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Les Quatre Libertés

Les Quatre Libertés est une série de quatre tableaux peints par Norman Rockwell en 1942, qui comptent parmi les plus célèbres de sa carrière. Ces œuvres mettent en image un discours fondateur du président Franklin Delano Roosevelt et témoignent de l'engagement de l'illustrateur américain dans l'effort de guerre des États-Unis. Les tableaux représentent la liberté de parole, la liberté de culte, celle de vivre à l'abri de la peur et celle de vivre à l'abri du besoin. Ils atteignent au fil du temps une dimension iconique qui dépasse le cadre historique de la Seconde Guerre mondiale.

Les Quatre Libertés
Premier tableau de la série : La Liberté de parole
(affiche publiée par le gouvernement américain).

Le projet de Rockwell démarre pourtant avec difficulté car il ne rencontre pas l'assentiment des autorités gouvernementales chargées de la propagande de guerre, à une époque où il est vital de stimuler l'adhésion populaire à la poursuite de la guerre ; mais le magazine The Saturday Evening Post, auquel Rockwell contribue régulièrement, finit par passer lui-même la commande. La publication en février et rencontre un succès immédiat et considérable, qui conduit à imprimer et distribuer des milliers puis des millions de brochures reprenant les œuvres. Leur large diffusion sous forme d'affiches participe à leur notoriété. Une tournée à travers le pays contribue à faire connaître les œuvres et à faire vendre de très nombreuses obligations de guerre.

Les tableaux originaux sont désormais conservés au musée Norman Rockwell à Stockbridge aux États-Unis.

Contexte

Discours des Quatre Libertés

Photo noir et blanc d'un homme aux cheveux gris, en costume et arborant un brassard noir, assis Ă  une table et qui signe un document.
Le président Roosevelt, au moment de la signature de la déclaration de guerre contre le Japon ().

Tout au long de sa carrière politique, Franklin Roosevelt se fait l'avocat de la cause des droits de l'Homme. Dans son discours annuel au Congrès sur l'état de l'Union, prononcé le alors que l'Allemagne nazie occupe une grande partie de l'Europe occidentale, il énonce sa vision d'un avenir meilleur, basé sur quatre libertés : « Dans l'avenir, que nous cherchons à rendre sûr, nous attendons avec impatience un monde fondé sur les quatre libertés humaines essentielles[N 1]. » Il s'agit de la liberté de parole, de la liberté de culte, de la liberté de vivre à l'abri de la peur et de la liberté de vivre à l'abri du besoin. Parmi ces libertés, certaines appartiennent à une certaine tradition du discours politique américain, mais d'autres sont nouvelles : seules la liberté de parole et la liberté de culte, issues du Bill of Rights, sont inscrites dans la Constitution des États-Unis[1].

Ces principes donnent au discours du le nom sous lequel il est connu depuis lors : le « discours des quatre libertĂ©s Â». Ă€ travers lui, le prĂ©sident tĂ©moigne de sa vision d'une extension partout dans le monde de l'idĂ©al amĂ©ricain en faveur des libertĂ©s individuelles. C'est un discours qui vise Ă  la fois Ă  identifier les objectifs du pays, qui entrera en guerre quelques mois plus tard, et Ă  rĂ©vĂ©ler l'espoir que le prĂ©sident place dans le monde d'après. Il permet d'attirer l'attention du Congrès et de l'ensemble de la nation sur les besoins liĂ©s Ă  une possible entrĂ©e en guerre, mais aussi de justifier l'inĂ©vitable conflit armĂ© par des objectifs idĂ©ologiques, tout en appelant Ă  l'universalitĂ© de la croyance amĂ©ricaine en la libertĂ©. La guerre Ă  venir est ainsi assimilĂ©e Ă  un combat pour la libertĂ©[2].

Rockwell et l'effort de guerre

Norman Rockwell en 1921.

De 1916 à 1963[N 2], Rockwell réalise 321 couvertures pour le Saturday Evening Post[N 3], qui fut longtemps l'un des magazines les plus lus aux États-Unis. À une époque où la forme médiatique la plus populaire est celle des illustrations en couleur pour les magazines à grand tirage, Rockwell devient une célébrité nationale dont le seul rival est Walt Disney en termes de popularité parmi les artistes graphiques de l'époque[3].

Dès l'entrĂ©e en guerre des États-Unis, les couvertures de Rockwell focalisent sur l'aspect humain de l'effort de guerre amĂ©ricain. Ses illustrations visent Ă  encourager cet effort, Ă  travers la promotion des obligations de guerre mais aussi du travail des femmes ainsi que de l'engagement militaire des hommes. DiffĂ©rents thèmes y sont traitĂ©s : le patriotisme, l'absence des proches, les modifications des rĂ´les entre hommes et femmes, le regroupement, l'amour, le travail et la famille. Par la manière dont il travaille comme illustrateur de magazine pendant la guerre, Rockwell est parfois comparĂ© Ă  Winslow Homer, qui travaillait de mĂŞme pour Harper's Weekly pendant la Guerre de SĂ©cession. Pour bon nombre d'observateurs, les quatre tableaux de Rockwell ont contribuĂ© Ă  ce que les « quatre libertĂ©s Â» de Roosevelt deviennent un objectif partagĂ© par tous[4].

