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Mainhardt

Mainhardt est une commune de Bade-Wurtemberg (Allemagne), située dans l'arrondissement de Schwäbisch Hall, dans la région de Heilbronn-Franconie, dans le district de Stuttgart.

Mainhardt
Mainhardt
Blason de Mainhardt
Armoiries
Administration
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Land Drapeau du Bade-Wurtemberg Bade-Wurtemberg
District
(Regierungsbezirk)
Stuttgart
Arrondissement
(Landkreis)
Schwäbisch Hall
Code postal 74535
Indicatif téléphonique 07903
Immatriculation SHA
DĂ©mographie
Population 6 082 hab. ()
DensitĂ© 104 hab./km2
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 49° 05′ 00″ nord, 9° 33′ 00″ est
Altitude 471 m
Superficie 5 869 ha = 58,69 km2
Localisation
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Mainhardt
GĂ©olocalisation sur la carte : Bade-Wurtemberg
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Mainhardt
Liens
Site web www.mainhardt.de

    Histoire

    Castrum stativum, castellum et lieu de culte

    Quelques grandes villes en Allemagne peuvent s'enorgueillir d'une histoire très ancienne qui remonte Ă  l'Ă©poque romaine Ă  la suite de la crĂ©ation d'une citĂ© bien placĂ©e sur la croisĂ©e de plusieurs voies romaines majeures: c'est le cas de Cologne, Mayence, Augsbourg et surtout Trèves. MalgrĂ© sa localisation et sa taille rĂ©duite, Mainhardt, jadis tout petit village de moyenne montagne et aujourd'hui simple bourgade autour de 5 000 habitants, commence son histoire il y a plus de 1800 ans avec la construction d'un castellum pour une cohorte auxiliaire autour duquel les populations locales germano-romaines installeront un camp ou hameau[1].

    Le castrum[2] de Mainhardt a Ă©tĂ© construit en 150 apr. J.-C. Ă  300 m du limes entre ceux de Ă–hringen au pied des monts de Souabe et Franconie et Murrhardt dans la forĂŞt de Murrhardt, donc sur une ligne droite qui fait fi du relief. Il assurait la protection de la voie romaine secondaire qui venait de la vallĂ©e du Neckar Ă  Heilbronn et allait Ă  la saline de Schwäbisch Hall. InstallĂ© sur un replat entre le vallon de Baad et la vallĂ©e de la Brettach. Le castrum faisait 177 m de longueur et 142 m de largeur, ce qui reprĂ©sentait une surface intĂ©rieure de 2,4 ha. Le mur d’enceinte d’une hauteur de m avait une Ă©paisseur de 1,2 m. En 1837, le mur de la ruine du castrum atteignait encore m mais aujourd’hui il ne reste que quelques vestiges. La partie extĂ©rieure de l’enceinte Ă©tait construite en pierres de taille alors que l’intĂ©rieur Ă©tait pierres naturelles locales (Stubensandstein) disposĂ©es en arĂŞtes de poisson. Un talus de 5,5 m de largeur, renforcĂ© d’un maillage en bois, longeait le mur intĂ©rieur. Ă€ l’extĂ©rieur, deux fossĂ©s entouraient le castellum[1].

    Portes d'un castrum.1: Principia 2: Via Praetoria 3: Via Principalis 4: Porta Principalis Dextra 5: Porta Praetoria 6: Porta Principalis Sinistra 7: Porta Decumana.

    Le fossĂ© intĂ©rieur faisait m de large et 1,5 m de profondeur, le fossĂ© extĂ©rieur faisait 5,3 m de largeur et 1,2 m de profondeur. Leur vocation Ă©tait dĂ©fensive. Quatre portes flanquĂ©es de deux tours permettaient l’accès Ă  chaque point cardinal[1]. Le nom des portes sont les mĂŞmes que pour les camps provisoires ou non des lĂ©gions[3]:

    • Porta praetoria Ă  l’est ;
    • Porta decumana Ă  l’ouest ;
    • Porta principalis dextra au sud ;
    • Porta principalis sinistra au nord.

