Ligne de Surzur Ă Port-Navalo
La ligne de Surzur à Port-Navalo est une ancienne ligne de chemin de fer, à voie métrique, française. Elle faisait partie du réseau des chemins fer secondaires du département du Morbihan et permettait, à partir de la ligne de Vannes à La Roche-Bernard, la desserte de la presqu'ßle de Rhuys de son ouverture en 1910 à sa fermeture en 1938[1].
Ligne de Surzur Ă Port-Navalo | |
Train au terminus de Port-Navalo. | |
Pays | France |
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Villes desservies | Surzur, Sarzeau, Arzon |
Historique | |
Mise en service | 1910 |
Fermeture | 1938 |
Concessionnaires | CM (1903 â 1947) dĂ©classĂ©e (Ă partir de 1947) |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 29,846 km |
Ăcartement | mĂ©trique (1,000 m) |
Ălectrification | Non Ă©lectrifiĂ©e |
Nombre de voies | Anciennement Ă voie unique |
Schéma de la ligne | |
Histoire
Chronologie
- 27 juillet 1907 : déclaration d'utilité publique ligne de Surzur à Port-Navalo par Sarzeau,
- 27 juillet 1910 : mise en service de Surzur Ă Port-Navalo par la Compagnie CM[2],
- Début de l'année 1947 : fin de l'exploitation de la ligne de Surzur à Port-Navalo[3].
Origine
Le projet de desserte des communes du dĂ©partement du Morbihan par des voies ferrĂ©es d'intĂ©rĂȘt local, Ă voie mĂ©trique, devient une rĂ©alitĂ©, en , lorsque le conseil gĂ©nĂ©ral dĂ©cide d'Ă©taler les constructions dans le temps en programmant les travaux en deux rĂ©seaux. La desserte des communes de Theix et de Surzur, situĂ©es Ă l'entrĂ©e de la presqu'Ăźle de Rhuys, est intĂ©grĂ©e dans la ligne de LocminĂ© Ă la Roche-Bernard programmĂ©e dans les chantiers du premier rĂ©seau[4]. Cette ligne passe par Vannes dont la station est situĂ©e prĂšs de la gare de la Compagnie du chemin de fer de Paris Ă OrlĂ©ans. La section de Vannes Ă la Roche-Bernard est mise en service le [5] par la Compagnie des chemins de fer d'intĂ©rĂȘt local du Morbihan, dĂ©signĂ©e par les initiales CM[6].
Projets sans suite
Un entrepreneur parisien, Ludovic de l'Ătang, propose de crĂ©er une voie ferrĂ©e sur la route de Vannes Ă Port-Navalo dans un courrier adressĂ© au prĂ©fet du dĂ©partement le . Pas assez dĂ©taillĂ©, son projet est rejetĂ© le par le conseil gĂ©nĂ©ral et sa requĂȘte adressĂ©e au ministre des travaux publics, le , est Ă©galement sans succĂšs. Pas dĂ©couragĂ©, le , il propose au prĂ©fet un nouveau projet intitulĂ© « Avantages pour la rĂ©gion sud du dĂ©partement du Morbihan qui rĂ©sulteraient de l'Ă©tablissement d'une voie ferrĂ©e Ă©troite sur la route de Vannes Ă Port-Navalo ». Son argumentaire comporte notamment, outre l'intĂ©rĂȘt de la ligne pour les populations, le dĂ©veloppement du port de Port-Navalo, sur la commune d'Arzon, et l'ouverture de stations balnĂ©aires qui permettraient d'attirer de nombreux touristes en saison estivale. Son projet n'est pas retenu[7] - [8].
Dans le mĂȘme temps, des communes se motivent pour obtenir une desserte. DĂšs 1885, les Ă©lus d'Arzon s'intĂ©ressent Ă une « ligne de Surzur Ă Sarzeau » en votant, le , une participation aux « frais d'Ă©tudes » de 100 francs et en 1887 le conseil municipal de la commune indique qu'il « fera tous les sacrifices que permettra la situation financiĂšre de la commune si le chemin de fer est prolongĂ© jusqu'Ă Arzon ». Les Ă©lus de Sarzeau, le chef-lieu du canton, demandent en une Ă©tude pour une ligne de Sarzeau Ă Vannes[9]. Mais la demande du conseil gĂ©nĂ©ral d'une subvention de 1 250 francs pour l'Ă©tude de ce projet est rejetĂ©e au prĂ©texte que cela intĂ©resse d'autres communes[7].