Ce thème des quatre libertés devient rapidement un thème important pour le groupe Artists for Victory (Les Artistes pour la Victoire). Il s'agit d'une des nombreuses associations d'artistes qui fournissent au gouvernement les supports artistiques promotionnels demandés pour la conduite de la guerre. Le groupe contribue également à mettre en place des expositions sur la paix mondiale[5].

Bien qu'il soit perçu comme apolitique et qu'il se déclare lui-même mal à l'aise avec « les grands sujets[6] », Rockwell prône « la tolérance envers les différences, la courtoisie, la gentillesse, et les libertés énoncées par Roosevelt[7] ». Pour lui, ces libertés valent qu'on se batte pour elles[7], et il consent à de nombreuses contributions en faveur de l'effort de guerre, bien au-delà de ses quatre tableaux. Il est très connu pour sa création du personnage récurrent de Willie Gillis, un personnage de soldat idéalisé, ainsi que pour la célèbre Rosie la riveteuse dont il reprend le thème en 1943. D'autres titres de tableaux de Rockwell sont passés à la postérité, comme War News (Des nouvelles de la guerre) ou encore Homecoming Soldier (Le Retour du soldat). Il encourage le soutien financier aux coûts de la guerre, grâce à des affiches comme Hasten the Homecoming (Faites-les rentrer plus vite) en 1943.

Création et publication

Un démarrage difficile

En 1939, Rockwell s'installe Ă  Arlington dans le Vermont, une ville oĂą ont dĂ©jĂ  vĂ©cu de nombreux artistes comme Robert Frost, Rockwell Kent ou encore Dorothy Canfield Fisher[8]. Parlant de la ville qu'il quitte, New Rochelle dans l’État de New York, Rockwell dit : « Je n'y tenais plus… La ville [de New Rochelle] semblait empreinte de tout ce qui j'y avais subi ». Il y avait vĂ©cu un divorce et menĂ© une vie assez dissolue[9]. D'autres artistes comme John Atherton ou Mead Schaeffer s'installent Ă  Arlington peu après Rockwell. Tous ces artistes rĂ©sidents, y compris Rockwell, se soutiennent mutuellement et embauchent des habitants de la ville comme modèles amateurs[8]. En croisant ses usages de la photographie et de modèles vivants d'Arlington, Rockwell parvient Ă  peindre en Ă  peu près une heure ce qu'il appelle « des humains qui ont l'air humain », gĂ©nĂ©ralement des travailleurs, au lieu d'y consacrer une journĂ©e entière avec des modèles professionnels[10]. Il paie ses modèles sans gĂ©nĂ©rositĂ© excessive : Rose Hoyt, qui pose pour trois sĂ©ances de photographie pour La LibertĂ© de parole et La LibertĂ© de culte, touche 15 $ (l'Ă©quivalent de 216,51 $ en 2015) pour l'ensemble des sĂ©ances[11].

Quand les États-Unis entrent en guerre en 1941, le pays dispose de trois agences chargées de la propagande de guerre : le Bureau des Données et Statistiques (OFF), la division de l'information du Bureau de Gestion des Crises (OEM), et le Bureau des Rapports Gouvernementaux (OGR)[N 4] - [12]. Le Bureau OFF a pour responsabilité de commander des œuvres d'art et d'animer un groupe d'écrivains sous l'autorité du directeur de la Bibliothèque du Congrès Archibald MacLeish. Au milieu de l'année 1942, le Bureau d'Information sur la Guerre — Bureau of War Information — constate qu'en dépit des efforts de diffusion de l'OFF à travers brochures, affiches, stands et autres médias, seul un tiers de la population a entendu parler des Quatre Libertés de Roosevelt, et que seule une personne sur 50 peut les nommer[12].

En 1942, Rockwell est âgé de 48 ans. Cela fait trente ans qu'il travaille comme illustrateur professionnel, et il connaît un véritable succès[13]. De plus, c'est en 1942 que son personnage Willie Gillis commence à devenir célèbre[14]. C'est toutefois une année complexe pour le Post : son directeur Wesley W. Stout, qui avait succédé à Lorimer en 1936, est remplacé par Ben Hibbs afin de relancer les ventes du magazine. En effet, Stout publie au début de l'année 1942 un article dont le titre est « Ce qu'on reproche au Juif » (« The Case Against the Jew ») qui entraîne une chute des abonnements et des contrats publicitaires. Le journal semble alors dans une passe financière difficile[15].

