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Moteur Douvrin

Le moteur Douvrin connu également sous le code « moteur J » ou « bloc J »[1] est un moteur thermique automobile à combustion interne, quatre temps, conçu et fabriqué par la Société française de mécanique pour les groupes Renault et PSA. Ce moteur existe en versions essence et diesel, avec 8 ou 12 soupapes. Il a été produit de 1977 à fin 1996.

Moteur Douvrin
2l Ă  carburateur J6R

Autres noms
Moteur J, Bloc J, Moteur ZEJ, Moteur ZDJ
Constructeur
Années de production
1977 - 1996
Production
4,5 millions
Application
Automobile
Caractéristiques techniques
Cylindrée
1 995, 2 068, 2 165 cm3
Disposition
4 cylindres en ligne
Angle des cylindres
15° sur la gauche
Refroidissement
Eau
Combustible
Essence, Diesel
Allumage
1-3-4-2 (n°1 côté volant moteur)
Performances
Puissance max.
60 Ă  175 ch

Histoire

Le moteur Douvrin est le fruit d’une collaboration lancée en 1969[2] par Renault et Peugeot (qui n’est pas encore devenu PSA) pour rationaliser leurs investissements dans le domaine des moteurs. En effet, les deux constructeurs se trouvent confrontés aux mêmes besoins au même moment pour leurs futures grandes berlines. Ils mettent donc trois moteurs à l’étude : en haut de gamme, le fameux « V6 PRV », en entrée de gamme, le « moteur X » 4 cylindres qui équipera entre autres les Peugeot 104 et Renault 14, et en gamme 2 litres, le moteur qui nous intéresse ici. La production doit être assurée par la Française de Mécanique, filiale commune créée pour la circonstance.

En , le « moteur Douvrin » (du nom de l’usine qui en assure la production) est présenté à la presse. Conçu par l'ingénieur Jean-Jacques His (père des moteurs de Formule 1 chez Renault puis Ferrari), c’est un 4 cylindres en ligne moderne pour l’époque avec cylindres chemisés, bloc en aluminium refroidi par eau, vilebrequin à 5 paliers, culasse en aluminium à soupapes en tête et arbre à cames en tête entraîné par une courroie de distribution crantée. Il tourne dans le sens horaire (côté distribution). Une version diesel (une première en tourisme pour Renault) est également prévue, mais la première à être présentée est la version essence à carburateur double corps (type 829 puis J6R) destinée à la Renault 20 TS.

La presse salue d’emblĂ©e ce moteur comme une grande rĂ©ussite. Avec ses 1 995 cm3 de cylindrĂ©e (88 x 82), ses 110 ch Ă  5 500 tr/min, et ses 166 N m Ă  3 000 tr/min, il offre Ă  la fois agrĂ©ment de conduite et sobriĂ©tĂ©[3]. MontĂ©e par la suite sur les Renault 18, Fuego, Espace, et 25, cette version perdurera sans modification notable (hormis quelques rĂ©glages de carburation imposĂ©s par la dĂ©pollution faisant descendre la puissance Ă  103 ch) jusqu’à 1992 et l’adoption obligatoire du catalyseur qui entraĂ®ne le passage Ă  l’injection.

Au lancement de la Peugeot 505 en septembre 1978 (AM79), PSA commercialise à son tour le moteur Douvrin sur les finitions TI et STI. Il s'agit toutefois d'une version spécifique (type ZEJK 829B) à injection Bosch K-Jetronic, même si la puissance de 110 ch est inchangée par rapport au J6R Renault. En revanche, PSA ne pourra pas utiliser ce moteur sur les modèles du groupe Chrysler-Europe qu'il vient de racheter pour (re)créer la marque Talbot. Renault ayant mis son veto à l'utilisation de ce moteur sur le coupé Murena qui concurrence sa propre Fuego, PSA se rabattra sur le moins moderne 2,2 litres d'origine Chrysler.

