Manuel A. OdrĂa
Manuel Arturo OdrĂa Amoretti (Tarma, - Lima, ) est un homme d'État et militaire pĂ©ruvien. Il est portĂ© au pouvoir par un coup d’État en 1948 qui renverse la RĂ©publique. Au pouvoir, il met en place un rĂ©gime militaire dictatorial qui prend le nom d'Ochenio. Son administration se caractĂ©rise par sa progressivitĂ© et son ancrage national, fondĂ© sur le pragmatisme et le nationalisme. La reprise Ă©conomique et financière relative du pays, favorisĂ©e en partie par une conjoncture internationale bĂ©nĂ©fique : la guerre de CorĂ©e, entraĂ®ne une augmentation des exportations et le rebond de leurs prix. La crise Ă©conomique commence Ă s'aggraver pendant ses dernières annĂ©es au pouvoir.
Manuel A. OdrĂa | |
Le gĂ©nĂ©ral OdrĂa. | |
Fonctions | |
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Chef de la junte militaire du gouvernement et président de la République péruvienne | |
– (7 ans, 8 mois et 1 jour) |
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Président du Conseil | Zenón Noriega Agüero Julio de la Piedra |
Prédécesseur | José Luis Bustamante y Rivero (président de la république) |
Successeur | Manuel Prado Ugarteche (président de la république) |
Biographie | |
Nom de naissance | JosĂ© Manuel Arturo OdrĂa Amoretti |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Tarma |
Date de décès | (à 76 ans) |
Lieu de décès | Lima |
Nationalité | Péruvienne |
Parti politique | Union nationale odriiste |
Conjoint | MarĂa Delgado de OdrĂa |
Enfants | CĂ©sar Augusto OdrĂa Delgado Manuel Julio OdrĂa Delgado |
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Présidents de la République péruvienne | |
Après avoir interdit tous les partis politiques en 1951, il organise des élections législatives réservées au parti unique : l'Union nationale odriiste. En 1954, après la tentative de coup d’État de son premier ministre et potentiel successeur, le général Zenón Noriega Agüero, il durcit sa politique ce qui entraîne des tensions au sein de son propre parti.
Le , Ă©clate la rĂ©volution d'Arequipa, une lutte intense pour tenter de retrouver la dĂ©mocratie. Voulant rester au pouvoir, OdrĂa organise la rĂ©pression. Mais les combats s'Ă©ternisent et ses proches le trahissent.
A la tête d'une armée réduite, il renonce au pouvoir le et s'exile aux États-Unis, avant de revenir au pays en 1963, après la fin de la dictature de la junte militaire. Malgré de nombreuses contestations, il se déclare candidat à l'élection présidentielle de juillet 1963, où il est vaincu par l'Alliance populaire révolutionnaire américaine et l'Action populaire. Après sa défaite, son parti est dissous et lui-même est victime de plusieurs procédures judiciaires, ce qui l'oblige à abandonner la politique.
L'homme politique péruvien Enrique Odria (1968-) est un de ses descendants.
Jeunes années
OdrĂa naĂ®t en 1897 Ă Tarma, une ville des Andes centrales Ă l’est de Lima. Il termine major de sa promotion Ă l’école militaire de Chorrillos en 1915. Au cours de sa carrière militaire, il parvient au grade de lieutenant-colonel. Il s’illustre lors de la Guerre avec l’Équateur en 1941, notamment Ă la bataille de Zarumilla. Par la suite, il est rapidement promu gĂ©nĂ©ral.
« El Ochenio »
En 1945, JosĂ© Luis Bustamante y Rivero accède Ă la prĂ©sidence avec l’appui de l’Alianza Popular Revolucionaria Americana (Alliance populaire rĂ©volutionnaire amĂ©ricaine). D’importants dĂ©saccords se produisent entre VĂctor RaĂşl Haya de la Torre, le fondateur de l’Alliance populaire rĂ©volutionnaire amĂ©ricaine et le prĂ©sident Bustamante y Rivero. Le prĂ©sident dissout son cabinet Apriste et le remplace par un cabinet majoritairement militaire. OdrĂa, un fĂ©roce adversaire de l’Alliance populaire rĂ©volutionnaire amĂ©ricaine, est nommĂ© Ministre de l’IntĂ©rieur. En 1948, OdrĂa et d’autres Ă©lĂ©ments de droite insistent auprès du PrĂ©sident Bustamante y Rivero pour que l’Alliance populaire rĂ©volutionnaire amĂ©ricaine soit proscrite. Mais le prĂ©sident refuse, OdrĂa dĂ©missionne. Le , il mène avec un succès un coup d’État et prend la prĂ©sidence d’une junte militaire jusqu’en 1950. Il convoque alors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales et se prĂ©sente comme candidat unique Ă la prĂ©sidence. Il fait emprisonner son principal opposant le gĂ©nĂ©ral Montagne. Le 30 mai, il remet ses pouvoirs au gĂ©nĂ©ral ZenĂłn Noriega pour participer aux Ă©lections et il devient prĂ©sident constitutionnel du PĂ©rou le 28 juillet.
