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Maria Antonietta Torriani

Maria Antonietta Torriani, née le à Novare (royaume de Sardaigne) et morte le à Milan, est une écrivaine italienne, connue pour ses romans populaires écrits sous le pseudonyme de Marquise Colombi (« Marchesa Colombi » en italien). Elle est considérée comme l’une des premières écrivaines féministes italiennes.

Maria Antonietta Torriani
Description de cette image, également commentée ci-après
Maria Antonietta Torriani.
Alias
Marquise Colombi
Amelia Lorit
La Moda
Naissance
Novare (royaume de Sardaigne)
DĂ©cès (Ă  80 ans)
Milan (Italie)
Activité principale
Romancière, journaliste
Auteur
Langue d’écriture Italien
Mouvement VĂ©risme
Genres

Ĺ’uvres principales

  • La gente per bene. Leggi di convenienza sociale (1877)
  • Dans les rizières (1878)
  • Un mariage en province (1885)

Aujourd’hui connue pour ses romans, Torriani est également une journaliste prolifique, qui a collaboré à de nombreux journaux et revues comme L'illustrazione italiana, le Corriere della Sera, ou encore Il Giornale delle Donne. Proche de la féministe italienne Anna Maria Mozzoni, elle a lutté pour la condition féminine et contre les discriminations de genre en s’investissant dans l’éducation des jeunes filles.

Biographie

Jeunesse

Peinture montrant la Piazza delle Erbe Ă  Novarre, vers 1840
La Piazza delle Erbe Ă  Novare vers 1840, avec la maison Torriani Ă  gauche[1].

Maria Antonietta Torriani naît le à Novare, dans le royaume de Sardaigne (aujourd’hui au nord de l’Italie), de Luigi Torriani, horloger[2], et Carolina Imperatori, mère au foyer. Elle est baptisée le jour-même de sa naissance au dôme de Novare. Elle est la seconde et dernière née de la famille, trois ans après sa sœur Giuseppina, née en 1837. La famille vit avec la mère de Luigi Torriani et les trois sœurs de celui-ci dans une maison dont Luigi Torriani a hérité à la mort de son père en 1830[3], au numéro 104 de la Piazza delle Erbe (place aux Herbes)[4].

Luigi Torriani meurt de maladie le Ă  l’âge de 32 ans, alors que Maria Antonietta Torriani n’a que 15 mois[5]. La loi de l’époque oblige Carolina Imperatori Ă  s’entourer d’un « conseil de famille » constituĂ© de quatre personnes pour l’aider Ă  s’occuper de ses filles et du patrimoine du père dĂ©cĂ©dĂ©. Ce conseil comprend Martino Moschini, un voisin propriĂ©taire et chimiste, et Antonio Stefanone, mari de Teresa, une des sĹ“urs de Luigi Torriani[6].

La mère de Maria Antonietta Torriani, alors âgĂ©e de 25 ans, est contrainte de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle trouve un emploi comme enseignante dans une Ă©cole primaire pour jeunes filles le et y reste six ans[7] - [8]. Elle a une classe de 48 Ă©lèves et gagne un petit salaire de 350 lires annuelles. Une fois suffisamment grandes, ses deux filles Ă©tudient dans cette mĂŞme Ă©cole[9]. En 1847, elle se remarie avec Martino Moschini, lui-mĂŞme veuf et dĂ©jĂ  septuagĂ©naire, et la famille dĂ©mĂ©nage au domicile de celui-ci, au numĂ©ro 101 de la mĂŞme place. Le demi-frère de Maria Antonietta Torriani, Tommaso Giuseppe, naĂ®t le de la mĂŞme annĂ©e[4] - [10] - [11]. Les deux sĹ“urs le surnomment affectueusement « le vieux » (« vecchino »)[2].

Après l’école primaire, Torriani frĂ©quente l’institut public des arts et mĂ©tiers Bellini[alpha 1] comme Ă©lève externe de 1850 Ă  1853. Sa mère meurt le et Torriani continue de vivre avec son beau-père jusqu’à la mort de celui-ci le [11] - [12], Ă  l’âge de 88 ans[13] - [14].

