Mariame Tighanimine

Mariame Tighanimine raconte dans l'ouvrage Notre Histoire de France[1] - [2] que son père marocain est arrivé en France en 1963, recruté comme 80 000 autres Marocains[3] par Félix Mora, ancien militaire de l’armée coloniale missionné par les Charbonnages. L'administration française lui choisit comme nom de famille le nom de son village, Tighanimine, et un âge approximatif. Il est embauché dans les mines des Houillères des bassins du Nord et du Pas-de-Calais, puis à la chaîne de l’usine Renault de Flins[2].

Son frère, de 15 ans son aîné, est orienté vers les filières techniques, pour produire la main-d’œuvre sur les chaînes des usines d'automobile[2].

Les deux sœurs Mariame et Khadija grandissent dans un HLM de Mantes-la-Jolie. À leur adolescence, elles commencent à porter le hijab[4]. Mariame Tighanimine fait de la boxe française voilée[5]. Elle racontera les humiliations subies à cause du port du voile dans l'ouvrage Différente comme tout le monde[5].

Elle obtient son baccalauréat en 2005, peu après les débats sur la loi sur les signes religieux à l'école. Elle commence en 2019 une thèse au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (CNMA/CNRS) en sociologie du travail[6] - [7] et devient enseignante à Sciences Po[4].

En 2008, Mariame Tighanimine et sa sœur Khadija créent le blog Hijab & the city, un clin d'œil au titre de la série Sex and the City, pour contourner les discriminations : « Nous avons réalisé qu'il n'y avait pas d'espace pour les femmes musulmanes pour s'exprimer, nous voulons leur donner une voix et une visibilité[4]. » Elles y parlent de mode, mariage, couple, religion, etc. avec une grande liberté de ton[8]. Les critiques viennent des défenseurs de la laïcité comme des musulmans, qui « croient que des questions telles que la sexualité ne devraient pas être discutées ». En 2010, d'après El Pais, le blog reçoit 60 000 visites par mois[9], 90 000 en 2010 et 2011 d'après Paris Match et Libération[8] - [10]. On parle des deux sœurs dans des journaux étrangers[9] - [11] - [12].

En 2017, à l'âge de 28 ans, Mariame Tighanimine décide d'enlever le voile[13] - [14] - [15]. Elle décrit comment le sport (boxe, jiu-jitsu brésilien, puis la nage, apprise avec le compagnon qu'elle rencontre à 24 ans) a été l'un des éléments les plus décisifs[5]. Alors qu'en 2004 elle ne comprenait pas l'acharnement contre le voile à l'école, elle estime en 2021 que cette loi, qui a été « portée politiquement par certains élus qui, sous un vernis universaliste, n’étaient ni universalistes ni féministes, et même parfois racistes », contribue tout de même à protéger les mineures du voilement[5].

Elle écrit l'essai « Dévoilons-nous » pour les femmes voilées qui s'interrogent à ce sujet. Elle y décrit l’histoire du voile, cette pratique culturelle ancienne issue d’une époque où le patriarcat était la norme universelle, devenu « un outil de mesure de l’islamisation des sociétés ». Elle cherche à porter une critique rationnelle, féministe et antiraciste[5].

En 2017, elle est l'invitée de Siham Jibril dans podcast Génération XX, consacré aux entrepreneures[16].

• Mariame Tighanimine, Différente comme tout le monde, Le Passeur éditeur, dl 2017 (ISBN 978-2-36890-549-4 et 2-36890-549-9, OCLC 1022923732, lire en ligne)[17] - [18]
• Mariame Tighanimine, Dévoilons-nous : manifeste antiraciste et féministe, Éditions de l'Olivier, 14 octobre 2021 (ISBN 2-8236-1784-1)
• Mariame Tighanimine, Notre histoire de France, Stock, 26 octobre 2022, 250 p. (ISBN 9782234093874, lire en ligne)[2] - [19]

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