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Michel-Jean Sedaine

Michel-Jean Sedaine, né le [1] à Paris où il est mort le [2], est un dramaturge français.

Michel-Jean Sedaine
Portrait de Sedaine par David.
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Biographie

Fils d’un maître maçon parisien qui avait obtenu le statut envié d’entrepreneur des Bâtiments du Roi avant de faire faillite, il est orphelin à 13 ans. Il doit quitter le collège des Quatre-Nations et, pour subvenir aux besoins de sa famille, se faire ouvrier, gagnant sa vie comme tailleur de pierre ou comme plâtrier. Il complète en autodidacte son instruction par ses lectures, et s’exerce, dans ses moments de liberté, à composer des vers. Il est remarqué par l’architecte et entrepreneur Jacques-François Buron, qui le prend dans ses bureaux, d’abord comme employé, puis comme chargé d’affaires. Les loisirs que lui laissent cet emploi, le jeune homme les occupe aux spectacles de la Foire et de la Comédie-Italienne.

Il rapporte avec humour ces vicissitudes dans une des pièces de son premier recueil de poésies, l’Épître à mon habit (1752), poème qui lui procure quelque notoriété[3]. Avec naturel et sensibilité, l’auteur expose le pouvoir d’un bel habit en France et les changements qui survinrent dans sa vie lorsqu’il lui fut donné d’en revêtir un :

Ah ! mon habit, que je vous remercie !
Que je valus hier, grâce à votre valeur !

Cette pièce est remarquĂ©e par un ancien magistrat, nommĂ© Lecomte (ou Le Comte), qui pensionne l’auteur Ă  hauteur de 1 200 livres sous prĂ©texte d’inspecter les maisons qu’il possède. DĂ©livrĂ© des soucis d’argent, Sedaine commence, en 1756, une brillante carrière de librettiste qui devait durer près de quarante ans. FrĂ©quentant les cafĂ©s littĂ©raires et quelques salons, il se lie avec D'Alembert, qui avait Ă©tĂ© son condisciple, avec Favart et, surtout, avec Diderot, dont il partage les conceptions sur l’art dramatique. Ainsi liĂ© aux EncyclopĂ©distes, Philosophes et rĂ©formateurs, il Ă©pouse leurs querelles et leurs principes.

Comme librettiste, Sedaine s’essaie à tous les genres : opéras-comiques historique (Richard Cœur-de-Lion), amusants (Le Diable à quatre, Rose et Colas), graves (Le Roi et le Fermier), voire larmoyants (Le Déserteur).

Pour le théâtre proprement dit, il n’a composé que deux tragédies, sans grand intérêt, et deux comédies, restées célèbres, et qui assurent aujourd’hui l’essentiel de la renommée de leur auteur : Le Philosophe sans le savoir (1765) et La Gageure imprévue (1768).

Grâce Ă  sa plume, Sedaine acquiert une honnĂŞte aisance et s’installe rue des Puits, dans le quartier du Marais. Grâce au marquis de Marigny, il devient secrĂ©taire de l’AcadĂ©mie royale d'architecture en 1768, ce qui lui permet de disposer d'un vaste appartement au palais du Louvre et de jouir d'une pension de 1 800 livres. ProtĂ©gĂ© de Catherine II de Russie, il bĂ©nĂ©ficie de ses libĂ©ralitĂ©s qui lui permettent d’acheter une petite propriĂ©tĂ© Ă  Saint-Prix, près de Montmorency. Il est conviĂ© par Marie-Antoinette Ă  Versailles pour lui faire rĂ©pĂ©ter certains de ses ouvrages[4]. Enfin, couronnement de sa carrière, il est Ă©lu membre de l’AcadĂ©mie française le .

Il s’était marié tardivement en 1769 avec Jeanne Suzanne Sériny, dont il a trois (ou quatre) enfants[5] pour qui il est un père de famille exemplaire. Il recueille également des orphelins, les jeunes Guéret, dont Anne et Louise, et protège le peintre David, neveu de l’architecte qui l’avait aidé dans sa jeunesse, dont il encourage les débuts artistiques. Néanmoins, bien qu’ayant accueilli favorablement la Révolution française, il récuse le jacobinisme et rompt avec le jeune peintre. Ceci lui vaut d’être écarté de l’Institut de France lors de la création de ce dernier en 1795. Il ne prend aucune part aux événements révolutionnaires, même s’il lui arriva de secourir des personnes persécutées, et meurt sous le Directoire en 1797.

Postérité critique

Portrait de M. Sedaine fait d'après nature en 1749 par Gabriel de Saint-Aubin.

