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Michel Bouchareissas

Michel Bouchareissas (né à Paris le et mort le aux Cars, en Haute-Vienne[1]) est un enseignant (instituteur puis professeur d'enseignement général de collège) et syndicaliste français. Il est notamment secrétaire national du Syndicat national des instituteurs (SNI, puis SNI-PEGC) de 1969 à 1987 et secrétaire général du Comité national d'action laïque de 1980 à 1987. Il est notamment connu comme le principal animateur du camp laïque lors des débats sur la constitution d'un « grand service public laïque de l'Éducation nationale », entre 1981 et 1984, qui s'acheva par l'abandon du projet de loi Savary et la démission de ce dernier ainsi que celle de Pierre Mauroy. Il s'affirme tout au long de sa vie comme « un porte-parole déterminé du camp laïc et un adversaire acharné de l’école privée »[2].

Michel Bouchareissas
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  81 ans)
Les Cars
Nationalité
Activités

Les années de jeunesse et les débuts militants

Les parents de Michel Bouchareissas, mariés en 1926, appartiennent à une famille nombreuse de petits paysans limousins. Venus à Paris en 1928, où Michel naît en 1932, ils reviennent dans le Limousin en 1937, en raison de la crise économique et exploitent une petite propriété après avoir adopté un neveu de six ans, orphelin. Michel Bouchareissas fréquente l’école publique des Cars (Haute-Vienne), où l’instituteur le garde jusqu’à l'âge de treize ans pour en faire un candidat brillant au certificat d’études. Entré directement en cinquième au cours complémentaire de Chalus en 1945, il est interne de 1946 à 1949 au collège moderne de Saint-Léonard-de-Noblat.

En 1949, il est admis Ă  l’école normale d’instituteurs de Limoges. Il est dĂ©lĂ©guĂ© normalien auprès de la section dĂ©partementale du SNI, Ă  l'Ă©poque oĂą Pierre Desvalois, futur secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SNI, dirige la section de Haute-Vienne et le remarque[3]. Bouchareissas est nommĂ© instituteur adjoint en 1953 Ă  Nexon. En 1954, il est incorporĂ© comme Ă©lève officier de rĂ©serve (EOR) dans un rĂ©giment du Train Ă  Tours (Indre-et-Loire). Sorti avec le grade d’aspirant, il commande un peloton de transport dans le Sud tunisien. En 1955, la Tunisie devient indĂ©pendante et il est affectĂ© en AlgĂ©rie Ă  Khenchela dans les Aurès, oĂą il participe au dĂ©but de la guerre avec le grade de sous-lieutenant. Au cours d’une permission, il se marie en Ă  Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne)[4]. Michel Bouchareissas est dĂ©mobilisĂ© en 1956, nommĂ© instituteur adjoint Ă  Aixe-sur-Vienne. En 1960 il devient professeur de collège d'enseignement gĂ©nĂ©ral (professeur d'enseignement gĂ©nĂ©ral de collège Ă  partir de 1969) et enseigne le français dans le collège local.

Élu au conseil syndical de la section départementale du SNI en 1957, il en devient secrétaire général en 1963. Ayant efficacement géré au plan inter-syndical les événements de 1968 à Limoges, il est remarqué par l'équipe national du SNI que dirige André Ouliac.

Le responsable national du SNI (1969-1987)

En 1969, sur proposition d’André Ouliac, Michel Bouchareissas est simultanément élu membre du bureau national et secrétaire permanent du SNI. Il y assure d'abord la responsabilité du secteur « jeunes » [enseignants] : élèves des écoles normales d'instituteurs et des centres de formation de PEGC, instituteurs suppléants et remplaçants (non-titulaires). Il prend ensuite la responsabilité d'un nouveau secteur «vie interne» dans un moment où la minorité Unité et Action conquiert de nombreuses sections départementales au détriment de la majorité du SNI.