Le , Rockwell se rend au Pentagone pour faire valider un projet d'affiche en soutien à l’Ordnance Corps qui est l'un des principaux corps chargés de la logistique dans l'armée américaine. Robert P. Patterson, qui est alors sous-secrétaire à la Guerre, lui suggère certaines modifications. Ce même jour, Rockwell rencontre Thomas Mabry qui appartient à la division graphique du Bureau OFF, division chargée de coordonner la production d'affiches et de posters liés au thème de la guerre. Mabry, qui est l'ancien directeur du MoMA de New York, lui fait part du besoin de produire des œuvres qui relaient le message des quatre libertés[16]. De retour chez lui, Rockwell pense à la Charte de l'Atlantique, qui en 1941 reprenait explicitement certaines des quatre libertés[17].

Rockwell garde en mémoire une scène vécue dans une réunion municipale lors de laquelle une personne exprimait une opinion très minoritaire mais avait tout de même pu prendre la parole, et avait été écouté avec respect alors même qu'il était seul de son avis[6]. L'artiste s'inspire de cette scène pour illustrer La liberté de parole, et il décide d'employer ses voisins comme modèles pour créer une série d'affiches reprenant les thèmes des quatre libertés telles qu'énoncées par Roosevelt. Pendant trois jours, il dessine des esquisses au fusain pour cette série[18], bien que certaines sources parlent plutôt d'esquisses en couleurs[17]. L'intention de Rockwell, dans un élan de patriotisme, est de se rendre à Washington et d'offrir gracieusement ses services au gouvernement[19]. À la mi-juin, en compagnie de Schaeffer, il emporte quatre esquisses à Washington où ils s'installent à l'hôtel Mayflower puis partent en quête de commandes d'œuvres d'art au service de la guerre[17]. Il rencontre à nouveau Patterson qui lui prête peu d'attention[17], et il se rend au tout nouveau Office de l'information de guerre (OIG) — Office of War Information — où on lui dit : « lors de la dernière guerre, on a laissé des illustrateurs comme vous réaliser des affiches. Mais pour cette guerre-ci, ce sont des peintres que nous allons employer, de vrais artistes[20] - [21] ».

Commande du Post

Rockwell ne parvient donc pas à convaincre le gouvernement américain de publier son projet[22]. Mais quand Schaeffer et lui retournent dans le Vermont le , ils font une halte à Philadelphie pour y rencontrer le nouveau directeur du Post, Ben Hibbs[23]. D'après plusieurs sources, cette rencontre aurait été impromptue, mais les avis divergent à ce sujet[24]. Hibbs apprécie les esquisses de Rockwell pour les Quatre Libertés et lui donne deux mois pour mener à bien ce travail[23], en le libérant des commandes de couverture initialement prévues[25]. Dans un courrier daté du , la direction du Post précise qu'il s'agit de publier à la fois la série d'illustrations de Rockwell, et celle de Schaeffer[24]. Le , le directeur artistique du Post James Yates donne connaissance à Rockwell de son projet de mise en page des tableaux, qui seront accompagnés d'un ou plusieurs textes écrits par le président Roosevelt[23].

peinture montrant un homme enchaîné, le visage recouvert d'un sac, avec une inscription en anglais dénonçant la brutalité nazie.
Affiche de propagande anti-nazie de Ben Shahn, 1943.
Ben Shahn fait partie des illustrateurs avec lesquels Rockwell est en concurrence pour obtenir des commandes de l'État américain.

Tout au long de l'été, Rockwell doit faire face à de nombreux éléments perturbateurs. Un gastro-entérologue de Manhattan lui conseille de subir une intervention dont la nature reste inconnue. Il doit répondre à des commandes provenant d'autres magazines, et traiter de questions liées à certains droits de reproduction[26]. Il s'est également engagé à honorer une commande auprès des boy-scouts[27]. Pris par le temps, Rockwell fait son possible pour éviter toute nouvelle commande. En octobre, le Post envoie son directeur artistique à Arlington pour faire le point sur l'avancée de ses travaux. C'est à peu près à la même époque que l'Office de l’information de guerre (OIG) reprend contact avec Rockwell, en dépit de la vive opposition de Francis Brennan, le directeur de la division des arts graphiques. C'est même toute la division des écrivains de ce bureau qui démissionne lorsque Rockwell est choisi par l'OIG[28]. Ils produisent à cette occasion un communiqué de presse qui affirme que l'OIG est sous la coupe de « puissants groupes de pression qui préfèrent produire de la publicité de bas étage plutôt que de l'information honnête. Ces groupes ont l'intention de traiter les hommes et les femmes d'Amérique comme des consommateurs stupides et grégaires ». D'autres protestations émanent d'un groupe de personnes à l'OIG qui soutiennent le travail de Ben Shahn : Shahn n'est pas sollicité pour le travail de communication de guerre car son œuvre n'est pas jugée assez attirante. Plusieurs autres artistes, en revanche, reçoivent des commandes pour soutenir l'effort de guerre, dont Jean Carlu, Gerard Hordyke, Hugo Ballin et Walter Russell. Russell aborde d'ailleurs lui aussi le thème des quatre libertés dans un monument (en) qui est inauguré en 1943 au Madison Square Garden à New York avant d'être installé en Floride en 1944.

