Methóni
Methóni (en grec moderne : Μεθώνη, anciennement Méthone ou Modon) est une ville grecque de Messénie, dans le Péloponnèse, appartenant depuis 2010 à la municipalité de Pylos-Nestor. Methóni est située à 11 km au sud de Pylos et à 11 km à l'ouest de Foinikoúnta. L'unité municipale de Methóni comprend les villages voisins de Grizokampos, Foinikoúnta, Foiniki, Lachanada, Varakes, Kainourgio Chorio, Kamaria, Evangelismos. Au sud, se trouvent les îles Œnusses composées de Sapientza, Schiza (anciennement Cabrera) et Aghia Marina; elles forment une protection naturelle pour le port de Methóni. La ville est également connue sous son nom historique de Modon, appelée ainsi par les Vénitiens.
Methóni (el) Μεθώνη, Méthone, Modon | |
Vue des remparts. | |
Administration | |
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Pays | Grèce |
Périphérie | Péloponnèse |
District régional | Messénie |
Dème | Pylos-Nestor |
Démographie | |
Population | 2 638 hab. (2001[1]) |
Géographie | |
Coordonnées | 36° 49′ 03″ nord, 21° 42′ 18″ est |
Localisation | |
Son économie est dominée par l'agriculture et le tourisme. De nombreux touristes y viennent l’été pour ses plages (dont Tapia, Kokkinia et Kritika), ses tavernes et son château historique.
Histoire
Antiquité
Methóni a été identifiée comme la ville de Pédase, qu'Homère mentionne dans l'Iliade sous le qualificatif d'«ampeloessa» (Πήδασον ἀμπελόεσσαν, Pédase avec ses vignobles), comme la dernière des sept villes bien peuplées qu'Agamemnon offre à Achille afin de maîtriser sa rage (ἑπτὰ δέ οἱ δώσω εὖ ναιόμενα πτολίεθρα)[2].
Pausanias le périégète connaissait la ville sous le nom de Mothone, du nom de la fille d'Œneus ou du rocher Mothon, qui protège le port. Il y mentionne un temple consacré à Athéna Anémotis[3] et l'ensemble des îles Œnusses qui protègent le port de Methóni de la mer agitée. Avec le reste de la Messénie, la ville obtient son indépendance de Sparte en 369 av. J.-C, après la victoire du général Thébain Épaminondas à la Bataille de Leuctres (en 371 av. J.-C).
Le apr. J.-C., Methóni est probablement ravagée par un tsunami causé par un violent séisme survenu au sud de la Crète, qui charrie des navires à l'intérieur des terres[4].
Moyen Âge
Modon étant située sur la route vers leurs marchés d'Orient, les Vénitiens s'y intéressent dès le XIIe siècle. En 1125, ils lancent une attaque contre des pirates qui avaient capturé quelques marchands vénitiens et s'installent à Modon. Ils fortifient alors la cité, qui devient un important et prospère centre commercial. La ville devient une étape pour les voyageurs allant de Venise en Terre sainte. Modon et sa voisine Coron sont alors surnommées « les yeux de la république ».
Malgré la conquête du despotat de Morée par les Ottomans en 1460, les Vénitiens conservent leurs possessions. En 1499, une nouvelle guerre éclate entre Venise et l'empire ottoman : au printemps, le sultan Bayezid II assiège Modon. Une flotte vénitienne, commandée par Grimani, se porte au secours de la ville, mais l'amiral vénitien refuse le combat avec une flotte turque venue débarquer des renforts de troupes. Modon tombe le . La ville est incendiée, l'évêque tué, les hommes décapités, les femmes et les enfants réduits en esclavage.
Les Vénitiens reprennent la ville sous Francesco Morosini, durant la Grande guerre turque des années 1680. Cette seconde période vénitienne ne dure toutefois pas longtemps, puisque les Turcs la reprennent en 1715. Le déclin de la ville sera complet durant la seconde période turque, le commerce s'essoufflant considérablement.
Époque moderne
Sous la période de domination ottomane et quelques années avant la guerre d'indépendance grecque, le 10 Août 1806, François-René de Chateaubriand débarque de France à Modon pour faire son grand tour de la Grèce et du Moyen-Orient, qu'il relate en 1811 dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem[5].
