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Marc'O

Marc-Gilbert Guillaumin dit Marc'O (graphie originelle Marc,O[1]) est un écrivain, chercheur, metteur en scène, dramaturge et cinéaste français né le à Clermont-Ferrand.

Marc'O
Description de cette image, également commentée ci-après
Marc'O Ă  La Rochelle en 2006
Nom de naissance Marc-Gilbert Guillaumin
Surnom Marc'O
Naissance
Clermont-Ferrand (France)
Nationalité Français
Profession metteur en scène, dramaturge, cinéaste

Biographie

Né en 1927[2], jeune résistant et maquisard en Auvergne, blessé à 15 ans, Marc-Gilbert Guillaumin monte très jeune à Paris[3].

Il anime avec Boris Vian les soirĂ©es du Tabou, frĂ©quente AndrĂ© Breton et le mouvement lettriste (Isidore Isou, Guy Debord, Gil J Wolman, François DufrĂŞne…) de 1950 Ă  1953. Il produit le TraitĂ© de bave et d'Ă©ternitĂ©, film d'Isidore Isou[4] en 1951. Il Ă©dite et dirige les revues lettristes Le Soulèvement de la jeunesse et Ion, puis rĂ©alise son premier long mĂ©trage Closed vision, prĂ©sentĂ© Ă  Cannes, en 1954, par Jean Cocteau[5] et Luis Buñuel. C'est au sein de l'unique numĂ©ro de Ion, sorti en (qui publia, entre autres, les scĂ©narios des films L'Anticoncept de Gil J Wolman et Hurlements en faveur de Sade de Guy Debord), qu'il expose sa thĂ©orie sur le « cinĂ©ma nuclĂ©aire Â».

Après avoir réalisé le film Closed vision[6], Marc'O se tourne vers le théâtre.

Phénomène assez particulier dans les années 1960, « le théâtre de Marc'O » commence par une réflexion sur le rôle de l'acteur. Sauf rares exceptions, le théâtre occidental repose encore, à la fin des années 1950, sur la littérature, c'est-à-dire sur des textes que les comédiens, à partir des indications d'un metteur en scène, transforment en représentation théâtrale. Même très brillant, le comédien est simplement l'exécutant, il n'est jamais considéré comme un créateur. Marc'O développe son travail dans ce sens : transformer le comédien en acteur/créateur, non seulement à travers une vision théorique et critique de ce problème mais à travers une pratique qui fait appel à des méthodes, des techniques, des moyens très concrets. Plusieurs pièces qu'il écrit et met en scène témoigneront de ses idées. Son travail se fonde, en première instance, sur les possibilités créatives propres aux acteurs et à leur capacité interactive dans une équipe, ouverte. La création, c'est en somme la mise en place d'un espace, de dynamiques, de techniques de créativité. Il publie, quelques années plus tard, cette théorie sur l'acteur dans son article « Théâtralité et Musique »[7].

Il fonde et il dirige, pendant 7 ans, l'école de théâtre de l'American Center du boulevard Raspail à Paris, la transformant progressivement en une pépinière d'acteurs aujourd'hui reconnus : Michèle Moretti[8], Marpessa Dawn, Bulle Ogier[9], Jean-Pierre Kalfon[8], Pierre Clémenti[8], Philippe Bruneau[8], Valérie Lagrange[10], Jacques Higelin[11], Élisabeth Wiener[11], etc. En 20 ans, il écrit et met en scène une quinzaine de pièces de théâtre associant la musique et le jeu de l’acteur, qui marquent fortement le théâtre français des années 1960 à 1970. Introduisant la musique comme composante fondamentale de l'expression théâtrale, il invente ce qu'aujourd'hui on appelle le Théâtre musical[12].

En 1965, il recrute Brigitte Fontaine pour la pièce Les Bargasses montée au théâtre Édouard-VII.

En 1966, sa pièce musicale Les Idoles connaît un grand succès salué auprès de la critique et du public, et devient un spectacle culte[11]. Il en tire, un an plus tard, un film du même nom qui réunit Jean Eustache au montage, André Téchiné comme assistant, Bulle Ogier et Pierre Clémenti, Jean-Pierre Kalfon comme acteurs. Le film est aujourd’hui une référence d’un cinéma « d’un autre type »[3].