Rockwell met sept mois pour rĂ©aliser sa sĂ©rie de tableaux, qui est achevĂ©e en fin d'annĂ©e. Il s'avoue pĂ©trifiĂ© par l'enjeu de la commande : dans une interview au New Yorker trois ans plus tard, il juge que c'est un ouvrage plutĂ´t digne de Michel-Ange que de lui-mĂŞme[N 5] - [25]. Il aurait perdu 10 livres (4,5 kg) pendant cette pĂ©riode. Alors que son Ĺ“uvre touche Ă  son terme, il trouve sans doute une nouvelle motivation en apprenant les difficultĂ©s militaires des AlliĂ©s, ce qui confirme l'importance du travail qu'il accomplit. Parmi ses modèles apparaissent une certaine Mme Harrington qui prĂŞte ses traits Ă  la vieille femme pieuse dans La libertĂ© de culte, et un homme nommĂ© Jim Martin qui apparaĂ®t dans les quatre tableaux de la sĂ©rie, et surtout dans Ă€ l'abri de la peur. Le but est de rappeler Ă  l'AmĂ©rique ce pour quoi elle se bat : pour dĂ©fendre les libertĂ©s de parole et de culte, ainsi que les libertĂ©s de vivre Ă  l'abri du besoin et de la peur. Il s'agit de montrer au public amĂ©ricain en quoi ces concepts abstraits peuvent avoir un lien avec sa vie rĂ©elle[22]. Tous ces tableaux emploient une palette de couleurs assez modĂ©rĂ©e, excluant l'usage du vermillon qui est habituellement typique de la peinture de Rockwell.

Certaines publications, postérieures à la mort de Rockwell, montrent une certaine circonspection quant à la façon dont les organismes gouvernementaux auraient découragé l'action de l'artiste, comme celui-ci l'a toujours affirmé. Elles citent ainsi un échange de courriers le avec Thomas Mabry de l'OIG. Les trois agences de propagande gouvernementale ne sont réunies sous la seule bannière de l'OIG que le par décret présidentiel. Par ailleurs, il apparaît que la division des écrivains qui s'oppose à Rockwell, dirigée par MacLeish, est alors soumise à d'importantes pressions faute de parvenir à transmettre au grand public un message intelligible par tous.

Une fois achevées, les œuvres de Rockwell sont brièvement exposées à Arlington avant d'être expédiées en au Post en Pennsylvanie. Roosevelt découvre les tableaux au début du mois de février, quand le Post lui soumet pour approbation la série de tableaux et de textes devant les accompagner. Le président répond en envoyant à la fois une lettre personnelle à Rockwell et un courrier d'approbation officielle au Post daté du . Il demande au Post de faire traduire les textes dans différentes langues, afin qu'ils puissent être présentés aux chefs d'État et de gouvernement aux Nations-Unies.

Les Quatre LibertĂ©s — La libertĂ© de parole, La LibertĂ© de culte, Ă€ l'Abri du besoin, Ă€ l'Abri de la peur — sont donc publiĂ©es au fil de quatre Ă©ditions successives du Post en couleurs et en pleine page, la première fois les 20 et , puis les 6 et en mĂŞme temps que des textes commandĂ©s Ă  des Ă©crivains et historiens amĂ©ricains de premier plan : Booth Tarkington, Will Durant, Carlos Bulosan et Stephen Vincent BenĂ©t. Les tableaux originaux mesurent 116 Ă— 90 cm, sauf La libertĂ© de culte qui mesure 117 Ă— 90 cm[29]. Rockwell emploie des modèles vivants pour tous ses tableaux[30], bien qu'il ait commencĂ© en 1935 Ă  utiliser frĂ©quemment des photographies en noir et blanc de ces modèles, sans d'ailleurs le rĂ©vĂ©ler avant 1940[31]. L'usage de la photographie offre de plus grandes possibilitĂ©s Ă  l'artiste, qui peut demander Ă  ses modèles de prendre des poses qu'ils seraient incapables de tenir longuement. Il peut Ă©galement produire des travaux vus sous diffĂ©rentes perspectives : ainsi, dans les Quatre LibertĂ©s sont proposĂ©s « un contrechamp pour La libertĂ© de parole, un gros plan pour La libertĂ© de culte, un plan moyen pour Ă€ l'abri de la peur et un plan large pour Ă€ l'abri du besoin[8] ». Cela permet de placer le spectateur, pour chaque tableau, dans un rapport diffĂ©rent avec le sujet[22].

Succès immédiat

Le tableau Ă€ l'Abri du besoin, reproduit sur affiche avec son titre et l'inscription « OURS...to fight for Â».

