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Maoris (Ăźles Cook)

Les Maoris des ßles Cook (en maori des ßles Cook : māori, /maːori/) sont les populations polynésiennes originaires ou vivant aux ßles Cook.

DĂ©signations identitaires et Ă©tymologie

"Maori", "Cook Islander", "Cook Islands Maori", "Kuki Airani", "Maori Kuki Airani" voire "Maori o te Kuki Airani" sont les divers ethnonymes utilisĂ©s par les Maoris des Ăźles Cook pour s’auto-dĂ©signer. Ceux-ci varient en fonction des circonstances ou des interlocuteurs. Dans l’archipel lui-mĂȘme, la majoritĂ© des personnes utilisent simplement le terme Maori ou une dĂ©signation faisant rĂ©fĂ©rence Ă  son Ăźle d’origine (Rarotongien, Mangaian, Atiu/Atiuan, TongarĂ©vien
). Les expatriĂ©s de Nouvelle-ZĂ©lande ou d’ailleurs dans le monde privilĂ©gieront quant Ă  eux les appellations Kuki Airani, Cook Islander, Cook Islands Maori
 afin de se distinguer et Ă©viter toute confusion avec les Maoris de Nouvelle-ZĂ©lande. Certains vont mĂȘme jusqu’à Ă©luder le « s » final de Cook Island(s), dans le but de souligner leur identitĂ© commune et ce quelle que soit son Ăźle d’origine.

De mĂȘme que pour les termes Ma’ohi, Maoli ou Maori en Nouvelle-ZĂ©lande, l’étymologie de Maori reste pour les Ăźles Cook incertaine, chacun en donnant sa propre version ou sa propre interprĂ©tation. Ce qui est sĂ»r, est que son usage aux Ăźles Cook en tant qu’ethnonyme est ancien et il est peu probable comme cela a pu ĂȘtre suggĂ©rĂ© qu’il s’agisse d’un emprunt par mimĂ©tisme aux Maori de Nouvelle-ZĂ©lande. Le terme se retrouve par exemple dans la grammaire bilingue du RĂ©vĂ©rend Aaron Buzacott publiĂ©e en 1854 dans un chapitre consacrĂ© Ă  l’article grammatical avec le sens d’indigĂšne, d’autochtone[1]. Ce sens d'indigĂšne, autochtone, local est du reste celui que l’on retrouve dans la plupart des dictionnaires, que cela soit celui de Jasper Buse et Raututi Taringa ou celui de Stephen Savage.

Une question qui se pose est de savoir si "maori" au sens d'autochtone ou indigĂšne ne s’applique que dans le cadre polynĂ©sien ou s’il prend un sens plus gĂ©nĂ©rique. Cette deuxiĂšme hypothĂšse est celle proposĂ©e dans la dĂ©finition du glossaire de l’ouvrage collectif intitulĂ© «Akono'anga Maori : Cook Islands culture»[2]. Ainsi en suivant cette mĂȘme logique un "indigĂšne français", serait un "maori Varaini"; un "indigĂšne britannique", un "maori Peritane"; un "indigĂšne allemand", un "maori Taramani"; un AmĂ©rindien, un "maori Marike" etc.

Toutefois le terme ne s’applique pas qu’aux individus mais Ă©galement aux plantes, aux animaux
 par exemple dans les termes "tiare maori" (Gardenia taitensis) ; "‘Ava‘ava maori", pour le tabac plantĂ© localement ; "kava maori" pour la plante de kava (Piper methysticum) ou tout alcool fabriquĂ© sur place (bush beer...) par opposition au "kava papa’a", l’alcool importĂ©. Il existe aussi quelques variantes sĂ©mantiques, comme dans l’expression "vai maori" pour dĂ©signer l’eau douce ou consommable par opposition Ă  "vai miti", c'est-Ă -dire l’eau de mer, l’eau salĂ©e.

DĂ©mographie

On dĂ©nombre aujourd’hui environ 110 000 Maoris des Ăźles Cook de par le monde, dont plus de 80 % vivent de façon permanente en dehors des Ăźles Cook.

