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Marie Noël

Marie Noël, nom de plume de Marie Rouget, née le à Auxerre et morte le dans la même ville, est une poétesse française.

Marie Noël
Nom de naissance Marie MĂ©lanie Rouget
Alias
« La fauvette d'Auxerre »
Naissance
Auxerre, (France)
Décès
Auxerre, (France)
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture français
Genres

Ĺ’uvres principales

Notes intimes (1959)

Compléments

Servante de Dieu
Signature de Marie Noël

Elle naît d'une famille catholique pratiquante et dans une ville bouleversée par l'anticléricalisme et le jansénisme. Elle ne s'éloignera que très peu de sa ville natale et de la maison de ses parents, si ce n'est pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle meurt presque aveugle le 23 décembre 1967, soit un jour avant la nuit de Noël.

Le 23 décembre 2017, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, est ouvert son procès en béatification en tant que servante de Dieu.

Marie Noël est particulièrement connue pour son œuvre poétique se rattachant à la chanson traditionnelle, ainsi que pour ses Notes intimes écrites en 1959.

Elle a entretenu des correspondances avec plusieurs intellectuels de son époque et a reçu de son vivant de nombreuses distinctions.

Biographie

Marie Noël naît dans une famille très cultivée, respectueuse de la tradition catholique, mais sans aller au-delà de l'assistance aux offices lorsqu'il le faut. Louis Rouget, son père, est agnostique ; il est agrégé de philosophie, professeur de philosophie et d'histoire de l'art au Collège d'Auxerre. Sa mère, née Marie-Emélie-Louise Barat, est croyante et d'un naturel plus ouvert et plus enjoué que son père. Elle est issue d'une vieille famille auxerroise, compagnons de rivière depuis les années 1400, puis charpentiers de bateaux, et enfin entrepreneurs en bâtiment depuis le XVIIIe siècle.

Auxerre est au tournant du siècle très influencée d'un côté par l'anticléricalisme de la IIIe République et de l'autre par des siècles de jansénisme, mettant l'accent sur la crainte de Dieu.

La famille a l'habitude de se réunir au salon de musique pour jouer de la musique. Les grands-parents qui demeurent à côté sont très présents et sa grand-mère Marie-Théodorine raconte avec force détails les anecdotes du passé.

Marie, bonne pianiste et férue de lectures, reste célibataire et s’éloignera très peu de sa ville natale. Sa vie n'en fut pas lisse pour autant : un amour de jeunesse inavoué et déçu (et l’attente d’un amour qui ne viendra jamais), son jeune frère, Eugène, retrouvé mort dans son lit un lendemain de Noël 1904, les crises de sa foi… tout cela sous-tend une poésie aux airs de chanson traditionnelle. Elle correspond avec l'abbé Mugnier dans sa jeunesse et rencontre Vincent d'Indy.

De 1895 à 1941, elle vit dans la grande maison construite par son père en 1895[1], puis, lorsque les Allemands en occupent le rez-de-chaussée, déménage dans la maison contiguë de ses grands-parents, au premier étage, avec sa mère et sa tante. L'été, elle loue à l'année une grande maison à Diges, près d'Auxerre, pour profiter de la campagne.

Devenue presque aveugle, elle meurt apaisée dans la nuit de Noël 1967, ayant communié une dernière fois. Ses obsèques ont lieu en l'église Saint-Pierre d'Auxerre, sa paroisse[2]. Elle est inhumée dans la sépulture familiale du cimetière Saint-Amâtre d'Auxerre.

Ĺ’uvre

Femme passionnée et tourmentée, elle n'est souvent connue que pour ses œuvres de « chanson traditionnelle », au détriment de ses écrits plus sombres dont la valeur littéraire et la portée émotive sont pourtant plus fortes, notamment le poème pour l'enfant mort, véritable « hurlement » (titre d'un autre de ses poèmes) d'une mère écartelée entre sa souffrance quasi animale et sa foi en Dieu appelant à l'acceptation (Marie Noël était profondément catholique, voire mystique[3]). Le déchirement entre foi et désespoir, qui culmine dans un cri blasphématoire aussitôt repenti, est ici particulièrement poignant, selon la lecture que fait Jeanne-Marie Baude des Notes intimes[4].