Projet relation Vannes - Sarzeau
En 1902, un avant-projet est constituĂ© pour la crĂ©ation d'une relation Vannes - Sarzeau[8]. Cette prĂ©-Ă©tude est motivĂ©e par l'intĂ©rĂȘt de la presqu'Ăźle Ă avoir un moyen de transport efficace pour rejoindre Vannes et Saint-Nazaire mais aussi pour faire venir des voyageurs et des touristes qui actuellement reculent face aux difficultĂ©s rencontrĂ©es pour effectuer ce voyage. Elle est Ă©galement plus prĂ©cise que le projet de Ludovic de l'Ătang, en chiffrant un potentiel de 12 049 habitants susceptibles d'effectuer cinq voyages pendant l'annĂ©e et en faisant l'inventaire des marchandises pouvant alimenter le trafic entrant ou sortant : le vin, l'alcool des distilleries qui ont besoin de bois et de charbon, les produits des moulins, environ 600 tonnes de sel produit par les marais salants de Sarzeau, Saint-Gildas et Port-Navalo, les produits de la pĂȘche et de l'ostrĂ©iculture. Le chiffrage prĂ©voit une exploitation bĂ©nĂ©ficiaire dĂ©gageant un bĂ©nĂ©fice annuel de 72 434,98 francs[10].
Cette demande, appuyĂ©e par tous les conseils municipaux intĂ©ressĂ©s, engendre des rĂ©actions, de la part de la compagnie concessionnaire du rĂ©seau dĂ©partemental qui propose, dans un courrier du , de « signer avec le dĂ©partement un traitĂ© de concession aux conditions ordinaires »[11] et de l'administration des ponts et chaussĂ©es qui diligente une Ă©tude aboutissant au rapport d'un ingĂ©nieur en date du de la mĂȘme annĂ©e. Il revoit lĂ©gĂšrement en baisse le potentiel de voyageurs, en estimant que cela concerne 11 500 personnes, et estime qu'il y aura un important trafic de marchandises alimentĂ© principalement par les vins blancs de Sarzeau, les eaux-de-vie de Saint-Gildas de Rhuys et du sel et des engrais marins. Il note Ă©galement que le prolongement de la ligne jusqu'Ă Port-Navalo apporterait une plus-value indĂ©niable et qu'il ne faut pas oublier qu'il existe une concurrence routiĂšre du fait que deux voituriers effectuent un service routier entre Vannes et Sarzeau[10]. La commission dĂ©partementale, qui dispose du dossier à « titre officieux » lors de sa sĂ©ance du , conclut au renvoi de l'affaire devant le conseil gĂ©nĂ©ral tout en partageant l'avis de l'ingĂ©nieur en chef sur l'utilitĂ© et le coĂ»t relativement modeste de ce projet[11].
Mise Ă l'enquĂȘte de Vannes Ă Port-Navalo
La 2e commission prĂ©sente son rapport sur le sujet lors de la sĂ©ance du conseil gĂ©nĂ©ral du [11]. Globalement la commission se rallie Ă l'avis de l'ingĂ©nieur sur l'intĂ©rĂȘt de la crĂ©ation de cette prolongation dans la presqu'Ăźle de la ligne venant de Vannes et comme quoi cette elle « ne paraĂźt pas devoir entrainer des dĂ©penses kilomĂ©triques de premier Ă©tablissement supĂ©rieures Ă celles du premier rĂ©seau », il prĂ©cise que le dossier chiffre un coĂ»t maximum de 45 000 francs par kilomĂštre soit un total de 600 000 francs pour les 13 kilomĂštres du tracĂ© le plus court de Sarzeau Ă Surzur et propose pour ses raisons de « complĂ©ter le dossier et de mettre la ligne Ă l'enquĂȘte ». Elle conseille nĂ©anmoins de complĂ©ter l'enquĂȘte sur deux points relevĂ©s dans le dossier de l'ingĂ©nieur. Le premier est de vĂ©rifier s'il n'y aurait pas un intĂ©rĂȘt Ă©conomique Ă prolonger immĂ©diatement la ligne de 13 km jusqu'Ă Port-Navalo, part Saint-Gildas et Arzon, ce qui reprĂ©sente un supplĂ©ment au maximum de 400 000 francs. Le deuxiĂšme concerne le choix du lieu de raccordement qui est le seul point qui divisent les communes : Damgan, Ambon et d'autres font le choix de Surzur alors que Noyalo, Le HĂ©zo et Saint-Armel choisissent Theix ce qui rallonge la ligne mais est plus direct pour rejoindre Vannes. Le conseil municipal de Sarzeau ne prend pas parti il acceptera le choix fait. La commission propose donc aux conseillers de voter sur la « mise en Ă©tat du dossier et la mise Ă l'enquĂȘte de la ligne de Vannes Ă Port-Navalo »[12]. AprĂšs quelques remarques, notamment sur le fait que cette nouvelle ligne ne doit pas venir avant celles dĂ©jĂ programmĂ©es dans le 3e rĂ©seau, les conclusions du rapport de la commission sont adoptĂ©es[13] - [10].
Ligne de Surzur Ă Port-Navalo
Une loi du , signĂ©e par le prĂ©sident de la rĂ©publique Armand FalliĂšres, dĂ©clare « d'utilitĂ© publique l'Ă©tablissement, dans le dĂ©partement du Morbihan, d'un chemin de fer d'intĂ©rĂȘt local, Ă voie Ă©troite, de Surzur Ă Port-Navalo »[14]
Exploitation
Le , le prĂ©fet du dĂ©partement autorise l'ouverture de l'exploitation du chemin de fer d'intĂ©rĂȘt local de Surzur Ă Port-Navalo[2] - [15].
