Mathieu Jouve Jourdan
Mathieu Jouve dit Jourdan dit Jourdan Coupe-Tête (né le à Saint-Jeures, Haute-Loire - mort le à Paris) était un révolutionnaire français qui fut guillotiné en 1794.
Gouache de Lesueur, Paris, musée Carnavalet, vers 1793.
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(Ã 47 ans) Paris |
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Biographie
Premières années
Mathieu Jouve fut baptisé catholique le , à Saint-Jeures de Bonas (actuellement en Haute-Loire), par Titoulet, curé de Saint-Félicien (actuellement en Ardèche). Il était le fils de Pierre Jouve et de Jeanne-Marie Gibert. Né en Haute-Loire, il est en général dit « Ardéchois ».
Boucher, maréchal-ferrant, soldat, Mathieu Jouve Jourdan est issu d’une ancienne famille de Saint-Agrève, dotée d’armoiries depuis le XIVe siècle. Il attaque le château de Paulin (à Monistrol) et y vole 30 000 livres. Condamné à être roué, il réussit à s’évader, et passe au service du cardinal de Rohan, qui lui obtient la grâce en 1783[1].
À Paris
Il est ensuite cabaretier à Paris quand débute la Révolution. Participant à la prise de la Bastille, le , on lui a attribué l'assassinat et la décapitation du gouverneur de forteresse Bernard-René Jordan de Launay, dont il avait été palefrenier.
On l'a aussi rendu responsable des atrocités nocturnes commises à Versailles lors des Journées des 5 et 6 octobre 1789.
Avignon
Après avoir quitté la capitale, il s’installe comme négociant à Avignon, et se rallie aux patriotes qui souhaitent le rattachement de la ville et du Comtat venaissin à la France. Il participe à la prise du palais des Papes, alors résidence du vice-légat le [2]. Chef des volontaires de Vaucluse favorables à l'annexion du Comtat Venaissin à la France, il se signale par sa cruauté, incendiant châteaux et récoltes des partisans de la papauté.
Toujours à la tête de l'« armée de Vaucluse », il renverse la municipalité le [3]. Il est surnommé « Jourdan Coupe-Tête », après le massacre de la Glacière, en Avignon, les 16 et . Il échappe à la justice grâce à l'amnistie de mars 1792.
Chute de Jourdan et exécution
En 1793, les députés de la Convention lui confient le commandement de la gendarmerie des départements de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône. Son comportement brutal soulève de nombreuses protestations.
Jourdan Coupe-Tête passe les bornes le jour où il fait arrêter sans ordres, dans le cadre des affrontements de ventôse an II () entre factions révolutionnaires, des membres du tribunal criminel du département de Vaucluse. Avec l'autorisation du Comité de salut public, Étienne-Christophe Maignet, qui lutte autant contre les contre-révolutionnaires que contre les ultra-révolutionnaires[4], le fait arrêter à Avignon le et transférer à Paris.
Son jugement est expédié rapidement et il monte sur l'échafaud le , deux mois avant Maximilien de Robespierre.
Descendance
Ses descendants se rendent à Cavaillon où ils font fortune au XIXᵉ siècle dans l'élevage de vers à soie puis dans une filature. La fortune est telle que les trois derniers descendants rachètent plusieurs monuments anciens de la ville dont la chapelle Saint-Jacques et son ermitage en haut d'une colline du même nom, la chapelle d'un ancien hôpital et une partie de l'ancienne carrière juive pour y fonder un musée. De nos jours, même si la descendance a cessé en 1938, les biens sont gérés par la Fondation Calvet et la Ville : notamment un Musée archéologique, un Musée Juif-Contadin et un monument ouvert au public. Le Musée Jouve en projet depuis...1938 a la particularité d'être situé dans l'enclave du seul quartier juif du Comtat-Venaissin encore pleinement debout.
Littérature
Dans Les Misérables, Victor Hugo fait dire à un conventionnel : « Jourdan-Coupe-Tête est un monstre, mais moindre que M. le marquis de Louvois. »[5] - [6].
Bibliographie
- Adrien Faure : Jourdan Coupe-tête : l'histoire de Mathieu Jouve, enfant de Saint-Jeures de Bonas, général des « braves brigands de Vaucluse » ( - 8 prairial an II). Polignac : Éd. du Roure, 2005. (ISBN 2-906278-52-1).
- Ernest Daudet : Jourdan Coupe-Tête. Paris : Flammarion, 1888.
Notes
- Albert Ceccarelli, La Révolution à l’Isle sur la Sorgue et en Vaucluse, Éditions Scriba, 1989, 2-86736-018-8, p. 51
- Albert Ceccarelli, La Révolution..., p. 51
- Albert Ceccarelli, La Révolution..., p. 52
- Jean-Clément MARTIN, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, , 636 p., p. 437
- Antoine de Baecque (préf. Marcel Gauchet), Pour ou contre la Révolution, Bayard, , p. 216
- Victor Hugo, Les Misérables, t. 1 : Fantine, Émile Testard, (lire sur Wikisource), p. 83