Louis de Clouet
Louis de Clouet de Piettre[1], comte de La Fernandina, vicomte de Jagua, né en Louisiane le 6 ou , et mort à Cordoue le , est un militaire et homme d'affaires espagnol d'origine française.
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(à 82 ans) Cordoue |
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Il est connu pour avoir fondé la ville de Cienfuegos à Cuba.
Biographie
Origines familiales
Créole né le 6 ou [2] en Louisiane alors colonie espagnole, Louis est le fils d'Alexandre-François-Joseph de Clouet de Piettre, commandant du fort des Atakapas et des Oppelousas. Il se destine à l'armée dès l'âge de 11 ans, et devient cadet en 1782.
Le 1er octobre 1791, il se marie avec la créole de Louisiane Clara Lopez de la Peña, petite-fille d'Antoine de Mandeville.
Résidence à Bordeaux
Après une carrière au service de l'Espagne en Haute-Louisiane[3] et à Cuba, jusqu'au grade de colonel, il décide de s'installer en France en 1814, à la chute du premier Empire. À peine arrivé à Bordeaux, il est obligé de repartir sous un déguisement, et ne revient qu'à la seconde Restauration. Il acquiert l'ancien hôtel de l'Intendance, dans lequel il réside avec sa famille jusqu'en 1822, date à laquelle un de ses fils, Luis-Juan, y meurt à la suite d'un duel.
Fondation de Cienfuegos
La colonie espagnole de Cuba, dirigée alors par une minorité blanche, repose sur une économie esclavagiste[4]. La révolte des captifs dans la colonie voisine de Saint-Domingue, incite la Couronne espagnole à faire augmenter la population blanche sur l'île[5]. De plus, la baie de Jagua, sur la côte sud de Cuba, occupe une place privilégiée pour la construction d'une cité portuaire destinée au commerce du sucre.
Louis de Clouet, convainc le gouverneur de Cuba, José Cienfuegos, de l'opportunité d'y installer des artisans français en provenance de Bordeaux et de Nantes.
En 1819, un convoi de 46 colons français, tailleurs, cordonniers, menuisiers, boulangers, etc. , quitte le port de Bordeaux, et débarquent à La Havane. Dix d'entre eux s'y arrêteront définitivement. Les trente-six restants débarquent sur la péninsule de Majagua et, le , l'acte de fondation de la Colonia de Fernandina est signé, nommée ainsi en l'honneur du roi d'Espagne Ferdinand VII[5].
Six mois plus tard, de nouveaux arrivants renforcent les premiers colons, en provenance de la Nouvelle-Orléans, Philadelphie et Bordeaux. En 1822, 789 habitants sont recensés.
Toutefois l'installation des nouveaux arrivants n'est pas sans difficultés, en raison du climat tropical et des conflits territoriaux avec les propriétaires de terres adjacentes déjà installés. 1825 voit l'arrivée d'un ouragan dévastateur, qui détruit église et hôpital. Tout est à recommencer et surtout à refinancer. Le gouverneur de Clouet se rend à La Havane, pour solliciter l'aide de la Couronne, représentée par le capitaine général José Cienfuegos. L'heureuse conclusion de ces négociations aboutit au changement de nom de la ville qui devient le la Villa de Cienfuegos[6]. En 1833, la ville compte 2719 habitants dont 1896 sont blancs, 290 de couleur et 533 esclaves[4].
Fortement controversé en raison de son despotisme et de sa propension à mêler ses affaires personnelles aux affaires publiques, Louis de Clouet est victime, en , d'une tentative d'assassinat qui lui laisse l'épaule droite brisée en plusieurs endroit. Il est ensuite contraint de rentrer à Bordeaux et laisse le commandement à son fils aîné José Alexandre. Il ne reviendra jamais dans la colonie qu'il a dirigée.
Le , il est créé par la reine Isabelle II vicomte de Jagua, comte de La Fernandina, avec Grandesse d'Espagne.
Tandis que sa famille est restée à Bordeaux, lui meurt le à Cordoue où il avait acquis un domaine[4].
Rapatriement de ses restes
En avril 1958, un an avant la Révolution, le gouvernement cubain obtint de l'Espagne que ses restes soient transférés à Cienfuegos et déposés dans le monument dressé à sa mémoire[4].
Vie familiale
De son mariage en 1791 avec Claire (ou Clara) Lopez de la Peña (petite-fille d'Antoine de Mandeville), il eut quatorze enfants, dont Joseph-Alexandre, capitaine puis lieutenant-colonel au service de l'Espagne, après sa participation aux guerres carlistes.
Clouet et la franc-maçonnerie
Proche des centres de diffusion de la Franc-maçonnerie bordelaise, qui a tissé des ramifications vers Saint-Domingue, la Nouvelle-Orléans et jusqu'à Philadelphie, Clouet est le fondateur à la Havane en 1818 du premier chapitre maçonnique de hauts grades écossais de Cuba, le Temple des Vertus théologales[7], création avalisée par le Grand Orient de France[4].
En 1824, il est l'initiateur d'une première loge à San Fernandina de Jagua[4].
Confusions fréquentes
L'histoire de la Louisiane franco-espagnole au XVIIIe siècle est complexe : en 1762, la colonie française est donnée à la couronne espagnole. Tous les officiers français sur place deviennent officiers de l'armée espagnole au même grade en vertu du pacte de famille. Les deux langues, le français et l'espagnol, continuent d'être utilisées simultanément, donnant lieu à de nombreuses erreurs de transcription. C'est ainsi que l'on retrouve fréquemment Don Luis d'Clouet, ou Luis de Clouet de Piedre dans les sources hispaniques[8].
Notes et références
- Claude Ader-Martin, « Un destin hors du commun », sur AQAF,
- « Généalogie de Louis de Clouet de Piettre », sur Geneanet (consulté le )
- (en) « For Defense of Country and Glory of Arms », sur reenactor.ru
- Claude Ader-Martin, « Louis de Clouet de Piettre, un destin hors du commun entre les Amériques et Bordeaux - AQAF | Aquitaine Québec Amérique du nord Francophone », (consulté le )
- Histoire physique, politique et naturelle de l'île de Cuba: Tome 2. Agriculture, commerce, revenus et appendice, Bertrand, (lire en ligne)
- « Une ville française à Cuba par Jean Lamoré »
- « Bordelais et Aquitains à Cuba après l'insurrection des esclaves de Saint-Domingue en 1791 », SudOuest.fr, (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
- « Luis De Clouet - EcuRed », sur www.ecured.cu (consulté le )