En 1979, la version diesel annoncĂ©e (type 852 puis J8S, Ă  injection indirecte par prĂ©chambre) voit effectivement le jour sur la Renault 20. Pas encore suralimentĂ©e, elle dĂ©veloppe 2 068 cm3 (86 x 89) et offre 63 puis 65 ch, dans la très bonne moyenne des diesels du moment. On retrouvera aussi ce moteur (les exemplaires Ă  500 000 km ne sont pas rares) sous le capot des Renault 18, 21, 25, Trafic et Master jusqu’à l'arrĂŞt de la production. PSA, en revanche, n’utilisera jamais cette version, lui prĂ©fĂ©rant d’abord le moteur Indenor puis les versions diesel de son propre moteur XU.

En , c’est la version 2,2 litres essence Ă  carburateur (type 851 puis J6T, 2 165 cm3, 88 x 89) qui arrive sur le marchĂ© sur la Renault 20 TX. Pas plus puissant que le 2 litres (110 ch) mais plus coupleux (183 N m contre 166, Ă  un rĂ©gime infĂ©rieur), ce moteur ne convainc que modĂ©rĂ©ment la presse.

1980 voit aussi le lancement du 2 litres essence Ă  carburateur simple corps J5R (80 ch) sur les Trafic et Master, qu’il Ă©quipera jusqu’en 1992. Cette annĂ©e-lĂ , les nouvelles CitroĂ«n CX 20 sont Ă©quipĂ©es du 2 litres Ă  carburateur double corps des Renault 20 (type 829 A5, 106 ch, 169 N m Ă  3250 tr/min) en remplacement du vĂ©tuste moteur M de la CX 2000.

En juillet 1981 (AM82), la Peugeot 505 TI disparaĂ®t de la gamme et la STI reçoit une nouvelle version du 2,2 litres (type ZDJ) Ă  injection Bosch K-Jetronic. MalgrĂ© de meilleurs chiffres (117 ch, 190 N m Ă  3500 tr/min) que la version Renault Ă  carburateur, ce moteur ne convainc pas vraiment non plus[4].

Fin 1981, le diesel turbocompressĂ© (J8S turbo, 2 068 cm3, 85 ch) apparaĂ®t sur la Renault 30. Ce moteur très rĂ©ussi se retrouvera dans la quasi-totalitĂ© de la gamme supĂ©rieure Renault (18, 20, 21, 25, Espace I et II, Fuego, Safrane phase 1, Jeep Cherokee) jusqu’en 1996, moyennant quelques Ă©volutions mineures qui portent la puissance Ă  92 ch en fin de carrière. PSA n'utilisera pas ce moteur, comme pour le J8S atmosphĂ©rique, disposant de moteurs diesel de rendement comparable et de plus forte cylindrĂ©e, ce qui a permis d'obtenir plus de puissance.

En juillet 1983 (AM84), PSA lance une nouvelle version du 2,2 litres (type ZDJL) sur la 505 GTI qui remplace la STI. ÉquipĂ©e d'une injection Bosch LE2-Jetronic, elle est nettement plus puissante (130 ch), avec un couple maximal (192 N m) au rĂ©gime plutĂ´t Ă©levĂ© de 4250 tr/min, mais ce moteur donne une rĂ©gularitĂ© de fonctionnement (ce modèle sera fabriquĂ© jusqu'Ă  la fin de production des 505, y compris après le restylage Ă  partir des modèles 1986).

Fin 1983, Renault lance Ă  son tour son 2,2 litres Ă  injection (type J7T, J7T-706 en boĂ®te manuelle, J7T-707 en boĂ®te automatique) Ă  la sortie de la R25. Il s'agit d'une injection Renix très moderne pour l'Ă©poque avec gestion intĂ©grĂ©e de l'allumage et dĂ©tection du cliquetis. L'arbre Ă  cames est lui aussi spĂ©cifique pour une puissance moindre (123 ch) que celle du ZDJL Peugeot mais un couple nettement plus exploitable (190 N m Ă  2 750 tr/min seulement) et une consommation modĂ©rĂ©e. Les Ă©loges sont unanimes dans la presse comme chez les clients ; avec le recul du temps, cette version aura Ă©tĂ© la plus homogène de toute la gamme Douvrin.

En 1985, la CitroĂ«n CX bĂ©nĂ©ficie d'un restylage et reçoit Ă  son tour le 2,2 litres. Il ne s'agit que d'une version Ă  carburateur double corps (J6T A500, 115 ch, 181 N m Ă  3250 tr/min) car les versions Ă  injection se rapprochent trop du vĂ©nĂ©rable moteur M 2,5 litres de 138 ch qui Ă©quipe encore le haut de gamme CX.