    La porte orientale est actuellement enfouie sous l’ancienne maison (Amtshaus) des Hohenlohe-Bartenstein. C’était la plus grande car elle disposait de deux passages distincts séparés par un mur. Quatre tours d’angle et deux tours latérales sur chaque façade faisaient monter le nombre de tours à douze sans compter les tours des portes d’accès[1].

    À l’intérieur du castellum, les différents bâtiments se composaient :

    • de la principia (bâtiment du commandement) avec l’autel, les salles de travail, la salle d’armes et la pièce de rĂ©union ;
    • du praetorium qui est la maison personnel du commandant[4] ;
    • du valetudinarium qui est l’infirmerie ;
    • du horreum qui est un grenier Ă  grains ;
    • du contubernium rassemblant les baraquements des soldats.
    • des bâtiments annexes sont les ateliers et les Ă©curies ou Ă©tables[1].

    À côté d’un castellum auxiliaire, un hameau du camp finit par se créer avec les populations autochtones qui partageaient le quotidien des troupes auxiliaires dans une relation de dépendance d’un point de vue économique. Ce hameau restera après le départ des romains et donnera naissance au village médiéval. Les fouilles archéologiques ont révélé une structure de village-rue avec façade sur rue et caves aménagées en bois. Comme dans d’autres sites archéologiques, la rue devait comporter des commerçants et des artisans et quelques maisons privées pour les habitants et éventuellement les familles des soldats. Les fouilles n’ont pas permis de trouver les bains ou thermes, ni le cimetière des soldats ou des locaux[1].

    Le castrum de Mainhardt n'est pas spécifique à la localité, il correspond aux normes fixées par les romains pour l'érection des légions, des cohortes, des troupes auxiliaires avec leurs camps ou bivouacs fortifiés respectifs. Quand le camp devient permanent, castra stativa, des agglomérations urbaines se forment autour du camp[5] comme ce fut le cas sur le tracé du limes dans les monts de Souabe et Franconie.

    Le castellum, un petit castrum ou fortin, fut dĂ©couvert en 1975 pendant les travaux de construction du nouveau quartier rĂ©sidentiel Mainhardt-Est. Il se situe Ă  30 m derrière le limes cĂ´tĂ© romain. Il forme un carrĂ© 25 m de cĂ´tĂ©, soit 540 m2 de surface. Les angles du fortin sont arrondis et il ne prĂ©sente qu'une seule porte orientĂ©e vers le limes renforcĂ©e par une tour. Le fortin Ă©tait entourĂ© d'un fossĂ© de m de largeur sauf devant l'entrĂ©e de la porte. Un chemin de ronde en bois Ă©tait amĂ©nagĂ© Ă  l'intĂ©rieur le long du mur comme une sorte d'Ă©chafaudage soutenu par des poteaux. Le centre de la cour intĂ©rieure Ă©tait dallĂ© et autour du dallage des baraquements en forme de fer Ă  cheval hĂ©bergeaient la troupe et les espaces de travail. La partie intĂ©rieure de ces baraques face cour dallĂ©e comportait un sentier avec avancĂ©e de toit pour protĂ©ger de la pluie et de la neige. De tels castella servaient de base arrière aux soldats qui Ă©taient de garde dans les tours du limes. Les gardes alternaient entre la tour de guet et le fortin[6].

    Entre le castrum et le castellum, des fouilles archéologiques démarrées dans les années 1940 et stoppées par la guerre, ont mis au jour un temple dédié à Jupiter qui comportait une cella avec la statue du dieu et de nombreuses stèles votives caractéristiques des prières et vœux des suppliants dans les pratiques cultuelles romaines[7]. Ce sont sur ces stèles qu'ont été retrouvés les noms de n ombreux soldats et celui de la cohorte montée des Asturies (Cohors Asturum equitata no 1[8].

