Lionel Cros
Lionel Cros (né à Paris 4e le et décédé à Paris 3e le [1]) est un styliste et couturier français, créateur de vêtements et d’accessoires de mode. Il connait une ascension fulgurante au tournant des années 1980 et 1990, grâce à ses créations en caoutchouc, en latex, en métal, en stretch et en vinyle[2].
Biographie
En 1986, il ouvre sa première boutique à Paris. « Il y vend des Dr. Martens, des vêtements et des accessoires en vinyle, en latex, en caoutchouc ou en métal »[2]. Rapidement, ses créations faisant écho aux innovations des années 1970 de Paco Rabanne séduisent des journalistes de mode comme Jacqueline Manescau, des artistes et des personnalités tels que Guesch Patti, Lova Moor, Gérard Kappauf.
Elles apparaissent dans les séries de mode de nombreux magazines de mode français (ELLE[3] - [4], L'Officiel de la Mode), les éditions européennes de Harper's Bazaar et de Max, ainsi que dans le Vogue américain et dans la presse généraliste et spécialisée (Paris Match , Photo[5], Sans Nom - l'ancêtre de Citizen K, VSD[6]).
En 1990, Jean-Baptiste Mondino les fait apparaître dans le vidéo-clip Tandem de Vanessa Paradis. La chanteuse et les danseurs y portent tous des créations du styliste : vêtements en cuir, en métal, des bijoux et des accessoires.
Le , le créateur organise un défilé de mode, acclamé par la presse de l’époque, dans la Grande nef du CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, l’espace alors investi par l'artiste Richard Serra qui y présentait « Threats of Hell »[6] - [7] - [8].
Il meurt soudainement à l’âge de 35 ans, victime du SIDA[9].
Style
Il est considéré comme styliste à l'origine de la déférente des références du fétichisme voire de la pornographie dans la mode. Dans son ouvrage "Traité du fétichisme : à l'usage des nouvelles générations" (Prix Sade 2005), Jean Streff parle ainsi du rôle du styliste dans le renouvellement de la mode de cette période et de son influence sur d'autres couturiers phares de ce courant Thierry Mugler et Jean-Paul Gaultier en particulier : « En 1986, le Français Lionel Cros propose à la presse internationale Perfectos en plastique, bombers en vinyle et robes en latex. Mugler et autre Gaultier s’engouffrent dans la brèche »[10].
La presse de l'époque est unanime pour lui reconnaitre le statut de précurseur[5] : « Saint Laurent a tout fait avant tout le monde. Depuis c'est Lionel Cros qui a fait bouger le monde en apportant une nouvelle dimension avec les matières. Comme le latex ou le métal. Tous les deux ont été révolutionnaires. »
En , une journaliste du Monde rendra ainsi compte de cette première vague du fétichic : « Le peintre américain à la mode, Jeff Koons, enlacé avec la Cicciolina dans ses dernières œuvres, Jean-Baptiste Mondino, réalisateur entre autres de clips (Madonna, Vanessa Paradis, Prince, Neneh Cherry) ou encore les photographes de mode Steven Meisel, Chico Bialas, privilégient une sensualité animale et explosive : fausses B.B. enfourchant leur moto, Barbarella de latex, anges du mal en robes du soir arrachées ou vite enfilées sur la plage, lingerie de métal signée Lionel Cros. »[11]
Photo Cinéma Magazine qui lui consacre un long article dans un numéro de 1990 introduit ainsi les lecteurs dans son univers :« Farfadet qui surfe sur la déferlante de la mode, Lionel Cros n'est pas seulement un créateur de vêtements qui réveille un fashion-circus engoncé dans le sérieux ou dilué dans l'effet. C'est un multi-créatif » .
Collaborations
Le styliste collabore avec des photographes[9] tels que Juan Lasterra qui réalise les premiers clichés de ses créations parues dans l'Officiell. Après avoir travaillé avec Lionel Cros sur le vidéo-clip Tandem de Vanessa Paradis, Jean-Baptiste Mondino réalise pour ELLE une série de mode intitulée « Vinyl La Folie » avec la top-modèle Emma Sjoberg [4]. Philippe Robert met ses créations en image, portées par les modèles et top-modèles de l’époque[5] : Carla Bruni[12], Claire Dhelens, Estelle Lefébure et les artistes comme Lio, Sophie Marceau, Mathilda May, Sylvie Vartan[13], pour les magazines tels que Harper's Bazaar, Max et Photo. Thierry Le Gouès fait également partie des photographes proches du créateur.
Notes et références
- Relevé généalogique sur Filae
- Marie Bertherat (dir.), 100 ans de la mode, Paris, Éditions Atlas, 1995, 127 p. (ISBN 2-7312-1798-7)
- (en) François Baudot et Jean Demachy, Elle Style : The 80's, Filipacchi Publishing, , 192 p. (ISBN 2-85018-702-X, lire en ligne), p. 175
- « Vinyl la Folie », Elle,‎ (lire en ligne)Le lien renvoie vers un forum présentant la série originale scannées - billet n°605.
- Agnès Grégoire, « Philippe Robert : sex, mode, latex », Photo, no 283,‎ (lire en ligne) :
« Il met en images les réalisations du styliste Lionel Cros. Les robes moulantes en latex dessinent les corps. (...) Un véritable remake des années 70 sur fond de stylisme actuel. »
- « Lionel Cros-Sexy Show », VSD, no 698,‎
- « Lionel Cros explose au musée d'art contemporain de Bordeaux », L'Officiel, Éditions Jalou, no 761,‎ , p. 74 (lire en ligne) :
« Coqueluche de l'année. Lionel Cros, ce couturier délicieusement fou qui anoblit le caoutchouc, le latex et le vinyle, crée comme on fait du zapping et sublime par ses inventions, Vanessa Paradis, Guesch Patti ou Lova Moor, est en train de conquérir le monde de la mode. »
- « Lionel Cros : dites 33 », L'Evénement du jeudi,‎
- « Hommage au styliste Lionel Cros par Juan Lasterra et quelques photographes (Hall du Sporting Club d'hiver). », Photographies Magazine, no 44,‎
- Jean Streff, Traité du fétichisme : à l'usage des jeunes générations, Paris, Denoël, , 544 p. (ISBN 2-207-25497-6, lire en ligne), p.459
- « Images inquiètes La semaine du prêt-à -porter vient de s'achever Bilan d'une époque entre deux feux », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- « Vente - photojournalisme et mode - lot 78 », sur SVV Thierry de Maigret, (consulté le ) : « Ces photographies marquent, avec l'arrivée de stylistes comme Lionel Cros ou la résurrection de plus anciens comme Paco Rabanne, le déferlement du sexe dans la mode et la naissance d'un nouveau type de mannequins dont la plastique et la personnalité prennent le pas sur la mode qu'elles portent, mode presque reléguée au rang d'accessoire. »
- « Sylvie Vartan et la mode : les années 1990 », sur Site Officiel : « 1991, (…) Pour le magazine Max, elle pose pour Philippe Robert, photographe très demandé. Elle porte des tenues signées Lionel Cros : robe dentelle stretch, blouse mousseline et broderie »