Ă€ un peu plus de 20 ans, Torriani prĂ©fère aller dans un couvent pour Ă©viter d’avoir Ă  se marier sous la pression de sa famille, et se retire dans l’abbaye Mater Ecclesiae, Ă  Miasino, sur le lac d'Orta. Elle souffre cependant rapidement de la discipline rigide et se met Ă  Ă©tudier et Ă©crire. Ă€ la mort de son beau-père en 1865, elle hĂ©rite de 4 500 lires[10] et quitte le couvent. Elle obtient un diplĂ´me d’institutrice en 1866, puis enseigne brièvement en Ă©cole Ă©lĂ©mentaire dans le sud de la province de Novare[2] - [15].

Vie Ă  Milan

En 1868, Torriani emménage rue San Pietro à Gessate, dans la métropole de Milan. Elle écrit des articles pour des journaux et revues, et publie la poésie Ricciarda, l’un de ses premiers écrits, dans l’Illustrazione Universale du [10] - [15] - [16]. Elle fréquente des salons littéraires comme celui de la comtesse Maffei, où elle discute de réalisme et lit Zola en français, aux côtés de Giovanni Verga, Luigi Capuana, Neera et Evelina Cattermole, la Comtesse Lara[17] - [18].

En 1869, elle commence à collaborer à la revue féministe Il Passatempo, renommée « Il Giornale delle Donne » en 1872, tout en écrivant des nouvelles et romans sous le nom de plume d’Amelia Lorrit[19]. À partir de 1870, elle entre au lycée de jeunes filles Maria Gaetana Agnesi pour y enseigner la littérature, à l’époque une matière jugée difficile et controversée car une idée répandue disait qu’elle pouvait induire les jeunes dans le péché[20] - [21]. Torriani accorde une grande importance à l’accès des jeunes filles à l’éducation, seule manière selon elle de lutter contre la domination masculine de la société[20] - [22].

Lors d’une conférence le , elle rencontre Anna Maria Mozzoni, enseignante en philosophie morale et féministe radicale lombarde[23], avec qui elle collabore comme enseignante et conférencière dans le but de sensibiliser au sujet de l’éducation des femmes[4]. L’année suivante, grâce au soutien du Passatempo, elle voyage avec Mozzoni à Gênes, Florence, Naples, et Bologne, où elle rencontre l'homme politique Cesare Correnti, les écrivains Anton Giulio Barrili, Dora d'Istria et Ludmilla Assing, et les poètes Enrico Panzacchi et Giosuè Carducci[10] - [24]. Elle correspondra pendant un an avec ce dernier[15] - [25], qui lui dédiera son poème Autunno romantico (« Automne romantique »), écrit le [26]. Les deux femmes tiennent des conférences sur « la femme et son potentiel » ; Torriani insiste sur la valeur de la littérature tandis que Mozzoni s’intéresse au conditionnement opéré par la religion[24]. Pendant ce temps, Torriani continue à collaborer à la revue féministe La Donna (« La Femme ») dirigée par Alaide Gualberta Beccari[27]. Elle publie un article en plusieurs parties intitulé « Dietro le scene » (« Derrière les scènes ») en 1871 dans le Passatempo, dans lequel elle décrit son expérience de conférencière avec Mozzoni[10]. Cette période de conférences données avec Mozzoni dure peu de temps ; malgré une influence de Mozzoni sur la personnalité et les idées de Torriani, cette dernière reste modérée sur la question de la condition féminine, comme la plupart des écrivaines de l’époque : elle est par exemple fermement opposée à l’entrée des femmes au parlement[20] - [28].

