Ligne de La Tour-sur-Orb Ă Plaisance-Andabre
La ligne de chemin de fer de La Tour-sur-Orb à Plaisance-Andabre (de nos jours Saint-Geniès-de-Varensal-Rosis) est une ancienne concession des Chemins de fer du Midi, reliée à la ligne de Béziers à Neussargues. Construite durant la Révolution industrielle pour relier le bassin minier de Graissessac[1], la ligne cesse d'être exploitée par la SNCF dans les années 1950[2].
Ligne de La Tour-sur-Orb Ă Plaisance-Andabre | |
Pont sur la Mare Castanet le Bas | |
Pays | France |
---|---|
Villes desservies | Graissessac, Saint-Geniès-de-Varensal |
Historique | |
Mise en service | 1858 – 1926 |
Électrification | 1931 – 1932 |
Fermeture | 1954 – 1978 |
Concessionnaires | Compagnie du chemin de fer de Graissessac à Béziers (1852 – 1865) MIDI (1865 – 1937) SNCF (1938 – 1989) Ligne déclassée (à partir de 1989) |
Caractéristiques techniques | |
Numéro officiel | 729 000 |
Longueur | 16,5 km |
Écartement | standard (1,435 m) |
Électrification | Non électrifiée |
Nombre de voies | Anciennement voie unique |
Schéma de la ligne | |
Histoire
De Graissessac Ă BĂ©ziers
La première étape de cette ligne a été amorcée par la Compagnie du chemin de fer de Graissessac à Béziers pour le transport du charbon du bassin houiller de Graissessac. La concession entre Béziers et Graissessac est autorisée en 1852[3].
La Compagnie du chemin de fer de Graissessac à Béziers, créée pour reprendre et gérer la concession, est approuvée le [4]. Les travaux sont achevés en 1858, mais la compagnie en difficulté financière est placé sous séquestre.
La convention signée entre le ministre des Travaux publics et la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne le acte le rachat du chemin de fer de Graissessac à Béziers, dont le prix sera fixé par un arbitrage. Cette convention prévoit en outre la concession à la compagnie de deux lignes. La première de Montpellier à « Milhau[5] » se raccordant depuis Paulhan à la ligne de Graissessac à Béziers au niveau de Faugères et s'en séparant à La-Tour-d'Orb pour continuer vers le nord, et la seconde « de Milhau à Rodez ». Cette convention est approuvée par décret impérial le [6]. La sentence arbitrale est rendue le . Elle fixe le montant du rachat de la ligne à 16 millions de francs. Un décret impérial entérine la sentence le [7].
De Graissessac Ă Plaisance-Andabre
Dès 1860, en amont de la vallée de la Mare, les mines de charbons de Plaisance et Andabre se trouvent sous exploitées du fait du manque de transports[8].
La loi du (dite plan Freycinet) portant classement de 181 lignes de chemin de fer dans le réseau des chemins de fer d’intérêt général retient en n° 156, une ligne « d'Estréchoux à Castanet-le-Haut[9] ».
La ligne est concédée à titre éventuel par l'État à la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne par une loi le [10].
Une loi du déclare la ligne d'utilité publique et rend définitive sa concession à la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne[11].
La construction de la ligne est divisée en quatre lots. Un lot de terrassement et maçonneries divisé en deux tranches; l'une de 5,378 km, l'autre de 5,124 km. Un troisième lot pour les infrastructures métalliques, un quatrième pour les maisons de garde.
La première tranche est adjugée en à un entrepreneur parisien qui se rétracte un mois plus tard[12]. Elle est finalement adjugée en [13]. En 1910, les travaux sont commencés et s'exécutent dans de bonnes conditions.
En , une décision ministérielle autorise l'établissement d'une halte de 4e catégorie à Castanet-le-Bas, ce que la Compagnie du Midi contestait. En , l'étude de la deuxième tranche est approuvée[14]. En , la deuxième tranche est adjugée à deux entrepreneurs qui commencent les travaux le mois suivant[15].
Le 3e lot est adjugé en à la société générale de construction métalliques et de travaux publics, siégeant à Paris[16]. En , la mise en place des ouvrages du 3e lot est affectée par la guerre, les ateliers sont réquisitionnés par l’armée.
Pour pallier le manque de main d'œuvre qualifiée, une convention est approuvée par le ministère pour l'utilisation des prisonniers de guerre dans la poursuite de la 2e tranche. Il se trouve déjà 51 prisonniers, ce qui réduit les coûts de main d’œuvre[17].
1917, les deux tranches sont pratiquement terminées. Aucune offre n’a été déposée pour le 4e lot au montant de 54 000 fr. Les mines de Plaisance et Andabre se sont mises d'accord afin d'utiliser la plate forme de la voie pour le transport du charbon à Estréchoux en y posant une voie étroite[18].
À cause du retard des livraisons des ponts métalliques, des ponts en charpentes bois sont faits sur les maçonneries de Vérénoux et Estréchoux. La compagnie du Midi ne pourra pas installer la voie, ce qui conduit la société des mines de Plaisance à passer par un entrepreneur, M. Boyer. Celui-ci fera poser une voie d’une mètre de large qu'il exploitera et assurera le transport du charbon jusqu’à la station d’Estréchoux[19].
, un 2e entrepreneur, M. Carquet, de Saint-Gervais, obtient l'adjudication pour le 4e lot. L’entreprise du 3e lot a été résiliée en . L’accord entre M. Boyer et la société des mines de Plaisance est agréé par décision ministérielle en [20].
