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Louis Niel

Louis Niel, né le à Aubin (Aveyron) et mort le à Bastia (Haute-Corse), est un syndicaliste français. Il a été secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT) du au .

Louis Niel
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  79 ans)
Bastia
Nationalité
Activité

Biographie

Les notations biographiques concernant Louis Niel sont Ă©parses et fragmentaires. La notice que lui consacre le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (le Maitron) ne livre que peu de choses sur l'homme. La plupart des ouvrages consacrĂ©s au syndicalisme des annĂ©es 1900 ne reprennent que des notations qui relèvent plus du jugement que de l'Ă©tude de l'action rĂ©elle. Les cinq mois durant lesquels Louis Niel a dirigĂ© la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail, semblent annihiler le militant syndical qu'il a Ă©tĂ©, en le « condamnant » Ă  porter une Ă©tiquette de « rĂ©formiste »[1].

MariĂ©, père de deux enfants[2] Louis Niel aurait pour profession d'origine celle de garçon de cafĂ©, Ă  Sète (Cette), puis Ă  Montpellier, oĂą il s'installe en 1888[3]. Il devient typographe. Autodidacte comme la plupart des militants syndicalistes de l'Ă©poque, il dispose cependant d'un capital scolaire supĂ©rieur au certificat d'Ă©tudes[4]. Après qu'il eut quittĂ© le secrĂ©tariat de la CGT, il travaille comme correcteur au journal Le Temps. Il quitte Paris après quelques annĂ©es, pour s'installer Ă  Toulouse. Il aurait Ă©tĂ© employĂ© Ă  la SociĂ©tĂ© des auteurs et compositeurs dramatiques. Vers 1935, Albert Bedouce, le maire socialiste de la « ville rose », l'aurait fait entrer dans un service de la municipalitĂ©[5] Ce peu de renseignements semble indiquer que contrairement Ă  ce qu'il est affirmĂ© par ailleurs, Niel garde contact, de loin avec le mouvement mutualiste ou ouvrier[6]. En [7] ou plus sĂ»rement en [8], il est Ă©lu secrĂ©taire de la Bourse du travail de Montpellier. Cette nomination ne vient pas par hasard mais sans doute Ă  la suite d'un militantisme, qui lui a donnĂ© une bonne notoriĂ©tĂ© locale. Son Ă©lection et celle de ses deux adjoints est considĂ©rĂ©e comme une victoire des anarchistes. Le fait qu'il soit salariĂ© par la municipalitĂ©[9] n'est pas disqualifiant dans cette rĂ©gion du « Midi rouge ». Les municipalitĂ©s rĂ©publicaines ont permis une implantation de ces structures. Ainsi, Ă  Montpellier, la municipalitĂ© accorde dès 1891 un local aux syndicats, alors qu'il n'existe pas encore d'Union syndicale[10]. Louis Niel[11] est âgĂ© de 29 ans en 1901. Il commence alors une activitĂ© syndicaliste nationale, constante et très argumentĂ©e. Il demeure secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Bourse du travail de Montpellier jusqu'en 1909, annĂ©e oĂą son Ă©lection au secrĂ©tariat de la CGT l'amène temporairement Ă  quitter la ville languedocienne.

1901-1910 un syndicaliste de premier plan

La dĂ©cennie qui suit l'accession de Niel Ă  un poste clĂ© du syndicalisme hĂ©raultais le montre infatigable. Il participe de 1901 Ă  1910 inclus Ă  tous les congrès de la jeune ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail. Et le terme « participe » est faible, car lors de chacun d'entre eux, il prĂ©side des sĂ©ances, intervient dans les dĂ©bats, prĂ©sente des motions, dĂ©fend des points de vue, qui au sein de la mouvance Syndicaliste-rĂ©volutionnaire tĂ©moignent d'une originalitĂ© qui le fait se dĂ©marquer des autres leaders syndicaux.

Syndicalisme et socialisme Ă  Montpellier

Le peu qui apparaĂ®t sur l'activitĂ© de Niel avant 1901[12] laisse supposer qu'il a participĂ© Ă  des rĂ©unions anarchistes avant de devenir un des leaders du syndicalisme montpelliĂ©rain. Ce qui est sĂ»r, c'est qu'en , il participe Ă  Londres Ă  un meeting organisĂ© par les Trade-Unions anglais. Il figure parmi la cinquantaine de dĂ©lĂ©guĂ©s français Ă  y avoir Ă©tĂ© invitĂ©. Jean Maitron remarque qu'il est avec Émile Pouget un des orateurs Ă  cette rare rĂ©union internationale[13] L'HĂ©rault est une terre tĂ´t « labourĂ©e » par le syndicalisme. Parmi eux, les typographes sont prĂ©curseurs. Dès 1870, ils s'organisent en syndicat, menant grève Ă  l'occasion comme en 1881[14]. La Bourse du travail de Montpellier, officiellement crĂ©Ă©e en 1891, est fort active et la dĂ©signation de la ville, pour accueillir en 1902 le 7e Congrès de la CGT, ne tient pas seulement de la personnalitĂ© de son leader. Parallèlement au syndicalisme, cette partie du Languedoc, voit s'Ă©panouir le mouvement socialiste[15]. L'ouvrier typographe Jean-Baptiste BĂ©nĂ©zech, fondateur de la Bourse du travail, entre en 1896 au conseil municipal de la ville[16]. Bien que membre du POF, l'activitĂ© de Benezech, Ă©lu dĂ©putĂ© de la première circonscription de l'HĂ©rault de 1898 Ă  sa mort en 1909, montre un homme rassembleur, peu amateur de controverse doctrinale[17], qui aspire Ă  l'unitĂ© socialiste. Il adhère en 1905 au Parti socialiste, unifiĂ©. Or Louis Niel, dont on peut supposer qu'il connaĂ®t son dĂ©putĂ©, est dit avoir ralliĂ© le mĂŞme parti Ă  la mĂŞme Ă©poque.

Artisan de la refondation syndicale de la CGT, 1902

Louis Niel participe au 6e Congrès de la CGT, tenu Ă  Lyon du 23 au [18]. Mais quelques jours avant ce congrès, il participe au 9e Congrès de la FĂ©dĂ©ration des Bourses du travail, tenu Ă  Nice, du 17 au . Le principal point mis en discussion concerne « l'unitĂ© ouvrière ». Le reprĂ©sentant de la Bourse du travail de Montpellier[19] intervient beaucoup. De quoi s'agit-il ? FondĂ©e en 1895, la CGT est bicĂ©phale. Les fĂ©dĂ©rations d'industrie et les syndicats de mĂ©tiers sont membres de la section des fĂ©dĂ©rations, les Bourses du travail sont rassemblĂ©es dans la FĂ©dĂ©ration des Bourses du travail. Jusqu'en 1902, les Congrès des deux organisations « confĂ©dĂ©rĂ©es » ne se tiennent pas en mĂŞme temps, ni dans la mĂŞme ville. Le seul organisme commun rĂ©side en une direction confĂ©dĂ©rale. Au niveau local, le cloisonnement pose Ă©videmment problème. Jusqu'en 1901, la fĂ©dĂ©ration des Bourses est dirigĂ©e par Fernand Pelloutier[20] militant « historique », prolĂ©taire et intellectuel, une personnalitĂ© de poids Ă  cĂ´tĂ© des premiers secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux de la ConfĂ©dĂ©ration. Sa mort en change la situation. Elle pousse Ă  revoir les structures, Ă  rassembler les organismes de direction. Niel se fait le « champion » de cette « unitĂ© ouvrière », mais les pesanteurs de l'existant, la crainte de perdre leur identitĂ© freine les choses. Georges Yvetot successeur de Pelloutier partisan de cette unitĂ©, temporise en programmant une consultation sur le sujet. Le Congrès de la ConfĂ©dĂ©ration tenu Ă  Lyon la semaine suivante adopte le processus. Niel y intervient avec talent et obtient que le prochain Congrès, en 1902, ait lieu Ă  Montpellier. Cette dĂ©signation n'est pas sans arrière fond. Le rĂ´le du comitĂ© organisateur dans la prĂ©paration du Congrès, permet Ă  Niel, prĂ©sident de ce comitĂ©, de signer conjointement avec le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral (Victor Griffuelhes) les convocations et l'ordre du jour[21]OmniprĂ©sent pendant le Congrès, prĂ©sident le premier jour, prĂ©sident la sĂ©ance finale, Niel obtient facilement que les nouveaux statuts mis en discussion du Congrès prennent effet au . La fusion des deux fĂ©dĂ©rations gravĂ©e dans le texte de statuts dont chaque article est mis en discussion et au vote des congressistes si nĂ©cessaire[22] donne lieu Ă  un vote final dont la presque quasi-unanimitĂ© est un phĂ©nomène introuvable Ă  la CGT jusqu'en 1914 :

