Matrice laplacienne
En théorie des graphes, une matrice laplacienne, ou matrice de Laplace, est une matrice représentant un graphe.
DĂ©finition
La matrice laplacienne d'un graphe G non orientĂ© et non rĂ©flexif est dĂ©finie par : oĂč est la matrice des degrĂ©s de G et la matrice d'adjacence de G[1]. Formellement :
Intuition
A la différence de la matrice d'adjacence d'un graphe, la matrice laplacienne a une interprétation algébrique ce qui rend son analyse spectrale fructueuse.
Plus précisément la matrice correspond à l'opérateur de diffusion sur le graphe. Si correspond à la densité de particules d'un gaz en chacun des sommets du graphe, il est facile de noter que correspond à la densité aprÚs une itération de la diffusion au cours de laquelle chaque particule se déplace de son sommet à un voisin choisi aléatoirement.
Ăgalement, la matrice laplacienne peut ĂȘtre vue comme une forme quadratique caractĂ©risant la rĂ©gularitĂ© d'un vecteur au regard de la distance dĂ©finie par le graphe. En effet, on a la formule suivante: .
Exemple
Graphe non orienté | Matrice des degrés | Matrice d'adjacence | Matrice laplacienne |
---|---|---|---|
Applications
La matrice laplacienne est utilisée par le théorÚme de Kirchhoff pour calculer le nombre d'arbres couvrants d'un graphe.
Le spectre de la matrice laplacienne est étudiée en théorie spectrale des graphes. Cette étude permet entre autres de définir des méthodes spectrales pour le partitionnement de graphe.
Si les valeurs propres sont triées On peut par exemple remarquer que si et seulement si le graphe contient au moins composantes connexes.
Variantes
Graphe pondéré
Plus gĂ©nĂ©ralement, soit un graphe non orientĂ© et non rĂ©flexif G = (S, A) Ă n sommets, pondĂ©rĂ© par la fonction poids qui Ă toute arĂȘte associe son poids . La matrice laplacienne de G vĂ©rifie :
Graphe orienté
Ces définitions peuvent se généraliser aux graphes orientés ; dans ce cas, la matrice laplacienne n'est plus symétrique.
Matrice Laplacienne normalisée
Dans le cas de certains problÚmes notamment l'embedding de graphe (en), il est préférable de garder les valeurs propres dans l'intervalle (les valeurs propres de la matrice laplacienne peuvent prendre des valeurs beaucoup plus grandes). On utilise alors une matrice laplacienne normalisée, définie par (pour éviter les divisions par 0, on pose que, lorsque , alors ). On a alors
La plus petite valeur propre de cette matrice est toujours 0, et la multiplicité de cette valeur propre est égale au nombre de composantes connexes du graphe. Par ailleurs, toutes les valeurs propres sont inférieures ou égales à 2, et la plus grande valeur propre est égale à 2 si et seulement si une des composantes connexes du graphe est bipartite.
Notes et références
- Laurent et Pierre Beauguitte, Opérations matricielles et analyse de graphe, automne 2011