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MĂ©senchyme

Le mésenchyme est un tissu de soutien embryonnaire à l'origine de diverses formes de ces tissus chez l'adulte.

Embryologiquement, il est souvent dérivé du sclérotome, lui-même dérivant du mésoderme para-axial, mais un tissu ayant une autre origine peut très bien avoir des caractéristiques anatomiques mésenchymateuses, et y être donc assimilé.

MĂ©senchyme comme stroma

Par abus de langage, on l'oppose usuellement au mot parenchyme qui désigne les tissus nobles des organes. Le mésenchyme, ainsi défini, aussi dénommé sous cette acception stroma, est un tissu considéré comme ayant deux rôles pour le parenchyme :

  1. MĂ©canique : de remplissage, de soutien. Il donne la forme Ă  l'organe et le maintient en place ;
  2. MĂ©tabolique : de nutrition et d'Ă©changes.

Le mésenchyme est le lieu de passage entre le sang et le parenchyme. Cette voie est à deux sens puisque le sang est nourri en oxygène, le parenchyme déverse ses surplus et productions dans le mésenchyme. Dans le sens parenchyme/circulation, la sortie se fait par les voies veineuse et lymphatique. Le sang et la lymphe peuvent être considérés comme des tissus mésenchymateux liquides. Le mésenchyme est aussi le lieu de réserve d'eau et d'une grande part des phénomènes immunitaires.

Plus la fonction mécanique est importante (tissu tendineux), moins la fonction métabolique est présente et inversement. Tous les organes du corps en contiennent, de 20 % environ pour les glandes à presque 100 % pour le tissu osseux. La moyenne est de 80 % pour l'ensemble du corps. Le tissu de soutien est donc le constituant principal de l'être humain.

Origine embryonnaire

La majeure partie du mésenchyme est dérivée du mésoderme. Il existe cependant des tissus mésenchymateux ayant une origine notamment ectodermique. C'est le cas notamment de certains organes du squelette facial, dont les cellules ont pour origine une migration depuis les crêtes neurales. Ce mésenchyme provient donc de tissu neurectodermique.

Description

Une architecture mésenchymateuse supracellulaire peut être définie par contraste avec l’organisation épithéliale supracellulaire par :

  • des interactions entre les cellules telle qu’une couche cellulaire continue ne peut ĂŞtre formĂ©e ;
  • l’absence de membranes apicales et latĂ©rales claires ;
  • la distribution non polarisĂ©e des diffĂ©rentes organelles et composants du cytosquelette ;
  • la motilitĂ© voire l'invasivitĂ© de ces cellules.

Au cours du développement et de la progression cancéreuse, le mésenchyme peut être un état intermédiaire à la formation d’une structure épithéliale à partir d’une autre structure épithéliale (Transition épithélio-mésenchymateuse EMT et MET en)

Transition épithélio-mésenchymateuse

Passage d'un épithélium dont les cellules polarisées sont liées par des jonctions serrées, des jonctions gap, des jonctions adhérentes, et des desmosomes à un mésenchyme où les cellules ne sont plus liées entre elles mais constituent un tissu de soutien relié par la matrice extracellulaire et où les cellules sont capables de migration.

Événements cellulaires nécessaires à la transition épithélio-mésenchymateuse :

  • rĂ©organisation de l’adhĂ©rence intercellulaire ;
  • rĂ©organisation de l’adhĂ©rence matricielle ;
  • remodelage du cytosquelette ;
  • changement dans la polaritĂ© cellulaire.
Au cours du développement
Chez l'adulte

Marqueurs cellulaires notoires

Épithélium
MĂ©senchyme

Mécanismes impliqués

  • Disparition des jonctions serrĂ©es (facteurs de croissance, cytokines, ECM)
  • Disparition des jonctions adhĂ©rentes, desmosomes, E-cadhĂ©rine
  • RĂ©organisation du cytosquelette d’actine et perte de polaritĂ©
  • Changement de types de filaments intermĂ©diaires : cytokĂ©ratines-vimentine
Gènes réprimés
  • E-cadhĂ©rine
  • Claudines
  • Occludine
  • Desmoplakines
  • KĂ©ratines
Gènes activés
  • N-cadhĂ©rine
  • Fibronectine
  • Vitronectine
  • Vimentine

Modèles d’étude de la transition épithélio-mésenchymateuse

Modèles de cellules épithéliales embryonnaires
  • Gastrulation chez les vertĂ©brĂ©s (xĂ©nope, poulet) : changements de morphologie cellulaire (cellules en bouteille, ligne primitive)

Répression de l’E-cadhérine - Rupture de la lame basale - Expression de la N-cadhérine

Changements de morphologie cellulaire - Répression de l’E-cadhérine - Expression de la N-cadhérine
  • Gastrulation chez les Ă©chinodermes (oursin) : changements de morphologie cellulaire - RĂ©pression de la cadhĂ©rine-1
  • DĂ©lamination des cellules des crĂŞtes neurales (poulet)
    • Changements de morphologie cellulaire
    • RĂ©pression de la N-cadhĂ©rine - Expression de la cadhĂ©rine-7 - Rupture de la lame basale
    • Changements de rĂ©pertoire d’intĂ©grine
Modèles de cellules épithéliales en culture
  • LignĂ©e de cellules de carcinome de vessie de rat (NBT-II) : Transition si:+ FGF-1 + TGFα + Collagen-I
  • LignĂ©e de cellules de rein de chien (MDCK = Madin-Darby canine kidney cells : Transition si : + HGF/SF
  • LignĂ©e de cellules Ă©pithĂ©liales mammaires humaines (MCF10) : Transition si : + TGF-β + MĂ©talloprotĂ©ases
  • SĂ©grĂ©gation cellulaire et formation de nouvelles populations cellulaires : gastrulation, dĂ©lamination des cellules des crĂŞtes neurales, remodelage des somites
    • Migration cellulaire : gastrulation, dĂ©lamination des cellules des crĂŞtes neurales
    • Morphogenèse : gastrulation, formation des somites, du tube digestif, des valves cardiaques.