  • Vote[23] de « l'unitĂ© ouvrière » : sur 445 mandats, 440 voix se prononcent « Pour », 1 voix « Contre », et 4 bulletins sont blancs.

PrĂ©alablement Niel a Ă©tĂ© Ă©galement membre du comitĂ© d'organisation du 10e (et dernier) Congrès de la FĂ©dĂ©ration des Bourses du travail de France et des colonies, tenu Ă  Alger du 15 au . L'accord des dĂ©lĂ©guĂ©s des Bourses est Ă©videmment la condition première de l'UnitĂ©. Il est donnĂ© Ă  mi-congrès : sur 64 bourses ayant droit au vote, 62 se prononcent « Pour », 2 s'abstiennent. Sans qu'il soit question de minimiser le rĂ´le des autres grands acteurs de ce moment fort du syndicalisme (Griffuelhes, Pouget, en particulier, pour la section des fĂ©dĂ©rations, et Yvetot et Delesalle Ă  la fĂ©dĂ©ration des Bourses), celui tenu par Louis Niel est considĂ©rable.

Syndicalisme des ouvriers agricoles du midi

En 1903, Niel participe à la création d'une organisation fédérative des syndicats d'ouvriers agricoles de plusieurs départements du midi. Le premier congrès de cette fédération des Agricoles du midi se tient à Béziers en . Dès ce prolétariat rural organise des grèves qui du département de l'Hérault, gagnent l'Aude et les Pyrénées orientales. Le nombre de syndicats triple en une année[24] À l'automne 1904, une vague gréviste secoue les campagnes du Languedoc, où les ouvriers bénéficient de l'aide active de Niel et de Griffuelhes.

Une évolution perceptible de Congrès en congrès

En 1903, Niel participe Ă  une publication annuelle, l'almanach 1904 de la RĂ©volution. L'Ă©diteur en est le secrĂ©taire-adjoint de la section des Bourses du travail, Paul Delesalle, militant de l'Anarchisme. En 1904, il prend part au 8e Congrès de la CGT (Bourges 12 au ). Il y prĂ©side une sĂ©ance et intervient dans le dĂ©bat sur la reprĂ©sentation proportionnelle des syndicats et fĂ©dĂ©rations au ComitĂ© confĂ©dĂ©ral national. Comme les anarcho-syndicalistes, comme les syndicalistes rĂ©volutionnaires, il combat cette proposition qui est rejetĂ©e par 392 mandats « Contre » et 76 voix « Pour »[25].
La plupart des brèves notes biographiques reproduisent[26] l'affirmation que Niel serait devenu rĂ©formiste vers 1906. La lecture de l'intervention de Niel au Congrès d'Amiens, tenu du 8 au , permet-elle cette affirmation ? Niel fait Ă  Amiens une longue intervention, ce dont il a conscience[27]. Elle a trait au texte de ce que l'histoire a retenu comme Charte d'Amiens. Niel est absolument d'accord avec les principes Ă©noncĂ©s dans le texte de la charte. SĂ©paration du politique et du syndical, il approuve. Vision de l'action syndicale autonome, il approuve. Mais il refuse de placer le syndicalisme comme seul moyen de transformation sociale. Selon lui, il y a convergence de l'intervention politique et de l'intervention « Ă©conomique ». Il fustige les rĂ©formistes du parti socialiste mais il interroge : doit-on se faire la guerre entre organisations aspirant toutes deux Ă  la transformation sociale[28] :

  • Je ne veux pas animer cette querelle de savoir laquelle de ces deux actions (I.e. syndicale ou politique) est la supĂ©rieure ; Je constate seulement que les syndicats sont une des plus prĂ©cieuses sources qui alimentent et fertilisent tous les partis rĂ©volutionnaires, que cette fonction les place Ă  un poste d'honneur. Mais je dois dire que considĂ©rĂ©es dans leur Ĺ“uvre immĂ©diate, ces deux actions sont toutes deux rĂ©formistes et considĂ©rĂ©es dans leur but, elles sont toutes deux rĂ©volutionnaires.

Niel aime parler, c'est un fait. Mais jusqu'en 1910, réitérée à chaque intervention, sa conviction que les actions des syndicats et celles des groupements politiques (tant socialiste qu'anarchiste) ne sont pas exclusives l'une de l'autre, ne l'étiquette décidément pas dans une catégorie ou une autre. Au lendemain de son élection à la tête de la CGT, La revue syndicaliste[29] il écrit encore :

  • Il y a des rĂ©formes qui ont une profonde vertu rĂ©volutionnaire : ce sont toutes celles qui font passer une partie de la puissance Ă©conomique ou morale du patronat entre les mains du prolĂ©tariat. (…) Par exemple la loi syndicale (sic. sur le droit syndical), la loi sur le repos hebdomadaire, la loi des dix heures. (…) Ainsi donc, tous les syndicalistes qui poursuivent une rĂ©forme quelconque sont des rĂ©formistes. Et comme les rĂ©formes syndicales sont de qualitĂ© rĂ©volutionnaires, tous ces rĂ©formistes sont des rĂ©volutionnaires.

Georges Lefranc historien du mouvement ouvrier, qui avait été auparavant acteur du syndicalisme, en rendant compte du Congrès d'Amiens[30], pose la question : Où classer Niel ? :

  • Il vient des milieux du syndicalisme rĂ©volutionnaire. Mais il Ă©volue et se rapproche des rĂ©formistes. (…) Son intervention a Ă©tĂ© soigneusement prĂ©parĂ©e; les documents qu'il Ă©tale sur la tribune, numĂ©rotĂ©s et couverts de sa fine Ă©criture en font foi. Il pose le problème avec mĂ©thode avec ampleur. Très nuancĂ©e son intervention (fait la leçon) aux anarchistes d'abord, aux socialistes ensuite.