En 1986, le 2 litres reçoit enfin l’injection chez Renault (type J7R) Ă  l’occasion de la sortie de la R21. LĂ  aussi, il s’agit d’une mise au point propre Ă  Renault (PSA s’est dĂ©jĂ  fortement dĂ©sintĂ©ressĂ© du moteur Douvrin au profit de son XU) avec injection Renix et arbre Ă  cames spĂ©cifique. La puissance passe de 110 Ă  120 ch par rapport au J6R et le couple de 166 Ă  174 N m (quoique 1 000 tr/min plus haut). Cette version Ă©quipe la 21, la 25, et l’Espace I jusqu’au passage obligatoire au catalyseur en 1993. La version catalysĂ©e reprend l’arbre Ă  cames du J6R et ne dĂ©veloppe que 107 ch. Elle Ă©quipe Ă  l’exportation les 21 et Espace I, puis la Safrane phase 1 (tous marchĂ©s) jusqu’en 1996.

Cette même année, Renault remanie légèrement le J7T à 126 ch (J7T-730 ou -731 en BVA) et sort une version catalysée (J7T-708 et -732) pour sa Medallion américaine. Celle-ci reprend l’arbre à cames du J6T et redescend donc à 110 ch car les versions plus puissantes ne passent pas les normes antipollution. On la retrouvera sur la Renault 21 automatique en fin de carrière et la Safrane phase 1 à l’exportation. Un break Nevada GTX de 1990 équipé de ce moteur franchira la barre du million de kilomètres[5]. Une version “dégonflée” à 101 ch subsistera aussi sur le Trafic jusqu’en 1996.

En est dĂ©voilĂ© le J7R turbo essence Ă  injection (J7R-752) de 175 ch et 270 N m qui fait de la Renault 21 2L Turbo une redoutable berline sportive. Une version catalysĂ©e (163 ch, couple maxi 260 N.m) est aussi dĂ©veloppĂ©e pour l’Europe du Nord et dès 1993 pour la France avec l'adoption du catalyseur suite Ă  l'application de la norme Euro I. La production se termine en 1993 avec la fin de la 21.

C'est à cette période que se pose la question de l'avenir du moteur J, qui approche de ses limites technologiques et se prête mal à la « modularisation » (production de versions 4 et 5 cylindres essence ou diesel sur la même chaîne) qui commence à gagner les esprits des constructeurs. PSA et Renault se désintéressant de plus en plus des projets communs, la Régie lance l'étude d'un successeur, le moteur G, à l'horizon 1992-95. Les évolutions du moteur J sont alors réduites au minimum. En particulier, la version diesel ne connaîtra jamais d’adaptation à l’injection directe.

Ă€ l'hiver 1988 (millĂ©sime 1989), une version Ă  culasse multi-soupapes (dite J12 en interne, la dĂ©nomination J7R ne changeant pas) fait tout de mĂŞme son apparition sur la Renault 25 TXI, suivie de la 21 TXI en . Afin de limiter l’encombrement moteur et le coĂ»t de production que Renault assume seul, il ne s’agit que d’une culasse simple arbre Ă  3 soupapes par cylindre. La puissance passe Ă  140 ch (137 en version catalysĂ©e) et le couple Ă  184 N m, permettant Ă  ce moteur dĂ©jĂ  ancien de garder le contact avec la concurrence. Ces versions sont les seules de la gamme J Ă  prĂ©senter un quelconque dĂ©faut de fiabilitĂ©, avec des cas de fissure de la culasse entre les deux soupapes d’admission.

En 1992, pour la sortie de la Safrane, un J12 2,2 litres (toujours 140 ch mais couple augmentĂ© Ă  tous les rĂ©gimes, 195 N m maxi) fait son apparition. Il est Ă©quipĂ© d’une culasse modifiĂ©e par un système de jet d’air sur l’une des soupapes d’admission pour amĂ©liorer la combustion, modification qui s’applique aussi au 2 litres. Ces moteurs sont produits jusqu’au restylage et Ă  la remotorisation de la Safrane fin 1996.

