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Mur d'Antonin

Le mur d’Antonin est une muraille que l'empereur romain Antonin le Pieux fit construire vers 140 en Bretagne (Grande-Bretagne) par Quintus Lollius Urbicus entre le Firth of Forth et la Clyde (Écosse) et qui « doublait » au Nord la fortification (mur d'Hadrien) déjà édifiée par son père adoptif Hadrien. Il fut submergé par les invasions barbares pictes (territoire de l'Écosse actuelle) à la fin du IIe siècle.

Frontières de l’Empire romain *
Image illustrative de l’article Mur d'Antonin
CoordonnĂ©es 55° 58′ 01″ nord, 4° 04′ 01″ ouest
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Type Culturel
Critères (ii) (iii) (iv)
Superficie 527 ha
Zone tampon 5 226 ha
Numéro
d’identification
430
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 1987 (11e session)
Année d’extension 2005 (29e session)
2008 (32e session)
Extension Limes de Germanie
Mur d'Antonin
Image illustrative de l’article Mur d'Antonin
Localisation géographique du mur d'Hadrien dans le nord de l'Angleterre et du mur d'Antonin en Écosse.
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO
Forts et fortins romains du Mur d'Antonin

Historique

Quintus Lollius Urbicus est nommé gouverneur de Bretagne en 138 par le nouvel empereur Antonin le Pieux. Urbicus est le fils d'un propriétaire libyen[1] et natif de Numidie, dans l'actuelle Algérie. Avant de venir en Bretagne, il a servi en Judée lors de la Révolte de Bar Kokhba de 132-135, puis a été gouverneur de Germanie inférieure.

Antonin ne tarde pas Ă  aller Ă  l'encontre de la politique de maintien des positions de son prĂ©dĂ©cesseur, et Urbicus reçoit l'ordre de reconquĂ©rir les Lowlands en se dĂ©plaçant au nord. Entre 139 et 140, il reconstruit le fort de Coria (en) et, avant 142-143, des pièces de monnaie commĂ©morant la victoire en Bretagne sont frappĂ©es. Il est en consĂ©quence plausible qu'Urbicus ait entamĂ© la rĂ©occupation du sud de l'Écosse vers 141, semble-t-il avec l'aide de la Legio II Augusta. Cela l'a nĂ©cessairement amenĂ© Ă  affronter plusieurs tribus bretonnes (comprenant probablement des Brigantes du nord), dont les tribus des basses terres d'Écosse, comme les Votadini et les Selgovae de la rĂ©gion des Scottish Borders, et les Damnonii du Strathclyde. Il pourrait avoir eu Ă  sa disposition un total de 16 500 hommes[2].

Il semble probable qu'Urbicus planifie sa campagne offensive depuis Corbridge, avançant vers le nord en tirant droit sur le Firth of Forth. Après avoir sécurisé un itinéraire pour permettre le ravitaillement et le passage d'hommes et de matériel le long de la Dere Street, Urbicus installe très certainement un centre de ravitaillement à Carriden House (en), pour assurer l'entrepôt de grains et d'autres denrées, avant même d'attaquer les Damnonii.

Le succès est rapide et la construction d'une nouvelle limes entre le Firth of Forth et le Firth of Clyde est entamĂ©e. Plusieurs contingents d'une lĂ©gion britannique ont assistĂ© Ă  l'Ă©rection de la nouvelle barrière de tourbe, comme l'indique une inscription trouvĂ©e au castrum d'Old Kilpatrick, oĂą se termine le mur d'Antonin dans son parcours vers l'ouest. Aujourd'hui, ce mur couvert d'herbe est ce qui reste d'une ligne dĂ©fensive faite de tourbe d'environ 7 mètres de haut et comptant 19 forts[3]. Il est construit après 139 ap. J.-C. et s'Ă©tend sur 63 km. Après l'achèvement des dĂ©fenses, il est possible qu'Urbicus s'intĂ©resse Ă  la quatrième tribu des Lowlands, les Novantae, qui habitent la pĂ©ninsule du Dumfries and Galloway. Les tribus des Lowlands, prises en tenailles entre le mur d'Hadrien au sud et cette nouvelle fortification, au nord, finissent par s'unir contre Rome et former une confĂ©dĂ©ration connue sous le nom de Maeatae (en).

Le mur d'Antonin remplit plusieurs objectifs. Il constitue en lui-même une ligne de défense contre les Calédoniens. Il isole les Maeatae de leurs alliés calédoniens et forme une zone tampon au nord du mur d'Hadrien. De plus, il facilite le mouvement de troupes entre l'est et l'ouest. Mais son objectif principal n'est pas d'ordre militaire. Il permet surtout à Rome de contrôler une région et d'en retirer des taxes et, sur un plan politique, d'isoler les rebelles du nord de la Bretagne de tout sujet déloyal de l'Empire qui voudrait entrer en leur contact afin de coordonner une révolte[4] - [5]. Urbicus réalise une impressionnante série de succès militaires, mais, comme dans le cas d'Agricola, ceux-ci ne durent pas longtemps. La construction du mur prend douze ans mais dès son achèvement, il est dépassé et, peu après en 160, il est abandonné[6] - [7].

La destruction de plusieurs brochs du sud pourrait dater de l'avancée antonine. Qu'ils aient ou non été des symboles de soumission à Rome, ils sont désormais surannés et n'ont plus d'utilité d'un point de vue romain.