Après la publication de la sĂ©rie de tableaux, le Saturday Evening Post est assailli par des millions de demandes de rĂ©impressions. 25 000 brochures sont imprimĂ©es, qui reprennent Ă  la fois les textes et les reproductions en couleur des tableaux et qui sont vendues pour 0,25 $ (soit l'Ă©quivalent de 3,42 $ en 2015)[32]. Selon Rockwell, c'est face Ă  cette vague de demande populaire que l'OIG dĂ©cide de produire 2,5 millions de ces brochures. Jusqu'au terme de la guerre, ce sont 4 millions d'affiches qui sont imprimĂ©es. Les affiches Ă€ l'abri de la peur et Ă€ l'abri du besoin portent toutes deux en bandeau la phrase « ours… to fight for » (« c'est Ă  nous… de nous battre pour elle »), tandis que La LibertĂ© de parole et La LibertĂ© de culte arborent le bandeau « Buy War Bonds » (« Achetez des obligations de guerre ») et le nom de chaque libertĂ© est prĂ©cĂ©dĂ© du mot « Save » (« ProtĂ©gez »). Dans une version lithographique produite en 1946, les quatre tableaux sont tous reproduits avec le mĂŞme bandeau « ours… to fight for ».

Les Quatre LibertĂ©s sont publiĂ©es sous forme d'affiches par les services d'imprimerie nationale (United States Government Printing Office) et sous forme de timbres postaux par le service national des Postes. Elles sont exploitĂ©es pour illustrer la couverture de lots d'obligations de guerre et de timbres postaux qui sont offerts pendant les spectacles destinĂ©s Ă  promouvoir la vente d'obligations de guerre. En dĂ©pit de leur homonymie, ces timbres ne doivent pas ĂŞtre confondus avec la sĂ©rie philatĂ©lique Ă  1 cent des Quatre LibertĂ©s, crĂ©Ă©e par un autre artiste et publiĂ©e le . Les versions de Rockwell, quant Ă  elles, ne sont publiĂ©es qu'en 1994, Ă  l'occasion du centième anniversaire de la naissance du peintre, sous forme d'un lot de quatre timbres Ă  50 cents. Le tableau Ă€ l'Abri du besoin est utilisĂ© pour illustrer la couverture du livre Norman Rockwell, Illustrator qui paraĂ®t en 1946, alors que Rockwell est « au sommet de sa renommĂ©e d'illustrateur le plus connu en AmĂ©rique ». En 1972, ce livre atteint sa septième Ă©dition.

Bien que les tableaux soient, à l'origine, intimement liés à la doctrine de Roosevelt et à la politique américaine durant la Seconde guerre mondiale, ils prennent par la suite une identité iconique qui leur est propre : ils sont reproduits aussi bien dans des manuels scolaires que sur des cravates, et s'insèrent en profondeur dans le tissu culturel et social du pays. À la fin du XXe siècle, ce sont 25 millions de personnes qui détiennent un exemplaire des Quatre Libertés.

Rockwell explique que la création de la série ne le laisse pas indemne sur le plan émotionnel, et il dit que ses œuvres sont « des tableaux sérieux qui ont pompé toute mon énergie, me laissant hébété et totalement épuisé ». Sa commande suivante, qui consiste à créer la couverture du Post pour le 1er avril, est beaucoup plus facile à produire[33].

Après la publication des Quatre Libertés, Rockwell reçoit des propositions très diverses. Une députée du Massachusetts, Edith Nourse Rogers, demande au Congrès de déclarer l'existence d'une cinquième liberté : la « Liberté de libre entreprise[N 6] »[34]. Le président de la Conférence interraciale du Bronx, Roderick Stephens, sollicite Rockwell pour qu'il produise une série de tableaux complémentaire aux Quatre Libertés, qui mettrait en lumière la nécessité d'améliorer les relations entre les différents groupes raciaux dans le pays. Rockwell et Stephens échangent à ce sujet ; au fil de sa carrière, Rockwell aborde effectivement ce sujet des relations interraciales dans plusieurs de ses tableaux, mais pas sous forme d'une nouvelle série[35].

En tournée pour les obligations de guerre

Henry Morgenthau, secrétaire d'État au Trésor, est l'initiateur avec Roosevelt de la première tournée des obligations de guerre en 1942.

Entre 1941 et 1946, le département du Trésor des États-Unis organise huit tournées successives pour promouvoir la vente d'obligations de guerre, afin de financer l'effort de guerre américain dans la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement multiplie les formes de réclame, de publicité et de marketing, allant jusqu'à montrer en public des porte-avions. Au cours de la septième tournée, ce sont tous les amiraux et généraux cinq étoiles qui formulent un appel direct à l'achat des obligations de guerre : George Marshall, Dwight Eisenhower, Douglas MacArthur, Jackson D. Arnold, Ernest King, Chester W. Nimitz et William D. Leahy[36] - [37]. Pour la huitième tournée, un bon de guerre commémoratif porte l'effigie de Franklin Roosevelt[38]. Même au sein d'une seule et même tournée, de multiples approches de marketing sont mises en œuvre[39].

