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Loka-hteik-pan

Le Loka-hteik-pan (Monument n° 1580)[1] est un petit temple en briques « ornant le sommet de l’univers »[2], au sud de la vieille ville de Bagan (Birmanie), capitale de l’ancien royaume de Pagan. Comme d’autres temples de l’endroit (Abeyadana, Nagayon), il est ouvert vers le nord[3].

Loka-hteik-pan
Image illustrative de l’article Loka-hteik-pan
Loka-hteik-pan, vue extérieure
Présentation
Nom local á€œá€±á€Źá€€á€‘á€­á€•á€șပနá€ș
Culte Bouddhisme
Type Temple
DĂ©but de la construction vers 1100
GĂ©ographie
Pays Birmanie
CoordonnĂ©es 21° 09â€Č 54″ nord, 94° 51â€Č 55″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Birmanie
(Voir situation sur carte : Birmanie)
Loka-hteik-pan

Ce temple fut probablement construit vers 1100, durant le rĂšgne de Kyanzittha (r. 1084-1113)[4]. Son plan est constituĂ© d’un porche s’ouvrant sur un court vestibule qui prĂ©cĂšde le sanctuaire proprement dit, de plan carrĂ©, dans lequel est Ă©rigĂ©e l’image de culte. Cette image montre le Bouddha assis les jambes croisĂ©es dans la position dite du lotus et effleurant la terre de sa main droite, geste qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’instant oĂč Gautama devint ‘buddha’ (bouddha) ou â€˜Ă©veillé’. L’image construite en briques, et ensuite stuquĂ©e et peinte, est Ă©rigĂ©e sur un haut piĂ©destal dĂ©gagĂ© qui permet la circumambulation.

Ornementation picturale

Loka hteik pan, vue intérieure.

Ce moment primordial que fut l’Éveil se trouve au centre d’une composition peinte sur le mur de fond et qui reproduit de maniĂšre synthĂ©tique la biographie du Bouddha. On reconnait de bas en haut et Ă  la gauche du Bouddha : la reine Māyā donnant naissance au futur Bouddha, le miracle de multiplication des images Ă  ƚrāvastÄ« (SāvatthÄ«) et la descente du ciel des 33 dieux, et de bas en haut Ă  la droite du Bouddha : la retraite dans la forĂȘt de Pārileyyaka (en), le premier sermon Ă  Sarnath et l’apprivoisement de l’élĂ©phant ivre Nālāgiri (ou Dhanapāla). Le mur est dominĂ© par la reprĂ©sentation du dĂ©cĂšs ou parinirvāna, aujourd’hui en grande partie effacĂ©e, et par deux scĂšnes latĂ©rales illustrant la dispute concernant le partage des reliques. Quatre stĆ«pa abritant des reliques Ă©taient Ă©galement peints dans les angles de ce bandeau horizontal[5]. Les deux moines agenouillĂ©s peints dans la partie infĂ©rieure du mur, vĂ©nĂ©rant l’image centrale, sont Mogallana et Sariputta, deux des plus fidĂšles disciples du Bouddha[6].

Le mur septentrional qui fait face Ă  l’image de culte est ornĂ© de la reprĂ©sentation des Vingt-huit bouddhas qui prĂ©sentent soit le geste d’effleurement de la terre, soit celui de l’enseignement oĂč les deux mains sont jointes, leurs doigts formant deux cercles devant la poitrine. Chaque Bouddha du passĂ© est identifiĂ© par une courte inscription et est accompagnĂ© de moines le vĂ©nĂ©rant[7].

Le mur occidental ainsi que les deux murs du vestibule sont ornĂ©s de reprĂ©sentations de jātakas, les vies antĂ©rieures du Bouddha : ce long cycle de 547 contes rĂ©unis en 22 livres constitue un thĂšme rĂ©current dans l’ornementation iconographique des temples et stĆ«pa de Pagan, mais le traitement qui en est offert dans le Loka-hteik-pan est unique : les 21 premiers livres sont illustrĂ©s dans la partie supĂ©rieure du mur occidental par le conte liminaire de chacun d’entre eux. Les huit premiers contes du vingt-deuxiĂšme et dernier livre sont dĂ©taillĂ©s sur plusieurs bandeaux qui se dĂ©roulent de haut en bas sur le mur. Les deux derniers jātakas dont le Vessantara JĂątaka, la derniĂšre vie ayant prĂ©cĂ©dĂ© l’existence historique du Buddha, sont repris de maniĂšre fort dĂ©taillĂ©e sur les murs latĂ©raux du vestibule.