Marc'O ensuite marque un arrêt temporaire de son activité théâtrale. Il se rend en Italie[11] où, à Rome, il tourne plusieurs longs et courts-métrages, dont le long-métrage De l’impossibilité de jouer Electra aujourd’hui. En 1967, appuyé par des intellectuels italiens, il mène des activités théâtrales avec la population de la ville de Reggio Emilia contre la guerre au Vietnam débouchant sur l’événement dramatique « Guerra e Consumi » qui déclenche la première occupation du théâtre municipal de la ville, six mois avant celle du théâtre de l’Odéon à Paris, en mai 68.

En 1972, il tourne, au Maroc, le long-métrage Tam Out avec Dominique Issermann, lors du dernier festival des danses africaines à Marrakech. En 1978, il réalise pour le service recherche de l'INA l'opéra rock Flash Rouge (avec la collaboration de Geneviève Hervé pour le traitement de l'image) avec la jeune Catherine Ringer[11], ainsi qu’une série d'œuvres picturales en Nouvelle Image, d’où sera tiré, en 2008, le film Poiëtica. Il écrit ensuite pour l’INA l’étude Les Conditions du visible.

Le projet Pixigraf sur le développement des nouvelles technologies de l'image en France, voit le jour, en 1982, à la suite de plusieurs rencontres entre Marc’O et le président de la République François Mitterrand. Toujours en 1982, il entreprend, en Italie, une collaboration avec Cristina Bertelli[11], avec une série d'expositions et de conférences sur ses œuvres en Nouvelle Image dans plusieurs villes et musées italiens ainsi que l’édition d’une œuvre de textes et d’images traitées analogiquement en Nouvelle Image L’Impossibile e tuttavia. Cristina Bertelli développe alors, à travers les médias italiens, une réflexion sur les usages artistiques des nouvelles technologies de l'image. Dans la continuité de cette réflexion, Marc’O réalise pour la télévision de Reggio Emilia le film-vidéo L’Adolescenza dell’arte, autour du jeu de l’acteur.

Tout le mois de , le Centre Pompidou expose les œuvres de Marc'O en Nouvelle Image, sur le thème de « l'image 3D, problèmes artistiques et technologiques à partir du tableau La Vocation de saint Mathieu du Caravage », un spectacle audiovisuel sur plusieurs écrans d'œuvres photographiques en multivision accompagné d'une vidéo.

À la suite de l'étude de Marc’O Mutation Industrielle, une nouvelle culture ? Le Problème de l’audiovisuel faite pour la région Toscane, le groupe d'État italien ENI demande, en 1988, à Marc'O et Bertelli de réaménager le département audiovisuel de l’agence de presse italienne AGI (Agenzia Giornalistica Italia)[11]. Ils conçoivent un projet qui associe l'AGI à l'Unesco, pour la réalisation d'un magazine audiovisuel Orient/Occident, entrant dans le cadre du programme majeur de l'Unesco pour la décennie 1980, Les Routes de la soie. Le but est de rendre compte de l'état culturel, social, économique des 27 pays traversés par cette route, de la France à la Chine. Ils développent ce projet audiovisuel jusqu’en .

En [10], de retour en France, Marc’O présente, à l'Élysée Montmartre et au Théâtre de l’Européen, sa pièce Génération Chaos 1 - avant la chute du mur[11] - [13] avec trois nouveaux acteurs/chanteurs : Yovan Gilles, Federica Bertelli et Jérémie Prophet.

Il poursuit ses travaux dans différents domaines tant au plan théorique que pratique faisant appel à des méthodes et à des techniques dont il est le fondateur. Avec la « théâtralité »[14], en particulier, il étudie ce qui différencie un acteur d'un interprète dans les espaces du travail et du social, fondant, en 1992, à Paris, avec Cristina Bertelli le Laboratoire d’Études Pratiques sur le Changement, lieu de recherche et de formation, au sein duquel sont nés le groupe d'action artistique Génération Chaos – reprenant ainsi le nom de la pièce de 1991 - et, dès 1993, la revue Les périphériques vous parlent[11]. Pendant une dizaine d’années, Marc’O écrit et met en scène 5 pièces de théâtre musical avec Génération Chaos[15] avec la direction musicale de Jean-Charles François.