Les tournĂ©es pour les obligations de guerre sont alors considĂ©rĂ©es comme un moyen essentiel de maintenir le moral des citoyens amĂ©ricains, en leur offrant la possibilitĂ© de soutenir l'effort de guerre. Elles permettent de relancer le sentiment patriotique et constituent un excellent outil de marketing[40]. Les cĂ©lĂ©britĂ©s qui collaborent Ă  ces campagnes le font Ă  titre bĂ©nĂ©vole, et la plus grande partie des supports publicitaires sont Ă©galement offerts gracieusement[41]. La première tournĂ©e, qui prend le nom de « TournĂ©e des Emprunts de la Victoire[N 7] Â», commence au dĂ©but de l'annĂ©e 1942. Elle est lancĂ©e par Roosevelt et son secrĂ©taire d'État au TrĂ©sor, Henry Morgenthau : elle rapporte 13 milliards de dollars[42]. Toutefois, malgrĂ© ce succès, seuls 35 % des AmĂ©ricains comprennent clairement Ă  ce moment quels sont les objectifs de la guerre[40].

De janvier Ă  , le Post et le dĂ©partement du TrĂ©sor s'associent pour organiser la deuxième tournĂ©e des obligations de guerre, qui vise Ă  exposer les Quatre LibertĂ©s Ă  travers le pays[41]. Le Post fait officiellement don des tableaux au DĂ©partement du TrĂ©sor, au bĂ©nĂ©fice de la tournĂ©e[43] ; des milliers de personnes se portent volontaires pour participer Ă  l'organisation, et le Post se charge d'en assurer la promotion[44]. L'OIG s'occupe de l'aspect marketing : des cĂ©lĂ©britĂ©s sont mises Ă  contribution ainsi que le groupe d'Ă©crivains et militants du Hollywood Writers Mobilization afin de produire une dramatique radio en 1943 grâce Ă  leur Free World Theater. Par ailleurs, l'OIG publie et distribue (via les Boy Scouts of America) des affiches des Quatre LibertĂ©s vers un rĂ©seau de 400 000 revendeurs ; il reçoit quotidiennement 2 000 nouvelles demandes d'impression[45].

La tournée démarre le au grand magasin Hecht's à Washington[46]. Rockwell est présent pour le lancement ; il pose auprès des ambassadeurs et des différents dignitaires présents, et signe des autographes. En revanche, Morgenthau, qui est alors en froid avec la direction du Post, n'assiste pas à ces cérémonies[47]. Celles-ci se tiennent dans la capitale durant onze jours, et font intervenir de nombreux participants, artistes, chanteurs et défilés militaires[48]. Puis la tournée fait une première halte à Philadelphie, où est célébré le 75e anniversaire du grand magasin Strawbridge and Clothier : des artistes comme Bob Hope et Bing Crosby y font une apparition[49]. Le , c'est au Rockefeller Center de New York que la tournée s'arrête, avec la participation de la célèbre Kate Smith[49]. Étape après étape, ce sont 16 grandes villes à travers tout le pays qui accueillent successivement la tournée des Quatre Libertés qui dure en tout plus d'une année, jusqu'au mois de [N 8]. En tout, 1,2 million de personnes viennent voir les tableaux des Quatre Libertés, et chaque acquéreur d'un bon de guerre se voit remettre un ensemble de reproductions en couleurs[50]. 132 millions de dollars d'obligations de guerre sont ainsi levés pour soutenir l'effort de guerre[51], dont plus de 18 millions pour cette deuxième tournée à elle seule[52]. Le New Yorker estime en 1945 que les Quatre Libertés « sont accueillies par le public avec plus de passion, semble-t-il, que pour tout autre tableau dans toute l'histoire de l'art américain[N 9] »[53]. C'est ainsi que Rockwell est souvent considéré comme l'un des plus importants contributeurs à l'effort de guerre américain[54]. Toutefois, il ne participe à la tournée que lorsque cela lui convient[55], et il ne l'accompagne donc pas pendant toute une année[48].

Accueil critique

tableau en couleurs au centre, représentant des personnes dans différentes attitudes de prière ; un texte en anglais au-dessus et en dessous.
Affiche gouvernementale reproduisant La Liberté de Culte, avec l'injonction à acheter les obligations de guerre.

Malgré le succès populaire rencontré, et bien que les Quatre Libertés fassent partie des œuvres les plus célèbres de Rockwell[12], elles n'échappent pas à certaines critiques. Christopher Finch, biographe de Rockwell, souligne cependant que c'est une série qui est assez peu représentative de son travail pendant la guerre : l'artiste a plutôt tendance à traiter de sujets légers, avec tendresse et même un certain humour, comme pour la série de Willie Gillis[56].