Le mur oriental du sanctuaire comporte une reprĂ©sentation du Bouddha montant sur le Mont Meru, localisĂ© au centre de l’univers, et prĂȘchant sa parole Ă  sa mĂšre et aux dieux y rĂ©sidant. Sous ce panneau, Ă  droite, se trouve la reprĂ©sentation de la rencontre entre Sumedha, un ascĂšte, et le Bouddha DÄ«paáč…kara qui prĂ©dit Ă  ce dernier qu’il sera un jour lui-mĂȘme Bouddha, Ă  savoir celui que nous nommons le Bouddha ƚākyamuni (Sakyamuni, Sakkamuni).

Le plafond du vestibule comporte une reprĂ©sentation des empreintes de pieds du Bouddha qui incluent chacune 108 motifs symboliques faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la dimension cosmique du Bouddha. Les empreintes, Ă©tant dirigĂ©es vers le sanctuaire, indiquent d’une certaine façon au fidĂšle la voie Ă  suivre vers l’objet de culte, Ă  savoir l’image du Bouddha, qui est aussi symbole de l’Éveil marquant l’aboutissement de la quĂȘte spirituelle. Ceci explique aussi la reprĂ©sentation de la fleur de lotus Ă©panouie Ă  la clef de voĂ»te du sanctuaire : ce motif, hĂ©ritĂ© de l’art indien, symbolise non seulement le soleil mais aussi l’affranchissement par l’ñme des contingences matĂ©rielles.

Architecture

Le sanctuaire de plan carrĂ© comporte trois fenĂȘtres ; sa toiture Ă  retraits successifs supporte une tour de plan carrĂ© dont la structure et la silhouette arrondie s’inspirent d’un modĂšle indien, le ƛikhara. Quatre tourelles, en grande partie restaurĂ©es, sont posĂ©es aux angles des retraits successifs. Les trois fenĂȘtres sont cernĂ©es par un double porche dont les arcs polylobĂ©s supportent un rang de languettes de taille croissante. Les murs reposent sur un socle moulurĂ©. L’ensemble du monument a dĂ» ĂȘtre recouvert d’une couche de stuc aujourd’hui en grande partie dĂ©truite.

Notes et références

  1. Étant donnĂ© le fort grand nombre de monuments bĂątis dans la plaine de Bagan et afin de faciliter leur catalogage, ils ont tous Ă©tĂ© numĂ©rotĂ©s, un grand nombre d'entre eux portant Ă©galement un nom. Dans son "Inventaire des monuments de Pagan" en huit volumes publiĂ©s entre 1992 et 2001, Pierre Pichard en recense 2834.
  2. Ba Shin 1962, p. 1.
  3. Luce 1969/70, vol. I, pp. 384-388; vol. III, planches 352-356; Pichard 1995, pp. 198-202; Strachan 1989, pp. 83-84; Stadtner 2005, pp. 238-245.
  4. Bautze-Picron 2008, p. 152.
  5. Ba Shin 1962, pp. 10-12.
  6. Bautze-Picron 2003, pp. 103-104.
  7. Bautze-Picron 2003, pp. 81, 84.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • (en) U Ba Shin (Bohmu Ba Shin), The Lokahteikpan, Early Burmese Culture in a Pagan Temple, Rangoon: The Burma Historical Commission, Ministry of Union Culture, The Revolutionary Government, Union of Burma, , 210 p. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Claudine Bautze-Picron, The Buddhist Murals of Pagan, Timeless Vistas of the Cosmos, with photography by Joachim K. Bautze, Bangkok: Orchid Press, 2003.
  • Claudine Bautze-Picron, Some Observations on the cosmological Buddhapadas at Pagan, Journal of Bengal Art, vol. 8, 2003, pp. 19-68. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Claudine Bautze-Picron, The Sermon on Mount Meru in the Murals of Pagan, in: Interpreting Southeast Asia’s Past: Monument, Image and Text, ed. by E.A. bacus, I.C. Glover and P.D. Sharrock (with editorial assistance of J. Guy and V.C. Pigott). Singapore: National University of Singapore Press, 2008, pp. 142-55. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Gordon H. Luce, Old Burma ~ Early PagĂĄn, New York: J.J. Augustin Publisher/Artibus Asiae/The Institute of Fine Arts, New York University, 1969/70.
  • Pierre Pichard, Inventaire des monuments : Monuments 1440-1736 [« Inventory of Monuments at Pagan »], vol. Six, Paris/Kiscadale, EFEO/UNESCO/Paul Strachan, Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Donald M. Stadtner, Ancient Pagan, Buddhist Plain of Merit, Photography Michael Freeman & Donald M. Stadtner, Bangkok: River Books, 2005.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Paul Strachan, Imperial Pagan : Art and Architecture of Burma, Honolulu, University of Hawaii Press,

Article connexe

Liens externes

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