La ligne entre en service dans les années 1920 pour une courte durée. Dans les années 1950, la ligne fut fermée au trafic voyageurs[21]. Les mines cessèrent leurs activités et en 1978, la voie fut fermée définitivement. En 1989 la ligne est déclassée[22]. Le coût des travaux se monte à plus de 3 380 000 franc-or ce qui représente plus de 13 000 000 d'euros
Infrastructure
La construction de la ligne a nécessité un approvisionnement en pierres, soit locales ou non. Les ouvrages d'art sont dotés d'un appareillage polygonal, plus résistant et durable que les appareillages traditionnels, mais plus long à mettre en œuvre. Le viaduc de Latour est fait en calcaire dur, une carrière locale a donc été exploitée.
La fourniture de chaux est aussi locale, puisqu'un four à chaux situé à La Tour-sur-Orb est contemporain de cette époque. Les ouvrages de Graissessac et Castanet-le-Bas sont bâtis en grès dont la provenance est inconnue.
Cette ligne comporte sept ponts et viaducs, le plus long et aussi plus haut étant celui de Latour-sur-Orb, cinq tunnels, (720 m pour celui de l'Aire Raymond), cinq arrêts et gares, cinq passages à niveau. La totalité de la voie est déferré, mais la grande majorité des ouvrages d'art sont encore intact, seul l'embranchement à la gare de Graissessac-Estréchoux a disparu. La partie entre Plaisance-Andabre et Saint-Gervais-sur-Mare a été reconverti en parcours de santé, les maisons des passages à niveau sont devenues des habitations, seul celle de la départementale n°23 entre La Tour-sur-Orb et Graissessac est abandonnée.
En 2010, une étude paysagère a été proposé à la communauté de communes des Monts d'Orb et la commune de Bédarieux, pour revaloriser l'ancienne ligne, et propose un parcours pédestre reliant Plaisance à Bédarieux[23].
- Vue du viaduc de Latour
- Entrée du tunnel de l'Aire Raymond côté Graissessac
- Ligne de Latour à Plaisance, passage sur le Clédou
- Ligne de Latour Ă Plaisance
- Viaduc du four Ă chaux
- Mur de soutenement à Vérénoux
- Ligne de Latour Ă Plaisance
- Plate forme à Vérénoux
- Pont sur la Mare à Vérénoux
- Pont sur la Mare Ă Castanet-le-Bas
- Halte de Castanet-le-Bas
- Pont sur le Bédés
- PN de Rongas
- Pont sur le Narbounis
- Tunnel du Garrigas
- Pont sur la Mare Ă Saint- Gervais-sur-Mare
- PN de Saint-Gervais-sur-Mare
- Gare de Plaisance-Andabre
Notes et références
- « Il y a plus d'un siècle naissait la ligne Béziers-Neussargues », Midi libre, 20 mai 2011 [lire en ligne]
- Les dossiers documentaires constitués par le secrétariat du Conseil d’administration, des débuts de la SNCF aux années 1980 incluses, Centre d’archives historiques de la SNCF, tome 2, version 1, janvier 2006 [lire en ligne]
- France, Bulletin des lois de la République française, numéros 1 à 32, Imprimerie nationale, 1853 pp. 289-310 intégral (consulté le 25 septembre 2011).
- "RĂ©pertoireLĂ©gislation1864-p131"
- Orthographe Ă l'Ă©poque du nom de la commune de Millau.
- « N° 11553 - Décret impérial qui approuve la convention passée, le , entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics et Compagnie du chemin de fer du Midi et du canal latéral à la Garonne : 11 juin 1863 », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 22, no 1141,‎ , p. 153 - 158 (lire en ligne).
- « N° 13928 - Décret impérial qui incorpore définitivement au nouveau réseau de la compagnie du chemin de fer du Midi et du canal latéral à la Garonne, les chemins de fer de Graissessac à Béziers et de Carmaux à Albi : 23 décembre 1865 », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 27, no 1361,‎ , p. 1 - 3.
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5724380j/f151.image p129
- « N° 8168 - Loi qui classe 181 lignes de chemin de fer dans le réseau des chemins de fer d'intérêt général : 17 juillet 1879 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 19, no 456,‎ , p. 6 - 12 (lire en ligne).
- « N°16829 - Loi qui concède diverses lignes de chemins de fer à la Compagnie des chemins de fer du Midi : 17 juillet 1886 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 33, no 1023,‎ , p. 206 - 207 (lire en ligne).
- « N° 43623 - Loi déclarant d'utilité publique, à titre d'intérêt général, l'établissement du chemin de fer d'Estréchoux à Plaisance et approuvant la concession définitive de cette ligne à la Compagnie des chemins de fer du Midi : 23 juillet 1903 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 67, no 2481,‎ , p. 667 - 668 (lire en ligne).
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5620652s/f218.image p229
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5618931v/f211.image p214
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5728905w/f145.image p142,143
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5728904g/f157.image p155
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5618884n/f213.image p214
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56188518/f140.image p141
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56162238/f135.image p133
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5617862r/f150.image p150
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56161354/f162.image p157
- http://www.ahicf.com/ww2/etat_som/505lm_tome_2.pdf p25
- http://www.lignes-oubliees.com/fichiers/declassements.pdf p12
- http://www.payshlv.com/files/phlv/documents/PDF/Environnement/EtudePaysageres/3_fichesactions/4B_FICHES_ACTIONS.pdf p1
Voir aussi
Bibliographie
- « La ligne de Plaisance – Latour – Andabre », Rails d'autrefois, no 8,