10e Congrès, Marseille, 1908 : une direction syndicale en perte de vitesse

Le 10e congrès de la CGT se tient à Marseille du 5 au . Niel intervient encore, mais il n'est pas le seul. Entre 1906 et 1908, la direction de la CGT a pratiqué la politique de la chaise vide dans le mouvement ouvrier international, au prétexte que l'Internationale imposerait des rapports entre syndicalistes et socialistes. Niel se fait le défenseur de la reprise des relations internationales. Il demande le vote du congrès sur une motion qu'il présente[31]. Poussée dans ses retranchements, la direction de la CGT consent à rétablir ces relations en posant un préalable de conditions. Soumise prioritairement au vote des congressistes, cette motion est adoptée :

  • vote sur la reprise conditionnelle des relations internationales : 693 voix « Pour » ; 438 voix « Contre Â», pour 1 177 votants. Les voix « contre » sont… pour une reprise sans conditions. Le rapport de force entre les « rĂ©volutionnaires » et les autres donne 58,8 % aux premiers, 37,4 % aux seconds. La CGT n'est plus un bloc monolithique.
  • Puis le congrès se prononce pour un antimilitarisme virulent : le texte prĂ©sentĂ© par la direction recueille 670 voix, contre 406 voix, pour 1 147 votants. Le rapport est Ă  peu près semblable : 58,4 % pour les uns, 35,4 % pour les autres.

Perceptible dès le congrès d'Amiens (1906), oĂą la motion antimilitariste de Yvetot n'avait Ă©tĂ© approuvĂ©e que par 488 voix, soit 56,7 % des congressistes, les lignes de fracture qui traversent les quelque 280 000 syndiquĂ©s sont une rĂ©alitĂ©. Le gouvernement Clemenceau peut bien tenter d'utiliser cette rĂ©alitĂ©, la CGT est en Ă©tat de crise idĂ©ologique, organisationnelle, quand le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de la ConfĂ©dĂ©ration Ă©choie Ă  Niel, Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale en [32].

Élection dans un climat de crise syndicale

Le gouvernement Clemenceau[33], dans sa lutte contre le syndicalisme rĂ©volutionnaire embastille en 1908 la direction de la CGT. Pendant son incarcĂ©ration, le dirigeant de la CGT, Victor Griffuelhes, homme d'action plus que gestionnaire de trĂ©sorerie syndicale, est mis en cause par plusieurs de ses pairs, pour sa gestion peu classique des fonds de la ConfĂ©dĂ©ration. Il dĂ©missionne en [34]. Le trĂ©sorier en titre, Albert LĂ©vy, rend lui aussi son tablier. Dans un climat de luttes de tendances et de suspicion gĂ©nĂ©ralisĂ©e, le Conseil national Ă©lit, au deuxième tour d'un scrutin qui se joue Ă  une voix de majoritĂ©, le candidat Louis Niel. Cette majoritĂ© très courte traduit pourtant un rapport de force au sein de la centrale syndicale beaucoup plus marquĂ©. L'Ă©volution de Niel vers des positions dites « rĂ©formistes », traduit en mĂŞme temps l'Ă©volution d'une majoritĂ© de syndiquĂ©s vers un rĂ©alisme qui rompt avec la gesticulation des tenants du syndicalisme rĂ©volutionnaire. Le processus Ă©lectoral est mis en branle par… Griffuelhes lui-mĂŞme, alors que le Bureau confĂ©dĂ©ral sortant avait Ă©tĂ© reconduit intĂ©gralement après le Congrès de Marseille d'. Son accusateur le plus vĂ©hĂ©ment est le trĂ©sorier LĂ©vy, qui appartient Ă  la mĂŞme mouvance rĂ©volutionnaire. Albert Thomas, « rĂ©formiste » en syndicalisme comme en politique, dans la revue qu'il anime, La Revue syndicaliste[35] ne peut que remarquer que c'est le dĂ©sarroi de l'ancienne majoritĂ© « rĂ©volutionnaire » qui a provoquĂ© une Ă©lection dont la modalitĂ© de votes (par fĂ©dĂ©rations et non par syndicats) se rapproche le mieux du vote « proportionnel » qu'elle refusait lors des Congrès. Dans cette configuration si l'on remplace les voix obtenues par Niel le par les effectifs syndicaux qu'elles reprĂ©sentent, les rĂ©sultats sont beaucoup plus clairs[36] :

  • , 1er tour du scrutin, trois candidats sont en lice.
    • Louis Niel, qui appartient Ă  la fĂ©dĂ©ration du Livre (10 000 syndiquĂ©s, dont le secrĂ©taire Auguste Keufer se proclame « rĂ©formiste » « pur-jus ») est prĂ©sentĂ© par la fĂ©dĂ©ration des mineurs (30 000 syndiquĂ©s), et soutenu par les fĂ©dĂ©rations des chemins de fer (45 500 syndiquĂ©s), des mĂ©caniciens (5 000 syndiquĂ©s), de l'Éclairage (5 200 syndiquĂ©s), des EmployĂ©s (3 000 syndiquĂ©s), de la lithographie (1 500 syndiquĂ©s), du papier (1 000 syndiquĂ©s) et des Établissements militaires (5 000 syndiquĂ©s).
    • Nicolet, est prĂ©sentĂ© par la FĂ©dĂ©ration du Bâtiment, prototype des syndicalistes rĂ©volutionnaires, 45 000 syndiquĂ©s.
    • et… Griffuelhes, non-candidat, mais prĂ©sentĂ© par sa fĂ©dĂ©ration syndicale, celle des Cuirs-et-peaux, 8 000 syndiquĂ©s, et soutenu par les BĂ»cherons (6 200 syndiquĂ©s), les Agricoles du Midi (2 500 syndiquĂ©s, la fĂ©dĂ©ration des mouleurs (4 000 syndiquĂ©s), celle de l'Alimentation (2 500 syndiquĂ©s).
  • Niel recueille d'emblĂ©e 27 voix sur 59 votants, Griffuelhes recueille 19 voix, et Nicolet 12 voix. Il y a une abstention.
    • Les 27 voix de Niel cumulent ses soutiens dĂ©clarĂ©s, avec d'autres forces fĂ©dĂ©rĂ©es peut-ĂŞtre plus par le refus de verbiage et de l'aventure plus que par une adhĂ©sion Ă  un « rĂ©formisme » imaginaire ; en nombre de syndiquĂ©s, ce sont des forces importantes qui s'adjoignent Ă  lui : le Textile (20 000 syndiquĂ©s), les ouvriers des PTT (4 500 syndiquĂ©s), la fĂ©dĂ©ration des tabacs (9 000 syndiquĂ©s), les Ports-et-docks (5 000 syndiquĂ©s), les musiciens, 4 700 syndiquĂ©s, la fĂ©dĂ©ration de la cĂ©ramique (3 000 syndiquĂ©s, etc. Ces 27 voix correspondent Ă  167 600 syndiquĂ©s.
    • Le non candidat Griffuelhes est battu non seulement en voix du ComitĂ© confĂ©dĂ©ral, mais encore plus en nombre de syndiquĂ©s. Ă€ ses soutiens d'origine, il faut ajouter la fĂ©dĂ©ration des coiffeurs (2 000 syndiquĂ©s), celle des Verriers (4 000 syndiquĂ©s), de la Bijouterie (1 800 syndiquĂ©s), , des Allumettiers (1 500 syndiquĂ©s, dont le reprĂ©sentant est LĂ©on Jouhaux, etc. en nombre de syndiquĂ©s la conversion lui donne près de 31 000 voix, largement moins que le troisième « officiel ».
    • La candidature de celui qui s'affiche ĂŞtre dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents Congrès, Nicolet, ne rallie Ă  elle que peu de fĂ©dĂ©rations, mais elles regroupent 85 000 syndiquĂ©s. Au Bâtiment se sont joints la MĂ©tallurgie (14 000 syndiquĂ©s), les ouvriers de la Marine (5 000 syndiquĂ©s, dont le reprĂ©sentant est l'ancien trĂ©sorier LĂ©vy, qui rejoint les abstentionnistes au second tour), les inscrits maritimes (3 500 syndiquĂ©s).
  • Le second tour voit la conjugaison des voix des deux candidats « rĂ©volutionnaires », mais Nicolet subit le transfert de la fĂ©dĂ©ration de l'Alimentation vers Niel, le maintien des voix bĂ»cheronnes sur le nom de Griffuelhes[37], l'abstention de la Marine. Majoritaires d'une voix en thĂ©orie, les « rĂ©volutionnaires » ne recueillent que 27 voix, Niel en obtient 28… Il y a trois abstentions. De fait le vainqueur reprĂ©sente 170 000 syndiquĂ©s, son adversaire Ă©quivaut Ă  100 000 syndiquĂ©s. La logique semble respectĂ©e[38].