Aux Ăźles Cook (i te basileia)

La dĂ©population croissante de l’archipel est devenue depuis une vingtaine d’annĂ©es, une des prĂ©occupations politique et sociale majeures du pays. Toutes les Ăźles ne sont nĂ©anmoins pas touchĂ©es de la mĂȘme maniĂšre. Rarotonga, oĂč l’accĂšs Ă  l’emploi est plus facile, est ainsi plus Ă©pargnĂ©e que les autres Ăźles avec au recensement de 2006 une population de 14 153 habitants, soit une progression de 16 % par rapport Ă  2001. De mĂȘme Aitutaki, a vu sur la mĂȘme pĂ©riode sa population progresser d’environ 12 %. À l’inverse les autres Ăźles continuent de se dĂ©peupler de façon dramatique.

L’émigration en Nouvelle-ZĂ©lande (te tere ki Aotearoa)

Avec 58 011 individus[3], la communautĂ© Kuki Airani installĂ©e en Nouvelle-ZĂ©lande est de loin la plus nombreuse. Elle y reprĂ©sente du reste, le troisiĂšme groupe d’origine polynĂ©sienne le plus important aprĂšs les Maori de Nouvelle-ZĂ©lande et les Samoans. Majoritairement installĂ©s dans la banlieue sud d’Auckland (Mangere), la rĂ©gion de Wellington (Porirua) ou de Hawke's Bay, il s’agit d’une population particuliĂšrement jeune avec un Ăąge mĂ©dian de 18,9 ans[4].

L’émigration Kuki Airani en Nouvelle-ZĂ©lande est relativement ancienne. Elle a dĂ©butĂ© dĂšs la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale. Sur les 500 Maoris des Ăźles Cook qui s’engagĂšrent au sein des troupes de l’ANZAC, une cinquantaine dĂ©cida de rester sur place une fois le conflit terminĂ©. Dans les annĂ©es 1920 et 30, d’autres insulaires des Cook vinrent en Nouvelle-ZĂ©lande pour y faire leurs Ă©tudes ou s’y faire soigner. Certains d’entre eux s’y installĂšrent de façon permanente. En 1936, on dĂ©nombrait 103 Maoris des Ăźles Cook vivant en Nouvelle-ZĂ©lande. Une nouvelle vague migratoire eut lieu durant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait alors majoritairement de jeunes femmes s’embarquant Ă  bord des deux navires faisant la navette entre Rarotonga et Auckland, le Maui Pomare[5] et la Matua pour travailler dans les usines ou comme domestiques pour les riches familles nĂ©o-zĂ©landaises. Les hommes quant Ă  eux privilĂ©giaient gĂ©nĂ©ralement l’émigration vers les mines de phosphate de l’üle de Makatea. AprĂšs guerre, le flux migratoire s’accĂ©lĂ©ra, souvent favorisĂ© par le gouvernement nĂ©o-zĂ©landais lui-mĂȘme. En 1961, celui-ci mit par exemple en place un plan d’incitation pour les jeunes hommes de l’üle d’Aitutaki Ă  venir travailler comme ouvrier agricole. Peu Ă  peu, cette Ă©migration du travail se transforma en Ă©migration familiale, un nombre croissant des premiers migrants faisant venir au bout de quelques mois ou de quelques annĂ©es, leur famille restĂ©e dans l’archipel. D’autres finirent par se marier Ă  des NĂ©o-ZĂ©landais(e), qu’ils soient Maori ou Pakeha, ou Ă  d’autres insulaires du Pacifique. ParallĂšlement le nombre de Maori originaires des Ăźles Cook nĂ©s en Nouvelle-ZĂ©lande s’accrut.
Avec l’ouverture de l’aĂ©roport international de Rarotonga en 1973, le flux progressa encore, facilitĂ© par le fait qu’outre l’indĂ©pendance associĂ©e de 1965, les insulaires des Ăźles Cook ont pu conserver une citoyennetĂ© nĂ©o-zĂ©landaise. En 1976, leur nombre s’élevait Ă  12 223. Depuis cette date, le flux varie en fonction des alĂ©as Ă©conomique de l’archipel. La grave crise financiĂšre du milieu des annĂ©es 1990, provoqua ainsi une nouvelle vague migratoire, bien que la Nouvelle-ZĂ©lande ne soit dĂ©sormais plus la seule destination des candidats Ă  l’émigration.

