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Levée de la Divatte

La levĂ©e de la Divatte est une digue routière construite au milieu du XIXe siècle, la plus aval et la plus rĂ©cente des levĂ©es de la Loire ; longue de 15,8 km, elle protège contre les inondations une vallĂ©e fertile et peuplĂ©e, le Val nantais, rĂ©partie sur trois communes : Divatte-sur-Loire, Saint-Julien-de-Concelles et Basse-Goulaine. Elle appartient au conseil dĂ©partemental de la Loire-Atlantique.

Levée de la Divatte
Panneau et pont de Mauves franchissant la Loire,
Ă  Divatte-sur-Loire
GĂ©ographie
Localisation
Coordonnées
47° 16′ 34″ N, 1° 23′ 43″ O
Cours d'eau
Objectifs et impacts
Vocation
Levée
Digue routière
Date du début des travaux
1847
Date de la fin des travaux
1856
Carte

Présentation et historique

La levée au niveau de la cale 83 et le pont de Thouaré enjambant la Loire.

À la suite de nombreuses inondations, dont celle de la crue de 1845, une partie de la population des communes de Saint-Julien-de-Concelles, La Chapelle-Basse-Mer et Basse-Goulaine se regroupe en syndicat afin d'obtenir la création d'une digue pour lutter contre les crues du fleuve, les turcies artisanales ne suffisant plus.

En 1846, deux ordonnances du roi Louis-Philippe demandent la construction de « La levée insubmersible sur la rive gauche de la Loire depuis la rivière Divatte jusqu’aux coteaux de saint Sébastien ». Les travaux débutent en 1847 et s'achèvent en 1856[1].

Constituée de sable et de terre, étayée de pierre puis sommairement recouverte, elle commence avant la confluence de la rivière Divatte (limite départementale Maine-et-Loire/Loire-Atlantique) et de la Loire qu'elle longe en rive gauche sur une quinzaine de kilomètres, du lieu-dit le Port-Moron (la Chapelle-Basse-Mer) jusqu'aux coteaux des Grésillières, en aval de l'embouchure du canal de Goulaine. Une partie des infrastructures du périphérique nantais et l'emprise du pont de Bellevue la recouvrent, à Basse-Goulaine.

Des cales, des rampes, des escaliers d’accès et des ports sont aménagés.

De 1860 Ă  1870, elle est renforcĂ©e, bordĂ©e d'un muret, empierrĂ©e et devient carrossable ; l'importance de son trafic augmente avec la construction des ponts de Mauves et de ThouarĂ©, au dĂ©but des annĂ©es 1880 ; de RN751, elle est dĂ©classĂ©e en D751 ; limitĂ©e Ă  70 km/h, elle est interdite aux vĂ©hicules de plus de 8 tonnes en transit et accueille, en 2001, 8 000 vĂ©hicules par jour[2].

Une sablière[3] s'y implante, de nombreuses maisons et plusieurs restaurants, dont celui de Clémence Lefeuvre, créatrice du beurre blanc, sont construits sur le bord extérieur, dominant les villages en contrebas. Les ports accueillent des gabarres de Loire.

Cette digue permet aux viticulteurs et aux maraîchers de développer leurs cultures, gagnées sur un terrain limoneux et fertile, mais sur une zone inondable à risque. ; néanmoins, elle sonne le glas des chalands qui descendaient la Goulaine, chargés de vin et de chaux.

Cette levée ne connaît, jusqu'ici, que deux ruptures : une, moindre, en 1856, et, l'autre, majeure, en 1910[4].

Le Conseil dĂ©partemental rĂ©alise pour 10 M€ de travaux entre 1994 et 2009 (50 % État et RĂ©gion)[5]. En 2017, l'entretien courant coĂ»te 200 000 â‚¬ au dĂ©partement ; les 2,8 km de la commune de Basse-Goulaine dĂ©pendent de Nantes mĂ©tropole, Ă  hauteur de 50 000 â‚¬[6].

Crue de 1910

La levée de la Divatte, ici, le long de la rive gauche de la rivière Divatte
Jauge Ă  crues et Ă©tiages de la Loire Ă  Ancenis
En haut Ă  droite, le niveau de 1910.

L'annĂ©e 1910 est riche en crues : la crue du Doubs (plus de 10 m au-dessus du niveau normal), les 20 et 21 janvier, celle du RhĂ´ne, la crue de la Seine (plus m), le 28 janvier, et celle de la Loire (plus m), en dĂ©cembre.

Une pluviomĂ©trie supĂ©rieure Ă  l'habitude en est l'origine et toutes les portes (vannes anti-inondation) sont dĂ©jĂ  fermĂ©es. Cette crue provoque plusieurs ruptures de la levĂ©e, la Loire Ă©tant au-dessus de son dĂ©bit habituel depuis la fin de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Au printemps 1910, les parties basses de la vallĂ©e sont encore engorgĂ©es. Dans le courant de l'automne 1910, Ă  la Toussaint, les Ă®les sont noyĂ©es. Fin novembre, le niveau de la Loire atteint le haut de la levĂ©e et de nombreuses infiltrations menacent sa soliditĂ©, inquiĂ©tent la population vivant 3 Ă  4 m sous le niveau normal du fleuve. Les cales sont condamnĂ©es pour limiter les risques, en vain :

