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Linguicide

Le linguicide est l'élimination concertée d'une ou de plusieurs langues par des mesures politiques explicites. Les États, sans prendre de mesures administratives, disposent de plusieurs instruments d'exécution dont les plus connus sont l'armée, l'école et les médias[1]. Le phénomène de mort des langues peut aussi coïncider avec un ethnocide, c'est-à-dire la mort d'une langue et d'une culture[1].

Description

Pour un État, mener une politique linguistique linguicide consiste :

  • à inciter les locuteurs d'une langue (généralement différente des langues officiellement reconnues par cet État) à ne pas transmettre leur langue à leur progéniture,
  • à ne pas assurer l'enseignement dans une langue de cet État,
  • à ne pas permettre l'usage public d'une langue,
  • à promouvoir exagérément une langue voisine ou géographiquement voisine de celle à faire disparaître.

La politique linguistique de la France vis-à-vis de ses langues régionales a pu être décrite comme linguicide[2].

Cas notables

France

Campagne de la Troisième République pour interdire l'usage de la langue bretonne par le clergé (journal La Croix du ).

L'ambition affichée de l'État français, en particulier sous la Troisième République, de lutter contre les langues régionales à l'instar des langues d'oïl, des langues d'oc, du basque, du breton, du catalan, du corse, du flamand et plus tard de l'alsacien, notamment par le refus de tout type reconnaissance officielle et par l'interdiction explicite de les parler dans les établissements scolaires, a souvent été décriée comme « linguicide »[3].

En 2008, l'opposition[4] de l'Académie française à tout type de reconnaissance des langues régionales dans la constitution fut perçue par certains défenseurs des langues régionales comme étant « linguicide »[5].

Russie

Sous l'Empire russe, plusieurs politiques de russification[6] sont entreprises, notamment en Pologne et Finlande.

Avis des autorités impériales russes interdisant de parler polonais dans les lieux publics (1864).

Turquie

La détermination de l'Etat turc à nier imposer le turc comme seule langue nationale au détriment du kurde entre autres est régulièrement décrite comme étant linguicide[7].

Bibliographie

  • Amir Hassanpour, "The politics of A-political Linguistics: Linguists and Linguicide", in Rights to Language: Equity, Power, and Education, Robert Phillipon ed., Routledge, 2000, 320 p., pp. 33-39 (linguicide de la langue kurde)
  • Djamila Saadi-Mokrane, "The Algerian Linguicide", in Algeria in Others' Languages, Anne-Emmanuelle Berger ed., Cornell University Press, Ithaca and London, 2002, 246 p., pp. 44-58

Références

  1. Claude Hagège, Halte à la mort des langues, Paris, Éditions Odile Jacob, coll. « Poches Odile Jacob, 98. », , 381 p. (ISBN 2-7381-1182-3 et 978-2-7381-1182-1, OCLC 398102058), p. 119 à 144
  2. Jeanjean, H. A. 2006, 'The French and their minorities: the legal 'linguicide' arsenal', 2006 Australasian Law and Society Conference, Book of Abstracts, University of Wollongong, Wollongong
  3. Henri Jeanjean, « The French and their minorities: the legal 'linguicide' arsenal », Faculty of Law, Humanities and the Arts - Papers (Archive),‎ , p. 16–17 (lire en ligne, consulté le )
  4. « « La langue de la République est le français » | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  5. David Grosclaude, « Macron : l’estocade sera donnée aux langues de France », (consulté le )
  6. « The Ems Ukase of 1876 and the problem of linguicide | Rudnyckyj, Jaroslaw B. | download », sur ur.booksc.me (consulté le )
  7. (en) Amir Hassanpour, Jaffer Sheyholislami et Tove Skutnabb-Kangas, « Introduction. Kurdish: Linguicide, resistance and hope », International Journal of the Sociology of Language, vol. 2012, no 217,‎ , p. 1–18 (ISSN 1613-3668, DOI 10.1515/ijsl-2012-0047, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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