Rockwell est parfois qualifiĂ© d'exemple-type de « l'artiste amĂ©ricain sans grande portĂ©e intellectuelle[N 10] - [57] ». Il est considĂ©rĂ© comme un illustrateur plutĂ´t que comme un vĂ©ritable artiste peintre : malgrĂ© une technique très classique, son travail est destinĂ© Ă  la reproduction de masse et vise Ă  transmettre un message collectif Ă  un large public, Ă  travers un style narratif dĂ©taillĂ©[58] - [59]. L'immense majoritĂ© des Ĺ“uvres de Rockwell est d'ailleurs vue sous forme de reproductions, et bien peu de ses contemporains ont l'occasion de voir son travail original[58] - [3]. D'autre part, le style qu'affectionne Rockwell — une vision rĂ©aliste, dite « rĂ©gionaliste Â» de la vie dans les petites villes reculĂ©es de la Nouvelle-Angleterre — est parfois perçu en dĂ©calage avec la vague grandissante de l'art abstrait[59] - [60]. Pour certains critiques, son rĂ©alisme est si direct qu'il s'abstient de toute licence artistique[59]. Le critique d'art du New York Times John Canaday qualifie Rockwell de « Rembrandt de Trifouillis-les-Oies[N 11] » pour critiquer son rejet des vices et travers de la vie urbaine[61]. Dave Hickey lui reproche sa façon de peindre sans modulation[59]. D'autres critiques estiment que sa vision sentimentale et nostalgique ne correspond pas aux rudes rĂ©alitĂ©s de la vie amĂ©ricaine, surtout au lendemain de la Grande DĂ©pression[58] : pour parvenir Ă  cette image saine, satisfaite et heureuse, il ne retient que les bons aspects et laisse de cĂ´tĂ© la misère et les difficultĂ©s sociales qui existent aussi dans le pays[58]. Mais Christopher Finch attĂ©nue la portĂ©e de ces critiques en rappelant l'importance du contexte dans lequel Rockwell produit les Quatre LibertĂ©s dans un esprit certes assez manichĂ©en : le dĂ©but des annĂ©es 1940 aux États-Unis ne reprĂ©sente pas, selon lui, une pĂ©riode particulièrement objective[62]. Rockwell, quant Ă  lui, rĂ©pond Ă  ce type de critique qu'il peint la vie « telle qu'il voudrait qu'elle soit[58] ». Pour lui, ces tableaux auraient d'ailleurs pu constituer son chef-d’œuvre ; il Ă©prouve Ă  ce sujet une certaine dĂ©ception[51], mais il est tout de mĂŞme satisfait de l'accueil positif du public, ainsi que d'avoir atteint l'objectif patriotique qui Ă©tait visĂ©[55] ; de fait, cet objectif est pleinement atteint sur le plan financier comme sur le plan politique[4].

Hibbs, directeur du Post, affirme que les Quatre Libertés sont pour lui « une source d'inspiration… au même titre que la tour de l'Independence Hall que je vois de ma fenêtre[N 12] - [63] ». Le président Roosevelt écrit ceci à Rockwell : « Je trouve que vous êtes merveilleusement parvenu à transmettre à tout un chacun les réalités simples et quotidiennes que recouvrent les Quatre Libertés… Je vous félicite, non seulement pour l'exécution de votre travail mais aussi pour l'esprit qui vous a poussé à contribuer ainsi à la cause commune pour un monde plus libre et plus heureux[N 13] - [64] ». Roosevelt écrit également au Post et indique que c'est la première fois qu'il voit une telle représentation graphique de valeurs aussi résolument américaines que ces quatre libertés[N 14] - [65]. Il écrit enfin, à propos des essais qui accompagnent les tableaux : « Tous ceux qui lisent ces lignes devraient se sentir d'autant plus attachés au mode de vie pour lequel nous nous battons[N 15] - [65] ».

Le succès commercial de la série de tableaux est notamment dû au fait que chacun d'entre eux est un véritable modèle d'art immédiatement accessible au grand public[66]. Cette accessibilité situe l'ensemble à l'extrême opposé de l'art contemporain des années 1940, sur le plan de la complexité artistique. L’œuvre de Rockwell s'oppose diamétralement à l'art abstrait, et n'a rien de commun avec le surréalisme[67]. Pour Laura Claridge, la série des Quatre Libertés constitue un bon exemple d’œuvre où la somme est plus intéressante que chacune de ses parties : elle juge que l'inspiration qu'on peut éprouver devant l'ensemble provient en partie de son « poids » cumulé[51].

