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Marie Baum

Marie Baum (née le à Dantzig, morte le à Heidelberg), est une spécialiste allemande des sciences sociales et une des premières femmes élues à l'Assemblée nationale de Weimar puis au Reichstag. Elle est considérée comme une des pionnières du travail social et une des figures de la politique de protection sociale de la République de Weimar.

Marie Baum
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  90 ans)
Heidelberg
SĂ©pulture
Bergfriedhof de Heidelberg (d)
Nom de naissance
Maria Johanna Baum
Nationalité
Activité
Spécialiste des sciences sociales, enseignante
Père
Wilhelm Georg Baum
Vue de la sépulture.

Biographie

Jeunesse et formation

Maria Johanna Baum, dite Marie Baum, est la troisième des six enfants de Wilhelm Georg Baum, fils du chirurgien Wilhelm Baum, et médecin en chef de l'hôpital de la ville de Gdańsk et Florentine ("Flora") Baum. Sa mère est engagée dans le mouvement des femmes, elle dirige l'Association pour le bien-être des femmes (Verein Frauenwohl) à Gdańsk. Ses grands-parents maternels sont Peter Gustav Lejeune Dirichlet et Rebecka Dirichlet, née Mendelssohn Bartholdy[1] - [2].

Maria Baum suit des cours au Frauenwohl de 1891 à 1893, pour se préparer aux études supérieures. Les femmes ne pouvant pas encore obtenir de diplômes universitaires en Allemagne à cette époque, elle se rend à Zurich pour étudier la chimie à l' École polytechnique fédérale. Pendant son séjour, elle rencontre, entre autres, Frieda Duensing, Käthe Kollwitz et Ricarda Huch avec qui elle se lie d'une amitié qui durera toute leur vie[1] - [3].

Elle obtient un diplôme de professeur de sciences naturelles en 1896. Tout en travaillant sur sa thèse de doctorat en chimie, elle travaille comme assistante à l' Université de Zurich et supervise 60 étudiants, pour la plupart des hommes. À l'origine, les autorités universitaires voulaient recruter un homme pour ce poste («de préférence un citoyen suisse»), mais ont ensuite changé d'avis, à la suite d'une pétition soutenue par Albert Heim[4].

Carrière

À l'âge de 22 ans, munie de son doctorat en chimie, elle travaille dans le département des brevets berlinois d'Agfa, le conglomérat fondé par son grand cousin Paul Mendelssohn Bartholdy et dirigé par un autre parent, Franz Oppenheim[1]. Mais elle préfère rapidement passer du domaine scientifique au domaine social.

Inspectrice du travail

En 1902, sur proposition d'Else von Richthofen, alors inspectrice du travail, et grâce à la médiation d' Alice Salomon, elle devient inspectrice du travail à Karlsruhe, pour le compte du Ministère de l’Intérieur du Grand-duché de Bade. Cette fonction l'amène à constater des conditions de travail déplorables dans les usines. « J'ai vu de nombreux enfants, bien en dessous de l'âge légal de 10 ans, probablement à partir de 4 ans, pâles et tordus, penchés sur leur travail ... Les heures de travail des jeunes étaient de 10 heures hors pauses; il n'y avait pas de journée de travail maximale pour les hommes adultes…; À cette époque, les heures de travail des femmes ont été réduites de 12 à 11 heures. Pour les femmes mariées qu'un second travail attendait à la maison, la pression du surmenage quotidien et répétitif les marquait à tel point qu'on pouvait les distinguer dans une foule de travailleurs au premier coup d'œil. » (Marie Baum Rückblick auf mein Leben)[1].

À la suite de ces constats sur la double journée de travail des femmes mariées, elle analyse la compatibilité entre la profession et les devoirs de femme au foyer et de mère, ainsi que le lien entre la «culture domestique de la mère de famille» et l'état de santé et le taux de mortalité des enfants et met en évidence le lien entre une mortalité infantile élevée, un emploi rémunéré des femmes et l'appartenance à la classe «inférieure». Ce travail suscite l'attention des hygiénistes sociaux, en particulier le professeur Arthur Schloßmann[2]. Le travail social de Marie Baum, dès cette époque se caractérise donc par une combinaison de théorie et de pratique.