L’émigration en Australie (te tere ki Ozi)

DeuxiĂšme communautĂ© maorie des Ăźles Cook ultra-marine, leur nombre est estimĂ© Ă  30 000. Il s’agit d’une Ă©migration plus rĂ©cente qui n’est apparue qu’à partir des annĂ©es 1970. Il s’agit le plus souvent d’une Ă©migration non pas directement des Ăźles Cook mais d’insulaires vivant dĂ©jĂ  en Nouvelle-ZĂ©lande, puisqu’il existe un accord de libre circulation des personnes entre les deux pays. NĂ©anmoins, l’immigration en provenance directe de l’archipel a tendance Ă  progresser depuis quelques annĂ©es. Jusqu’aux annĂ©es 1980, les destinations privilĂ©giĂ©es de ces migrants Ă©taient pour l’essentiel Melbourne et Sydney. Toutefois, le Queensland attire de plus en plus, y compris ceux dĂ©jĂ  installĂ©s en Australie. Si la plupart d’entre eux ont conservĂ© la nationalitĂ© nĂ©o-zĂ©landaise, un nombre croissant a dĂ©cidĂ© d’opter pour la citoyennetĂ© australienne. Ils seraient environ un peu plus de 3000 Ă  avoir fait ce choix.

L’émigration en PolynĂ©sie française (Te tere ki Tahiti Nui)

S'ils ne sont que 500 Ă  se dĂ©clarer Maoris des Ăźles Cook, le nombre des Tahitiens ayant au moins un parent, un grand-parent ou un ancĂȘtre originaire des Cook est bien plus important bien que plus difficilement chiffrable. Le ministĂšre de la culture de PolynĂ©sie française Ă©voque le nombre de 7000[6]. Certains d’entre eux ont pu conserver une double nationalitĂ© franco-nĂ©o-zĂ©landaise. C’est par exemple le cas d’Oscar Temaru dont la mĂšre Ă©tait originaire de l’üle d’Atiu.

Il s’agit d’une Ă©migration ancienne dĂ©butĂ©e dans les annĂ©es 1864. C’est en effet Ă  partir de cette date qu’un certain nombre soit 94 hommes des Ăźles Cook, vinrent travailler dans la plantation de canne Ă  sucre de John Brander[7]. La plantation de John Brander est Ă  Mahina, il a constituĂ© ce domaine agricole de 1869 Ă  1872 oĂč l'on cultivait en particulier la canne Ă  sucre par acquisition et par location emphytĂ©otique auprĂšs de l'ancien chef de district TARIRIRAIA VEHIATUA. Ces gens ont dĂ©cidĂ© d'acquĂ©rir les terres Teiriiri et Tehoa sises dans le district de Pare quartier de Patutoa, prĂšs de Papeete dont le PropriĂ©taire est TEREMOEMOE. Le prix proposĂ© pour ces terres est de $ 360,00 Chilean. Les personnes qui ont contribuĂ© Ă  l'achat de Patutoa sont : ILE ATIU PUTE, TAURANGA, PAULO, HOSEA, ILE MAUKE IEREMIA, TEARIKIOU, TEARIKIAUA, RAVUA, ILE DE MITIARO, VAAKEA, ($ 40,00 par personne). Pour une raison ou une autre, les terres de Patutoa ont Ă©tĂ© placĂ©es sous la tutelle des trois chefferies, les Ngati PARUARANGI, les Ngati TE AKATAUIRA, les Ngati NURAU se partagent les Ăźles d'Atiu, Mauke, Mitiaro et Takutea dĂ©signĂ©es sous l'appellation gĂ©nĂ©rique de NGAPUTORU. La raison de cette sĂ©curitĂ© est dans le cas oĂč l'un des acheteurs dĂ©cide de vendre sa part. Entre 1900 et 1909, 44 personnes ont Ă©migrĂ© Ă  Patutoa dont 19 Atiu, 21 Mauke, 4 Mitiaro.