Dans les annĂ©es 1870, le journaliste Eugenio Torelli Viollier (1842-1900) est le rĂ©dacteur en chef d'un magazine très populaire Ă  l’époque, L'illustrazione italiana, qui publie notamment des nouvelles et romans courts. Torriani le rencontre alors qu’elle vient offrir ses services Ă  l'Ă©quipe de rĂ©daction de la revue, et le couple se marie le , entourĂ© de quelques amis. Le couple passe de longues soirĂ©es ensemble Ă  lire des romans et essais en français, mais Maria Antonietta Torriani tient Ă  sa libertĂ© : elle dort dans une chambre Ă  part et sort souvent. Elle n’hĂ©site pas Ă  montrer son indĂ©pendance en plaisantant en public : « La première nuit de noces ? Bah ! Ce n’était pas la première fois que je dormais avec Eugenio[alpha 2] - [27] ». Torriani se joue des conventions et fume des cigares et cigarillos en public pour scandaliser l’opinion[29]. L’autonomie dont fait preuve l’écrivaine est remarquable, puisqu’à l’époque le code civil de 1865 prĂ©voit qu’une femme ne peut rien faire sans l’autorisation de son mari[30].

En 1876, Torelli Viollier fonde le journal Corriere della Sera[27]. Maria Antonietta Torriani est discrètement cofondatrice de ce quotidien (mĂŞme si les femmes n'Ă©taient pas autorisĂ©es Ă  crĂ©er des entreprises en leur propre nom jusqu'en 1919)[2] - [31] - [32] - [33]. Afin de diversifier le lectorat, des rubriques y sont ouvertes sur des sujets variĂ©s, en particulier ceux apprĂ©ciĂ©s des femmes de l’époque comme la mode, la littĂ©rature, et la chronique mondaine. Cette approche permet non seulement d’accroĂ®tre le nombre de lectrices, mais ouvre aussi l’accès au journalisme pour les Ă©crivaines[34]. Dès la première annĂ©e, Torriani Ă©crit beaucoup dans le journal, notamment via la rubrique mensuelle Lettera aperta alle signore (« Lettre ouverte aux dames »), qu’elle signe sous le pseudonyme de « La Moda » (« La Mode »)[25] - [35]. Elle Ă©crit pour un public fĂ©minin et parle de mode, de bonnes manières, des dĂ©bats du moment sur la condition fĂ©minine, et de l’ouverture de l’éducation pour les filles[36]. Torriani fait entrer au journal la jeune Evelina Cattermole, future Ă©crivaine et poĂ©tesse, qui y anime une rubrique populaire dĂ©diĂ©e aux vĂŞtements fĂ©minins[37].

La même année, elle publie une lettre ouverte à Neera dans L'Illustrazione italiana intitulée « La donna povera. Lettera della Marchesa Colombi alla signora Neera » (« La Femme pauvre. Lettre de la marquise Colombi à madame Neera »), dans laquelle elle répond à un écrit de cette dernière qui refuse aux femmes de la petite bourgeoisie le droit de travailler. Torriani y soutient le droit des femmes à un travail rémunéré qui leur permet une raisonnable indépendance[19] - [38]. Elle précise toutefois son opposition à l’accès des femmes aux métiers importants comme ceux d’avocat, médecin ou député[28].

C’est au cours de cette pĂ©riode que Torriani commence sa carrière de romancière sous le pseudonyme de « Marquise Colombi », qu’elle utilise dĂ©jĂ  pour signer ses articles dans le Corriere della Sera[27]. Le nom est tirĂ© de la comĂ©die La satira e Parini de Paolo Ferrari, dans laquelle les marquis Colombi sont des personnages futiles et frivoles. Torriani a commencĂ© sa carrière littĂ©raire sous son nom, mais adopte ensuite divers noms de plume. En 1875, elle utilise en mĂŞme temps les pseudonymes « Amelia Torit[39] » et « Marquise Colombi » (« Marchesa Colombi » en italien), ainsi que son nom propre[40] - [41]. Elle abandonne « Amelia Torit » en 1877, puis, Ă  l'exception de quelques articles signĂ©s « La Moda », n’utilise plus que celui de Marquise Colombi[42].