Lors de sa sĂ©ance du le conseil gĂ©nĂ©ral dĂ©cide la fermeture de la quasi-totalitĂ© de son rĂ©seau, nĂ©anmoins pour Surzur Ă Port-Navalo, il dĂ©cide, d'attendre la remise en Ă©tat de la route, mais de fermer la ligne au plus tard le [16]. AprĂšs le dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, le conseil gĂ©nĂ©ral, lors de sa sĂ©ance du , dĂ©cide qu'en fonction des problĂšmes rencontrĂ©s il remet en service les voies fermĂ©es mais qui ne sont pas dĂ©posĂ©es et poursuit les circulations sur celles encore en service[17], ce qui est le cas de Surzur Ă Port-Navalo. Ce n'est qu'aprĂšs la fin de la guerre, au dĂ©but de l'annĂ©e 1947 qu'il dĂ©cide de fermer la ligne avant le de cette mĂȘme annĂ©e[3] - [18].
Caractéristiques
Tracé
Ligne de Surzur Ă Port-Navalo | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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La ligne était entiÚrement tracée en site propre.
.
Patrimoine ferroviaire
Il subsiste :
- La gare de Surzur avec le bĂątiment voyageur et la halle Ă marchandises. Celle-ci est en cours de rĂ©novation pour accueillir un centre associatif et dâexposition[19].
- La gare de Sarzeau.
Notes et références
- « Accueil - FACS », sur trains-fr.org (consulté le ).
- Yannic Rome, 2005, p. 130
- Yannic Rome, 2005, p. 224
- Yannic Rome, 2005, p. 100
- Yannic Rome, 2005, p. 111
- Yannic Rome, 2005, p. 104
- Yannic Rome, 2005, p. 125
- Yannic Rome, 2005, p. 126
- Yannic Rome, 2005, p. 124
- Yannic Rome, 2005, p. 127
- Conseil général, 22 avril 1903, p. 49
- Conseil général, 22 avril 1903, p. 50
- Conseil général, 22 avril 1903, p. 51
- « Loi dĂ©clarant d'utilitĂ© publique l'Ă©tablissement, dans le dĂ©partement du Morbihan, d'un chemin de fer d'intĂ©rĂȘt local, Ă voie Ă©troite, de Surzur Ă Port-Navalo », Journal officiel de la RĂ©publique française, Paris, Journaux officiels, 1901-1939,â , p. 5294-5295 (ISSN 0373-0425, lire en ligne).
- « Ouverture de ligne », Le journal des transports : revue internationale des chemins de fer et de la navigation, vol. 1878-1939, no 9,â , p. 14 (ISSN 1763-7279, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Yannic Rome, 2005, p. 220.
- Yannic Rome, 2005, p. 222.
- Guy Louvet, « Petite histoire des chemins de fer dans le département du Morbihan », sur www.sahpl.asso.f, Société d'archéologie et d'histoire du pays de Lorient (SAHPL), (consulté le )
- Ouest-France, « Surzur. La gare sera un lieu de vie pour les habitants », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- René Hulot, Petits trains du Morbihan et de Loire-Inférieure, La Vie du rail, 1993, 175 p. (ISBN 978-2902808441)
- Conseil gĂ©nĂ©ral du Morbihan, Rapports du prĂ©fet et dĂ©libĂ©rations du conseil gĂ©nĂ©ral, vol. 1903/04/20, Vannes, Conseil GĂ©nĂ©ral (ISSN 1249-3848, lire en ligne), SĂ©ance du 22 avril, « Chemins de fer d'intĂ©rĂȘt local : Ătablissement d'une ligne de Surzur Ă Sarzeau », p. 49-52. .
- Conseil gĂ©nĂ©ral du Morbihan, Rapports du prĂ©fet et dĂ©libĂ©rations du conseil gĂ©nĂ©ral, vol. 1904, Vannes, Conseil GĂ©nĂ©ral (ISSN 1249-3848, lire en ligne), Rapport supplĂ©mentaire et sĂ©ance du 14 avril, « Chemins de fer d'intĂ©rĂȘt local : Ligne de Surzur Ă Port-Navalo par Sarzeau », p. 96-100 et 161-163.
- Pays de Rhuys : Le petit train de la presqu'Ăźle, Sarzeau, Association Au vent de l'histoire, , 56 p. (ISBN 2-9512532-0-6).
- Yannic Rome, Grandes et petites histoires des tramways et petits trains du Morbihan, Le FaouĂ«t, Liv'Ăditions, coll. « MĂ©moire du Morbihan », , 246 p. (ISBN 2-84497-070-2), « Trois lignes complĂ©mentaires : Vannes-Port-Navalo », p. 124-130. .
Articles connexes
Liens externes
- « Le petit train de la presquâĂźle de Rhuys », sur Sarzeau : Office du tourisme,
- « Liste des chemins de fer secondaires : Morbihan (56) », sur Fédération des amis des chemins de fer secondaires (FACS)