OdrĂa rĂ©prime durement l’Alliance populaire rĂ©volutionnaire amĂ©ricaine (APRA) et les communistes, et a momentanĂ©ment les faveurs de l’oligarchie et de la droite. Mais comme celui de Juan PerĂłn en Argentine, son pouvoir prend une tournure populiste qui le fait apprĂ©cier des pauvres et des couches les moins favorisĂ©es de la population. Une Ă©conomie prospère lui permet de mener Ă bien une politique sociale. Le , les femmes obtiennent le droit de vote. Sous son mandat sont instituĂ©s la SĂ©curitĂ© Sociale des SalariĂ©s, le salaire dominical ouvrier, le Fonds National de SantĂ©, Fonds National d’Éducation, un Plan National d’Éducation. Sur le plan Ă©conomique, le contrĂ´le des changes est supprimĂ©, ce qui fait baisser la monnaie locale face au dollar et favorise les exportations de matières premières et de produits agricoles (coton, sucre...). Des accords sont conclus pour l’exploitation des gisements de fer de Marcona et de cuivre de Toquepala. On construit le canal de dĂ©rivation du rio Quiroz et le rĂ©servoir de San Lorenzo dans la RĂ©gion de Piura qui permet d’irriguer de nouvelles terres. CommencĂ© sous le rĂ©gime antĂ©rieur, l’amĂ©nagement de la lagune de Choclococha dans la rĂ©gion de Huancavelica, avec sa dĂ©rivation vers la vallĂ©e cĂ´tière d’Ica, est terminĂ©.
Sur le plan international, il signe des accords de coopération économique et culturelle avec le Brésil. Comme le Chili et l’Équateur, il décide d’étendre la souveraineté maritime aux 200 milles, ce qui dérange les États-Unis dont les navires pêchent dans cette zone.
Mais dans le mĂŞme temps les droits civils sont sĂ©vèrement restreints et une corruption rampante gagne tout le rĂ©gime. On craignait que cette dictature ne s’éternise ; OdrĂa crĂ©e la surprise en dĂ©cidant de convoquer des Ă©lections gĂ©nĂ©rales en 1956 auxquelles il ne prĂ©sente pas. Ces Ă©lections sont remportĂ©es par l’ancien prĂ©sident Manuel Prado Ugarteche.
L’opposition au président Belaúnde
Aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1962, OdrĂa se prĂ©sente comme candidat de la droite pour la UniĂłn Nacional Odriista. Aucun des candidats les plus importants (Odria, Haya de la Torre et Fernando BelaĂşnde Terry) n’obtient le tiers des votes qui est requis pour ĂŞtre Ă©lu. Il apparaĂ®t qu’Odria va remporter la prĂ©sidence du Congrès, après la conclusion d’un accord avec Haya de la Torre, mais un coup d’État militaire renverse le prĂ©sident Prado quelques jours avant que ne se termine son mandat. De nouvelles Ă©lections sont convoquĂ©es en 1963 avec les mĂŞmes candidats qu’en 1962, remportĂ©es par BelaĂşnde avec 36 % des voix.
Pendant la prĂ©sidence de BelaĂşnde, OdrĂa s’allie avec Haya de la Torre pour former un groupe d’opposition au Parlement, la coalition Alliance populaire rĂ©volutionnaire amĂ©ricaine - UniĂłn Nacional OdriĂsta. Ils gĂŞnent suffisamment le PrĂ©sident BelaĂşnde, pour le forcer Ă leur faire d’importantes concessions. Cette coalition subit un revers avec la perte des Ă©lections pour la mairie de la capitale, Lima. Après le coup d’État militaire de 1968, OdrĂa s’efface de la vie politique jusqu’à sa mort en 1974.