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Milion (monument)

ÉrigĂ© au IVe siĂšcle, le Milion ou Million (ÎœÎŻÎ»ÎčÎżÎœ ou ÎœÎŻÎ»Î»ÎčÎżÎœ en grec, Milyon taĆŸÄ± en turc) est un monument qui marquait, Ă  Constantinople, le point de dĂ©part des routes conduisant aux diffĂ©rentes villes de l’empire. Il avait la mĂȘme fonction que le Milliaire d'or (Millarium Aureum) Ă  Rome. SurmontĂ© d’un dĂŽme, le Milion Ă©tait un Ă©difice quadrangulaire constituĂ© de quatre arcs monumentaux et dĂ©corĂ© de nombreuses statues et peintures. Il survĂ©cut Ă  la conquĂȘte de Constantinople en 1453, mais disparut au dĂ©but du XVIe siĂšcle. Des fragments furent retrouvĂ©s lors d’excavations dans les annĂ©es 1960.

Reconstruction du Milion d’aprĂšs les sources et fragments conservĂ©s. La structure mesure environ 14,6 m de large.

Emplacement

Site du Milion.

On peut voir les vestiges de cet Ă©difice Ă  Istanbul dans l’ancien district d’EminönĂŒ, aujourd’hui partie du district Fatih, dans le cƓur du quartier historique de Constantinople[alpha 1], Ă  l’angle nord de la place Hagia Sophia, prĂšs de la citerne basilique (Yerebatan sarnıcı) et de l’Hippodrome. À l’origine, le Million Ă©tait situĂ© sur la place de l’Augustaion, en face d’Hagia Sophia [1].

Histoire

Lorsque l’empereur Constantin Ier (r. 306 – 337) entreprit de transformer l’ancienne ville de Byzance pour en faire la nouvelle capitale de l’Empire, Nova Roma (la nouvelle Rome), il reproduisit intentionnellement les monuments les plus caractĂ©ristiques de l’ancienne capitale. L’un de ceux-ci Ă©tait le Milion, Ă©difice quadrangulaire surmontĂ© d’un dĂŽme, qu’il fit placer dans la premiĂšre rĂ©gion de la citĂ©, prĂšs des anciens murs de Byzance, au tout dĂ©but de la voie principale qui devait traverser la ville, la Mesē (Μέση ΟΎός), laquelle, Ă  ce point, s’incurvait pour passer entre l’Augustaion et les bains de Zeusxippos[2]. L’édifice jouait le mĂȘme rĂŽle que son homonyme romain, le Milliarium Aureum : reprĂ©senter le point « zĂ©ro » d’oĂč partaient toutes les routes reliant Constantinople aux villes europĂ©ennes de l’empire. Sur sa base Ă©taient inscrites les distances entre elles et Constantinople. Le monument Ă©tait plus imposant que celui de Rome. Il s’agissait d’un tĂ©trapylone ou arc de triomphe monumental formant carrĂ© et reposant sur quatre piliers joints par des arcs et surmontĂ©s d’un dĂŽme [3]. On y trouvait des statues de Constantin et de sa mĂšre, HĂ©lĂšne, tenant une croix, gardĂ©s par une statue de la TychĂ©, divinitĂ© tutĂ©laire de la fortune, de la prospĂ©ritĂ© et de la destinĂ©e d'une citĂ© ou d'un État[2] - [3].

À partir du VIe siĂšcle, l’édifice revĂȘtit une importance spĂ©ciale dans le cĂ©rĂ©monial impĂ©rial[2]. Justinien Ier (r. 527 – 565) y ajouta un cadran solaire alors que Justin II (r. 565 – 578) fit placer sur sa partie infĂ©rieure des statues de son Ă©pouse Sophia, de sa fille Arabia et de sa niĂšce HĂ©lĂšne[3]. S’y ajoutĂšrent des sculptures Ă©questres de Trajan, d’Hadrien[4], de ThĂ©odose II et un quadrige d’HĂ©lios en bronze [2].

Durant la premiĂšre moitiĂ© du VIIIe siĂšcle, les empereurs Philippikos (r. 711-718) et Anastase II (r. 713 -715) firent peindre sur les voutes des arcs des reprĂ©sentations des conciles ƓcumĂ©niques; toutefois celles-ci devaient ĂȘtre remplacĂ©es pendant la pĂ©riode iconoclaste par des scĂšnes de l’Hippodrome sous l’ordre de l’empereur Constantin V (r. 741 – 775).

En raison de sa position stratĂ©gique contrĂŽlant l’Augustaion, place publique qui dans les dĂ©buts de Constantinople servait de centre administratif, religieux et cĂ©rĂ©monial, le Milion fut tĂ©moin de nombreuses Ă©meutes dans la citĂ©, comme celles entre NicĂ©phore III (r. 1078 – 1081) et Alexis Ier (r. 1081 – 1118), ou celles qui opposĂšrent les troupes impĂ©riales et l’impĂ©ratrice Marie d’Antioche [2].

Avec la fin de l’Empire latin, le Milion ainsi que l’Augustaion devinrent de 1268 Ă  1271 propriĂ©tĂ© de la cathĂ©drale Hagia Sophia[5]. L’édifice survĂ©cut Ă  la conquĂȘte de Constantinople (1453) jusqu’à la fin du XVe siĂšcle[5]. Il fut dĂ©moli, probablement au dĂ©but du XVIe siĂšcle lors des travaux d’élargissement de l’aqueduc situĂ© tout prĂšs et l’érection d’un chĂąteau-d’eau (en turc : suterazi, litt. tour d’eau)[5].

Vestiges

Vestiges du Milion.

Des vestiges du monument sont visibles Ă  Istanbul, Ă  l'angle sud de la Citerne Basilique (Yerebatan Sarayı), dans le quartier de Cağaloğlu, district de Fatih, au nord-est du square d'Hagia Sophia.

AprĂšs diffĂ©rentes Ă©tudes thĂ©oriques sur une possible localisation du monument, des travaux d’excavations conduits en 1967 et 1968 permirent, aprĂšs la dĂ©molition de maisons construites Ă  cet endroit, de trouver les fondations ainsi qu’une partie de l’édifice, ce bloc de pierre Ă©tant maintenant dressĂ© comme une colonne [5]. On put identifier ces vestiges avec certitude dĂ» Ă  leur proximitĂ© d’une courbe faite par le systĂšme de canalisation de l’époque byzantine qui coĂŻncidait avec la courbe que faisait, selon les sources littĂ©raires, la Mesē Ă  cet endroit[5].

Notes et références

Notes

  1. Quartier qui correspond Ă  la Constantinople conquise par Mehmet II en 1453.

Références

  1. Kazdhan (1991) « Mese », vol. 2, p. 1436
  2. MĂŒller-Wiener (1977) p. 216
  3. Janin (1950) p. 104
  4. Janin (1950) p. 105
  5. MĂŒller-Wiener (1977) p. 218

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Kazdhan, Alexander (ed). The Oxford Encyclopaedia of Byzantium, Oxford, Oxford University Press, 1991. (ISBN 0-19-504652-8).
  • Janin, Raymond. Constantinople Byzantine. Institut Français d'Études Byzantines, Paris 1950.
  • (de) MĂŒller-Wiene, Wolfgang. Bildlexikon zur Topographie Istanbuls: Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul bis zum Beginn d. 17 Jh. Wasmuth, TĂŒbingen 1977, (ISBN 978-3-8030-1022-3).

Articles connexes

Liens externes

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