no PA00117182, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 (Tome 1, Fascicules 1-3), Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 271, Acte no 1627. .
- Laurent Ripart, « Du royaume aux principautés : Savoie-Dauphiné, Xe-XIe siècles », dans Christian Guilleré, Jean-Michel Poisson, Laurent Ripart, Cyrille Ducourthial, Le royaume de Bourgogne autour de l'an mil (lire en ligne), p. 247-276.
- Séance du 18 décembre 1841 du Bulletin de la Société de statistique des sciences naturelles et des arts industriels du département de l'Isère, 1841, page 300
- Raymond Girard, L'église et la crypte de Saint-Laurent de Grenoble, Centre d'archéologie de l'Isère.
- Vital Chomel, Histoire de Grenoble, page 93.
- Une partie de cette fortification médiévale est encore visible de nos jours : image sur le site du musée.
- Auguste Prudhomme, Histoire de Grenoble, page 173 qui se réfère au livre de la chaîne, folio 44.
- Renée Colardelle, Saint-Laurent de Grenoble, de la crypte au musée archéologique, page 34.
- René Fonvieille, Le vieux Grenoble (ses pierres et son âme), tome 1, page 220.
- René Fonvieille, Le vieux Grenoble (ses pierres et son âme), tome 1, page 104.
- Archives municipales de Grenoble, Rapport de fouilles de Renée Colardelle en 1987, cote 1980 W3.
- Son tableau est exposé dans le musée.
- Archives départementales de l'Isère, regeste dauphinois du chanoine Ulysse Chevalier, tome 1, N°1639, 1913.
- Bulletin mensuel de l'Académie delphinale, séance du 15 février 1861, page 10.
- « Le musée (historique) », sur site officiel du musée.
- « Une église mérovingienne à Grenoble », sur https://merveillescachees.com, (consulté le )
- Valérie Huss (dir.), Grenoble et ses artistes au XIXe siècle (catalogue de l'exposition du 14 mars au 25 octobre 2020), Grenoble, Éditions Snoeck - Musée de Grenoble, , 272 p. (ISBN 9461615949), p. 55
- Bulletin de l'Académie Delphinale, tome 5, année 1853.
- Colardelle 2013, Le monument livre son histoire, p. 84.
- Bulletin de l'Académie delphinale 1856-1860, page 221.
- . Aujourd'hui ces pierres tombales sont entreposées au Musée dauphinois.
- Almanach de l'archéologue français, Bibliothèque d'étude de Grenoble, cote U7979.
- . En 1854, Isidore Taylor publie un livre Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, Dauphiné dans lequel est visible une lithographie d'Eugène Ciceri représentant l'intérieur de la crypte Saint-Oyand abritant de gros tonneaux entreposés.
- Archives municipales de Grenoble, cote du document 2 M 58.
- Archives municipales de Grenoble, cote du document 2 M 59.
- Archives municipales de Grenoble, cote du document 2 M 56.
- Isère magazine, N°119, été 2011, page 4.
- Archives municipales de Grenoble, cote 2090 W11.
- Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné N°3221 du 30 mai 1986.
- data.culturecommunication.gouv.fr, Fréquentation du musée archéologique de Grenoble.
- ledauphine.com du 29 mai 2011, Dix-sept siècles remis au jour.
- « Nuit européenne des musées : plusieurs portes ouvertes nocturnes à Grenoble ce 20 mai », sur placegrenet.fr (consulté le )
- « Les paléontologues Yves Coppens et Michel Brunet à Grenoble pour deux conférences exceptionnelles sur les origines de l’homme », sur www.placegrenet.fr, (consulté le )
- Archives municipales de Grenoble : Paris, 26 février 1850 Copie d'une lettre du Ministre de l'Intérieur au Préfet de l'Isère annonçant le classement de la crypte comme Monument historique. Cote du document : 2 M 54.
- Archives municipales de Grenoble, cote du document 2 M 55.
- Renée Colardelle, La ville et la mort, Saint-Laurent de Grenoble, 2 000 ans de tradition funéraire, chapitre III, Saint-Laurent, un cas particulier, page 96.