Cette mĂŞme annĂ©e, inspirĂ©e par son expĂ©rience au Giornale delle donne, elle Ă©crit La gente per bene, un essai sur la politesse et les bonnes manières. Le livre rencontre un très grand succès et est rĂ©Ă©ditĂ© 27 fois entre 1877 et 1901[19] - [43] - [44]. C’est le premier succès de l’écrivaine, qui voit pour la première fois une de ses Ĺ“uvres Ă©ditĂ©e en volumes[45].

Torriani écrit également pour l’opéra. En collaboration avec son mari, elle compose le livret de La Creola, mis en musique par Gaetano Coronaro et créé le au Teatro comunale de Bologne[46], avant d'être repris à Vicence en 1880. Elle écrit également le livret pour Le Violoniste de Crémone[alpha 3] - [47] sur une musique de Giulio Litta, dont la première a lieu à la Scala de Milan le [25] - [48].

Peinture montrant Maria Antonietta Torriani debout
Portrait de Torriani par Leonardo Bazzaro.

Dans les années 1880, elle se lie d’amitié avec le peintre italien Leonardo Bazzaro[49], qui en réalise deux portraits à l’huile sur toile, aujourd’hui conservés à la Galerie municipale d'art moderne et contemporain de Turin[50] - [51].

SĂ©paration et vie Ă  Turin

Peinture montrant Maria Antonietta Torriani dans la rue portant une ombrelle
Portrait de Torriani par Giovanni Segantini, en 1885-1886.

À l’époque, le couple vit avec Eva, une nièce de Torriani, fille de sa sœur Giuseppina. Torriani la considère presque comme sa propre fille, mais sa proximité avec Torelli Viollier crée un climat de jalousie et de remarques permanentes entre les deux femmes. La tension monte tellement qu’en 1886, Eva, dans une crise de délire, se tue en se jetant par une fenêtre[25]. À partir de cet instant, Torriani et Torelli Viollier ne font plus que se disputer en s’accusant mutuellement d’être responsables du suicide, jusqu’à se séparer quelques mois plus tard, en 1887[2]. Torriani reste tout de même à Milan jusqu’à la mort de Torelli Viollier en 1900, et produit des livres pour les enfants et des écrits sur la morale, des essais et des histoires courtes[10]. Dans les années 1890-1891, elle tient la rubrique Colore del tempo (« Couleur du temps ») dans la revue culturelle féminine Vita intima (« Vie intime »)[52].

En 1901, Torriani s'installe à Turin[15] et achète un terrain à Cumiana, où elle fait construire une grande maison. Elle y passe la majeure partie de l’année, souvent entourée d’amies. Elle disparaît ainsi de la scène littéraire milanaise, mais continue à fréquenter ses amis et sa famille ; elle voyage de façon intensive en Europe jusqu’au début de la Première Guerre mondiale[10] - [25]. Elle se lie alors d’amitié avec le jeune peintre Augusto Carutti, qui illustre quelques-uns de ses derniers écrits[53], et à qui elle léguera sa maison à sa mort.

Le , Torriani rompt son silence et publie une lettre ouverte à la journaliste Matilde Serao, publiée en première page de La Stampa. Elle répond ainsi à cette dernière, qui, quelques jours auparavant, a publié un article dans ce même quotidien accusant les domestiques d'avoir pour seul objectif de nuire à leurs maîtresses. Cette tribune virulente faisait écho à trois affaires judiciaires impliquant deux bonnes et une nurse impliquées dans des affaires criminelles. Torriani répond à Serao, qu’elle connaît depuis longtemps, sur la base d’une « amitié ancienne et inaltérée » [alpha 4]. Elle souligne les conditions de vie imposées aux domestiques et réfute l’opposition servante-maîtresse en plaidant en faveur d’une égalité naturelle en dépit d’une inégalité sociale. Cette publication rapide en première page du journal montre que Torriani a encore de l’influence dans le milieu de la presse à Turin, bien qu’elle n’ait pas publié d’article depuis plusieurs années[54].

