Michael Spavor
Michael Peter Todd Spavor est un consultant canadien qui a travaillé en Corée du Nord. Il est directeur de Paektu Cultural Exchange, un organisme qui promeut l'investissement et le tourisme en Corée du Nord[1].
Nationalité | Canadienne |
---|---|
DiplĂŽme |
MaĂźtrise en commerce international et sciences politiques |
Profession |
Consultant |
Formation |
Université de Calgary, Université nationale de Kangwon |
En dĂ©cembre 2018, alors qu'il vit et travaille Ă Dandong, du cĂŽtĂ© chinois de la frontiĂšre sino-corĂ©enne, Spavor est arrĂȘtĂ© par les autoritĂ©s chinoises[2]. Son arrestation est largement interprĂ©tĂ©e comme une mesure de reprĂ©sailles Ă la suite de l'arrestation par le Canada de la dirigeante Huawei, Meng Wanzhou[3] - [4]. Le 10 aoĂ»t 2021, un tribunal chinois condamne Spavor Ă 11 ans de prison pour espionnage[5]. Le 25 septembre 2021, le lendemain de la libĂ©ration de Meng Wanzhou, il est libĂ©rĂ© par la Chine et retourne au Canada[6].
Histoire
Michael Spavor est né à Calgary, en Alberta. Il est titulaire d'un diplÎme de l'Université de Calgary en relations internationales, se concentrant sur la péninsule coréenne et les études est-asiatiques, et a étudié le commerce international et les sciences politiques à l'Université nationale de Kangwon en Corée du Sud[7]. Spavor parle couramment le coréen, y compris le dialecte nord-coréen[3] et le français[7].
Spavor s'intĂ©resse Ă la CorĂ©e du Nord depuis la fin des annĂ©es 1990 Ă la suite d'un sĂ©jour Ă SĂ©oul, en CorĂ©e du Sud[8]. Il visite le pays pour la premiĂšre fois en 2001[3]. En 2005, il devient directeur gĂ©nĂ©ral d'une ONG basĂ©e Ă Vancouver et travaille pendant six mois comme enseignant dans une Ă©cole affiliĂ©e Ă Pyongyang. La mĂȘme annĂ©e, il rencontre le transfuge amĂ©ricain James Joseph Dresnok Ă Pyongyang[9]. Spavor est ami avec Kenji Fujimoto, l'ancien chef cuisinier japonais de Kim Jong-il, qu'il rencontre pour la premiĂšre fois au Japon dĂ©but 2016 et Ă nouveau en avril 2016[10].
En Corée du Sud, Spavor a fréquenté l'Université nationale de Kangwon et a travaillé pour l'Organisation du tourisme de Corée et l'Organisation du tourisme de Séoul. Il a également été membre du conseil de la branche coréenne de la Royal Asiatic Society de 2010 à 2013, donnant des conférences et dirigeant des excursions culturelles[11]. Il est reconnu pour avoir restauré et vécu dans un hanok à Bugahyeon-dong dans l'ouest de Séoul[12] et est apparu dans un clip du groupe K-pop SES[13].
De 2010 à 2013, Spavor travaille pour le Pyongyang Project, une organisation canadienne à but non lucratif qui organisait des échanges éducatifs en Corée du Nord et offrait des bourses aux étudiants nord-coréens à l'étranger. En 2015, il fonde le Paektu Cultural Exchange[14].
Spavor a des liens personnels étroits avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un[3]. Plusieurs photos montrent les deux hommes se serrant la main ou partageant des boissons[8]. En septembre 2013, Spavor facilite la deuxiÚme visite de Dennis Rodman en Corée du Nord et devient l'un des rares Occidentaux à rencontrer Kim alors qu'il se trouve dans la ville de Wonsan. Spavor organise aussi la visite de Rodman en 2014[15] - [16]. Spavor a été impliqué dans le développement financier de Wonsan, au sein de laquelle Kim Jong-un a investi au moins 150 millions de dollars[3].
Paektu Cultural Exchange
En mars 2016, Spavor organise le Pyongyang International Friendship Ice Hockey Exhibition (PIFIHE), rassemblant une vingtaine de joueurs de hockey étrangers [17] en Corée du Nord, dont deux résidents canadiens de Corée du Sud, pour une série de parties et d'autres ateliers[18].
En 2017, lors d'un match de qualification entre les équipes féminines de hockey sur glace nord-coréenne et sud-coréenne pour les Jeux olympiques d'hiver de 2018, Spavor est agressé par des responsables de la sécurité sud-coréens alors qu'il tente d'afficher le drapeau nord-coréen[19].