Elle entretint une importante correspondance avec des intellectuels de son époque : Henry de Montherlant, François Mauriac, Jean Cocteau, Colette, la princesse Bibesco, et fut notamment une grande amie de l'ambassadeur Léon Noël (1888-1987) (sans lien de parenté)[5] - [6].

Postérité

En 1962, le compositeur Roger Boutry, grand prix de Rome, a choisi son Rosaire des joies pour texte d’un oratorio donné en première audition au théâtre des Champs-Élysées, en , avec un grand succès.

À sa mort en 1967, elle lègue son œuvre et son appartement, qui est resté inchangé, à la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. Cette société savante — fondée en 1847 — gère et étudie son œuvre à travers de nombreuses publications.

Depuis le sa maison, au numéro 1 de la rue Marie-Noël à Auxerre est labellisée Maison des illustres[7]. La même année, une rue portant son nom est inaugurée à Autun, en Saône-et-Loire[8].

Procès en béatification

Ayant reçu une requĂŞte de l'abbĂ© Arnaud Montoux, postulateur lĂ©gitimement nommĂ©, demandant l’introduction de la cause de bĂ©atification de la Servante de Dieu, Marie MĂ©lanie Rouget, morte en « odeur de saintetĂ© Â», le , Ă  Auxerre, l'archevĂŞque de Sens-Auxerre, HervĂ© Giraud, ayant obtenu le consentement de ses frères dans l’épiscopat manifestĂ© lors de l’AssemblĂ©e plĂ©nière du de la ConfĂ©rence des Ă©vĂŞques de France, a officiellement demandĂ© Ă  la CongrĂ©gation pour les causes des saints d'ouvrir l’enquĂŞte en bĂ©atification de la cause de Marie MĂ©lanie Rouget. Le , lors d'une messe dans la cathĂ©drale d'Auxerre, les membres laĂŻcs de la commission historique ad hoc ont prĂŞtĂ© serment devant HervĂ© Giraud et la cause a Ă©tĂ© ouverte.

Publications

  • Le Cantique de Pâques[9] - [10].
  • Les Chansons et les Heures, 1922.
  • NoĂ«l de l'Avent, 1928.
  • Chants de la Merci, 1930.
  • Le Rosaire des joies, 1930.
  • Chants sauvages, 1936.
  • Contes, 1944.
  • Chants et psaumes d'automne, 1947[11].
  • Petit-Jour, 1951
  • L'Ă‚me en peine, 1954.
  • L'Ĺ’uvre poĂ©tique, Paris, Stock, 1956.
  • Notes intimes, 1959.
  • La Rose rouge, 1960[12].
  • Chants d’arrière saison, 1961.

Publications posthumes

  • Le Cru d'Auxerre, 1967.
  • Le Chant du chevalier, 1969.
  • L'Ĺ’uvre en prose, Paris, Stock, 1976.
  • Les Chansons et les Heures suivi de Le Rosaire des joies, Paris, PoĂ©sie/Gallimard, 1983.
  • Le Chemin d'Anna Bargeton, Paris, Stock, 1986.
  • Almanach pour une jeune fille triste, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, 2011.
  • J'ai souvent de la peine avec Dieu : Correspondance avec l'AbbĂ© Mugnier suivie de TĂ©nèbres, Paris, Le Cerf, 2017.
  • Marie NoĂ«l Raymond Escholier Approche d'une correspondance 1921-1967, Cahiers Marie NoĂ«l NumĂ©ro 22, Paris, 2017.
  • Lettres des Temps Fous : correspondance avec RaphaĂ«l PĂ©riĂ©. Auxerre, SociĂ©tĂ© des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne, 2018

Textes de Marie Noël publiés dans le Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne

  • Journal aoĂ»t-, 1982, p. 5-21.
  • Une lettre inĂ©dite Ă  Henri Pourrat (voir Henri Pourrat), 1988, p. 203-205.
  • Une lettre inĂ©dite Ă  sa cousine Suzanne Coutant Ă  propos des Chants de la Merci (1930), 1989, p. 301-303.
  • Une note inĂ©dite, 1989, p. 304-305.
  • Henri Charlier et le Jugement de don Juan (voir Henri Charlier), 1991, p. 193-195.
  • Le Jugement de Don Juan  : Miracle, 1993, p. 185-211.
  • Trois inĂ©dits, 1999, p. 317-320.
  • Quelques textes. Supplique Ă  saint Germain, Pour Roger Lafagette et RaphaĂ«l PĂ©riĂ© (voir Roger Lafagette), 2001, p. 431-449.
  • Hommage Ă  Albert 1er de Belgique (voir Albert Ier (roi des Belges)), 2003, p. 255-259.
  • InĂ©dit, 2004, p. 365.

Distinctions

DĂ©corations

RĂ©compenses

Notes et références

  1. « Maison de Marie Noël : plaquette de présentation », sur Société des sciences naturelles et historiques de l'Yonne, (consulté le )
  2. Marie NOËL : poèmes, œuvres et biographie.
  3. Daniel S. Larangé, « Du discours mystique dans l’œuvre poétique de Marie Noël », dans Les Cahiers Marie Noël, 2010, p. 39-48.
  4. Jeanne-Marie Baude, « Notes intimes » de Marie Noël, Paris, Le Cerf, 2012.
  5. Jean-Claude Charlet, Marie d'Auxerre, Éd. de l'Armançon, 2005.
  6. Yves beauvois, Léon Noël de Laval à de Gaulle via Pétain (1888-1987), Septentrion, 2001.
  7. « Liste Maison des illustres », sur culture.gouv.fr,
  8. « La rue rendant hommage à Marie Noël a été inaugurée », sur Le Journal de Saône-et-Loire, (consulté le ).
  9. Cantique de Pâques
  10. Texte et poèmes. Marie Noël, Chant de Pâques.
  11. Chants et psaumes d'automne.
  12. La rose rouge : L'âme en peine, et autres contes.
  13. Base LĂ©onore.
  14. La Maison de Poésie. Société des Poètes Français.
  15. « Prix Archon-DespĂ©rouses Â».
  16. « Journal de Poésie publié par la Société Ronsard / Académie des poètes de langue française ».

Annexes

Ouvrages

Études sur Marie Noël publiés dans le Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne

  • EstauniĂ© (Edouard), Une lyrique de la Province : Marie NoĂ«l, 1957-58, p. 1-20.
  • NoĂ«l (LĂ©on), Remise de la croix d’officier de la LĂ©gion d’’honneur Ă  Marie NoĂ«l, 1959-60, p. 366-369.
  • Durr (RenĂ©), La disparition de Marie NoĂ«l, 1967-68, p. 251-253.
  • Durr (RenĂ©), La SociĂ©tĂ© des Sciences de l’Yonne et Marie NoĂ«l, 1978, p. 5-9.
  • Rocher (Jean-Pierre), Marie NoĂ«l. Nos activitĂ©s en 1981, 1981, p. 249-255.
  • Collectif, Le centenaire de Marie NoĂ«l, 1982, p. 113-114.
  • Collectif, Marie NoĂ«l 1983, Le centenaire de Marie NoĂ«l dans l’Yonne, 1983, p. 199-215.
  • Charleux-Leroux (Elisabeth), Compte rendu de la communication d’AndrĂ© Henry : La tentation du manichĂ©isme chez Marie NoĂ«l, 1986, p. 158-159.
  • Autissier (Elise), PrĂ©paration de l’édition des Notes intimes (inĂ©dits), 1986, p. 145-148.
  • Henry (AndrĂ©), Le colloque Marie NoĂ«l (8 et ), 1986, p. 151-157.
  • Coutant (Suzanne), Marie NoĂ«l. Quelques croquis (Marie NoĂ«l et la musique), 1987, p. 273-274.
  • Autissier (Elise), Henri Pourrat et CĂ©cile Sauvage, 1988, p. 205-206.
  • Autissier (Elise), Marie NoĂ«l et le Cru d’Auxerre, 1990, p. 206-213.
  • Paccalin (Margherita), Marie NoĂ«l et l’aumĂ´nier des Ă©crivains : l’abbĂ© Mugnier, 1991, p. 181-192.
  • Poplin (François), Marie NoĂ«l et la chèvre dans la tradition grecque, 1992, p. 229-258.
  • Nesmy (Dom Claude Jean), Auxerre et Marie NoĂ«l, 1992, p. 261-269.
  • Autissier (Elise), Bibliographie du poète Marie NoĂ«l, 1994, p. 220-232.
  • Mac’Avoy, Marie NoĂ«l, 1994, p. 216-217.
  • Autissier (Elise), ActivitĂ©s Marie NoĂ«l 1995 (inĂ©dits), 1995, p. 241-244.
  • Autissier (Elise), Marie NoĂ«l. Quelques lettres inĂ©dites, 1996, p. 387-402.
  • Autissier (Elise), Le 30e anniversaire de la mort de Marie NoĂ«l, 1997, p. 255-268.
  • Autissier (Elise), Ĺ’uvre de Marie NoĂ«l. Nouvelles et lettres, 1998, p. 507-524.
  • Petit (Henri), Notes intimes de Marie NoĂ«l, 1999, p. 321-326.
  • Autissier (Elise), Petite biographie de Marie NoĂ«l, 1999, p. 327-332.
  • Autissier (Elise), PoĂ©sie au XXe siècle, 2000, p. 305-328.
  • Autissier (Elise), En vers ou en prose. Charme de Marie NoĂ«l. Fragments inĂ©dits ou Ă©ditĂ©s, 2002, p. 397-411.
  • Moreau (Bernard), «Vingt fois sur le mĂ©tier…», 2005, p. 311-313.
  • Autissier (Elise), Hommage Ă  Suzanne Flon qui nous a quittĂ© le , 2005, p. 315-318.
  • Claude (Chrystelle), « Petite cartographie d’Auxerre Ă  travers l’œuvre complète de Marie Nöel Â», p. 143-154, Femmes de Bourgogne, Ă©tudes rĂ©unies par François Le Guennec, Nice, Vaillant, .
  • LarangĂ© (Daniel S.), Du discours mystique dans l’œuvre poĂ©tique de Marie NoĂ«l, 2010, p. 39-48.
  • Claude (Chrystelle), « Petite apologie de l’Almanach pour une jeune fille triste  », I-XXVIII, prĂ©face de l’Almanach pour une jeune fille triste, Paris, Desclee de Brouwer, .
  • Claude (Chrystelle), « Notre-Dame, inspiratrice de Marie NoĂ«l Â», p. 351-359, in La Vierge Marie dans la littĂ©rature française : Entre foi et littĂ©rature, Ă©tudes rĂ©unies par Jean-Louis BenoĂ®t, Paris, Le Cerf, .
  • Claude de Boissieu (Chrystelle), « Ă‰crire, disent-elles... Une vocation au fĂ©minin Â», pp. 233-243, in RĂ©sonances, La Vocation au fĂ©minin, Ă©tudes rĂ©unies par GĂ©rald PrĂ©her, Volume II, n°16, 2019.

Archives audiovisuelles

  • Marie NoĂ«l filmĂ©e pour la tĂ©lĂ©vision sur ina.fr.
  • Chants sauvages de Marie NoĂ«l. Disque vinyle 33T, Sofrason, 1966, par RenĂ©e Maheux, soprano.
  • Dans Notre-Dame en ruine, mĂ©ditation, musique et poĂ©sie pour garder espoir.
    • « Le largo de la Fantaisie n° 7 de Georg Philipp Telemann aiguise une Ă©motion que tempère la prière pour les « mĂ©decins » de Marie NoĂ«l : « Donnez au mĂ©decin la Grâce, pour qu’en son plus mauvais moment, dans son incertitude, sa faiblesse d’homme, son trouble, il reste toujours assez sage, toujours assez bon, toujours assez pur, digne de la douleur sacrĂ©e dont la foi s’est donnĂ©e Ă  lui. Donnez au mĂ©decin la FidĂ©litĂ© dans la MisĂ©ricorde, pour qu’il n’oublie pas, n’abandonne jamais le moindre des misĂ©rables qui Ă  lui se fie ». »

Liens externes

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Références bibliographiques

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