Une seconde vague migratoire eut lieu Ă  partir du dĂ©but des annĂ©es 1940 pour cette fois-ci travailler dans les mines de phosphate de l’üle de Makatea[8]. Il s’agissait alors d’une migration majoritairement masculine, bien que certains amenĂšrent avec eux femme et enfants au moins jusqu’en 1946. AprĂšs cette date, cela leur fut interdit.

Il n’existe Ă  notre connaissance aucune Ă©tude prĂ©cise sur ces quelque 1500 insulaires des Cook qui ont travaillĂ© pour la CFPO (Compagnie Française des Phosphates d’OcĂ©anie) Ă  Makatea entre 1944 et 1960. Ron Crocombe Ă©voque rapidement en 1962 la motivation de ceux qu’il a rencontrĂ©s.

« Les gens des Iles Cook Ă©taient attirĂ©s par le travail Ă  Makatea pour deux raisons principales. La premiĂšre Ă©tait le dĂ©sir de voyager et d’acquĂ©rir de l’expĂ©rience. Dans ces Ăźles, un prestige certain s’attache au fait d‘avoir voyagĂ© et un homme qui n’a pas quittĂ© son Ăźle n’a pas une rĂ©elle importance dans son groupe. Il est particuliĂšrement bien vu d’ĂȘtre allĂ© en dehors de l’archipel et les deux endroits oĂč l’on pense qu’il faut ĂȘtre allĂ© sont Tahiti et la Nouvelle-ZĂ©lande. La seconde raison Ă©tait la possibilitĂ© non seulement de gagner de l’argent mais d’en Ă©pargner dans un but dĂ©terminĂ©. Presque chaque homme que j’ai connu avait en tĂȘte un projet qu’il espĂ©rait accomplir grĂące Ă  l’argent acquis Ă  Makatea. Le plus courant Ă©tait de construire une maison en matĂ©riaux europĂ©ens, c’est-Ă -dire en bois et en fer. Pour d’autres, c’était d’acheter une bicyclette (trĂšs courant), d’économiser de l’argent pour un mariage si l’on venait d’une « grosse » famille qui se devait de faire une grande cĂ©rĂ©monie, d’acheter des meubles, d’ouvrir un petit commerce ou d’avoir de quoi se payer le voyage en Nouvelle-ZĂ©lande. La raison de vouloir aller en Nouvelle-ZĂ©lande Ă©tant les salaires trĂšs Ă©levĂ©s et le fait de travailler « librement » et non sur un contrat d’engagement. En partant, ils n’avaient l’intention de ne rester qu’un an, mais beaucoup trouvaient que l’argent mis de cĂŽtĂ© n’était pas suffisant pour rĂ©aliser leur objectif aussi s’engageaient-ils pour un second ou un troisiĂšme contrat. D’autres revinrent Ă  Makatea tout simplement parce qu’ils s’y plaisaient. Certains apprĂ©ciaient que les boissons alcooliques y fussent plus librement accessibles qu’aux Iles Cook, d’autres avaient le sentiment que les conditions de vie y Ă©taient meilleures que celles qu’ils auraient pu avoir aux Cook. Dans les annĂ©es du dĂ©but, une proportion considĂ©rable de l’argent Ă©conomisĂ© Ă©tait employĂ© Ă  ramener chez soi des guitares, des bicyclettes, des coffres en camphrier, des vĂȘtements, etc. La plupart ramenaient aussi des cadeaux de vĂȘtements et autres choses pour leurs proches. Ce n’est qu’un petit nombre qui achetait du fer et des tĂŽles pour leurs futures constructions, et seulement une petite proportion de ceux qui Ă  leur dĂ©part avaient l’intention de bĂątir de nouvelles maisons quand ils reviendraient. La majoritĂ© de ceux qui voulaient construire devaient aller Ă  Makatea et y rester plusieurs annĂ©es, achetant quelques tĂŽles la premiĂšre annĂ©e, du bois la seconde, du ciment la suivante ou quelque chose comme cela. Naturellement, quelques-uns mangeaient et buvaient leur argent Ă  leur retour et d’autres Ă©taient contraints de dĂ©penser en cĂ©rĂ©monies de mariage ou de funĂ©railles de parents ou de pourvoir au voyage de parents vers d’autres Ăźles, y compris d’envoyer leurs enfants dans des Ă©coles de Rarotonga qui sont d’un niveau supĂ©rieur Ă  celui des Ăźles plus extĂ©rieures. »[9]

