Loterie des lingots d'or
La loterie des lingots d'or était une célèbre loterie à vocation politique organisée par la « Société des lingots d'or », société créée par décret le . Elle avait pour vocation de convoyer 5 000 ouvriers sans travail en Californie. Loterie truquée, son ambition réelle était d'évacuer la capitale de ses indésirables, mais aussi des simples indigents. Le gagnant du lingot est un vigneron de Bouzy, Louis Médard Yvonnet[1].
Objectifs
Organisée par le préfet de police de Paris, Pierre Carlier, sur la suggestion de l'armateur Jules Langlois, elle avait pour vocation de convoyer 5 000 ouvriers sans travail en Californie.
Les Parisiens sans ressources ayant l'expérience des armes, les anciens de la garde mobile et de la garde républicaine notamment d'une part, et les révolutionnaires et les émeutiers d'autre part, suscitaient particulièrement la méfiance des nouvelles autorités.
Doté d'un gros lot qui était constitué d'une valeur de 400 000 francs exposé boulevard Montmartre à Paris, l'argent récupéré par la loterie permit en réalité aux autorités d'envoyer à San Francisco plus de 3 300 chercheurs d'or français, de 1851 à 1853.
Organisation
Rêvant d'eldorado californien, les postulants au départ s'inscrivaient sur des registres d'inscription à la préfecture, dans lesquels cette dernière effectuait arbitrairement le choix des émigrants.
Si la quasi-totalité de ces derniers étaient des Parisiens, un dixième cependant étaient des provinciaux, notamment des personnes désargentées appuyées par des notables locaux, originaires soit de Saint-Servan (depuis rattachée à Saint-Malo), soit du Havre. Cette présence s'explique par le fait que l'appel d'offre pour le transport des émigrants fut attribué en pour 795 francs par émigrant adulte à un armateur havrais Louis Victor Marziou et que beaucoup de marins malouins, en proie à une crise économique locale, servaient alors sur la flotte havraise.
Arrivés à San Francisco, ceux qui avaient réchappé au passage du cap Horn et à la fièvre jaune déchantaient, puisqu'arrivant bien après la ruée dans une ville inflationniste et onéreuse.
Le gagnant du lingot est un vigneron de Bouzy, Louis MĂ©dard Yvonnet[1].
TĂ©moignage
Une jeune femme, Fanny Loviot, a laissé un rarissime témoignage écrit sur cette expédition dans un livre intitulé Les pirates chinois : ma captivité dans les mers de la Chine , paru en 1860 à Paris. Elle y relate dans un chapitre le voyage du dixième convoi des « lingots d'or », celui de la goélette Indépendance du capitaine Allèmes, parti du Havre le et arrivé à San Francisco, le de la même année.
Le fondateur de la boulangerie Boudin, Isidore Boudin a gagné son voyage vers la Californie grâce à cette loterie[1].
Notes et références
- (en) « A la loterie des lingots, aller simple pour l’avenir », sur lirelactu.fr (consulté le )
Bibliographie
- Fanny Loviot, Les pirates chinois : ma captivité dans les mers de la Chine (Nouvelle édition revue et augmentée avec portrait de l'auteur), Éditeur : A. Bourdilliat (Paris), 1860..
- Madeleine Bourset, La Loterie des lingots d'or.
- Archives de la préfecture de police, de Paris, 2006.
- Olivier Le Dour et Grégoire Le Clech , Les Bretons dans la ruée vers l'or de Californie, 2006, évoquent cet épisode.
- Léon Lemonnier, La Ruée vers l'or, NRF, Gallimard, 1944.
- Jean-Paul Bouchon, « Fanny Loviot, chercheuse d'or au Far West », Les Carnets de l'exotisme, Kailash, no 1 « L'exotisme au féminin »,‎ , p. 51 (ISBN 978-2-84268-065-7).
- Jean-François Miniac, Les mystères de la Manche, chapitre sur le récit du voyage de l'Indépendance, de Borée, 2009.