- Renée Colardelle, La ville et la mort, Saint-Laurent de Grenoble, 2000 ans de tradition funéraire, chapitre V, Les églises paléochrétiennes, La première église (VIe siècle) pages 147-179.
- Film du musée archéologique de Grenoble.
- Conseil général de l'Isère (ouverture du musée archéologique de Grenoble)
- Estelle Herscherr, « Alimentation d'une population historique. Analyse des données isotopiques de la nécropole de Saint-Laurent de Grenoble (XIIIe-XVe siècle France) », Bulletins et Mémoires de La Société d'Anthropologie de Paris Tome 15 n° 3-4,
- Estelle Herrscher, Hervé Bocherens, Frédérique Valentin, « Reconstitution des comportements alimentaires aux époques historiques en Europe à partir de l'analyse isotopique d'ossements humains », Revue belge de philologie et d'histoire, tome 80, fasc. 4, 2002. Histoire medievale, moderne et contemporaine - Middeleeuwse. moderne en hedendaagse geschiedenis., , pp. 1403-1422
- « A Grenoble, des archéologues ont identifié le squelette du premier Prieur de Saint-Laurent », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le )
- france3-regions.francetvinfo.fr du 31 octobre 2015, Le Synchrotron de Grenoble résout une énigme datant... du 17e siècle !
- eandt.theiet.org du 30 octobre 2015, Synchrotron reveals lost archaeological information. (en)
Voir aussi
Bibliographie
- J.-J. Champollion-Figeac, Dissertation sur un monument souterrain existant à Grenoble, Grenoble, 1803.
- Jean Pilot de Thorey, Notice sur l'église de Saint-Laurent de Grenoble, Grenoble, 1864.
- Raymond Girard, La crypte de l'église Saint-Laurent de Grenoble, Congrès Archéologique du Dauphiné, Paris, p. 243-263, 1974.
- Raymond Girard, L'église et la crypte de Saint-Laurent de Grenoble, Centre d'archéologie de l'Isère, 1976.
- Renée Colardelle, L'église Saint-Laurent de Grenoble, un site religieux témoin d'histoire urbaine devient un musée de site, Catalogue de l'exposition " Archéologie et projet urbain ", De Luca Editione, 199, Rome, 1985.
- Renée Colardelle et P.A. Février, Grenoble, dans Topographie chrétienne des cités de la Gaule des origines au milieu du VIIIe siècle, Gauthier N., Picard J.C. (dir.), Paris, 1986.
- J. Hubert, La crypte Saint-Laurent de Grenoble et l'art du Sud-Est de la Gaule au début de l'époque carolingienne, Atti del IIe convegno per lo studio dell'arte dell'alto Medioevo, Pavia, p. 327-334, 1953.
- A. Barbet et R. Colardelle, Un mausolée peint du IVe siècle découvert à Saint-Laurent de Grenoble, Actes du Colloque 2e du C.N.R.S. Enduits peints et peintures murales du IVe au IXe siècle, Auxerre, 1992.
- Renée Colardelle, Saint-Laurent et les cimetières de Grenoble du IVe au XVIIIe siècle. Actes du Colloque Vie et mort du cimetière chrétien, C.N.R.S., Orléans, 1995, 11e supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, p. 111-124, 1996.
- Renée Colardelle, Saint-Laurent et le groupe épiscopal de Grenoble : deux complexes religieux, deux manières. Actes du colloque Autour de l'église, Genève, 5-. Patrimoine et architecture, Archéologie médiévale dans l'arc alpin, cahier no 6-7, , p. 18-26.
- Renée Colardelle, Grenoble en royaume burgonde. Actes des journées d'études : Des burgondes au Royaume de Bourgogne (Ve – Xe siècle), P. Paravy (Dir.), Grenoble, 26 et , p. 129-146, 2002.
- Renée Colardelle, La ville et la mort. Saint-Laurent de Grenoble, 2000 ans de tradition funéraire, Bibliothèque de l'Antiquité tardive, no 11, édit. Brepols Publishers, 413 p. et DVD, 2008. (ISBN 978-2-503-52818-2)
- Renée Colardelle, Saint-Laurent de Grenoble, de la crypte au musée archéologique, Presses universitaires de Grenoble, (ISBN 978-2-7061-1752-7)
Articles connexes
Liens externes
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