Ces travailleurs furent confrontĂ©s Ă  des conditions de travail souvent difficiles et ce pour un maigre salaire bien que nourris et logĂ©s. En , certains d’entre eux de retour Ă  Rarotonga s'en plaignirent aux Ariki. La CIPA (Cook Islands Progressive Association) d'Albert Royle Henry crĂ©Ă©e depuis peu s’empara Ă©galement de l’affaire dĂ©nonçant le « scandale Makatea » et comparant la situation de ces expatriĂ©s Ă  celle des victimes du blackbirding au XIXe siĂšcle. Cela permit de renĂ©gocier les salaires qui passĂšrent de 350 Ă  1125 XPF (Franc Pacifique) entre 1944 et 1946 avant d'atteindre les 1998 XPF en 1954.

Cette Ă©migration s’arrĂȘta au milieu des annĂ©es 1960 avec la fin de l’extraction du phosphate. Si la plupart des Maoris rentrĂšrent aux Ăźles Cook une fois leur contrat arrivĂ© Ă  Ă©chĂ©ance, certains s’installĂšrent dĂ©finitivement Ă  Tahiti, aprĂšs avoir Ă©pousĂ© une Tahitienne ou un Tahitien.

Dans le reste du monde (ki te ao toe)

EstimĂ© Ă  environ 200 en AmĂ©rique du Nord, majoritairement Ă  HawaĂŻ et dans une moindre mesure le Canada ou les États-Unis (mainland), cette migration est gĂ©nĂ©ralement motivĂ©e pour des raisons Ă©conomiques, religieuses ou Ă©ducatives. C’est ainsi qu’un certain nombre d’insulaires obtient chaque annĂ©e des bourses d’études au centre de Hilo de l’UniversitĂ© mormone de Brigham Young. La centaine de Maoris prĂ©sents aux Fidji sont Ă©galement pour la majoritĂ© d’entre eux Ă©tudiants Ă  l’UniversitĂ© du Pacifique Sud. Enfin quelques dizaines vivent en Europe, principalement au Royaume-Uni.

Culture (akono’anga māori)

Linguistiquement et culturellement proches de leur voisins Tahitiens et des Maoris de Nouvelle-Zélande[10], les Maoris des ßles Cook ont néanmoins su développer une culture originale propre à l'archipel, le "akono'anga māori" ou "peu māori".

La danse (te 'ura)

La danse ('ura)[11] constitue un élément important de la culture maori des ßles Cook. Longtemps bannie par les missionnaires en raison de leur caractÚre lascif et de la nudité des danseurs, elle a connu depuis un demi-siÚcle un renouveau s'appuyant à la fois sur la tradition tout en y intégrant des éléments contemporains.

Jusqu'aux années 1960, il était encore considéré comme impudique pour les femmes de dévoiler leur nombril qui exécutaient leurs performances en robes mission[12]. C'est à cette date que John Frisbie, un danseur de Pukapuka ayant vécu dans les années 1950 à Hawaï, introduisit dans l'archipel la jupe hula faite d'écorce de purau et portée bas sur les hanches[13], ainsi que l'idée de cacher la poitrine par deux moitiés de noix de coco évidées.
Ces danses des Ăźles Cook ont beaucoup d'Ă©lĂ©ments communs avec celles de Tahiti, bien que chacune ont leurs spĂ©cificitĂ©s. De la mĂȘme maniĂšre chaque Ăźle de l'archipel aura ses propres particularitĂ©s.

Un "'ura pau" exécuté au National Auditorium (te are karioi sans doute durant les célébrations de la Constitution).