  1. : la levée cède à Saint-Julien-de-Concelles, au niveau de la Praudière puis à Bel-Air, créant un raz-de-marée qui ravage tout sur son passage, inondant nombre de villages de la vallée de Saint-Julien : les Amourettes, Bel-Air, Beauvais, la Chebuette, le bourg, Cahérault puis le Bas-Guineau et la Croix-du-Charbonneau (la Chapelle-Basse-Mer) et le bourg de Basse-Goulaine ;
  2. : la digue d'Embreil (1836), protégeant la "queue" du marais, éclate à son tour, laissant l'eau envahir le marais de Goulaine et les villages du Pont-de-l'Ouen (Haute-Goulaine), la Métallerie, les Noues (le Loroux-Bottereau), Bas-Briacé (le Landreau), la Sauzaie, le Bonneau et la Martinière (la Chapelle-Heulin). La ligne de chemin de fer du Petit Anjou est coupée[7] ;
  3. : rupture à Basse-Goulaine, au lieu-dit la Rivière.
  4. : à la demande des habitants, les Pont-et-Chaussées dynamitent les portes anti-crue de Basse-Goulaine afin de libérer l'eau vers la Loire, le niveau atteint à l'extérieur de la levée étant supérieur à celui du fleuve et y débordant, menaçant de nouvelles ruptures cette digue qui n'est pas prévue pour résister à la pression venant de l'extérieur.

Ces inondations touchent environ 8 000 habitants sur sept communes[6] (la Chapelle-Basse-Mer, Saint-Julien-de-Concelles, Basse-Goulaine, Haute-Goulaine, la Chapelle-Heulin, le Landreau et le Loroux-Bottereau), dessinant un L[8] (16 km de long, 10 de large et 2 Ă  3 d'Ă©paisseur) parallèle Ă  la Loire, donc longeant la levĂ©e, dont la tĂŞte se situe sous l'Ă®le Moron (en amont des ponts de Mauves-sur-Loire), le talon Ă  l'Ă®le HĂ©ron (soit presque km en aval de l'actuel pont de Bellevue) et la pointe mourant Ă  ras du bourg de la Chapelle-Heulin, n'Ă©pargnant que les terres les plus Ă©levĂ©es[9], les coteaux.

Commémorations

Déménagement lors de l'inondation de décembre 1910, Bas-Briacé, le Landreau (Fr-44).

L'importance de l'événement fait se déplacer Louis Puech (ministre des Travaux publics du gouvernement d'Aristide Briand) et Gabriel Guist'hau (sous-secrétaire d'État à la Marine et maire de Nantes). Une soixantaine de cartes postales est éditée à cette époque, pérennisant le souvenir amer d'une population ruinée, ayant perdu maison et meubles, fourrage et réserves de nourriture mais, heureusement, sans perte humaine et ayant réussi à sauver le bétail. Contrepartie bénéfique : un apport non négligeable en fertilisants.

Pour le centenaire de cette catastrophe, l'association Entre Divatte et Goulaine 1910-2010[10] est créée dans le but d'organiser expositions, animations communales et conférences, durant les Journées du Patrimoine 2010, sur les inondations et de sensibiliser les gens à la protection l'environnement et, aussi, d'apporter une modeste aide financière aux sinistrés de Xynthia, en leur versant un écot prélevé sur les ventes d'un livre et d'un DVD[11] relatant ces péripéties.

Notes et références

  1. « Historique de la Levée de la Divatte », sur divatte.e-monsite.com (consulté le )
  2. « Loire-Atlantique - Aménagement d'une route pour délester la Divatte », sur lemoniteur, (consulté le )
  3. « Sablière de Saint-Julien-de-Concelles », sur phototheque-patrimoine.paysdelaloire.fr (consulté le )
  4. « Les crues », sur divatte.org (consulté le )
  5. « Vigilance crues de Loire », sur divattesurloire.fr (consulté le )
  6. « La gestion de la levée de la Divatte interpelle les élus », sur ouest-france.fr, (consulté le )
  7. « Les inondations de décembre 1910 à Embreil », sur histoire-genealogie.com, (consulté le )
  8. « Zones inondables », sur norois.revues.org, (consulté le )
  9. « La vulnérabilité des hommes et des habitations face au risque d’inondation dans le Val nantais (1841-2003), paragraphe 4. », sur norois.revues.org, (consulté le )
  10. Julien Ropert, « La « crue du siècle » n'avait pas fait de morts », sur 20minutes.fr, (consulté le )
  11. « La levée de la Divatte », sur divatte.org, (consulté le )

Bibliographie

  • Syndicat Mixte du Pays du Vignoble Nantais, L’architecture rurale du Pays du Vignoble Nantais, CAUE 44, .
  • FenĂŞtres sur le Pays du Vignoble Nantais, Syndicat Mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais, .
  • Les cahiers du conservatoire, n°4, colloque organisĂ© en 1997 par le Conservatoire des Rives de la Loire, Quais et levĂ©es de Loire, Conseil RĂ©gional des Pays de la Loire, .
  • Anne Matthieu, Édition du Conseil GĂ©nĂ©ral de Loire-Atlantique, La Divatte, une levĂ©e entre Hommes et Loire, .
  • Yves-Bernard Gasztowtt, La Chapelle-Basse-Mer, Patrimoine et histoire en Pays nantais, Association du Patrimoine Chapelain, .
  • ValĂ©rie Jousseaume, Nicole Croix et Denis Mercier, La Chapelle-Basse-Mer commune ligĂ©rienne, Presses Universitaires de Rennes, .
  • Alain Bergerat, Histoire de Basse-Goulaine, un village entre Loire et Goulaine, .
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