Leslee Udwin
Leslee Udwin, née en 1957 à Savyon (en), est une cinéaste britannique, productrice, féministe et militante des droits de l'homme.
Naissance | Savyon, Israël |
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Organisation |
ThinkEqual |
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Genre artistique | |
Distinction |
Anna Lindh Human Rights Prize (2015) |
Sitting Targets (1989), India's Daughter (2015) |
Biographie
Originaire d’Israël, Leslee Udwin grandit au sein d’une famille juive européenne avec des racines en Angleterre, en Allemagne et en Lituanie. À l'âge de neuf ans, elle s’installe avec sa famille en Afrique du Sud, où elle passe les dix années suivantes. Élevée dans la pure tradition du judaïsme, elle émet des doutes quant à son éducation religieuse dès l’âge de treize ans et en particulier contre la prière du matin appelée Sha'harit, dans laquelle des hommes disent : « Je remercie Dieu de ne pas avoir été une femme »[1] - [2].
Son père souhaite la voir emprunter une carrière d’avocate. Passionnée de théâtre, Leslee Udwin enchaîne les petits boulots en parallèle de son cursus universitaire afin de payer ses cours d’interprétation. Lors de sa première année à l’université, elle est victime d’un viol, un traumatisme qu’elle passe alors sous silence[2].
Elle vit et travaille à Londres, lorsqu'elle n'est pas affectée au Danemark ou en Inde[1].
Carrière professionnelle
Leslee Udwin commence sa carrière d’actrice au Space Theatre de Cape Town, l'un des deux seuls théâtres intégrés et multiculturels d'Afrique du Sud. Elle se produit dans les pièces la Duchess of Malfi de John Webster et Hitting Town de Stephen Poliakoff. Ne souhaitant pas travailler dans les théâtres uniquement réservés aux blancs, ses possibilités de travail en Afrique du Sud se retrouvent limitées. Elle déménage alors pour Londres à l’âge de vingt et un ans. La comédienne enchaîne les pièces à la Royal Court Theatre, au Théâtre National, à la Royal Shakespeare Company ou à Cheek By Jowl en interprétant des rôles tels que Lady Macbeth, Isobel dans The Mayor of Zalamea, Masha dans Three Sisters ou Nora dans A Doll House[3].
En 1980, elle apparaît pour la première fois à la télévision dans The Merchant of Venice, une des productions de la BBC consacrée à l’œuvre de William Shakespeare[3].
Après dix ans de carrière en tant qu’actrice, Leslee Udwin décide de s’atteler à la réalisation et à la production de ses propres projets. En 1989, elle fonde sa société de production, Assassin Films. Ses productions incluent les films Sitting Targets (1989), East is East (1999), Mrs Ratcliffe's Revolution (2007) ou West is West (2010)[4].
En 2015, Leslee Udwin signe le film documentaire India's Daughter. La réalisatrice s’empare de l'affaire du viol collectif et du meurtre de Jyoti Singh, une jeune étudiante indienne assassinée devant son compagnon, le . Médiatisé et condamné par la société indienne et la communauté internationale, ce crime déclenche de vives protestations publiques envers le gouvernement indien accusé de ne pas fournir une protection suffisante aux femmes[5]. India's Daughter retrace l'affaire du viol collectif en s’appuyant sur les témoignages des proches de la victime et de ceux des agresseurs interviewés sur leur lieu d'incarcération[6] - [7]. Le film remporte 32 prix dont le Peabody Award du meilleur documentaire et le Prix international du meilleur documentaire d'Amnesty International et est à l'origine d'un mouvement mondial pour mettre fin à la violence contre les femmes[8] - [9] - [10].
Engagements
En 1989, Leslee Udwin porte plainte devant la Haute Cour de Justice d'Angleterre contre Nicholas van Hoogstraten, dont elle dénonce le harcèlement exercé sur sa personne et celles de ses colocataires dans leur immeuble à l'ouest de Londres. Elle obtient finalement gain de cause après plus de deux années de procédures juridiques. Ce combat personnel est retranscrit dans le documentaire Sitting Targets diffusé dans l'émission Screen Two de la BBC[11]. Il s’agit de sa première expérience derrière la caméra. Pour la cinéaste, il est important que cette histoire puisse inspirer d’autres femmes victimes de violences à se saisir de la justice[12].
En tant que cinéaste et productrice, Leslee Udwin participe principalement à des films engagés dont les retombées ont, pour certains, contribué à de réelles prises de consciences. En 1990, le long métrage Who Bombed Birmingham ? de Michael Beckham produit pour HBO et Granada TV, a directement mené à la libération des « Birmingham Six » après 17 ans d'emprisonnement injustifié, provoquant la colère de Margaret Thatcher au lendemain de sa diffusion[13]. En 2000, East is East, récompensé du Alexander Korda Award pour le meilleur film britannique lors des BAFTA, a largement contribué à promouvoir la tolérance et la célébration de la diversité entre les communautés asiatiques et britanniques. Il devient un film référence enseigné dans les écoles à travers l'Europe[14].
Après plus de deux ans d’investigation en Inde pour le tournage de India's Daughter, Leslee Udwin participe au lancement de l'initiative d'éducation globale sans but lucratif ThinkEqual au Royaume-Uni et aux États-Unis, dont elle devient la responsable[15].