Plusieurs types de danses sont généralement distingués :

  • Le kapa rima (litt. "baiser des mains") met l'accent comme son nom l'indique sur le mouvement des bras et des mains. PratiquĂ© en solo ou en groupe, il est d'un tempo relativement lent et accompagnĂ© de chants Ă  la thĂ©matique romantique[14].
  • Le 'ura pau (littĂ©ralement "danse du tambour") se caractĂ©rise par un tempo beaucoup plus rapide et une chorĂ©graphie s'appuyant sur le mouvement des hanches pour les filles et des jambes pour les garçons. À Manihiki, le 'ura pau est appelĂ© hupahupa, l'accent Ă©tant mis plus encore sur le dynamisme rythmique et des spĂ©cificitĂ©s gestuelles (bonds sur un pied, roulades sur le sol
).
  • Le 'ura piani ou danse de l'harmonica serait originaire de Tahiti s'inspirant des danses des marins europĂ©ens qui dĂ©barquĂšrent dans ces Ăźles Ă  partir du XVIIIe siĂšcle.
  • Le ute est Ă  la fois un type de danse et de chant Ă  la chorĂ©graphie comme aux paroles plus ou moins improvisĂ©es. Les hommes se tiennent gĂ©nĂ©ralement derriĂšre les femmes assises en demi-cercle, chacun improvisant sa propre gestuelle[15].

Notes et références

  1. "E pupu iti taua pupu nei, koia oki i te au tuatua rikiriki i tutuia ki mua i te au nomema : kareka te tangata, te manu, e papa, e maori" : Cette catĂ©gorie (grammaticale) est petite, consistant en des mots courts placĂ©s devant le nom (commun) : par exemple, l’homme, l’oiseau, les Ă©trangers, les indigĂšnes 
), "Te akataka reo Rarotonga; or, Rarotongan and English grammar" by the Rev Aaron Buzacott of the London Missionary Society, Rarotonga. 1854.
  2. «Maori : of, or native to the place referred to. Ordinary as opposed to exotic or imported. Thus this book it refers to people and things which are native to the Cook Islands» p. 339
  3. Recensement de 2006 (New Zealand Statistic office)
  4. Recensement de 2006 (New Zealand Statistic office)
  5. Portant le nom de Maui Pomare, ministre néo-zélandais chargé des ßles Cook de 1916 à 1928.
  6. Akono’anga maori, Cook Islands, Culture, Rarotonga, University of the South Pacific, p. 288
  7. ArrivĂ© Ă  Tahiti en 1851, cet Écossais avait rĂ©ussi Ă  acquĂ©rir des terres en Ă©pousant la fille d’Alexander Salmon et Ariitaimai, ari'i de Papara
  8. Reportage sur Makatea (1958) Tahiti TV
  9. Note de Ron Crocombe in Louis Molet « Importance sociale de Makatea dans la Polynésie Française », Journal de la Société des Océanistes, 1964, 20, p. 65-78.
  10. Il y a parfois avec ces derniers une rivalité amicale, ceux de Nouvelle-Zélande appelant ceux des Cook les "maori cocotier" et ceux des Cook surnommant ceux de Nouvelle-Zélande les "maori kumara" (patate douce).
  11. Le terme varie selon les Ăźles, ori Ă  Mauke, koni Ă  Aitutaki, ingo Ă  Atiu.
  12. Il s'agit de robes aux couleurs bariolées et aux motifs imprimés floraux introduites par les missionnaires. Nous les retrouvons dans tout le Pacifique insulaire sous des dénominations variées, "robe Mother Hubbard" aux ßles Cook ; "robe popiné" (popa'a vahine) , en Nouvelle-Calédonie et Tahiti.
  13. Pour en savoir plus sur sa confection, télécharger le film ci-dessous (commentaire anglais).
  14. La mĂȘme danse existe Ă  Tahiti avec quelques variantes sous l'appellation 'apa rima sans qu'il soit possible de savoir d'oĂč celle-ci est originaire. GĂ©nĂ©ralement un Tahitien dira que les Māori des Cook les ont copiĂ©s tandis que ces derniers affirment dĂ©tenir le tumu (la source), les Tahitiens n'Ă©tant que de "pĂąles imitateurs".
  15. Ute exécuté au Tiurai de Tahiti de 1984 par des Māori des ßles Cook vivant à Tahiti

Voir aussi

Bibliographie

  • Akono'anga Maori : Cook Islands culture / [edited by Ron Crocombe and Marjorie Tua'inekore Crocombe], Suva Fiji ; Rarotonga, Cook Islands : Institute of Pacific Studies, 2003. 370 p., [10] leaves of plates : ill., maps, ports. ; 29 cm.

Articles connexes

Liens externes

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