    Occupants du castrum

    Les conflits frĂ©quents sur la rive droite du Rhin entre les Chattes et les lĂ©gions romaines sous l’empereur Domitien plus au nord dans la VettĂ©ravie et le Taunus ont poussĂ© les autoritĂ©s romaines Ă  stabiliser les frontières ou « limites Â» (pluriel de « limes Â») aux confins de la Germanie sur le Main, dans l’Odenwald et sur le Neckar moyen. La jonction entre le tronçon du limes Taunus-Wetterau et le tronçon du Jura souabe fut rĂ©alisĂ©e au premier siècle apr. J.-C.8. Les monts de Souabe et Franconie sont encore en terres germaniques Ă  ce moment-lĂ . Le limes germanique supĂ©rieur fut dĂ©placĂ© de la vallĂ©e du Neckar vers les monts de Souabe et Franconie.

    La garnison Ă©tablie dans le castrum de Walheim-sur-Neckar Ă©tablit son camp Ă  Mainhardt, partie occidentale et franconienne dans la forĂŞt de Mainhardt. Huit castra de cohortes, 9 castella et 267 tours de guet surveillaient la frontière romaine du Main Ă  Lorch qui fut renforcĂ© sous Antonin le Pieux vers 150 apr. J.-C. L’exemple du castrum de Mainhardt est applicable Ă  ceux de Welzheim et Murrhardt dans le massif souabe-franconien ou Ă  Ă–hringen dans la plaine de Hohenlohe car tous les castra rĂ©pondent aux mĂŞme normes pour faciliter l'organisation et augmenter l'efficacitĂ© du camp Ă  chaque Ă©tape ou en cas de changement de camp.Les parties du camp sont toujours rigoureusement Ă  la mĂŞme place[9] en Germanie comme en Gaule ou en Belgique. .

    Les fouilles archĂ©ologiques des annĂ©es 1940 sur un lieu de culte dĂ©diĂ© Ă  Jupiter ont dĂ©voilĂ© grâce Ă  certaines stèles les noms de soldats romains en poste sur ce tronçon du limes et surtout le nom de la cohorte auxiliaire stationnĂ©e dans ce secteur : Cohors I Asturum equitata. Elle a Ă©tĂ© fondĂ©e Ă  l’origine avec des recrues des Asturies (Espagne) et elle Ă©tait partiellement composĂ©e de cavaliers. Une cohorte auxiliaire comptait environ 400 hommes, c’est-Ă -dire six centuries. Ă€ partir de 213 apr. J.-C., les incursions des Francs et des Alamans en RhĂ©tie et en Germanie supĂ©rieure sont devenues frĂ©quentes. Plusieurs fois, ils ont Ă©tĂ© repoussĂ©s. En 259-260, la percĂ©e des tribus germaniques ne put ĂŞtre empĂŞchĂ©e. Deux ans plus tard, la zone entre le limes et le Rhin fut abandonnĂ©e et la frontière de l’Empire romain devint le Rhin.

    Seul le hameau annexe du castellum romain restera après le départ de la cohorte qui donnait du travail aux habitants locaux. Toutefois, le hameau tombe dans l'oubli jusqu'au Moyen Âge où son nom apparaîtra dans un acte de transaction entre seigneuries.

    • Plan du castrum de Mainhardt superposĂ© sur le village.
      Plan du castrum de Mainhardt superposé sur le village.
    • Visualisation d'une palissade et d'un fossĂ© du Limes germanique Ă  Mainhardt.
      Visualisation d'une palissade et d'un fossé du Limes germanique à Mainhardt.
    • Panneau informatif sur castellum Holzheimer Unterwald semblable Ă  celui de Mainhardt.
      Panneau informatif sur castellum Holzheimer Unterwald[10] semblable Ă  celui de Mainhardt.
    • Fondations du fortin de Holzheim, Hesse.
      Fondations du fortin de Holzheim, Hesse.
    • Porte prĂ©torienne reconstituĂ©e au castrum de Welzheim, comparable Ă  celui du castrum de Mainhardt.
      Porte prétorienne reconstituée au castrum de Welzheim, comparable à celui du castrum de Mainhardt.
    • Reconstitution graphique d'une porte prĂ©torienne Ă  PfĂĽnz.
      Reconstitution graphique d'une porte prétorienne à Pfünz.
    • Mur intĂ©rieur de castrum en arĂŞtes de poisson.
      Mur intérieur de castrum en arêtes de poisson.
    • Vestiges du mur du castrum de Mainhardt.
      Vestiges du mur du castrum de Mainhardt.
    • TracĂ© du limes de RhĂ©tie et Germanie