En 1913, atteinte de troubles bronchiques, elle décrit ainsi son absence de production littéraire dans une lettre à son ami Antonio Curti : « Je me laisse vaincre par l’inertie ; […] l’acte matériel de l’écriture me pèse ; et je m’invente des excuses pour ne pas le faire[55] ».

Maria Antonietta Torriani meurt Ă  Milan le [10] - [56] et est enterrĂ©e Ă  Cumiana, dans la province de Turin, oĂą elle a vĂ©cu pendant près de vingt ans[57].

Regards sur l'Ĺ“uvre

Les tout premiers romans de Torriani sont caractérisés par trois aspects : le premier est la proposition d’évasion offerte à ses lectrices, en décrivant de nombreux épisodes de la vie mondaine. Torriani décrit les réceptions, représentations théâtrales et ballets ; les personnages sont des figures aristocratiques, marquises et comtesses. Elle s’inspire directement d’éléments de la vie turinoise du xixe siècle, embellis par les codes du roman sentimental. Le second aspect est la description réaliste de la vie amoureuse des femmes : les thèmes centraux y sont la recherche du bon partenaire, les problématiques de l’amour et du mariage, la mauvaise éducation des jeunes femmes. Enfin, le troisième et dernier aspect caractéristique est la thématique sociale : Torriani lie les problèmes de l’amour à la réalité de la condition féminine[58].

Les romans successifs voient apparaître la critique de la figure masculine, comme dans Il Carnovale di un capitano (1873), où le narrateur est un noble paresseux qui décrit ses incertitudes alors qu’il hésite entre deux femmes[58]. En 1875, dans Sic transit. Romanzo senza eroi, Torriani retourne au thème de la femme rebelle. Dans le roman, Fulvia est une chanteuse qui refuse le mariage, préférant rester indépendante. Les critiques contemporains jugent le roman désordonné à cause de sa fin confuse, dans laquelle Fulvia renonce à ses ambitions, se marie, et s’intègre dans une vie de famille traditionnelle. L’œuvre est révélatrice de tensions irrésolues éprouvées par l’écrivaine entre un idéal et la réalité[59].

Torriani fait preuve d’autodĂ©rision et d’une tonalitĂ© ironique et anti-conformiste, position très rare pour l’époque[2] - [52] - [60] - [61]. Elle s'interroge sur son rĂ´le d’autrice et son rapport avec son lectorat, et n’hĂ©site pas Ă  jouer sur son propre personnage[62] : dans l’introduction de La gente per bene, en 1877, elle se prĂ©sente comme une femme de 130 ans que l’éditeur aurait approchĂ© en lui demandant d’« Ă©crire un livre sur les devoirs et conventions sociaux », elle « qui vit depuis tant d’annĂ©es dans la sociĂ©tĂ© Ă©lĂ©gante, dont elle a pu observer les coutumes pendant trois ou quatre gĂ©nĂ©rations[63] ». Elle dĂ©crit la rĂ©action de son personnage en indiquant que, « ayant tant de foi dans l’indulgence des femmes [qui la liraient], elle en prit le courage et accepta l’engagement[63] ». En plus de divertir ses lecteurs, ce procĂ©dĂ© lui permet de mettre une distance par rapport Ă  la Marchesa Colombi autrice de la rubrique Lettre ouverte aux dames dans le Corriere, que de nombreux lecteurs masculins connaissent dĂ©jĂ . La gente per bene s’adresse ainsi Ă  un public tant masculin que fĂ©minin, en contraste avec les prĂ©cĂ©dents Ă©crits de Torriani qui Ă©taient destinĂ©s explicitement aux femmes. Elle y utilise un langage familier et ironique, dans le but d’informer tout en divertissant[64]. Ce style d’écriture contraste avec les manuels de politesse de l’époque, traditionnellement Ă©crits par des hommes pour les femmes[35].

Féministe, Torriani décrit souvent ses scènes du point de vue des femmes[65]. Elle dénonce ainsi la condition féminine de l’époque comme dans In risaia (« Dans les rizières ») en 1878 où elle décrit la précarité des mondine, ouvrières saisonnières des rizières du nord de l'Italie[66], ou dans Prima morire en 1881, qui met en scène une jeune aristocrate frustrée par son mariage de convenance avec un homme plus âgé[67].