Depuis 2003, il continue sa collaboration avec Les périphériques vous parlent (association STAR) autour des pratiques de la créativité. Cette collaboration donne lieu à l’édition de deux livres : L’Impossible et pourtant et Théâtralité et Musique, ainsi qu’à l’édition de la seule pièce qu’il accepte de publier, L'Autre côté des merveilles, en 2011. Il y réalise aussi des vidéos retraçant son travail sur le jeu de l’acteur avec Génération Chaos. En 2013, il réalise une vidéo de la pièce Citoyens en France, et en 2014 le film Utopia avec Édouard Glissant, suivi, en 2015, du court-métrage Mais comment exprimer mon désarroi, une œuvre poétique dénonçant la toxicité environnementale.

En 2014, il est le sujet d'un portrait dans la série Cinéma de notre temps dirigée par André S. Labarthe intitulé L'archipel du cas'O réalisé par Sébastien Juy[16]. Ensemble, ils signent un film Que je naisse se fasse ( K'Ose production) présenté au FID de Marseille en 2019 sur la jeunesse et le devenir.

Filmographie

Cinéma

  • 1954 : Closed vision (long mĂ©trage)[17] 2010 : sortie en DVD du film (Les pĂ©riphĂ©riques vous parlent) .
  • 1958 : Voyage au bout de mon rĂŞve (court mĂ©trage)
  • 1967 : Les Idoles (long mĂ©trage tirĂ© de sa pièce) – reprise en 2004. Octobre 2016 : sortie en DVD du film (chez Luna Park Films)
  • 1970 : Tamaout (long mĂ©trage documentaire)
  • 2019 : Que je naisse se fasse avec SĂ©bastien Juy (88 min, K'Ose production).

En Nouvelle Image

  • 1978 : Flashes Rouges, avec la collaboration de Geneviève HervĂ© pour le traitement de l'image, opĂ©ra rock avec Catherine Ringer Prix de la meilleure Ă©mission de l'annĂ©e 1979 sur Antenne 2, Ă©mission Chorus animĂ©e par Antoine de Caunes.
  • 1980 : La Nef des fous et Notre cuisine Japonaise, avec la collaboration de Geneviève HervĂ© pour le traitement de l'image Festival de Cannes section vidĂ©o, Forum de la Nouvelle Image de Monte Carlo…
  • 1984 : VidĂ©o et multivision La Vocation de saint Matthieu Centre Pompidou, Galerie d’art moderne de Bologne, RAI 2…
  • 2008 : PoĂŻĂ©tica de Cristina Bertelli, avec traitement de l'image et montage de Marc'O, Veneris dies de Federica Bertelli avec textes et dessins de Marc'O. Ces deux Ĺ“uvres sont Ă©ditĂ©es dans le DVD Les Conditions du visible[18].

Vidéo

  • 1985 : L’Adolescenza dell’arte, vidĂ©o sur le jeu de l’acteur
  • 2013 : vidĂ©o de la pièce Citoyens en France
  • 2014 : Utopia, avec Édouard Glissant
  • 2015 : court-mĂ©trage Mais comment manifester mon dĂ©sarroi, Ĺ“uvre poĂ©tique dĂ©nonçant la toxicitĂ© environnementale.

Production

Théâtre

  • 1959-1961 : Mise en scène de L'HĂ´tel de la nuit qui tombe (de Nanos Valaoritis avec Marpessa Dawn) et Le Triomphe de l’amour (Marivaux)
Écriture et direction du ballet La Sorcière
Directeur du département Théâtre de l'American Center de Paris jusqu’en 1964 (recherches sur de nouveaux modes de jeu de l'acteur)
  • 1962 : Auteur et metteur en scène de L'Entreprise
Mise en scène de l'opéra de Gluck L'Ivrogne corrigé et de Pierrot lunaire (Schönberg avec Michel Portal, direction musicale Keith Humble)
Mise en scène de La Barre (Geneviève Hervé)
  • 1978 : Écriture (avec Geneviève HervĂ© en tant qu'assistante), musique de StĂ©phane Vilar et mise en scène de l'opĂ©ra rock Flashes rouges (premier rĂ´le : Catherine Ringer)
  • 1991 : Écriture et mise en scène de GĂ©nĂ©ration Chaos 1 avant la Chute du Mur
  • 1994-1996 : Écriture et mise en scène de la pièce musicale GĂ©nĂ©ration Chaos 2 composĂ©e de plusieurs pièces : Les NĹ“uds, SensibilitĂ© aux conditions initiales et L’Énigme de l’oracle (Direction musicale Jean-Charles François)
  • 1997-1999 : Écriture et mise en scène de la pièce musicale et théâtrale GĂ©nĂ©ration Chaos 3 composĂ©e des pièces : Citoyens en France, Les États du devenir et Philosophes debout (Direction musicale de Jean-Charles François)
  • 2001 : Mise en scène de la pièce musicale Les Barbares arrivent avec gourmandise

