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Limite de Greisen-Zatsépine-Kouzmine

La limite de Greisen-Zatsépine-Kouzmine (ou limite GZK, en anglais GZK limit ou GZK cutoff) est une limite théorique supérieure de l'énergie des rayons cosmiques provenant de sources distantes (au-delà de notre galaxie, la Voie lactée). En d'autres termes, on ne devrait pas observer sur Terre de rayons cosmiques avec une énergie supérieure à cette limite. En réalité, des dépassements de cette limite théorique ont bien été observés. Cette anomalie encore inexpliquée, fait l'objet de recherches.

Explication

La limite GZK fut calculĂ©e en 1966 par Kenneth Greisen[1], Vadim Kouzmine et GuĂ©orgui ZatsĂ©pine[2], d'après les interactions prĂ©vues entre un rayon cosmique et les photons issus du fond diffus cosmologique. D'après ces calculs, les rayons cosmiques d'une Ă©nergie supĂ©rieure Ă  5 Ă— 1019 eV interagiraient avec ces photons, et produiraient des pions, rĂ©sultant de l'une des deux rĂ©actions possibles suivantes :

ou

oĂą :

  • dĂ©signe un photon du fonds diffus cosmologique,
  • un proton qui est le "rayon cosmique" sous sa forme initiale,
  • + une particule intermĂ©diaire appelĂ©e baryon delta, qui se dĂ©sintègre en :
    • soit un proton et un pion neutre 0,
    • soit un neutron et un pion positif +.

Cette création de pions se traduirait par une perte d’énergie du proton originel et ces interactions se produiraient tant que l'énergie des rayons cosmiques dépasserait cette limite. Ceci implique que des rayons d'origine lointaine (c'est-à-dire en dehors de notre galaxie) observés depuis la Terre ne peuvent jamais dépasser ce niveau d'énergie. À cause du libre parcours moyen associé à ces interactions, des rayons cosmiques provenant de distances plus grandes que 50 mégaparsecs (163 millions d'années-lumière) ne devraient jamais atteindre la Terre. De plus, aucune source proche n'a été identifiée comme susceptible de produire des rayons cosmiques de si haute énergie.

Observations

En , durant la trentième conférence internationale sur les rayons cosmique, à Mérida, au Yucatán (Mexique), l'expérience High Resolution Fly's Eye Cosmic Ray Detector (HiRes) et l'Observatoire Pierre Auger présentèrent leurs résultats sur les rayons cosmiques de très haute énergie. HiRes a observé une chute du spectre en énergie des rayons cosmiques précisément à l'énergie prédite, observant seulement 13 détections avec une énergie plus grande que la limite, alors qu'on en attendait 43 en l'absence de limite[3]. De même, l'Observatoire Pierre Auger n'a enregistré que deux détections interprétées comme venant de noyaux plus lourds, alors qu'on en attendait 30 en l'absence de limite GZK.

En , les chercheurs de l'observatoire Pierre Auger annoncèrent disposer d'observations montrant que les rayons cosmiques d'ultra-haute énergie provenant de noyaux actifs de galaxie, dont le centre est composé d'un trou noir supermassif dans lequel de la matière tombe en spiralant[4].

Les données de la collaboration AUGER confirment ainsi l'existence de la limite GZK. Mais Luis Gonzalez-Mestres, chercheur au CNRS, a fait remarquer[5] que les conséquences de l'existence de cette limite pour la relativité restreinte et les modèles sur la violation de la symétrie de Lorentz[6] dépendent énormément de la composition des rayons cosmiques de ultra-haute énergie.

D'après l'analyse de la collaboration AUGER, les rayons cosmiques d'Ă©nergie supĂ©rieure Ă  6 Ă— 1019 eV semblent ĂŞtre principalement des protons. Un point de vue alternatif a Ă©tĂ© proposĂ© par Daniele Fargion[7] qui suggère que ces rayons sont principalement des noyaux lĂ©gers : hĂ©lium, bĂ©ryllium, bore, carbone, oxygène. Le problème de la limite GZK reste donc encore partiellement irrĂ©solu.

Paradoxe

L'existence de rayonnements au-delĂ  de la coupure GZK est un paradoxe connu sous le nom du « paradoxe GZK » ou « paradoxe du rayon cosmique ». Un flux trop important de particules au-delĂ  de la coupure GZK contredit certains points de la relativitĂ© restreinte et de la physique des particules telles que nous les connaissons aujourd'hui. Cependant, l'observation de particules au-delĂ  de la coupure n'est pas en dĂ©saccord avec les modèles actuels. En effet, la limite GZK stipule simplement que des particules de plus de 5 Ă— 1019 eV ne peuvent avoir parcouru plus de 50 mĂ©gaparsecs avant d'arriver jusqu'Ă  la Terre sans se dĂ©sintĂ©grer lors de leur propagation. Cette limite ne s'applique donc qu'aux sources distantes, et il est possible que les rayons observĂ©s aient Ă©tĂ© Ă©mis Ă  l'intĂ©rieur de notre propre galaxie. Dans ce cas, une signature spatiale localisĂ©e devrait ĂŞtre dĂ©tectĂ©e. Une autre approche suggère que des particules Ă  haute Ă©nergie, les neutrinos, crĂ©eraient les rayons observĂ©s par leur interaction.

En 2004, des observations par l'Akeno Giant Air Shower Array (AGASA) ont révélé l'existence d'un flux de rayons cosmiques d'énergie supérieure à cette limite. Nombre de théories exotiques avaient alors été proposées pour expliquer ces observations, la plus remarquable est probablement celle de la relativité doublement restreinte. Cependant il semblerait que la mesure effectuée par AGASA recèle des sources d'erreurs puisque les dernières observations réalisées par de nouvelles expériences ne confirme pas l'existence d'un tel flux au-delà de la coupure GZK[8] - [9].

Notes et références

  1. (en) Kenneth Greisen, « End to the cosmic-ray Spectrum? », Physical Review Letters, vol. 16, no 17,‎ , p. 748-750 (DOI 10.1103/PhysRevLett.16.748, Bibcode 1966PhRvL..16..748G, résumé)
  2. (en) Georgiy Zatsepin et Vadem Kuzmin, « Upper limit of the spectrum of cosmic rays », Journal of Experimental and Theoretical Physics Letters, vol. 4,‎ , p. 78 (Bibcode 1966JETPL...4...78Z)
  3. astro-ph/0703099] First Observation of the Greisen-Zatsepin-Kuzmin Suppression
  4. ASTROPHYSICS: Universe's Highest-Energy Particles Traced Back to Other Galaxies - Cho 318 (5852): 896 - Science
  5. [0802.2536] Lorentz symmetry violation and the results of the AUGER experiment, et références citées dans cet article
  6. Luis González-Mestres (printemps 1997), Vacuum Structure, Lorentz Symmetry and Superluminal Particles, https://arxiv.org/abs/physics/9704017 et Absence of Greisen-Zatsepin-Kuzmin Cutoff and Stability of Unstable Particles at Very High Energy, as a Consequence of Lorentz Symmetry Violation, https://arxiv.org/abs/physics/9705031
  7. [0801.0227] Light Nuclei solving Auger puzzles ?
  8. Observation of the suppression of the flux of cosmic rays above 4x10^19eV (Pierre Auger experiment)
  9. Observation of the GZK cutoff by the HiRes Experiment

Voir aussi

Liens externes

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