Dans cet emploi, au ministère, Marie Baum a le statut de fonctionnaire avec le même grade et le même rôle que ses collègues masculins. Cependant, son supérieur hiérarchique n'admet pas cette égalité. Il exige, par exemple, d'être représenté uniquement par un fonctionnaire masculin. Fatiguée de cette situation de lutte constante pour faire reconnaître ses droits, Marie Baum demande à être libérée de ses fonctions après quatre ans et demi de service[2].

Association pour la protection infantile et la protection sociale

Bâtiment de l'Association pour la protection infantile et la protection sociale, Witzelstrasse 150 (anciennement Werstenerstrasse)

En novembre 1907, elle prend, pendant douze ans, la direction de l'Association pour la protection infantile et la protection sociale (Vereins für Säuglingsfürsorge und Wohlfahrtspflege, VfS) fondée par le pédiatre Arthur Schlossmann, à Düsseldorf[5] - [2]. Cette association est membre de l'Union des organisations de femmes (Bund Deutscher Frauenvereine), où elle est également active, notamment pour coordonner les activités de secours pendant la Première guerre mondiale[1].

Elle participe au développement du bien-être familial à Düsseldorf et s'efforce, à ce poste, de faire de la profession de soignant une profession féminine indépendante. Dans ses mémoires, elle exprime le regret que ses efforts aient échoué[2].

École sociale des femmes et Institut pédagogique social

Le 1er octobre 1916, Marie Baum quitte la direction de la VfS pour prendre, avec Gertrud Bäumer, la direction de l'École sociale des femmes et Institut pédagogique social (Soziale Frauenschule und Sozialpädagogisches Institut) qui ouvre ses portes à Hambourg le 30 avril 1917. Elle y enseigne la politique sociale et l' économie et est principalement responsable de la formation pratique. La sociologue Hilde Lion figure parmi les premières élèves de l'école.

Mandat politique

Après la Première Guerre mondiale, Marie Baum rejoint, avec Marianne Weber, le Parti démocrate allemand fondé , entre autres, par Gertrud Bäumer. et Friedrich Naumann. Elle se présente le 19 janvier 1919 dans la circonscription de Schleswig-Holstein pour les élections à l'Assemblée nationale de Weimar où elle fait partie des premières femmes élues[2]. Elle siège ensuite au Reichstag, puis, en 1921, à la fin de la législature, elle démissionne du Parlement à cause de ses nouvelles tâches professionnelles.

Après la Seconde Guerre mondiale, au printemps 1945, elle rejoint un groupe de membres du parti, qui veulent fonder un rassemblement chrétien bourgeois, l'«Union chrétienne-sociale», CSU. Peu de temps après, Marie Baum quitte la CSU, le parti prenant de plus en plus ses distances avec l'idée de «socialisme chrétien». Par la suite, elle rejoint le cercle d' Alfred Weber, Alexander Mitscherlich, « Heidelberger Aktionsgruppe ». Elle ne veut plus être liée par la politique des partis et n'exerce plus aucune fonction politique[2].

Retour au Ministère

En 1919, elle retourne à Karlsruhe, au ministère du Travail, avec l'assurance qu'elle y travaillerait de manière indépendante et sur un pied d'égalité avec ses collègues masculins. En avril 1920, elle devient conseillère du gouvernement, plus tard, conseillère principale.

Elle se consacre Ă  la mise en place du système de protection sociale de l'État de Bade pendant sept ans. Un de ses projets est la crĂ©ation d'une maison de convalescence pour enfants dans l'après-guerre, la «ville des enfants de Heuberg» près de Stetten sur le kalten Markt. De 15 Ă  20 enfants sont accueillis dans cet ancien camp militaire jusqu'Ă  leur guĂ©rison[6] - [7] et plus de 100 000 enfants, en tout, y ont trouvĂ© refuge jusqu'Ă  ce que le site retrouve son objectif militaire initial en 1933[2].

Entre 1919 et 1924, elle organise, avec Clara Henriques Marie Juchacz et Helene Simon, un programme de nutrition pour les écoliers allemands (Quäkerspeisung (de)). Avec cette alimentation, les enfants souffrant d'insuffisance pondérale peuvent, après un examen médical préalable, se voir offrir la nourriture supplémentaire dont ils ont besoin[8].

En mai 1926, Marie Baum demande son licenciement et quitte la fonction publique sans assurance vieillesse et sans perspective d'un autre emploi, avec uniquement un salaire de soutien Ă  titre de mesure de transition[2].