Postérité

En 1973, Natalia Ginzburg et Italo Calvino proposent une rĂ©Ă©dition du roman le plus cĂ©lèbre de Torriani, Un mariage en province, dans la collection Centopagine chez Einaudi, qui fait redĂ©couvrir l’écrivaine oubliĂ©e au grand public[68] - [69]. Ginzburg avait lu le roman plusieurs fois entre 7 et 14 ans, et en connaissait le moindre dĂ©tail[70].

Le roman est adaptĂ© pour la tĂ©lĂ©vision en 1980. Le tĂ©lĂ©film, rĂ©alisĂ© par Gianni Bongioanni, est diffusĂ© en deux Ă©pisodes Ă  la tĂ©lĂ©vision italienne les 24 et , avec Erica Beltrami et Laura Betti[71].

La ville de Novare a une rue Ă  son nom, la via Marchesa Colombi[72].

Publications

  • (it) I ragazzi d'una volta e i ragazzi di adesso, 1888.
  • (it) Cara speranza, 1888[73].
  • (it) Umani errori, 1899[73].
  • (it) Un triste Natale, 1900.

Essais

  • (it) Della letteratura nell’educazione femminile : Lettura fatta dalla signora Maria Antonietta Torriani alla X conferenza del Comitato ligure per l’educazione del popolo il 9 marzo 1871, GĂŞnes, [74].
  • (it) Giulia Modena : Conferenza tenuta nel liceo femminile Gaetana Agnesi, Milan, [74].
  • (it) La gente per bene : Leggi di convenienza sociale, Turin, [74].

Romans

  • (it) Carnovale e quaresima, 1870[75].
  • (it) Il Carnovale di un capitano, Milan, Tip. Lombarda, [74].
  • (it) La quaresima di Miss Elda, 1873[75].
  • (it) Sic transit. Romanzo senza eroi, 1875[75].
  • (it) Marito e moglie. Riduzione libera dall’inglese (sous le pseudo Amelia Lorrit), [75].
  • (it) In risaia, 1878 (Dans les rizières, Bruxelles, Vanderauwera, )[76].
  • (it) Troppo tardi!, Cesena, Gargano, [74] - [77].
  • (it) Prima morire, Naples, Antonio Morano, , 241 p. (lire en ligne).
  • (it) La vita in famiglia, 1881.
  • (it) Il tramonto d'un ideale, 1882[78].
  • (it) Un matrimonio in provincia, 1885 (Un mariage en province (trad. Josette Monfort et Emmanuelle Genevois), Arles, Gallimard, )[79].
  • (it) Una spostata, 1889[75].
  • (it) La voce delle cose, 1899[2].
  • (it) Le gioie degli altri, Turin, , 350 p.[80].

RĂ©cits pour la jeunesse

  • (it) I bambini per bene a casa e scuola, Milan, Hoepli, [74].
  • (it) Dal vero : Racconti pei bambini, Milan, Hoepli, [74].
  • (it) Le mele dei vicini, Milan, Carrara, [81].
  • (it) Una clessidra, Milan, Carrara, [74].
  • (it) Bene, per i cari piccolini, Milan, Galli, [74].
  • (it) Il primo viaggio, 1892[75].
  • (it) Le beneficenze della Gemma, Milan, Carrara, [74].
  • (it) Il maestro, Palerme, Sandron, [74].

Nouvelles

  • (it) Due teste d’angiolo, publiĂ©e dans le bimensuel Il tesoro delle famiglie, Milan, [82].
  • (it) Un’avventura di un giornalista, 1873[82].
  • (it) Scene nuziali, Turin, Roux e Favale, [76].
  • (it) Racconti di Natale, 1878.
  • (it) Dopo il caffè, Bologne, N. Zanichelli, , 387 p.[76].
  • (it) Serate d’inverno, 1879[73].
  • (it) La cartella n.4, Cesena, , 269 p. (lire en ligne).
  • (it) Nell'azzurro, 1881.
  • (it) I piĂą cari bambini del mondo (traduction libre d’un roman anglais), [15] - [60].
  • (it) Senz'amore, Milan, (lire en ligne).
  • (it) Il piccolo eroe, Palerme, [15].
  • (it) Racconti popolari, Milan, [15].