Construction

Le chantier est organisĂ©e de la mĂŞme manière que pour le mur d’Hadrien quelques dĂ©cennies plus tĂ´t. Les lĂ©gions prĂ©sentes en Bretagne, Ă  savoir la legio II Augusta, de la legio VI Victrix pia fidelis et de la legio XX Valeria Victrix allouent ainsi des dĂ©tachements, ou vexillations, au chantier. Chaque lĂ©gion se voit attribuer des secteurs d’une longueur de deux Ă  un peu moins de cinq milles romains, qui sont ensuite partagĂ©s entre plusieurs centuries[8]. Le temps de travail nĂ©cessaire pour construire le mur est estimĂ© Ă  250 journĂ©es de six heures pour 7 000 lĂ©gionnaires. Les travaux ne pouvant ĂŞtre rĂ©alisĂ©s en toute saison, il est donc possible que le chantier ait pris un peu plus d’un an[9].

Le matĂ©riau principal du mur est la motte de gazon, c’est-Ă -dire des blocs de la couche supĂ©rieure du sol mesurant environ 44 Ă— 30 Ă— 15 cm pour une masse d’environ 30 kg. Ces blocs ayant la forme d’une brique sont dĂ©coupĂ©s Ă  l’aide d’un outil ressemblant Ă  une bĂŞche dotĂ©e d’une lame en croissant. Le prĂ©lèvement se fait Ă  proximitĂ© immĂ©diate du chantier, dans des couloirs de cinquante mètres de large prĂ©sents de chaque cĂ´tĂ© du mur[10].

Architecture

Le mur d’Antonin prĂ©sente des caractĂ©ristiques assez diffĂ©rentes du mur d’Hadrien. En premier lieu, il n’est pas entièrement en pierre : seules les substructions utilisent ce matĂ©riau, le reste Ă©tant construit en mottes de gazon avec des superstructures en bois[11]. L’autre diffĂ©rence majeure est l’absence de tours, remplacĂ©es par une densitĂ© considĂ©rablement plus Ă©levĂ©e de forts, sĂ©parĂ©s en moyenne de seulement 3,5 km, ce qui en fait la frontière la plus Ă©troitement gardĂ©e de l’Empire romain. Au total, dix-sept forts ont Ă©tĂ© repĂ©rĂ©s et la prĂ©sence de deux autres considĂ©rĂ©e comme presque certaine bien qu’aucune trace n’en est Ă©tĂ© trouvĂ©e[12].

Le rempart est prĂ©cĂ©dĂ© au nord par un fossĂ© en V mesurant en moyenne 12,2 m de largeur au sommet pour une profondeur de 3,7 m[12]. Il semble que le mur d’Antonin ait Ă©tĂ© Ă©galement dotĂ© de forts milliaire, bien qu’avec seulement neuf exemplaires retrouvĂ©s, il n’existe pas de certitude quant au caractère systĂ©matique de leur implantation[13].

Garnison

La garnison occupant le mur est connue de manière moins détaillée que celle du mur d’Hadrien, mais elle semble toutefois partager un grand nombre de caractéristiques avec celle-ci. Elle est en effet majoritairement composée de troupes auxiliaires, des non-citoyens organisées en cohortes de différents types. Il y a ainsi les alae, unités de cavalerie, les cohortes peditata composées d’infanterie et les cohortes equitatae, unités composites contenant à la fois de l’infanterie et de la cavalerie. La majeure partie sont dites quingenaria, c’est-à-dire qu’elles comptent environ cinq cents hommes, mais quelques-unes sont dites milliaria, avec un effectif plus ou moins doublé[14].

Certains forts sont toutefois occupés par des vexillations des légions stationnées en Bretagne : des soldats de la legio VI Victrix pia fidelis se retrouvent ainsi aux forts de Castlecary et Croy Hill, tandis que d’autres de la legio II Augusta sont présents au fort de Bar Hill. Les garnison du mur dans son état final est estimée à sept mille hommes, près du double de ce qu’elle aurait été avec le plan initial à six forts, estimée à quatre milles hommes[14].

Annexes

Liste des forts du mur d’Antonin (ouest-est)

  • Bishopton (fort cĂ´tier)
  • Old Kilpatrick (fort primaire)
  • Duntocher
  • Castlehill (en)
  • Bearsden
  • Balmuildy (en) (fort primaire)
  • Cadder
  • Auchendavy (en)
  • Bar Hill (en) (fort primaire)
  • Croy Hill (en)
  • Westerwood (en)
  • Castlecary (fort primaire)
  • Rough Castle (en)
  • Camelon
  • Falkirk (existence prĂ©sumĂ©e)
  • Mumrills (en) (fort primaire)
  • Inveravon (en) (existence prĂ©sumĂ©e)
  • Cariden (fort primaire cĂ´tier)

Bibliographie

  • (en) Nic Fields, Rome’s Northern Frontier AD 70-235 : Beyond Hadrian’s Wall, vol. 31, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Fortress », (ISBN 1841768324)

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Charles Freeman, 1999, Egypt, Greece, and Rome, Oxford University Press, Oxford, p. 508 (ISBN 0198721943).
  2. Hanson, 2003, p. 203.
  3. 17 forts (sur un total supposé de 19) et un certain nombre de fortlns intermédiaires, dont neuf sont actuellement connus, et qui pouvaient être situés à des intervalles d'un mile romain.
  4. Breeze, p. 144-159.
  5. Selon Robertson (1960), p. 39, plusieurs forts antonins possèdent de solides défenses vers le sud et d'autres forts romains, dans le sud de l'Écosse, font face au sud.
  6. (en) « History », antoninewall.org, consulté le 5 février 2010.
  7. Breeze, 2006, p. 167.
  8. Fields 2005, p. 41.
  9. Fields 2005, p. 44.
  10. Fields 2005, p. 43.
  11. Fields 2005, p. 36.
  12. Fields 2005, p. 37.
  13. Fields 2005, p. 39.
  14. Fields 2005, p. 48-49.
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