Publications

  • 1954 : Revue Le Soulèvement de la jeunesse
  • 1952 : Revue Ion (rĂ©Ă©ditĂ©e en fac-similĂ© en 1999 chez Jean-Paul Rocher Ă©diteur)
  • 1984 : L’Impossibile e tuttavia (Éditions Nuovi Strumenti)
  • 1981 : Les Conditions du visible (Ina)
  • 1985 : Mutation industrielle : une nouvelle culture ? Le Problème de l’audiovisuel (RĂ©gion Toscane)
  • 1992 : L’UnitĂ© des diffĂ©rences
  • 1994 : ThéâtralitĂ© et musique (Les pĂ©riphĂ©riques vous parlent)
  • 1999 : L’Ange Vin : dĂ©mons et merveilles du vin, article dans une Ĺ“uvre collective (Éditions Jean-Paul Rocher)
  • 2011 : De l'autre cĂ´tĂ© des merveilles, seule pièce publiĂ©e de Marc'O (Éditions Les pĂ©riphĂ©riques vous parlent)
  • Nombreux articles dans Les pĂ©riphĂ©riques vous parlent, dont un article sonore dans le numĂ©ro Web 30 : Les Conditions du lisible.

Notes et références

  1. cf. Guy Debord, Correspondance, vol. 7, p. 83 et sommaire du numéro unique de la revue Ion, avril 1952. Cette graphie ne semble pas avoir survécu à sa période lettriste.
  2. « Marc O », sur Musée Beaubourg
  3. « Marc'O, l'acteur, autrement », France Culture,‎ (lire en ligne)
  4. Programme de la soirée lettriste à Nice dans le cadre du festival du Peu, 25 juin 2015.
  5. Discours de présentation de Jean Cocteau du film Closed Vision de Marc'O, festival de Cannes, 1954.
  6. Ovnis et beautés surréalistes - Deux étrangetés cinématographiques : L'Invention du monde et Closed vision, Jean-Luc Douin, Le Monde, 29 janvier 2011.
  7. Marc'O, « Théâtralité et Musique », L'impossible et pourtant, Paris, Association STAR, no 1,‎ (ISSN 1168-7282, SUDOC 040020797)
  8. Colette Godard, « Angoisses et certitudes de Michèle Moretti », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. Biographie de Bulle Ogier sur le site cinemapassion.com 16 septembre 2015
  10. Colette Godard, « Le retour de Marc'O », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. Jean-Pierre Thibaudat et Weronika Zarachowicz, « Marc'O et les siens réinventent un nouveau théâtre politique », Libération,‎ (lire en ligne)
  12. Extrait Les Débuts du théâtre musical d'avant-garde en Italie, Evangelisti Berio, … Giordano Ferrari, L'Harmattan, 2001.
  13. [Le retour du cas Marc'O, article de Michel Cressole, Libération, 28 juin 1991.]
  14. Faire exploser la société française, article de Gilles Costaz, Le Monde diplomatique, juillet 1996.
  15. Ce n'est qu'un prétexte, continuons le combat, article de Didier Tellier, Le Soir, 5 mai 1994.
  16. https://www.youtube.com/watch?v=k80CkLrj094
  17. (fr)[PDF]« Closed Vision (Soixante minutes de la vie intérieure d’un homme) », sur www.cinematheque.fr (consulté le )
  18. Édité par « Les périphériques vous parlent » et « Choses vues ».

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