Poésie

  • (it) Lungo la vita, Milan, Galli, [81].

Opéras

  • (it) La creola : Melodramma in 3 atti (en collaboration avec Eugenio Torelli Violler, musique de Gaetano Coronaro), Milan, Ricordi, [74].
  • (it) Il violinista di Cremona : Melodramma in due atti (musique de Giulio Litta), Milan, Ricordi, [74].

Notes et références

Notes

  1. Civico Istituto Bellini d'Arti e Mestieri
  2. « La prima notte di nozze? Be’ non era la prima volta che dormivo con Eugenio »
  3. Il violinista di Cremona.
  4. « antica ed inalterata amicizia[54] »

Références

  1. Benatti et Cicala 2001, p. 219.
  2. (it) Maria Elena Dalla Gassa, « Maria Antonietta Torriani, detta Marchesa Colombi », sur enciclopediadelledonne.it.
  3. Benatti et Cicala 2001, p. 220.
  4. (it) Silvia Benatti, « La Marchesa Colombi (Maria Antonietta Torriani) », sur novara.com (consulté le ).
  5. Benatti et Cicala 2001, p. 59.
  6. Benatti et Cicala 2001, p. 221.
  7. Mitchell 2014, p. 221.
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  9. Benatti et Cicala 2001, p. 222.
  10. (it) Ermenegilda Pierobon, « La Marchesa Colombi (1840-1920) Profilo bio-bibliografico », Rivista di Studi Italiani, vol. XVII, no 2,‎ , p. 68-88 (lire en ligne).
  11. Benatti et Cicala 2001, p. 225.
  12. Benatti et Cicala 2001, p. 63.
  13. (it) L. Tamburini, « Biobibliografia », dans Marchesa Colombi, Un matrimonio in provincia, Turin, Einaudi, , p. XI.
  14. Benatti et Cicala 2001, p. 227.
  15. (it) Clotilde Barbarulli, « La Marchesa Colombi », sur tufani.net (consulté le ).
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  17. « Les murmures de la Marquise Colombi », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  18. Benatti et Cicala 2001, p. 13.
  19. (it) Roberto Sani (dir.) et Giorgio Chiosso (dir.), Dizionario Biografico dell’Educazione (1800-2000), vol. 2, Milan, Editrice Bibliografica, , 732 p. (ISBN 978-88-7075-727-9, lire en ligne), p. 592-593.
  20. Grazzini 2005, p. 9
  21. Grazzini 2005, p. 20 : « La Torriani si impegnò in un’apologia della letteratura […], sebbene tale materia fosse ritenuta da tutti pericolosa e sconveniente perché era diffusa l’idea che potesse indurre le giovani nel peccato. ».
  22. Benatti et Cicala 2001, p. 26.
  23. (en) Helena Sanson, « Women Writers and the Questione della lingua in Ottocento Italy : The cases of Caterina Percoto, la Marchesa Colombi, and Matilde Serao », The Modern Language Review, JSTOR, vol. 105, no 4,‎ , p. 1028-1052 (DOI 10.2307/25801489, lire en ligne).
  24. Benatti et Cicala 2001, p. 27.
  25. (en) Gaetana Marrone et Paolo Puppa, Encyclopedia of Italian Literary Studies, Routledge, , 1504 p., « Marchesa Colombi (Maria Antonietta Torriani) », p. 1148.
  26. Benatti et Cicala 2001, p. 243.
  27. (it) Roberta Scorranese, « Maria Antonietta Torriani, la signora dell’editoria paladina delle donne », sur 27esimaora.corriere.it, (consulté le ).
  28. Mitchell 2008, p. 67.
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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

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