Au sein du secrĂ©tariat national, il assume ensuite la direction de L'École libĂ©ratrice, l'hebdomadaire du SNI qui comptait alors plus de 300 000 adhĂ©rents. Cette responsabilitĂ© revĂŞt alors un certain prestige compte tenu du rĂ´le qu'avait jouĂ© dans sa crĂ©ation l'emblĂ©matique Georges Lapierre (Pierre Chevalier, futur prĂ©sident de la MGEN, avait par exemple exercĂ© cette fonction). Avec Jacques Pommatau, tout particulièrement, il est un des Ă©lĂ©ments du noyau dur d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration de militants, liĂ©s par une grande amitiĂ©, qui prirent en charge le dĂ©veloppement et l’organisation du courant UnitĂ©, indĂ©pendance, dĂ©mocratie dont il est le responsable pendant quelques annĂ©es dans le SNI. 

Le responsable laĂŻque du SNI-PEGC et du CNAL (1980-1987)

Michel Bouchareissas devient secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ComitĂ© national d'action laĂŻque (CNAL) en 1980. Il ne cumule pas cette responsabilitĂ©, contrairement Ă  la tradition avec celle de secrĂ©taire national chargĂ© du secteur laĂŻque au SNI-PEGC. L'Ă©lection en 1981 de François Mitterrand Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique et l’arrivĂ©e de la gauche au pouvoir en font le porte-parole et l’animateur des multiples manifestations laĂŻques dans la tourmente politique que dĂ©clenche le projet de « grand service public unifiĂ© et laĂŻque de l’Éducation nationale Â» (proposition du programme du candidat Ă  l’élection prĂ©sidentielle appuyĂ©e par le CNAL). Il est ainsi l’un des organisateurs du meeting du CNAL du Bourget organisĂ© pour le centenaire des lois laĂŻques (de Jules Ferry), oĂą Pierre Mauroy, Premier ministre, et Alain Savary, ministre de l’Éducation nationale, prennent la parole avant lui. 

Dans cette guerre scolaire, son activité intense et la médiatisation d'un sujet identitaire pour de nombreux militants, d'autant plus que Michel Bouchareissas est servi par un réel sens de la formule, une présence extrêmement forte à la tribune et des qualités d'écritures appréciées depuis longtemps. Aux yeux d’un grand nombre de militants et de responsables des sections départementales du SNI-PEGC, il est le candidat naturel pour la succession de Guy Georges, secrétaire général du SNI-PEGC, qui doit prendre sa retraite administrative et syndicale en 1983. Mais Guy Georges pousse, avec une courte majorité du secrétariat national, à la candidature d'Alain Chauvet. L'opposition entre les deux candidatures s'exprime publiquement au Bureau national en présence des minoritaires. Finalement le choix est fait d'un troisième homme : c'est Jean-Claude Barbarant (qui comptait au rang des soutiens à Michel Bouchareissas) qui est élu.

Dans la pĂ©riode suivante, marquĂ©e par l’échec du projet laĂŻque, Michel Bouchareissas, tout en conservant le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du CNAL, reprend en 1985 la direction de L’École LibĂ©ratrice jusqu’en 1987, date de son dĂ©part Ă  la retraite.

Michel Bouchareissas après l’action syndicale

Le cabinet de Roger Bambuck, Ă  la Jeunesse et aux Sports

En 1988, Michel Bouchareissas est sollicité par Roger Bambuck, secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, pour rejoindre son cabinet alors que le ministère est engagé, avec celui de l'Éducation nationale, dans l'expérimentation des aménagements des rythmes de vie des enfants et des jeunes (ARVEJ). En 1991, alors que Roger Bambuck vient de quitter le gouvernement et a été remplacé par Frédérique Bredin, Michel Bouchareissas est nommé inspecteur général de la Jeunesse et des Sports[5], responsabilité qu’il assure jusqu’en 1997. Il revient alors dans le Limousin et s'installe définitivement aux Cars, son village familial.