Durant la guerre d'indépendance grecque, Andréas Miaoulis s'illustre ici en détruisant le une vingtaine de navires de la flotte égyptienne d'Ibrahim Pacha à l'aide de ses brûlots, en prélude de la bataille de Navarin deux ans plus tard[6].
Entre 1828 et 1833, la forteresse de Modon sert de quartier général aux troupes de l’armée française de l’expédition de Morée, commandées par le général Nicolas-Joseph Maison, Maréchal de France, envoyées par Charles X dans le Péloponnèse lors de la guerre d'indépendance grecque, afin de libérer la région des forces d'occupation turco-égyptiennes d'Ibrahim Pacha[7] - [8] - [9]. Cette expédition militaire est également accompagnée d'une expédition scientifique mandatée par l'Institut de France, dirigée par le colonel et naturaliste du Muséum d'Histoire Naturelle Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent[10] et dont fait partie le jeune Edgar Quinet[11]. Beaucoup d'entre eux, militaires, médecins et scientifiques laissent de nombreuses descriptions précises de Methóni et de sa région[12] - [13] - [14].
Le château de Methóni conserve aujourd'hui, dans un état satisfaisant, ses fortifications qui sont très impressionnantes : le grand mur d'enceinte d'environ 3 km de longueur, ses tours, ses bastions, ses courtines, la plate-forme d'artillerie et le grand fossé qui sépare la partie nord des fortifications de la terre, le reste du château étant entouré et protégé par la mer. Le plus intéressant monument resté dans la citadelle est une colonne en granit rose, avec un chapiteau gothique surmonté d'une plaque sculptée, improprement appelée colonne de Morosini[15]. En revanche, la ville située à l’intérieur des remparts n'existe plus aujourd'hui.
- Entrée du château de Methóni
- Colonne de granit rose à l'intérieur du château
- Fortin du château à l'extrémité sud
- Vue des remparts sud du château depuis le fortin
- Vue du fortin à travers les remparts
Références
- (el) (en) « Résultats du recensement de la population en 2001 », 793 ko [PDF]
- Homère, Iliade, IX,149.
- Pausanias, Description de la Grèce, Messénie, 4.35
- Ammien Marcellin, Histoire romaine, livre XXVI, chap X, 15 à 19
- François-René vicomte de Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Firmin Didot, 1852.
- Gordon, History of the Greek Revolution, T2 p. 203-204
- Eugène Cavaignac, Lettres d'Eugène Cavaignac, Expédition de Morée (1828-1829), Revue des deux Mondes, tome 141, 1er mai 1897.
- Alexandre Duheaume (capitaine au 58e régiment d’infanterie de ligne), Souvenirs de la Morée, pour servir à l'histoire de l'expédition française en 1828-1829., Anselin, Paris, 1833.
- Jacques Mangeart, Souvenirs de la Morée: recueillis pendant le séjour des Français dans le Peloponèse, Igonette; Paris, 1830.
- Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, Relation de l'Expédition scientifique de Morée: Section des sciences physiques, F.-G. Levrault, Paris, 1836.
- Edgar Quinet (historien, membre de la commission scientifique), De la Grèce moderne, et de ses rapports avec l'antiquité., F.-G. Levrault, Paris, 1830.
- Gaspard Roux, médecin en chef, Histoire médicale de l'armée française en Morée, pendant la campagne de 1828, Méquignon l'aîné père, Paris, 1829
- Marie-Noëlle Bourguet, Bernard Lepetit, Daniel Nordman, Maroula Sinarellis, L’Invention scientifique de la Méditerranée. Égypte, Morée, Algérie., Éditions de l’EHESS, 1998. (ISBN 2-7132-1237-5)
- Yiannis Saïtas et coll., L'œuvre de l'expédition scientifique de Morée 1829-1838, Edited by Yiannis Saïtas, Editions Melissa, 2011 (1re Partie) - 2017 (2de Partie).
- The granite column in Modon
Article connexe
Liens externes
- Ressource relative à la géographie :