Le caractère éminemment respectable et sympathique du personnage de Sedaine a souvent coloré le jugement porté à son œuvre. Au XIXe siècle, une pièce comme Le Philosophe sans le savoir est même mise au rang des ouvrages de génie. Depuis, on est beaucoup revenu de cette exagération, et, si l’œuvre de Sedaine conserve quelque notoriété, elle le doit en grande partie au talent des compositeurs qui ont mis ses ouvrages en musique (François-André Danican, connu sous le nom de François-André Philidor, Pierre-Alexandre Monsigny, André Grétry pour citer les plus célèbres). Pourtant, après les avoir beaucoup décriés, on admet aujourd’hui la qualité des livrets de Sedaine, à qui l’on reconnaît le mérite d’avoir fixé le genre de l’opéra-comique.

Son style est souvent incorrect, et généralement plat et fade. Jean-François de La Harpe s’est plu à le souligner dans son Cours de littérature. Sa poésie, assez abondante, reste généralement prosaïque, et l’auteur lui-même déclarait, à propos de son recueil de poésies fugitives publié en 1760 : « J’ai regret, au lieu de m’être livré à ces frivolités, de n’avoir pas donné une pièce de théâtre. »

Hommage

Ĺ’uvre

Théâtre

  • L'Impromptu de Thalie ou la Lunette de vĂ©ritĂ©, comĂ©die en 1 acte en vers, 1752.
  • AnacrĂ©on, pastorale en 1 acte, 1754.
  • Le Diable Ă  quatre ou la Double MĂ©tamorphose, opĂ©ra-comique en 3 actes, musique de François-AndrĂ© Philidor, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  la Foire Saint-Laurent le (lire en ligne).
  • Blaise le savetier, opĂ©ra-comique en 1 acte mĂŞlĂ© d’ariettes, musique de François-AndrĂ© Philidor, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  la Foire Saint-Germain le (lire en ligne).
  • L'HuĂ®tre et les Plaideurs ou le Tribunal de la chicane, opĂ©ra-comique en 1 acte, musique de François-AndrĂ© Philidor, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  la Foire Saint-Laurent le .
  • Les Troqueurs dupĂ©s, comĂ©die en 1 acte en prose mĂŞlĂ©e d’ariettes, musique de Charles Sodi, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois Ă  la Foire Saint-Germain le .
  • Le Jardinier et son seigneur, opĂ©ra-comique en 1 acte, musique de François-AndrĂ© Philidor, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  la Foire Saint-Germain le .
  • Les Bons Compères ou les Bons Amis, opĂ©ra-comique en 1 acte, musique de Jean-Benjamin de Laborde, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  la Foire Saint-Germain le .
  • On ne s'avise jamais de tout, opĂ©ra-comique en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  la Foire Saint-Laurent le .
  • Le Roi et le Fermier, opĂ©ra-comique en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, reprĂ©sentĂ© pour la première fois sur le Théâtre de l’HĂ´tel de Bourgogne le : Cette pièce est sur le mĂŞme sujet que Le Roi et le Meunier de Charles CollĂ©, première version de La Partie de chasse de Henri IV car elle est Ă©galement inspirĂ©e d’un « conte dramatique » de Robert Dodsley, Le Roi et le Meunier de Mansfield (1736), qui avait Ă©tĂ© traduit en français en 1756..
  • L'Ouvrage du cĹ“ur, comĂ©die en 1 acte en prose, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois au Théâtre de Nicolet en 1763.
  • L'Anneau perdu et retrouvĂ©, opĂ©ra-comique en 2 actes, musique de Louis Claude Armand Chardin et Jean-Benjamin de Laborde, reprĂ©sentĂ© pour la première fois au Théâtre de l’HĂ´tel de Bourgogne le .
  • Rose et Colas, opĂ©ra-comique en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, reprĂ©sentĂ© pour la première fois sur le Théâtre de l’HĂ´tel de Bourgogne le (lire en ligne).
  • Le Philosophe sans le savoir, comĂ©die en 5 actes et en prose, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois sur le Théâtre de la rue des FossĂ©s Saint-Germain le (109 reprĂ©sentations jusqu’en 1793).
  • Aline, reine de Golconde, opĂ©ra-ballet en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  la Salle des Machines le (lire en ligne).
  • PhilĂ©mon et Baucis, opĂ©ra en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  Bagnolet chez le duc d’OrlĂ©ans, 1766.
  • La Gageure imprĂ©vue, comĂ©die en 1 acte en prose, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois au Théâtre de la rue des FossĂ©s Saint-Germain le (102 reprĂ©sentations jusqu’en 1793).
  • Les Sabots, opĂ©ra-comique en 1 acte (avec Jacques Cazotte), musique d’Egidio Duni, reprĂ©sentĂ© pour la première fois sur le Théâtre de l’HĂ´tel de Bourgogne le .
  • Le DĂ©serteur, opĂ©ra en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, reprĂ©sentĂ© pour la première fois sur le Théâtre de l’HĂ´tel de Bourgogne le : cette pièce prĂ©cède le drame de Louis-SĂ©bastien Mercier publiĂ© sous le mĂŞme titre l’annĂ©e suivante (lire en ligne).