    Cité frontière sur le limes de Germanie supérieure

    Reconstitution d’une tour de guet sur le limes de Germanie.
    Phases de construction et rénovation du Limes.

    Le « limes » est une frontière physique de l’Empire romain au IIe siècle apr. J.-C., matĂ©rialisĂ©e par une palissade, un fossĂ© et des tours de guet en bois, puis en pierre pour le tronçon en Germanie. Il est surveillĂ© Ă  intervalle rĂ©gulier par des fortins (castella) et des camps permanents (castra) oĂą vivent des troupes auxiliaires organisĂ©es en cohortes. Au moindre incident signalĂ© par les tours de guet, les troupes peuvent venir du castrum le plus proche. Il va de Bad Hönningen/Rheinbrohl sur le Rhin Ă  Eining sur le Danube ; cela reprĂ©sente une distance d’environ 500 km[11]. En dehors des tours reconstituĂ©es ou Ă  l’état de ruine, il est encore possible de voir sa trace dans la nature en se promenant dans la forĂŞt du parc de la forĂŞt souabe-franconienne car le fossĂ© rectiligne en contrebas du talus oĂą se trouve le chemin de randonnĂ©e dure sur des kilomètres dans les bois. Au IIIe apr. J.-C., les tribus franques et alamanes rĂ©ussissent leur percĂ©e du limes de manière durable et s’enfoncent dans les terres jusqu’au Rhin. L’Empire romain renonce Ă  dĂ©fendre le territoire perdu et ramène sa frontière au Rhin. Mainhardt qui Ă©tait en Germanie supĂ©rieur sous influence romaine passe dorĂ©navant dans le giron des tribus germaniques. Les traces romaines ne sont visibles que dans la pierre et le fossĂ© du limes. La population locale adoptera la culture franque[2]. Mainhardt perd son statut de citĂ©-frontière pour cette Ă©poque.

    Liens externes

    Références

    1. Harry Massini (dir.), Horst ClauĂź et al., Die Gemeinde Mainhardt : Wie sie war und wurde, eine historische Betrachtung, Gemeinde Mainhardt, , 256 p., chap. 2 (« Tout commença avec les romains »), p. 14-22. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
    2. (de) Felix Dahn, Urgeschichte der germanischen und romanischen Völker, t. 2, BoD, , 568 p. (ISBN 3846082791 et 9783846082799), p. 438.
    3. Jean Dautry, Georges Hacquard et Olivier Maisani, Guide romain antique, Hachette, coll. « Faire le point Références », , 224 p. (ISBN 2010004884 et 978-2010004889), p. 70.
    4. Dautry, Hacquard et Maisani 1967, p. 70.
    5. Dautry, Hacquard et Maisani 1967, p. 69.
    6. Clauss 1987, p. 19.
    7. Jean Dautry, Georges Hacquard et Olivier Maisani, Guide romain antique, Hachette, coll. « Faire le point Références », , 224 p. (ISBN 2010004884 et 978-2010004889), p. 26-27.
    8. Clauss 1987, p. 21.
    9. Dautry, Hacquard et Maisani 1967, p. 69-70.
    10. (de) « Holzheimer Unterwald », sur Site du tronçon Taunus-Wetterau, (consulté le ).
    11. Limes.
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