L’Académie allemande pour le travail social et éducatif des femmes

Avec d'autres femmes et hommes, dont Alice Salomon, Gertrud Bäumer et Eduard Spranger, elle fonde l'Académie allemande pour le travail social et pédagogique des femmes (de) (Deutsche Akademie für soziale und pädagogische Frauenarbeit), à Berlin-Schöneberg en 1925. Pour son département de recherche, elle rédige, en collaboration avec Alice Salomon, Das Familienleben in der Gegenwart. 182 Familienmonographien, largement acclamé à l'époque.

En 1928, Marie Baum obtient un poste d'enseignante pour l'action sociale et la protection sociale à l'Institut des sciences sociales et politiques de l' Université de Heidelberg et déménage donc de Karlsruhe à Heidelberg[2]. De 1928 à 1933, elle développe un large éventail de conférences et voyage, entre autres, en Angleterre, en Italie et aux États-Unis.

Le nazisme

Lors de ces voyages, elle lit dans la presse non censurée, les atrocités nazies dont elle n'a entendu parler en Allemagne que sous forme de rumeurs. Après la prise de pouvoir des nazis en 1933, elle doit renoncer à tous ses postes d'enseignante et ses fonctions parce que sa grand-mère maternelle était d'origine juive[9]. Elle soutient le pasteur Hermann Maas, qui organise l'aide aux «non-aryens» et aux juifs et les aide à émigrer. Elle a été, à plusieurs reprises interrogée par la Gestapo et sa maison a été perquisitionnée en novembre 1941, sans résultat cependant, car elle a pu mettre les documents compromettants en sécurité[2] - [1] mais une partie de sa bibliothèque, sa correspondance et ses dossiers de recherche ont été saisis[10]. Dans ses mémoires, elle rapporte que, lors d'un interrogatoire, lorsqu'un officier lui demande pourquoi elle n'émigre pas tout simplement, puisqu'elle considère le gouvernement si déplaisant. « Parce que j’ai 67 ans et que j’ai toujours servi fidèlement mon pays [...] Il est parti, laissant une odeur sulfureuse dans son sillage »[1].

En juillet 1939, elle publie, pour ses amis les plus proches, une édition privée de son autobiographie, Rückblick auf mein Leben (Regard sur ma vie). Elle fait partie des rares Allemands d'origine juive à survivre à la guerre sans déportation vers un camp de concentration ou d'extermination[10].

À partir de 1946, alors qu'elle a plus de 70 ans, elle prend un poste d'enseignante à l'Université de Heidelberg, où elle fonde le club étudiant Friesenberg[2].

En outre, elle soutient la reconstruction de la maison Elisabeth von Thadden au château de Wieblingen en 1927. En 1950, elle rédige la préface du journal d'Anne Frank.

Marie Baum décède à Heidelberg le 8 août 1964 et est enterrée au cimetière Bergfriedhof[11]. Le discours funèbre est prononcé par le pasteur Herrmann Maas[2].

Sa tombe est ornée d'un rocher qui porte son nom et ses dates de vie en simples lettres de bronze[12].

La bibliothèque universitaire de Heidelberg possède un vaste fonds sur Marie Baum, issu en partie du legs effectué par Marie Baum[13]. Des lettres jusque-là inconnues, y sont entrées en 1997. La ville de Heidelberg soutient depuis le 1er septembre 1999 l'indexation scientifique et la coopération entre les archives universitaires et la bibliothèque universitaire[2].

Honneurs

  • Citoyenne honoraire de l'UniversitĂ© de Heidelberg pour son 75e anniversaire [14] - [15]
  • Croix du mĂ©rite de l'Ordre du mĂ©rite de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Allemagne pour son 80e anniversaire[15]
  • Son nom est attribuĂ© au prix Ă©mĂ©rite de la facultĂ© de thĂ©ologie de l'universitĂ© de Heidelberg
  • Ă€ Heidelberg, une Ă©cole et un lycĂ©e professionnel, depuis 1974, et une rue de Karlsruhe, depuis 2000, portent son nom.