Controverses
En 2015, India's Daughter est interdit de diffusion par le gouvernement indien à la suite de la mobilisation d'un certain nombre de féministes indiennes, y compris Indira Jaisingh, Urvashi Bhutalia, Devaki Jain, Vrinder Grover et Kavita Krishnan[16] - [17]. Le gouvernement du Bharatiya Janata Party (BJP) accuse Leslee Udwin de conspiration afin de nuire à l’image de l'Inde et décimer son industrie touristique[18]. À travers la série de statistiques énumérées à la fin du documentaire, la cinéaste souhaite attirer l'attention sur le fait que la violence contre les femmes et les filles est une pandémie mondiale à laquelle aucun pays n'est à l'abri. Pour elle, cette interdiction est liée à une réticence nationaliste qui vise à se détourner des problèmes réels de sa population et à ne pas prendre des mesures concrètes contre ces violences[19] - [6] - [20].
Reconnaissance
En 2015, Leslee Udwin est qualifiée par le New York Times comme la seconde femme la plus influente derrière Hillary Clinton[21]. La même année, elle est lauréate prix Anna Lindh pour ses actions dans le soutien des droits humains. Elle a également été nommée Global's Safe Hero 2015 et Global Thinker par le magazine américain Foreign Policy[12] - [22].
Filmographie
Comme actrice à la télévision
- 1980 : The Merchant of Venice de Jack Gold : Jessica
- 1981 : The Gentle Touch de Terence Feely : Annie
- 1985 : Flucht ohne Ende de Michael Kehlmann : Alja
- 1987 : London Embassy : Gretchen Dassay
- 1989 : Screen Two : Vikki
- 1989 : Shadow of the Noose : Henriette Marshall Hall / Henriette Kroeger
- 1990 : Alleyn Mysteries : Katti Bostock
- 1990 : Forgotten Prisoners : The Amnesty Files de Robert Greenwald : Nuray Azim
- 1992 - 1993 : Eldorado de Tony Holland : Joy Slater
- 1996 : In Suspicious Circumstances : Ottilie Meissonier
- 1997 : The Bill de Geoff McQueen : Val Rosen
Comme productrice
- 1994 : In Suspicious Circumstances (Série télévisée) - The Boaster (1994) - Death Scene (1994) - The Man Who Melted Away (1994) - Poisoned Whispers (1994)
- 1999 : Fish & Chips (East Is East) de Damien O'Donnell
- 2002 : The One and Only de Simon Cellan Jones
- 2007 : Mrs. Ratcliffe's Revolution de Bille Eltringham
- 2010 : West Is West de Andy De Emmony
- 2015 : India's Daughter de Leslee Udwin
Comme réalisatrice
Distinctions
- Productrice britannique de l'année avec East Is East, London Critics Circle Film Awards, 2000
- Anna Lindh Human Rights Prize, 2015
- Global’s Safe Hero et Global Thinker, Foreign Policy, 2015
Notes et références
- (en-US) Sonia Faleiro, « Leslee Udwin », Granta Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en) Patrick Samuel, « Exclusive Interview With Leslee Udwin - West Is West », sur staticmass.net, (consulté le )
- (en) « Leslee Udwin, producer of documentary 'India's Daughter' », Sassy Hong Kong,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en) British Council Film, « Leslee Udwin », sur film.britishcouncil.org, (consulté le )
- (en-US) Manu Joseph, « A Failure in Shaming From Abroad », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (en) Maseeh Rahman et Tara Conlan, « Delhi rape documentary-maker appeals to Narendra Modi over broadcast ban », sur the Guardian, (consulté le )
- « "India's Daughter", le documentaire qui montre les violeurs sans remords d'une étudiante indienne », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en) Ian Jack, « It’s not Leslee Udwin’s message that India is struggling to accept, it’s the messenger », sur the Guardian, (consulté le )
- (en-GB) « Amnesty Media Awards – Previous Award Winners », sur amnesty-media-awards.org.uk (consulté le )
- (en) « Independent Lens: India’s Daughter », Peabody Awards,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) « Screen Two: Sitting Targets », The Radio Times, no 3406,‎ , p. 35 (ISSN 0033-8060, lire en ligne, consulté le )
- (en) Denise Restauri, « Women Take Action : How One Unbelievable Event Launched A Powerful Career », sur www.forbes.com, (consulté le )
- (en) Ed Vulliamy, « Michael Beckham obituary », sur the Guardian, (consulté le )
- (en) Fiachra Gibbons, « Britain's biggest movie tipped for Bafta failure », sur the Guardian, (consulté le )
- (en-US) Aritha Wickramasinghe, « A New World - Why Thinking Equal May Be the solution », sur Huffington Post, (consulté le )
- (en-US) Aasim Akhtar, « Feminism grew out of our history in India - Urvashi Butalia | TNS - The News on Sunday », sur tns.thenews.com.pk, (consulté le )
- (en-US) Ellen Barry, « Broadcast of India Gang Rape Documentary Is Banned by Court », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (en) Press Trust of India, « Nirbhaya Documentary, Banned in India, Premieres in US, Meryl Streep, Frieda Pinto Attend », NDTV.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Sylvie Braibant, « Un documentaire sur le viol met l'Inde sens dessus dessous », TV5MONDE,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (en-GB) Adam Withnall, « How India tried to suppress the BBC Delhi gang-rape documentary », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (en-US) « Who are the 2015 women of impact? », Women in the World,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en) Regeringen och Regeringskansliet, « Ministers received filmmaker Leslee Udwin », sur Regeringskansliet, (consulté le )
Liens externes
- Site officiel de ThinkEqual
- Leslee Udwim sur IMDB
Crédit d'auteurs
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Leslee Udwin » (voir la liste des auteurs).