En dehors des échanges sportifs, Spavor joue également un rÎle dans la restauration du pavillon Ryongwang à Pyongyang, passant quatre ans sur le projet aux cÎtés du Fonds Prince Claus et de l'Administration nationale de la Corée du Nord pour la protection du patrimoine culturel[20].
Spavor est souvent consulté par des analystes et des journalistes pour sa connaissance de la Corée du Nord[3]. Il est cependant réticent à commenter la politique et les droits de l'homme en Corée du Nord[1].
DĂ©tention en Chine
En dĂ©cembre 2018, la Chine arrĂȘte Spavor et Michael Kovrig, un autre ressortissant canadien, pour atteinte Ă la sĂ©curitĂ© de l'Ătat. Les arrestations surviennent neuf jours aprĂšs que le Canada ait arrĂȘtĂ© Meng Wanzhou, la directrice financiĂšre de Huawei, gĂ©ant des tĂ©lĂ©communications chinois, dans ce qui devient une escalade diplomatique entre les deux pays[3] - [8]. L'arrestation de Meng Wanzhou est rĂ©alisĂ©e Ă la demande des Ătats-Unis pour fraude bancaire[21].
Spavor et Kovrig seraient dĂ©tenus en isolement sans ĂȘtre autorisĂ©s Ă sortir, maintenus sous Ă©clairage et surveillance 24 heures sur 24, avec 6 Ă 8 heures d'interrogatoires par jour[22]. La Chine a autorisĂ© trois visites consulaires au 1er fĂ©vrier 2019[23]. Pendant la dĂ©tention de Spavor, ses amis ont remarquĂ© une activitĂ© suspecte sur ses comptes de rĂ©seaux sociaux, les laissant croire que des interrogateurs chinois accĂ©daient Ă ses comptes[24].
à la mi-décembre 2018, une campagne GoFundMe est lancée pour collecter des fonds pour Spavor afin de couvrir les frais juridiques et de voyage aprÚs sa libération[25], mais aprÚs avoir atteint 10 000$, le 7 janvier 2019, la plate-forme de financement participatif met fin à la campagne sans préavis ni explication[26]. La campagne est rétablie plus tard.
Andrei Lankov, un expert de la Corée du Nord, s'est dit surpris de l'arrestation de Spavor dans ce "jeu d'otages", affirmant que Spavor "est d'origine trÚs modeste [et] certainement pas le fils d'un PDG d'une grande entreprise canadienne"[27]. Des amis décrivent Spavor ''pas vraiment intéressé par le climat politique ou des enjeux géopolitiques", mais plutÎt par les amitiés interculturelles [28].
Dans la perspective des premiers pourparlers diplomatiques de haut niveau entre des responsables chinois et amĂ©ricains travaillant pour Joe Biden, la date du procĂšs de Spavor a Ă©tĂ© annoncĂ©e. Le 19 mars 2021, une audience Ă huis clos de deux heures pour Spavor se termine sans verdict immĂ©diat et le tribunal populaire intermĂ©diaire de Dandong dĂ©clare qu'il fixerait une date pour rendre sa dĂ©cision plus tard. Parce que l'affaire concerne la loi chinoise sur la sĂ©curitĂ© nationale, le chargĂ© d'affaires Ă l'ambassade du Canada en Chine s'est vu refuser l'entrĂ©e pour fournir de l'assistance consulaire. Des diplomates des Ătats-Unis, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de France, du Danemark, d'Australie, de SuĂšde et d'Allemagne ont Ă©galement demandĂ© l'accĂšs mais se le sont vu refuser[29]. Le 10 aoĂ»t 2021, un tribunal chinois condamne Spavor Ă 11 ans d'emprisonnement pour espionnage et Ă une Ă©ventuelle expulsion[5]. Il aurait notamment Ă©tĂ© accusĂ© d'avoir pris en photo des avions militaires. Le jugement, qui survient quelques jours avant celui de Meng Wanzhou, est condamnĂ© par le Canada et les Ătats-Unis[30], qui appellent Ă sa libĂ©ration immĂ©diate[31] - [32].
Ă la suite d'un accord entre la justice amĂ©ricaine et Huawei, les Ătats-Unis retirent leur demande d'extradition de Meng Wanzhou, et celle-ci est libĂ©rĂ©e le 24 septembre 2021 et rentre en Chine le lendemain[33]. Spavor et Kovrig sont libĂ©rĂ©s le lendemain. Selon certains experts, cela confirme que leur dĂ©tention agissait comme mesure de reprĂ©sailles ou comme monnaie d'Ă©change pour libĂ©rer Wanzhou[6].
Liens externes
Références
- « Michael Spavor: The detained Canadian close to Kim Jong-un », BBC News, (consulté le )
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