La transition épithélio-mésenchymateuse est associée à des sauts évolutifs majeurs : animaux triploblastiques, vertébrés.

Activation de la voie β-caténine
  • L’absence de l’E-cadhĂ©rine dans des cellules ES entraĂ®ne une redistribution de la bĂ©ta-catĂ©nine dans le noyau.
  • La β-catĂ©nine est transitoirement accumulĂ©e dans le noyau des cellules des crĂŞtes neurales Ă  la suite de la dĂ©lamination.

Facteurs de transcription impliqués

La TEM met en jeu un répertoire restreint de facteurs de transcription :

  • Snail (Snail-1, Slug) (inhibe N et E-cadhĂ©rine Occludine Claudine et active MMP9, metalloprotĂ©ase et est inhibĂ© par GSK3β) ;
  • ZEB (SIP-1) (inhibe E-cadherin) ;
  • bHLH (Twist, E-47) ;
  • Ets (active IntĂ©grines VE-cadhĂ©rine MĂ©talloprotĂ©ases et est inhibĂ© par Ras/MapK, CAM Kinase II).

Ets-1 est exprimé par les cellules des crêtes neurales au cours de leur délamination. La surexpression ectopique d’Ets-1 induit une TEM avec rupture de la lame basale mais pas la migration.

Voies de signalisation

Les voies d’induction de la transition épithélio-mésenchymateuse sont multiples :

Morphogènes/Facteurs de croissance
  • TGF-bĂ©ta/BMPs
  • FGF/EGF/TGF-bĂ©ta
  • HGF/SF
  • Wnt
  • Notch
  • Shh
Matrice extracellulaire
  • MĂ©talloprotĂ©ases
  • IntĂ©grines (La kinase ILK activĂ©e par les intĂ©grines induit le TEM de cellules Ă©pithĂ©liales mammaires en rĂ©primant l’expression de la E-cadhĂ©rine)
  • Collagène
Tensions mécaniques (par l’environnement ou les cellules voisines)

Différents modes de transition épithélio-mésenchymateuse :

  • voie BMP-4 ;
  • voie Wnt-1 induced proliferation and EMT ;
  • voie Notch-Delta controled lateral inhibition and EMT ;
  • division cellulaire asymĂ©trique.

Transitions épithélio-mésenchymateuses (EMT) et Cancer

  • Les caractĂ©ristiques molĂ©culaires de l'EMT : celles-ci incluent une sous-rĂ©gulation de E-cadhĂ©rine responsable de la perte de l'adhĂ©sion intercellulaire et un dĂ©tachement subsĂ©quent d'avec l'Ă©pithĂ©lium parent; une sur-rĂ©gulation de protĂ©ases dĂ©gradant la matrice qui digèrent la membrane basale Ă©pithĂ©liale ; une sur-rĂ©gulation et/ou une translocation de facteurs de transcription sous-tendant le programme gĂ©nĂ©tique spĂ©cifique de l'EMT, Ă  savoir la catĂ©nine beta, les Smads, et des membres de la famille Snail, la crĂ©ation de l'expression de protĂ©ines mĂ©senchymateuse tel que la fibroblast specific protein 1 (FSP1), de vimentine, et d'actine alpha de muscle lisse, la rĂ©organisation cytosquelettique par l'intermĂ©diaire de la Ras homologous (Rho) guanosine triphosphatase (GTPase) pour favoriser la forme cellulaire et activer leur mobilitĂ© ; la perte de cytokĂ©ratines et d'autres marqueurs spĂ©cifiques de cellules Ă©pithĂ©liales; et la formation de matrice de type interstitiel tel que le collagène de type I et III et de fibronectine.
  • Implication dans la dissĂ©mination mĂ©tastasique : dans le processus de cancerisation, les mĂ©tastases sont produites par une transition Ă©phitĂ©lium mĂ©senchyme permettant le dĂ©tachement et la dissĂ©mination des cellules cancĂ©reuses dans tout l'organisme. on peut observer une rĂ©pression de la E-cadhĂ©rine dans les carcinomes invasifs et une expression de Snail-1 dans les carcinomes invasifs.
  • Implication dans un milieu sain : ce type de processus s'observe aussi au niveau de tissus sains comme dans le pancrĂ©as avec la migration des cellules beta et gamma dans les Ă®lots de Langerhans ainsi que dans le rein et dans l'organe de l'audition (organe de Corti) lors de l'ouverture du tunnel de Corti entre les cellules piliers et lors de la formation des espaces de Nuel entre les cellules de Deiters et leur cellules sensorielles externes (celui-ci est en cours d'Ă©tudes)[1]. Il intervient aussi lors de la formation des canaux semi-circulaires de l'oreille interne permettant les fonctions vestibulaires de celle-ci.

Notes et références

  1. (en) Johnen N, Francart ME, Thelen N, Cloes M, Thiry M, « Evidence for a partial epithelial-mesenchymal transition in postnatal stages of rat auditory organ morphogenesis Â» Histochem Cell Biol, 2012;138:477-88
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