Mais le vocabulaire employĂ© par les historiens, plus de cent ans après les faits, recouvre une rĂ©alitĂ© moins tranchĂ©e que les mots. Louis Niel, peut-il ĂŞtre classĂ© « rĂ©formiste » ? Il est l'Ă©lu fort lĂ©gitime d'un majoritĂ© qu'il est difficile de classer dans une catĂ©gorie. Et si les deux candidats « rĂ©volutionnaires » ne correspondent pas vraiment Ă  un courant majoritaire, en quelle mesure peut-on dire que la CGT est, avant-guerre, un syndicat « rĂ©volutionnaire » ? Les catĂ©gories utilisĂ©es par les militants doivent-elles ĂŞtre reprises sans sourciller par les historiens ? Le dĂ©bat dĂ©passe de beaucoup la personnalitĂ© de Niel, comme celle de LĂ©on Jouhaux son successeur[39].

La crise sociale en France du printemps 1909

Arrivé à la direction de la CGT dans une large mesure par surprise il reste à Niel de démontrer qu'il a l'envergure d'un grand dirigeant. Dès le début il a contre lui les battus du . Habitué au midi, à son soleil et à ses accents, il se retrouve dans un Paris où l'hiver ne finit pas. En , il neige sur les cohortes de postiers se rendant aux meetings de grève. Entre la Bourse du travail de Montpellier, et les locaux de la Cgt parisienne, où son collègue Yvetot est depuis longtemps acclimaté (quand il n'est pas en prison ou en tournée de propagande), il y a un monde. De plus, les deux dirigeants confédéraux appelés à partager leur bureau en un temps où ils sont pratiquement (avec le trésorier) les seuls permanents syndicaux, se haïssent[40] jusqu'à l'affrontement physique. L'historien Édouard Dolléans[41] laisse la plume au syndicaliste Merrheim pour porter l'estocade à Niel. Voici le jugement dressé par un syndicaliste sur un autre, alors qu'ils sont théoriquement appelés à travailler ensemble :

  • BarbouillĂ© de phrases et de thĂ©ories, Niel est le bavard pontifiant type, qu'on allait installer oĂą il fallait, lĂ  oĂą il faut un homme de dĂ©cision prompte et d'action… Niel marque en quelque sorte le point culminant de la crise (syndicale). Merrheim ne s'en tient pas lĂ . Selon une mĂ©thode souvent reprise dans le mouvement ouvrier, il accuse visiblement sans preuve son collègue : Il a Ă©tĂ© l'agent essentiel des manĹ“uvres gouvernementales destinĂ©es Ă  Ă©trangler le syndicalisme vivant et actif de la ConfĂ©dĂ©ration. Que Niel ne se soit pas rendu compte qu'en le faisant ainsi arriver au poste de secrĂ©taire confĂ©dĂ©ral par l'escalier de service, c'est regrettable[42]. Doit-on cent ans après reprendre la diatribe[43]. La crise du syndicat est une maladie qui a incubĂ© sans que Niel y soit pour quelque chose. Le mouvement grĂ©viste, qui atteint un sommet en 1906 (9 millions de journĂ©es « perdues » selon les statistiques officielles)[44] retombe comme un soufflĂ© ratĂ© en 1907 (3,5 millions de journĂ©es) et atteint l'Ă©tiage en 1908 (1,7 million de journĂ©es). Or en 1909, la tendance s'inverse ! 3,5 millions de journĂ©es de grève sont comptabilisĂ©es pour l'annĂ©e[45]. Alors que la Cgt aurait Ă©tĂ© handicapĂ©e par une direction « rĂ©formiste » ? En fait, le mouvement grĂ©viste dĂ©pend moins de mots-d'ordre syndicaux que de la conjoncture Ă©conomique et sans doute du climat politique. Pour celui-ci, le gouvernement formĂ© par Clemenceau en a atteint les limites de l'illusion. PortĂ© au pouvoir par une majoritĂ© de gauche, incluant des socialistes indĂ©pendants, il est minĂ© par la contradiction entre son programme et son Ĺ“uvre. UsĂ© par deux annĂ©es de combat contre les mouvements sociaux, il voit au cours du premier semestre 1909 se lever contre lui des catĂ©gories sociales qui lui Ă©taient au dĂ©part favorables. C'est le cas des personnels des Postes et tĂ©lĂ©graphes dont l'entrĂ©e dans le mouvement social est fracassante[46] C'est le cas aussi des instituteurs. Ces deux corps sociaux sont unis par la rĂ©pression que le gouvernement mène contre leur syndicalisme naissant. En , il rĂ©voque tout simplement les dirigeants associatifs des PTT et des instituteurs qui demandent d'accĂ©der au droit syndical commun avec les autres salariĂ©s. Alors que des conflits sociaux localisĂ©s s'enkystent dans la durĂ©e celui des boutonniers de MĂ©ru, relayĂ©s par les grèves des dĂ©laineurs de Mazamet, puis les grèves des inscrits maritimes, les grèves des agents de La Poste et ceux du TĂ©lĂ©graphe vont entrainer la chute de Niel puis celle de Clemenceau. Interdits de syndicalisme, les agents des PTT transforment de fait, leur association corporative en syndicat. Les facteurs constituĂ©s (illĂ©galement) en syndicat depuis 1906 revendiquent l'adhĂ©sion Ă  la Cgt. La petite troupe des ouvriers des lignes tĂ©lĂ©graphiques et tĂ©lĂ©phoniques, la seule oĂą le syndicalisme est lĂ©gal, met le poids d'une très forte syndicalisation au service des autres. Mais l'inexpĂ©rience de ces nĂ©ophytes en matière de lutte, et la rĂ©pression extravagante du gouvernement qui rĂ©voque en les grĂ©vistes par fournĂ©es de 200, puis de 300 amènent les leaders d'un mouvement grĂ©viste en perdition Ă  demander secours Ă  la Cgt[47]. Niel, tout aussi nĂ©ophyte face Ă  un mouvement inĂ©dit, mais ayant assez de clairvoyance pour ne pas croire en l'efficacitĂ© d'une hypothĂ©tique surenchère grĂ©viste, exprime maladroitement un point de vue que ses adversaires se font un malin plaisir Ă  colporter.

