Mildred Rebstock
Mildred Catherine Rebstock ( - ) est une chimiste américaine. Avec son équipe, elle est la première à entièrement synthétiser un antibiotique, le chloramphénicol.
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Décès |
(à 91 ans) Ann Arbor |
Nationalité | |
Formation |
Université de l'Illinois à Urbana-Champaign North Central College (en) |
Activités |
Jeunesse et éducation
Mildred Catherine Rebstock naît le , à Elkhart (Indiana), de Redna Dunkelberger et Adolph Rebstock. En 1938, elle entre à l'Université North Central de Naperville[1], étudiant la chimie et la zoologie avec les professeurs I.A. Koten et Harold Eigenbrodt, qui l'inciteront à s'inscrire auprès de leur alma mater, l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign, en 1942. Passionnée par les sciences, elle obtient une bourse complète pour une recherche sur l'acide ascorbique tout en étudiant à l'université. En 1943, elle reçoit une maîtrise et, en 1945, un doctorat en biochimie[2].
Carrière
Rebstock fera toute sa carrière aux laboratoires de recherche Parke-Davis à Détroit et Ann Arbor. Elle commence en 1945 en tant que chercheur pharmaceutique junior puis est promue responsable de département de recherches en 1959[3] - [2]. Elle et son équipe (John Controulis, Harry Crooks et Quentin Bartz) effectuent alors des recherches sur la streptomycine, un antibiotique nouvellement découvert par Albert Schatz. Ils découvrent qu'une plus grande stabilité chimique peut être obtenue grâce à l'hydrogénation catalytique de la streptomycine, obtenant alors de la dihydrostreptomycine. La même découverte est faite simultanément par une équipe de Merck & Co. Cet antibiotique n'est plus utilisé chez l'homme mais en médecine vétérinaire[4].
Peu de temps après son travail avec la dihydrostreptomycine, elle est chargée de synthétiser un nouvel antibiotique isolé par John Ehrlich dans une culture de streptomyces venezuela[5]. Le constituant clef de cet antibiotique est un nitrobenzène sur lequel l'équipe a déjà de l'expérience. Ils trouvent un moyen de synthétiser complètement cet antibiotique à partir de produits chimiques facilement disponibles vers novembre 1947[6]. C'est un cas rare où la synthèse d'une molécule est plus rentable que sa fermentation par des procédés organiques. L'équipe publie ses travaux en 1949[7]. En conséquence, la chloromycétine est produite en série à un prix très économique.
En raison de la disponibilité de la chloromycétine après les travaux de Rebstock, elle est abondamment utilisée pour traiter la fièvre des montagnes rocheuses et la fièvre typhoïde, et est encore utilisée aujourd'hui comme voie d'action secondaire pour les cas extrêmes de méningite, de choléra, et d'autres maladies bactériennes infectieuses. Depuis sa découverte, la chloromycétine a été associée à un risque accru d'anémie aplasique mortelle conduisant à une baisse de son utilisation chez l'homme aux États-Unis. Bien qu'il soit tombé en disgrâce dans les pays développés, il reste un antibiotique essentiel utilisé en abondance dans les pays en développement[4]. Pour cette raison, il figure sur la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé, les médicaments les plus sûrs et les plus efficaces nécessaires dans un système de santé[8].
Plus tard, Rebstock effectue des recherches sur la synthèse d'agents lipidiques sanguins et de médicaments pour la fertilité[9].
En raison de ses découvertes révolutionnaires, le Time magazine lui a consacré un article en 1949, notant que « la réussite est due au travail d'équipe. Mais une grande partie du mérite revient à la jolie Dr. Mildred Rebstock, une chercheuse chimiste de 28 ans »[2]. Le Dr Rebstock a plaidé en faveur des femmes dans la recherche scientifique lors d'un entretien avec les archives de la Smithsonian Institution.
Elle meurt le à l'hôpital St. Joseph Mercy d'Ann Arbor.
Reconnaissance
En 1950, Rebstock reçoit le prix de la « Femme scientifique de l'année », par l'organisation du Women's National Press Club de Washington DC, qui lui a été remis par le président Harry S. Truman.
Elle est également nominée pour le prix Nobel de chimie pour son travail sur la chloromycétine. Elue membre de Phi Beta Kappa, elle a été membre de l'American Chemical Society (Emeritis), de la Sigma XI Scientific Society (Emeritis) et de l'Association américaine pour l'avancement des sciences[9].
Références
- Margaret Ramirez, « Mildred C. Rebstock, 1919-2011 », Chicago Tribune, (lire en ligne)
- « A Legacy of Science-Mildred Rebstock | North Central College - Naperville, IL », sur web.archive.org, (consulté le ).
- Margaret W. Rossiter, Women scientists in America: before affirmative action, 1940-1972, Johns Hopkins University Press, (ISBN 9780801848933, hdl 2027/fulcrum.7d278t491, lire en ligne )
- Peter M. Wright, Ian B. Seiple et Andrew G. Myers, « The Evolving Role of Chemical Synthesis in Antibacterial Drug Discovery », Angewandte Chemie International Edition in English, vol. 53, no 34, , p. 8840–8869 (PMID 24990531, PMCID 4536949, DOI 10.1002/anie.201310843)
- O. Pongs, Mechanism of Action of Antibacterial Agents, Berlin, Heidelberg, Springer Berlin Heidelberg, coll. « Antibiotics Volume V Part 1 », , 26–42 p. (ISBN 978-3-642-46403-4), « Chapter 3: Chloramphenicol »
- (en) William Rosen, Miracle Cure: The Creation of Antibiotics and the Birth of Modern Medicine, Penguin, (ISBN 9780698184107, lire en ligne)
- Mildred C. Rebstock, Harry M. Crooks, John. Controulis et Quentin R. Bartz, « Chloramphenicol (Chloromycetin).IV.Chemical Studies », Journal of the American Chemical Society, vol. 71, no 7, , p. 2458–2462 (DOI 10.1021/ja01175a065)
- ((World Health Organization)), World Health Organization model list of essential medicines: 21st list 2019, Geneva, World Health Organization, (hdl 10665/325771 )
- (en) « Mildred Rebstock Obituary - Ann Arbor, MI », sur Dignity Memorial (consulté le )