  • ThĂ©mire, pastorale en 1 acte en prose mĂŞlĂ©e d’ariettes, musique d’Egidio Duni, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois Ă  Fontainebleau le .
  • Le Mort mariĂ©, opĂ©ra-comique en 2 actes, musique de Francesco Bianchi, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  Metz en 1771..
  • Le Faucon, opĂ©ra-comique en 1 acte en prose mĂŞlĂ©e d’ariettes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  Fontainebleau le .
  • Le Magnifique, comĂ©die en musique en 3 actes, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois Ă  Versailles le .
  • Ernelinde, princesse de Norvège, tragĂ©die lyrique en 5 actes, musique de François-AndrĂ© Philidor, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois Ă  Versailles le .
  • Les Femmes vengĂ©es ou les Feintes infidĂ©litĂ©s, opĂ©ra-comique en 1 acte, musique de François-AndrĂ© Philidor, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  Toulouse, salle du Capitole, 1775.
  • FĂ©lix ou l'Enfant trouvĂ©, comĂ©die en 3 actes en prose, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois Ă  Fontainebleau le .
  • Aucassin et Nicolette ou les MĹ“urs du bon vieux temps, comĂ©die mĂŞlĂ©e d’ariettes, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  Versailles le .
  • Les Journalistes, comĂ©die en 5 actes en prose, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois Ă  TsarskoĂŻe Selo, en Russie, le .
  • Maillard ou Paris sauvĂ©, tragĂ©die en 5 actes en prose, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois chez Madame de Montesson en .
  • Thalie au nouveau théâtre, vaudeville en prose mĂŞlĂ©e d’ariettes, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ© pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le .
  • Richard CĹ“ur de Lion, opĂ©ra-comique en 3 actes, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ© pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le .
  • Amphitryon, opĂ©ra en 3 actes, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  Versailles le .
  • Le Comte d'Albert, drame en 2 actes en prose et en vers, mis en musique par AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ© pour la première fois Ă  Fontainebleau le .
  • La Suite du comte d'Albert, opĂ©ra-comique en 1 acte, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ© pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le .
  • Raoul Barbe-Bleue, opĂ©ra-comique en 3 actes, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ© pour la première fois le .
  • Raymond V, comte de Toulouse ou l'Épreuve inutile, comĂ©die en 5 actes en prose, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois Ă  la ComĂ©die-Française le .
  • Guillaume Tell, opĂ©ra en 3 actes, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ© pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le .
  • Pagamin de Monègue, opĂ©ra-comique en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny et Bernardo Porta, reprĂ©sentĂ© pour la première fois au Théâtre des amis de la patrie en .
  • Basile ou Ă€ trompeur, trompeur et demi, comĂ©die en 1 acte, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le .
  • Albert ou le Service rĂ©compensĂ©, opĂ©ra en 3 actes, musique d’AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ© pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le .
  • L'Amoureux goutteux, opĂ©ra-comique en un acte, musique de Stanislas Champein.
  • Alcine, opĂ©ra en 3 actes.
  • Protogène, opĂ©ra en 1 acte.
  • La Noce de Nicaise, intermède.

Varia

  • ÉpĂ®tre Ă  mon habit, 1751.
  • PoĂ©sies fugitives, 1752.
  • Le Vaudeville, poème didactique en 4 chants, 1758.
  • Recueil de poĂ©sies, 1760.
  • Bagatelle, 1770.
  • Discours de rĂ©ception Ă  l’AcadĂ©mie française, 1786.

Notes et références

  1. Certaines sources indiquent le 4 juillet 1719.
  2. Paris, État civil reconstitué, vue 31/51.
  3. Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique.... T. 14 S-TESTA, vol. 17, Paris, Larousse, 1866-1877 (lire en ligne), p. 404
  4. La Reine aimait à jouer le rôle de la marquise dans La Gageure imprévue.
  5. Son fils, Anastase Henri Sedaine, sera architecte, et sa fille Agathe épousera le comte de Brisay ; sa fille Sophie-Charlotte est morte en pension chez Geneviève Ducert le 6-7-1773 à Ecouen (acte n° 37 des BMS de l'année 1773).

Voir aussi

Bibliographie

  • Georges Grente (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le XVIIIe siècle, nouvelle Ă©dition revue et mise Ă  jour sous la direction de François Moureau, Paris, Fayard, 1995, p. 1233-1235.

Liens externes

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