Le fiasco d'une « grève gĂ©nĂ©rale »

Le duo ministĂ©riel Clemenceau-Barthou, qui a semblĂ© cĂ©der aux grĂ©vistes des PTT, en , lance une vaste chasse contre les meneurs du mouvement de grève. Elle les traduit en conseil de discipline, aux fins de rĂ©vocation. Croyant en leur force « syndicale », les organisations regroupĂ©es en une « FĂ©dĂ©ration des PTT » appellent les personnels Ă  une grève gĂ©nĂ©rale de la profession. FixĂ© au , le dĂ©marrage de cette grève montre dès le premier jour la faiblesse de l'audience du mot d'ordre, et la force brutale du gouvernement qui rĂ©voque en trois jours plus de 500 grĂ©vistes. Dans l'illusion d'une solidaritĂ© affirmĂ©e par quelques fĂ©dĂ©rations de la CGT, pour sauver du naufrage leur propre grève, les leaders du mouvement postier se tournent vers la ConfĂ©dĂ©ration et en appellent Ă  sa solidaritĂ©. Or Niel, au mĂŞme moment [48], affirme publiquement l'inanitĂ© de la stratĂ©gie de la grève gĂ©nĂ©rale brandie par les syndicalistes rĂ©volutionnaires comme le passe-partout suprĂŞme du syndicalisme… RĂ©uni Ă  huis clos, le ComitĂ© confĂ©dĂ©ral de la CGT rĂ©pond favorablement aux postiers Ă  une forte majoritĂ©[49]. Il lance un appel Ă  la grève gĂ©nĂ©rale le . Hormis dans certains secteurs du Bâtiment, c'est un fiasco total. Bouc Ă©missaire idĂ©al pour expliquer l'Ă©chec de la grève, Niel, mis en minoritĂ©, dĂ©missionne alors de son poste.

DĂ©missionnaire mais responsable de sa fonction

Élu secrétaire général de la CGT le , il démissionne le . Une séance du comité confédéral se tient ce jour-là. Il faut faire à chaud le bilan de l'action. Les syndicalistes révolutionnaires, qui ont poussé à l'aventure ne se reconnaissent pas de responsabilité dans le désastre. Niel et ses soutiens non plus[50]. Selon son témoignage, il aurait démissionné bien avant, etc. si les postiers ne s'étaient mis en grève :

  • Je ne croyais pas tomber dans un milieu aussi dĂ©composĂ© par les passions politiques ou les querelles personnelles.

Cependant c'est le résultat d'un vote majoritaire de défiance du comité confédéral envers lui qui lui fait remettre sa démission. En effet, au terme de la discussion, la CA est amenée à se prononcer sur l'action du secrétaire général. Ce vote est négatif : 60 voix se prononcent contre, 36 voix se prononcent pour, et on dénombre 3 abstentions. On peut remarquer que neuf jours plus tôt, la CA s'était prononcée par une majorité de 83 voix pour la grève générale (6 voix contre et 28 abstentions). Le secrétaire adjoint Thil démissionne aussi ce . Pour la troisième fois en deux ans la CGT se retrouve sans tête…

Cette date pourtant communément admise, ne marque pas le terme exact de ses fonctions. Jusqu'au il assure l'intérim du secrétariat général. Cette période d'intérim « officiel » apparaît en toute lettre dans les documents syndicaux[51]. La lecture des travaux d'une conférence nationale de la CGT tenue début à Paris montre même que sans la présidence et les interventions de Niel, les 135 membres de cette instance en seraient peut-être venus aux mains ou se seraient dispersés le soir du deuxième jour ! C'est également Niel qui organise la procédure (assez formalisée), de son remplacement : appel à candidature, recollement de celles-ci, convocation, etc. Le cessent effectivement ses fonctions. Le vote de la seule section des fédérations ne peut être comparé aux votes précédemment évoqués qui incluent les représentants de la section des Bourses du travail. Léon Jouhaux, candidat des syndicalistes révolutionnaires, est loin de faire l'unanimité. Aux 35 voix se portant sur son nom, les 20 abstentions (et les 3 ou 4 fédérations absentes), montrent une fois encore la diversité du paysage cégétiste. Le Congrès de 1910 va en donner un autre exemple.

En , les tenants d'une ligne « réformiste » au sein du mouvement syndical créent un Comité d'union syndicaliste. Aux côtés d'un autre ancien secrétaire général de la CGT, Eugène Guérard, encore secrétaire général de la fédération des cheminots, se retrouvent le leader de la fédération du Livre, Auguste Keufer, celui de la fédération du textile Victor Renard. Louis Niel contribue au journal de cette organisation, L'action ouvrière, dont il est à remarquer que sa création en est concomitante de la création par un petit groupe de syndicalistes révolutionnaires d'un organe d'études et de réflexion, La Vie ouvrière. Le parallèle entre les deux revues s'arrête là : L'action ouvrière cesse sa parution en . À cette date Niel est porté candidat député aux élections générales. Bien que contesté par une partie des socialistes de l'Hérault le Parti socialiste (SFIO) le désigne dans la 1re circonscription de Béziers. Il y fait un score très en retrait des résultats antérieurs[52].

Bien présent au 11e Congrès de la CGT, octobre 1910 !

Lorsque se rĂ©unit Ă  Toulouse le 11e Congrès de la CGT, du 10 au les Ă©vĂ©nements de l'annĂ©e 1909 semblent loin. Ă€ lire le rapport d'activitĂ©[53], l'impression est de visiter un pays irrĂ©el : la CGT progresserait significativement depuis l'an 1900. Un tableau permet aux dĂ©lĂ©guĂ©s, de suivre La progression du nombre de syndicats sans s'appesantir sur le nombre de syndiquĂ©s ni sur le taux de syndicalisation. L'ensemble du prolĂ©tariat conviendrait de la justesse des positions de la CGT. Et la presse est si Ă©videmment Ă  la solde des patrons et de ceux qui veulent du mal Ă  l'unitĂ© ouvrière qu'on interdit la salle du Congrès aux journalistes de quatre grands journaux « parisiens »[54]. Le rapport cite Niel Ă  deux reprises. L'une concerne les grèves du printemps 1909 :

  • La grève gĂ©nĂ©rale avait fait naĂ®tre divers incidents, dont celui qui fut cause de la dĂ©mission des camarades Niel et Thil secrĂ©taire et secrĂ©taire adjoint de la CGT.

La seconde occurrence oĂą le nom de Niel figure, positivement - mais il ne faisait qu'appliquer « les dĂ©cisions du Congrès de Marseille » est-il prĂ©cisĂ© !- concerne la reprise des relations syndicales internationales[55].

Il se trouve que Niel est parmi les délégués au Congrès[56]. Ce ne sont pas les syndicats agricoles du midi qui le délèguent, ni la Bourse du travail de Montpellier, dont il était mandataire depuis 1901, mais divers syndicats de la Fédération des Chemins de fer, où Eugène Guérard l'avait fait entrer pour des travaux administratifs. Comme lors des Congrès précédents, il intervient. Interrompu[57]. Il s'indigne et obtient malgré l'obstruction de quelques congressistes de pouvoir exprimer son point de vue sur ses quatre mois de Numéro Un de la CGT. Le compte rendu du congrès transcrit[58] :

  • On accorde Ă  Niel de parler plus d'un quart-d'heure.

« On » est d'autant plus contraint de lui laisser la parole, qu'il intervient pour dĂ©fendre un texte sur les « retraites ouvrières », contraire Ă  une motion dĂ©posĂ©e sur ce sujet par LĂ©on Jouhaux. De plus, mĂŞme si cela se traduit sans ostentation, Jouhaux lui-mĂŞme Ă©volue. Il ne cherche pas l'incident et il est probablement plus enclin Ă  la dĂ©mocratie syndicale que certains de ses amis.