La fidélité à ses engagements syndicaux et éducatifs

Michel Bouchareissas participe aux rĂ©unions du groupe de recherches sur l’histoire du syndicalisme enseignant organisĂ©es par le Centre Henri-Aigueperse (FEN puis UNSA Éducation) et le Centre de recherches d’histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme (CNRS/UniversitĂ© de Paris I). Il y prĂ©sente deux tĂ©moignages sur son activitĂ© au CNAL et sur son itinĂ©raire. Lors de la scission de la FĂ©dĂ©ration de l'Éducation nationale en 1992, Bouchareissas adhère au Syndicat des enseignants (SE-FEN, puis SE-UNSA). De 2002 jusqu'Ă  ce que la maladie l'empĂŞche de siĂ©ger, Michel Bouchareissas siège au jury du Prix Jean-Maitron, crĂ©Ă© sur l'initiative de la FEN (aujourd'hui UNSA) en partenariat avec le Centre d'histoire sociale (Paris I/CNRS) de la rue Malher.

Il devient dĂ©lĂ©guĂ© dĂ©partemental de l’Éducation nationale (DDEN) en 2001, puis prĂ©sident de l’union dĂ©partementale des DDEN de Haute-Vienne et, en 2003, membre du Bureau national de la FĂ©dĂ©ration nationale des DDEN. 

Michel Bouchareissas reste un ami et un fidèle soutien de Pierre Desvalois. Il prononce l’oraison funèbre lors des obsèques de cet ancien secrétaire général du SNI, à la fin de 2002, à Séreilhac (Haute-Vienne).

Un militant socialiste de toujours

Michel Bouchareissas adhère au Parti socialiste (SFIO à l'époque) en 1950 et ne le quitte jamais. Militant à Sceaux, où il réside pendant sa période parisienne, Michel Bouchareissas appartient au courant d'Alain Savary, qui le sollicite lorsqu'il devient Premier secrétaire du Nouveau Parti socialiste (un courant du Parti socialiste français) en 1970, pour prendre la direction de son cabinet[6]. En 1997, revenu en Haute-Vienne, dans Les Cars, après avoir cessé toute activité syndicale ou professionnelle, il reprend une vie militante plus active au sein du Parti socialiste. Il est notamment délégué général de la fédération de la Haute-Vienne du Parti socialiste et écrit des billets d'humeur à tonalité politique et laïque dans Le Populaire du Centre.

Michel Bouchareissas est élu depuis 1998 au conseil municipal des Cars sur une liste d’union de la gauche, dont il est le responsable des questions scolaires.

Il meurt le aux Cars, en Haute-Vienne[7].

Publications

  • L'Heure laĂŻque (coauteur avec Jean Cornec, prĂ©face de Guy Georges), Ă©d. Clancier-GuĂ©naud, Paris, 1982, 341 pages (ISBN 2-8621-5030-4 et 978-2-8621-5030-7)
  • Nombreux articles dans L'École libĂ©ratrice, hebdomadaire du Syndicat national des instituteurs (SNI, puis SNI-PEGC Ă  partir de 1976).

Sources

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. AFP, « Décès de Michel Bouchareissas, défenseur de l'école laïque », sur Libération du 14 septembre 2013.
  3. À partir de 1952, Pierre Desvalois est élu le Bureau national du SNI et rejoint, au secrétariat permanent du syndicat, l'équipe qu'anime Denis Forestier, auquel il succède en 1962 comme secrétaire général du SNI jusqu'en 1967, deux ans avant que Michel Bouchareissas lui-même intègre le secrétariat permanent du SNI. Ce lien personnel, fort, perdure : c'est Michel Bouchareissas qui, en 2002, prononce l'éloge funèbre de Pierre Desvalois.
  4. Deux filles naissent de ce mariage, en 1957 et 1967.
  5. DĂ©cret du 30 mai 1991 (JO du 2 juin 1991).
  6. Michel Bouchareissas n'exerce cette fonction qu'une quinzaine de jours avant d'être, selon ses propres propos, « récupéré » par André Henry et Jacques Pommatau qui jugeaient sa présence indispensable au secrétariat permanent du SNI (Guy Brucy, Histoire de la FEN, p. 451 et note 22 de la même page).
  7. « Un militant laïque nous quitte, Michel Bouchareissas », souslavouteetoilee.org le 14 septembre 2013.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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