Publications (sélection)

  • Ăśber p-Xylylhydroxylamin: Beiträge zur Kenntnis des 1-2-Naphtalendiazooxyds, thèse Ă  l' UniversitĂ© de Zurich, Zurich, Leemann, 1899 ( (OCLC 246211145) )
  • Die Wohlfahrtspflege, ihre einheitliche Organisation und ihr Verhältnis zur Armenpflege, Schriften des deutschen Vereins fĂĽr Armenpflege und Wohltätigkeit (volume 104), Munich / Leipzig, 1916
  • Grundriss der GesundheitsfĂĽrsorge, Munich, 1923
  • avec Ricarda Huch, Ludwig Curtius, Anton Erkelenz (Ă©d. ): Frieda Duensing: Ein Buch der Erinnerung, Berlin, FA Herbig, 3e Ă©dition augmentĂ©e, 1926
  • FamilienfĂĽrsorge, Karlsruhe, 1928
  • Das Familienleben in der Gegenwart. 182 Familienmonographien, Berlin, 1930
  • RĂĽckblick auf mein Leben, Heidelberg, 1950
  • Leuchtende Spur. Das Leben Ricarda Huchs, TĂĽbingen, 1950
  • Aus einem Lebensbild Anna von Gierkes (de). Dans : Mädchenbildung und Frauenschaffen, numĂ©ro 2/1952, pp. 1–12
  • Anna von Gierke. Ein Lebensbild, Weinheim / Berlin, Belz, 1954

Liens externes

Références

  1. « Mendelssohn Gesellschaft | Marie Baum », sur www.mendelssohn-gesellschaft.de (consulté le )
  2. (de) Elke Dahlmann, « Der Verein für Säuglingsfürsorge im Regierungsbezirk Düsseldorf e.V. », Thèse de doctorat, Université de Düsseldorf,‎ , p. 38-37 (lire en ligne)
  3. Wilfried Witte: Baum, Maria Johanna (genannt Marie). In: Werner E. Gerabek, Bernhard D. Haage, Gundolf Keil, Wolfgang Wegner (Hrsg.): Enzyklopädie Medizingeschichte. De Gruyter, Berlin/ New York 2005, (ISBN 3-11-015714-4), S. 155.
  4. Verein Feministische Wissenschaft Schweiz (Hrsg.), verantwortlich für die Redaktion dieses Bandes: Katharina Belser, Gabi Einsele u. a.: Ebenso neu als kühn. 120 Jahre Frauenstudium an der Universität Zürich. Zürich, eFeF-Verlag 1988, S. 160
  5. http://digital.ub.uni-duesseldorf.de/ihd/periodical/pageview/8622060 Werstenerstraße 150, E. Verein für Säuglingsfürsorge im Regierungsbezirk Düsseldorf, Baum, Maria, Dr. phil., in Adreßbuch für die Stadtgemeinde Düsseldorf, 1909, S. 410
  6. Wilfried Witte: Erklärungsnotstand. Die Grippe-Epidemie 1918–1920 in Deutschland unter besonderer Berücksichtigung Badens, Dissertation Institut für Geschichte der Medizin, Lehrstuhl Wolfgang U. Eckart, Université de Heidelberg 2003, S. 331.
  7. (de) Lorenz Hertleund Marcus Klotz, « Stetten am kalten Markt. Kinder lösten Soldaten ab », sur Schwarzwälder Bote,
  8. Wolfgang U. Eckart: Medizin und Krieg. Deutschland 1914-1924, 6.3 Hungerhilfe für Deutschland: Quäkerspeisungen 1919-1924, Ferdinand Schöningh Verlag Paderborn 2014, S. 400–409, (ISBN 978-3-506-75677-0).
  9. (en) « Marie Baum », sur www.fembio.org (consulté le )
  10. « Baum, Marie (1874–1964) | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  11. « Marie Baum (1874-1964) - Mémorial Find a Grave », sur fr.findagrave.com (consulté le )
  12. Friedhofsamt Heidelberg
  13. Dagmar Jank: Bibliotheken von Frauen: ein Lexikon. Harrassowitz, Wiesbaden 2019 (Beiträge zum Buch- und Bibliothekswesen; 64), (ISBN 9783447112000), S. 18.
  14. Heide-Marie Lauterer: Weil ich von dem Einsatz meiner Kräfte die Überwindung der Schwierigkeiten erhoffe. Marie Baum (1874 – 1964). In: Peter Blum: Frauengestalten. Soziales Engagement in Heidelberg. Heidelberg 1995, (ISBN 978-3-924973-36-0), S. 55.
  15. « Marie Baum – Stadtlexikon », sur stadtlexikon.karlsruhe.de (consulté le )
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