Louis Niel n'est pas un thĂ©oricien. Pragmatique, « traĂ®tre » aux yeux de certains syndicalistes rĂ©volutionnaires, il a eu la malchance d'accĂ©der au secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de la Cgt lors d'un des pires moments de la politique antisociale de la RĂ©publique radicale. Marionnette de Clemenceau ? L'accusation ou la suspicion lui est accolĂ©e sans procès. Au Congrès de Toulouse, Yvetot l'interrompt : Le discours que Niel a fait (i.e. le , contre la grève gĂ©nĂ©rale), Jouhaux l'a fait, moi je l'ai fait, aussi en maintes circonstances. Mais il y a les circonstances. Niel a fait ce jour lĂ  une grosse gaffe (…) une faute. Deux des dirigeants de la grève des PTT sont dans la salle : Pauron, secrĂ©taire du syndicat des ouvriers des PTT et Lamarque, ancien leader des employĂ©s du central tĂ©lĂ©graphique de Paris, Ă©picentre de la grève en . Ils sont loin « d'enfoncer » Niel[59].

Les retraites ouvrières : motion « Niel » contre motion « Jouhaux »

Le débat sur les retraites ouvrières est le dernier où le nom de Niel apparaît dans la vie de la CGT. Lire le texte des deux motions renvoie au débat plus vaste : Réforme ou révolution à quoi doit servir le syndicalisme.

  • Au nom des « rĂ©volutionnaires » la motion prĂ©sentĂ©e par Jouhaux affirme l'opposition des organisations ouvrières « Ă  l'application de la loi au moment oĂą elle entrera en application ». Mais comment ? « En s'opposant Ă  toutes retenues sur les salaires pour le fonctionnement de la loi, tant qu'il ne sera pas apportĂ© des modifications devant assurer aux producteurs une retraite normale Ă  un âge moins reculĂ© ». Probablement conscient du flou des formules les auteurs prĂ©cisent[60] en fin de compte que… cette loi est « utile dans son principe, contraire Ă  nos intĂ©rĂŞts dans ses dispositions. » N'est-ce pas dire que de meilleures dispositions lĂ©gales feraient que les « rĂ©volutionnaires » approuveraient la « rĂ©forme » ?
  • La motion « rĂ©formiste » prĂ©sentĂ©e par Niel [61] est bien plus circonstanciĂ©e :
    (…) Considérant que dans l'état actuel de nos mœurs et du progrès social ce problème (ie : la vie des travailleurs dans leur vieillesse) ne peut pas recevoir la solution la moins imparfaite qu'avec le concours de la loi
    Considérant qu'en régime capitaliste les lois sociales arrachées au patronat gouvernant ne donnent et ne peuvent jamais donner pleine satisfaction à la classe ouvrière (…)
    Considérant que les lois comme les règlements les statuts et les idées ne sont pas immuables et qu'elles sont susceptibles de recevoir les perfectionnements que (…) notre action peut leur faire subir, le Congrès déclare que la situation créée par la loi des retraites est préférable à celle qui résulterait de l'absence de toute loi. (…). Suivent cinq propositions précises dont la dernière synthétise le projet syndical :
    • 1- Faire abaisser la limite d'âge des ayants droit au moins jusqu'Ă  55 ans
    • 3- Faire Ă©tendre le bĂ©nĂ©fice de la loi Ă  tous les travailleurs rĂ©sidant en France sans distinction de nationalitĂ©
    • 4- Associer la classe ouvrière au contrĂ´le et Ă  la gestion de la caisse de retraite
    • 5- Exiger que la part contributive de l'État soit de plus en plus grande, jusqu'Ă  ce que, par un système gĂ©nĂ©ral d'assurances sociales les travailleurs soient garantis, non seulement contre la vieillesse, mais aussi contre le chĂ´mage, la maladie et tous les risques d'invaliditĂ©.
  • Le vote du congrès se fit par mandats sur les deux textes. Il y eut 1 325 votants. Le texte « Jouhaux » recueillit 1049 voix soit 79 % des mandats. Le texte « Niel » eut le soutien de 251 voix, soit 19 % des mandats. L'histoire sociale de la France sur le reste du siècle quant Ă  elle, tient en la reprise de la motion « Niel » du congrès de 1910 par Jouhaux et l'ensemble du mouvement syndical et social dans la construction d'un modèle social français.

Trente ans après

En 1937, LĂ©on Jouhaux signe pour les Ă©ditions Gallimard-NRF un livre qu'on peut qualifier « d'actualitĂ© »[62]. Revenant sur la pĂ©riode 1906-1910, il Ă©crit :

« La querelle entre « rĂ©formistes » et « rĂ©volutionnaires », entre partisans de la liaison avec l'action politique et dĂ©fenseurs de l'autonomie syndicale, ne fut pas complètement liquidĂ©e par la Charte d'Amiens. On la vit reparaĂ®tre en diverses circonstances jusqu'Ă  la guerre. ce qui tint principalement au fait que des Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs acquis aux mĂ©thodes de violence s'efforcèrent de pĂ©nĂ©trer dans la CGT et y rĂ©ussirent partiellement grâce aux conditions que crĂ©ait alors la rĂ©pression brutale et sanglante des mouvements de grève par le gouvernement de feu Clemenceau. »

Les journaux et revues où Louis Niel a contribué

Liste des brochures dont Niel est l'auteur

Contrairement Ă  un vulgate posant « la difficultĂ© de se prononcer sur la valeur intellectuelle de Niel »[63], les Ă©crits, comme ses interventions aux divers congrès, de Louis Niel, montre un militant sachant mener une controverse, Ă©laborer des Ă©crits, argumenter ses positions. Plusieurs contributions de Niel sont accessibles grâce Ă  internet [64]. Il n'est pas inintĂ©ressant de lister (de manière non exhaustive) les lieux de ses participations Ă©crites :

  • Les Temps nouveaux (Anarchiste)
  • La Voix du Peuple (organe de la CGT)
  • La Lutte sociale, (anarchiste)
  • La Revue populaire d'Ă©conomie sociale, article en 1907 sur les troubles du Midi.
  • La Revue syndicaliste (directeur, le socialiste Albert Thomas), articles en 1905, 1907, 1909.
  • L'HumanitĂ©, articles dans la rubrique « tribune syndicale » en 1908 et 1909
  • L'Action ouvrière (rĂ©formiste)