Chez Renault, le « moteur Douvrin » aura été adjoint aux boîtes de vitesses NG à commande d'embrayage par câble, 369 (devenue UN) avec embrayage à commande hydraulique, ou encore aux boîtes automatiques 4141, MJ3 (1981-90), et AR4 (1988-96). Les boîtes automatiques n'étaient pas assemblées à Douvrin mais à la Société de Transmissions Automatiques (STA), basée à Ruitz (Pas-de-Calais).

Les différentes cylindrées

Selon les manuels d'atelier Renault pour le « moteur J » Essence et Diesel (éditions françaises)[6] - [7]
Essence Diesel
Types moteurs829 - J5R - J6R - J7R851- J6T - J7T852 - J8S - J8ST
CylindrĂ©e1 995 cm32 165 cm32 068 cm3
Alésage (mm)888886
Course (mm)828989
Puissances en ch DIN De 80 Ă  175 ch De 100 Ă  141 ch De 58 Ă  92 ch
Nombre dents courroie de distribution 116 118 148
Boites de vitesses manuelles associées NG3, UN1 (J7R752 ou 829

avant 1981), PK1 (sur Safrane)

NG3,NG7, UN1 (jusque 1988

pour les Un1 ex 369 ), PK1 (sur Safrane)

Ng1, NG3 et UN5 sur Master, PK1 (sur Safrane)
Boites automatiques associées 4141, MJ3, AR4 puis AD8 après 1992 MJ3,AR4 et AD8 MJ3 (mais peu répandue)
Selon la Revue Technique Automobile Peugeot 505 essence injection (ETAI)[8] :
Types moteurs ZEJ (829-90) ZDJ (851-90) ZDJ-L (851-B)
CylindrĂ©e 1 995 cm3 2 165 cm3 2 165 cm3
Alésage × Course 88 × 82 mm 88 × 89 mm 88 × 89 mm
Puissance 110 ch DIN Ă  5 250 tr/min 117 ch DIN Ă  5 250 tr/min 130 ch DIN Ă  5 750 tr/min
Couple 171 N m Ă  4 000 tr/min 186 N m Ă  3 500 tr/min 188 N m Ă  4 250 tr/min
Rapport volumétrique 9,2 à 1 9,2 à 1 9,8 à 1
Injection Bosch K-Jetronic Bosch K-Jetronic Bosch LE2-Jetronic
Courroie de distribution 116 dents 118 dents 118 dents
VĂ©hicules 505 TI et STI 505 STI 505 GTI et GTX
Années modèles 1979 - 1981 1982 - 1983 1984 - 1989
Boîtes manuelles BA 10/5 BA 10/5 en 1982

BA 7/5 en 1983

BA 7/5
Boîtes automatiques ZF 3HP22 ZF 3HP22 ZF 3HP22
Selon la Revue Technique Automobile Citroën CX essence (ETAI) :
Types moteurs 829 A5 J6T A500
CylindrĂ©e 1 995 cm3 2 165 cm3
Alésage × Course 88 × 82 mm 88 × 89 mm
Puissance 106 ch DIN Ă  5 500 tr/min 115 ch DIN Ă  5 600 tr/min
Couple 166 N m Ă  3 250 tr/min 178 N m Ă  3 250 tr/min
Rapport volumétrique 9,2 à 1 9,8 à 1
Carburateur Weber 34 DMTR Weber 34 DMTR
Courroie de distribution 116 dents 118 dents
VĂ©hicules CX 20 CX 22
Années modèles 1980 - 1989 1985 - 1991

Notes et références

  1. Les codes moteurs Renault, sur planeterenault.com (consulté le 31 décembre 2012)
  2. Française de mécanique - Historique
  3. ’’L’Auto-Journal’’, 1er août 1977
  4. ’’L’Auto-Journal’’, 15 juin 1984
  5. auto jap part honda, « renault 21 gtx d'origine passage des 1 millions de klm en direct ! », (consulté le )
  6. Manuel d'atelier « Moteur J » Diesel Renault - Édition française, 2000, référence 77 11 293 320
  7. Manuel d'atelier « Moteur J » Essence Renault - Édition française, Décembre 1981, référence 77 01 449 589
  8. Revue Technique Automobile Peugeot 505 essence injection, référence 403 4912, 92100 Boulogne Billancourt, ETAI, (ISBN 2-7268-4035-3), p. 7 à 9 et 91 à 94

Voir aussi

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