Notes et références

  1. Certains historiens reprennent des accusations d'avoir Ă©tĂ© pilotĂ© par le gouvernement et font foi de rapports de police jugĂ©s « bienveillants » Ă  son Ă©gard. Cela semble tenir d'un phantasme du « complot », par lequel on expliquerait les Ă©checs de la CGT.
  2. De fait aucune source accessible ne donne de précisions sur son état civil ni sur son mariage !
  3. Roland Andréani L'anti militarisme en Languedoc méditerranéen avant la première guerre mondiale, article publié dans la Revue d'histoire moderne et contemporaine, n° 1-1973.
  4. Selon Jean Sagnes, page 199, Niel a fait des études au petit séminaire
  5. Cf. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français qui utilise le conditionnel.
  6. Voir le lien externe vers le site « Fernand Pelloutier ».
  7. Cf. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, version papier, tome 14, pages 181-182.
  8. Jean Sagnes, ouvrage référencé plus loin, page 178.
  9. Fait signalé par le Maitron
  10. Voir l'étude de Jean Sagnes, Le mouvement ouvrier du Languedoc, éditions Privat, Toulouse, 1980, page 74. Jean Sagnes est un des rares historiens qui présente objectivement l'action syndicaliste de Louis Niel. Voir plus loin.
  11. L'activité de Niel attire l'attention de la police, dont la notice du Maitron reproduit des extraits de rapports.
  12. Maitron, op. cit., rapports de police, datant de 1903 et 1906
  13. Ce fait n'est pas cité dans la notice biographique du dictionnaire Maitron, mais dans un ouvrage moins connu : Jean Maitron, Paul Delesalle, un anarchiste de la Belle époque, Fayard, 1985, pages 95-96.
  14. La CGT et le mouvement syndical, Ă©ditĂ© par la confĂ©dĂ©ration en 1925. Cf. pages 503-504 « l'Union des syndicats de l'HĂ©rault ».
  15. Claude Willard, Les Guesdistes, le mouvement socialiste en France, Ă©ditions sociales, Paris, 1965, chapitre 15, « la France du midi », pages 284 et suivantes.
  16. Le Maitron, tome 10, notice « Benezech », signĂ©e par l'historien Justinien Raymond. Benezech est multi-carte, jusqu'Ă  participer au 3e Congrès de la CGT (Toulouse, septembre 1897).
  17. Le créateur du POF est Jules Guesde, réputé pour son orthodoxie marxiste.
  18. Les comptes rendus des Congrès de la CGT sont consultables jusqu'à celui de 1938, sur le site de l'IHS-Cgt. Voir aussi la synthèse descriptive de ces congrès dans Robert Brécy, Le mouvement syndical en France, 1871-1921. La liste des participants aux Congrès de la CGT et à ceux de la fédération des Bourses du travail est consultable dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, en introduction du tome 10 (pour la période d'avant 1914).
  19. Les interventions dont rendent compte les Ă©ditions des actes des Bourses sont faites sous le nom de la Bourse du travail dont l'intervenant est dĂ©lĂ©guĂ©. Ce n'est Niel qui intervient c'est « Montpellier ».
  20. Jacques Julliard, Fernand Pelloutier et les origines du syndicalisme d'action directe, Seuil, Paris, 1971 ; et Site Pelloutier.net.
  21. Compte rendu du 7e Congrès de la Cgt, Montpellier, 22 au 27 septembre 1902, documents préparatoires.
  22. L'article prévoyant que chaque organisation abonde financièrement la caisse du Comité de la grève générale est soumis au vote. Il est adopté par 355 voix contre 67, et 4 nuls.
  23. Compte -rendu du 7e Congrès, Montpellier, 1902, page 196. Les chiffres livrés ici sont ceux qui sont rectifiés par la commission du scrutin.
  24. Jean Sagnes, Le mouvement ouvrier en Languedoc, op. cit., pages 83-87. Le nombre de bases syndicales passe de 31, lors du congrès de Béziers, à 107, en août 1904 date de la fondation à Narbonne de la fédération des travailleurs agricoles.
  25. Compte rendu du congrès de Bourges
  26. Cf. notices dans le Maitron, le site Fernand Pelloutier, la note « Niel » dans les annexes de l'ouvrage publiĂ© par l'institut CGT d'Histoire sociale sur le Congrès d'Amiens, ou encore Henri Dubief, Le syndicalisme rĂ©volutionnaire, A. Colin, 1969.
  27. 1906 le congrès de la Charte d'Amiens, Institut Cgt d'histoire sociale, 1983, pages 268 à 275.
  28. Intervention de Niel, page 274.
  29. La revue syndicaliste, n° 60, mai 1909, pages 2 à 4, article de Louis Niel, secrétaire général de la Confédération générale du travail : Les réformes révolutionnaires.
  30. Le mouvement syndical sous la troisième République, Payot, 1967, p. 140-141
  31. Compte rendu du 10e congrès de la CGT, p. 155.
  32. Cf. Michel Dreyfus, Histoire de la CGT, op. cit., p. 64-65.
  33. PortĂ© au « pinacle » rĂ©publicain par un certain nombre d'ouvrages produits par des historiens mĂ©diatiques, Georges Clemenceau a Ă©tĂ© un adversaire frontal du syndicalisme durant les trois annĂ©es oĂą il prĂ©side le gouvernement (octobre 1906 - juillet 1909). Cumulant la PrĂ©sidence du conseil avec la fonction de Ministre de l'IntĂ©rieur, poste Ă©minemment exposĂ© Ă  la vindicte ou Ă  l'encensement, son action doit ĂŞtre soumise Ă  un examen critique. En particulier, le volet de basse police utilisant semble-t-il, pas seulement des « indicateurs » mais des provocateurs. Cf. Jacques Julliard, Clemenceau briseur de grève, collection Archives, 1967.
  34. Michel Dreyfus, Histoire de la CGT, Ă©ditions Complexe, 1995, pages 64-65.
  35. La Revue syndicaliste, n° 54-55, janvier 1909, pages 282-283
  36. Ce sont les calculs effectués dans la Revue syndicaliste qui servent ici, mais avec les chiffres déclarés en 1910 pour la fin de l'exercice 1908.
  37. Griffuelhes, représentant sa fédération des Cuirs-et-peaux, ne vote par pour lui-même ni au 1er tour, ni au 2e tour. Militant droit et scrupuleux, bien qu'accusé de malversation, non candidat, il vote pour Nicolet, le candidat syndicaliste-révolutionnaire déclaré.
  38. La répartition des voix des fédérations sur chaque candidats est livrée par L'Humanité, le 25 février 1909, consultable via le site Gallica.
  39. Voir sur ce sujet Jacques Julliard, Autonomie ouvrière, études sur le syndicalisme d'action directe, Gallimard-Le Seuil, 1988 ; Jean-Jacques Becker & Annie Kriegel, 1914 la guerre et le mouvement ouvrier français, A. Colin, 1964.
  40. Témoignage de Niel dans son intervention au Congrès confédéral de Toulouse, octobre 1910.
  41. Édouard Dolléans, Histoire du mouvement ouvrier, A. Colin, 1939. Le tome 2 couvre la période 1871-1920. L'extrait reproduit ici est page 157. Ouvrage de référence son histoire du mouvement ouvrier est ponctuée de jugements péremptoires ; pour 1909, il n'est pas sans erreurs factuelles. Ainsi, il date du 2 mars le vote du CN de la CGT pour élire le successeur de Griffuelhes (en fait le 24 février) De même il date du 17 mai le début de la seconde grève des PTT, débutée en fait le 12 mai.
  42. Merrheim écrit ce texte à l'automne 1909. Le parcours syndical de Merrheim entre 1914 et 1922 lui vaut après-guerre d'être pareillement accusé par les syndicalistes révolutionnaires…
  43. Une rĂ©cente (parue en 1995) histoire « universitaire » de la CGT appuie un dĂ©veloppement sur la crise du syndicalisme de 1909 d'une phrase identique Ă  celles de l'historien DollĂ©ans : Monatte s'est mĂŞme demandĂ© s'il ne fallait pas voir dans ce rĂ©sultat (i.e. l'Ă©lection surprise de Niel) inattendu « la main de Clemenceau »
  44. Chiffres repris de Georges Lefranc, Grèves d'hier et d'aujourd'hui Aubier, 1970, pages 285-286.
  45. Ces chiffres ne prennent pas en compte le nombre des journées des deux mouvements de grève postière et télégraphique de l'année 1909 puisque la fonction publique n'entre pas dans la zone d'enquêtes du Ministère du Travail. Difficilement quantifiables elles ont un caractère massif en mars 1909, où elles se prolongent du 16 au 23 mars, essentiellement en région parisienne, dans la plupart des grands services de production (Central télégraphique, Centraux téléphoniques, Bureaux-gares, Bureaux ambulants, services des Lignes de télécommunication, Recette-principale de la Seine. Plus minoritaire en mai 1909 la grève des PTT a en revanche une extension géographique plus vaste.
  46. Voir ici.
  47. Paru en 1995, l'ouvrage de Christian Henrisey, Postiers en grèves 1906-1909, est la source principale de ce développement. La consultation de la presse de l'époque sur Gallica, site de la BNF, permet une approche brute des événements du printemps 1909, peu médiatisés par l'histoire sociale et politique. À cela, on émet l'hypothèse qu'ils contreviennent à la vision idéalisée des protagonistes gouvernementaux de la répression anti-syndicale et anti-gréviste qu'ont été Clemenceau et son ministre des PTT Barthou
  48. Il est en délégation au Congrès de la fédération des mineurs à Lens.
  49. Compte rendu d'activitĂ© prĂ©sentĂ© par la section des fĂ©dĂ©rations, congrès de Toulouse, octobre 1909, p. 11 : le vote est de 83 voix « pour » la grève gĂ©nĂ©rale, 6 voix « contre », et 28 abstentions.
  50. . Le journal L'Humanité, comme il le fait régulièrement offre les colonnes de sa « Tribune syndicale » aux dirigeants de la CGT. Quatre d'entre eux donnent leur explication des événements en première page. Le premier à être publié, le 29 mai 1909, est Niel lui-même. Suivent dans un ordre qui ne semble pas dû à un hasard éditorial, Alexandre Luquet, « révolutionnaire », Le Guerry, « réformiste », et Bled
  51. Le compte rendu de la Conférence extraordinaire des Fédérations nationales et des Bourses du travail et Unions de syndicats, tenue du 1er au 3 juin 1909, publié par la Confédération, (Cf. Institut d'Histoire sociale CGT, documents numérisés des Congrès et conférences de la CGT) atteste que ses fonctions se poursuivent. Il signe et administre en tant que « secrétaire général (démissionnaire) ».
  52. Le premier tour des élections législatives de 1910 à Béziers 1 livre ces résultats : Lafferre député sortant, radical socialiste, obtient 10 341 voix Pech, maire radical socialiste de Béziers, pointe à 9 147 voix. Niel, socialiste unifié, est sur la petite marche du podium, avec… 2 837 voix. (Résultats visionnés dans L'Humanité, le 28 avril 1910). En 1906, le candidat socialiste unifié, Marcel Cachin, pourtant « parachuté » dans les lieux, avait obtenu 7 697 voix !
  53. Cf. Compte rendu du Congrès de Toulouse, le rapport d'activité de la Direction sortante occupe les 100 premières pages d'un opus qui en compte plus de 600.
  54. Ainsi on s'indigne de la collaboration Ă  cette presse d'un certain Gaston Thil « rĂ©formiste notoire ». Il semble s'agir de l'ancien secrĂ©taire adjoint de la CGT, G. Thil ! dont aucun ouvrage d'histoire du syndicalisme ne donne le prĂ©nom.
  55. La motion votée au Congrès de 1908 met de telles conditions préalables à la reprises des relations internationales, que Niel en fait a appliqué… le texte de la motion adverse, la sienne : reprise des relations sans condition
  56. Contrairement Ă  ce qu'affirment certains sites, il ne « disparait » pas immĂ©diatement après juillet 1909, voire mai 1910, quand il candidate la dĂ©putation.
  57. Se voulant magnanime, on lui accorde 15 minutes de parole.
  58. Cf. Le XXe Congrès de la CGT, op. cit., p. 204
  59. Compte rendu du Congrès, page 216-217, interruption de Lamarque, page 233-234, interruption de Yvetot, puis de Pauron
  60. Le congrès 1910 à Toulouse, compte rendu intégral, p. 294-295.
  61. Niel n'est pas seul. Comme Jouhaux, il est porte-parole de plusieurs autres signataires.
  62. voir bibliographie, l'extrait cité est aux pages 82-83
  63. Cf. le Dictionnaire biographique cité plus haut
  64. Par l'intermédiaire du moteur de recherche du site Galicade la BNF.

Voir aussi

Sources principales

  • Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français version papier, tome 14, pages 181-182, notice « Louis Niel ». Le dictionnaire est consultable en cĂ©dĂ©rom.
  • Jean Sagnes, Le mouvement ouvrier du Languedoc (« Syndicalistes et socialistes de l'HĂ©rault, de la fondation des Bourses du travail Ă  la naissance du parti communiste »), Ă©ditions Privat, Toulouse, 1980.
  • Édouard DollĂ©ans, Histoire du mouvement ouvrier, tome 2 (1871-1920), Armand Colin, Paris, 1939 (rĂ©Ă©dition de 1967).
  • Georges Lefranc, Le mouvement syndical sous la troisième rĂ©publique, Payot Ă©diteur, Paris, 1967.
  • Michel Dreyfus, Histoire de la CGT (« Cent ans de syndicalisme en France »), Ă©ditions Complexe, 1995.
  • Institut CGT d'histoire sociale, comptes rendus des congrès de la Cgt, version numĂ©risĂ©e :
    • 12e Congrès corporatif (6e de la CGT) Lyon, 23-.
    • 13e Congrès corporatif (7e de la CGT) Montpellier, 22-.
    • 14e Congrès corporatif (8e de la CGT) Bourges, 12-.
    • 15e Congrès corporatif (9e de la CGT) Amiens, 8-.
    • 16e Congrès corporatif (10e de la CGT) Marseille, 5-.
    • 17e Congrès corporatif (11e de la CGT) Toulouse, 3-.
  • Idem, comptes rendus des congrès de la FĂ©dĂ©ration des Bourse du travail :
    • 9e Congrès, Nice, 17-.
    • 10e Congrès, Alger, 15-.
  • Idem, ConfĂ©rence extraordinaire des fĂ©dĂ©rations & des Bourses, Paris, 1-.
  • Seuls (pour la pĂ©riode concernĂ©e) les actes du Congrès d'Amiens ont Ă©tĂ© republiĂ©s :
    • Institut CGT d'histoire sociale, 1906, le congrès de la Charte d'Amiens, Paris 1983,
  • Les autres sources bibliographiques sont pour la pĂ©riode d'avant 1914 rĂ©pertoriĂ©es Ă  l'article : Bureau confĂ©dĂ©ral de la CGT.
  • Sur la crise de 1909 :
    • Christian Henrisey, Postiers en grèves 1906-1909, Entraide PTT sud-est, 1995.
  • Le cadre sociĂ©tal et politique est dressĂ© par :
  • La presse quotidienne est consultable sur le site Gallica de la BNF.
  • Le mĂŞme site livre Ă  la consultation le pĂ©riodique « rĂ©formiste » La revue syndicaliste, oĂą Niel a Ă©crit plusieurs articles entre 1905 et 1909.
  • Sur l'idĂ©ologie d'origine de Louis Niel (dont le nom y est citĂ©) :
    • Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, tome 1, Des origines Ă  1914, François Maspero Ă©diteur, Paris, 1975.
  • Un point de vue Cgt sur la cgt
    • LĂ©on Jouhaux La Cgt! ce qu'elle est, ce qu'elle veut, Gallimard-NRF, Paris, 1937.

Articles connexes

Liens externes

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