Expositions et hommages

Après la tournée des obligations de guerre de 1943-1944, les Quatre Libertés continuent à sillonner le pays à bord d'un train spécialement conçu pour l'occasion. Puis les tableaux reviennent dans les locaux du Saturday Evening Post et sont accrochés dans le bureau de Hibbs tout au long des années 1950. Celui-ci part en retraite en 1961, et lorsque le Post cesse de paraître en 1969, Rockwell reprend possession des Quatre Libertés[68]. En 1973, il fait don des 367 tableaux de sa collection personnelle — y compris les Quatre Libertés — au musée Norman Rockwell, afin de contribuer au « progrès du goût des arts et de l'éducation artistique »[69]. Les tableaux y restent exposés pendant près de 25 ans[70]. En 1993, lorsque le musée Rockwell déménage, les Quatre Libertés sont placées dans la galerie centrale du nouvel établissement[71], où elles se trouvent depuis[69].

Une vaste tournée nationale d'exposition de l’œuvre de Rockwell se déroule de à , à travers sept grandes villes ; les Quatre Libertés en constituent l'attrait principal[59]. En 2004, elles sont prêtées à la galerie Corcoran de Washington pour une exposition liée à l'ouverture du mémorial de la Seconde Guerre mondiale[72]. En 2011, le centre Williamson pour la conservation des œuvres d'art effectue quelques interventions sur les tableaux afin de réduire son exposition à différents éléments, et pour limiter leur usure[73].

De nombreux autres artistes ont abordé les thèmes des quatre libertés à la suite de Rockwell. Ainsi en 2008, le musée Wolfsonian de l’université internationale de Floride organise une exposition de 80 tableaux par 60 artistes qui traitent de ce même sujet[74]. D’autres artistes comme Thomas Kinkade puisent leur inspiration dans l'approche patriotique de Rockwell et exploitent différents symboles dans leurs propres productions afin de traiter des mêmes thèmes[75].

En 2019, le Mémorial de Caen lui consacre une exposition intitulée Rockwell, Roosevelt & les Quatre Libertés. Proposée par le musée Norman Rockwell en partenariat avec le Mémorial de Caen, cette exposition fait l’objet d’une tournée, dont la seule présentation hors des États-Unis se fait au Mémorial, en Normandie.

Notes et références

Notes

  1. Traduction par Jean-Pierre Maury, université de Perpignan, du texte original : « In the future days which we seek to make secure, we look forward to a world founded upon four essential human freedoms (…) » Jean-Pierre Maury, « Discours des quatre libertés. », sur Digithèque MJP, université de Perpignan.
  2. Le , Rockwell signe sa toute dernière couverture du Post avec son illustration en mémoire du président Kennedy.
  3. 322 couvertures du Post arborent une illustration de Rockwell, mais la dernière — celle de Kennedy — est un réemploi d'une couverture déjà publiée en 1960 : il y a donc bien 321 créations pour 322 couvertures. Voir (en) « Did you know? », sur Norman Rockwell Museum, et Hart Hennessey et Knutson 1999, p. 143.
  4. Respectivement Office of Facts and Figures, Division of Information of the Office of Emergency Management et Office of Government Reports.
  5. « It was a job that should have been tackled by Michelangelo. »
  6. « Freedom of Private Enterprise ».
  7. « Victory Loan Drive ».
  8. Après Washington, Philadelphie et New York, la tournée se rend à Boston (le 19 juin), puis Buffalo (12 juillet), Rochester (2 août) et Pittsburgh (8 septembre). Puis vient le Midwest avec Detroit (27 septembre), Cleveland (25 octobre), Chicago (11 novembre) et Saint Louis (16 décembre) ; la tournée continue en 1944 avec la Nouvelle-Orléans (16 janvier), Dallas (27 janvier), Los Angeles (12 février), Portland (27 mars) et enfin Denver (1er mai) (Murray et McCabe 1993, p. 86-91).
  9. « [The Four Freedoms] were received by the public with more enthusiasm, perhaps, than any other paintings in the history of American art. »
  10. « The quintessential middlebrow American artist. »
  11. « The Rembrandt of Punkin' Crick. »
  12. « An inspiration... in the same way that the clock tower of old Independence Hall, which I can see from my office window, inspires me. »
  13. « I think you have done a superb job in bringing home to the plain, everyday citizen the plain, everyday truths behind the Four Freedoms... I congratulate you not alone on the execution but also for the spirit which impelled you to make this contribution to the common cause of a freer, happier world. »
  14. « This is the first pictorial representation I have seen of the staunchly American values contained in the rights of free speech and free worship and our goals of freedom from fear and want. »
  15. « Their words should inspire all who read them with a deeper appreciation of the way of life we are striving to preserve. »

Références

  1. (en) Bruce Cole, « Free Speech Personified », sur The Wall Street Journal.
  2. Jean-François Muracciole et Guillaume Piketty, Encyclopédie de la Seconde Guerre mondiale, Robert Laffont - ministère de la Défense, , 1504 p. (ISBN 978-2-221-11632-6 et 2-221-11632-1, lire en ligne), p. 319-320.
  3. Hughes 1997, p. 508-509.
  4. Finch 1985, p. 200.
  5. Murray et McCabe 1993, p. 40-42.
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  7. Claridge 2001, p. 304.
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  9. Murray et McCabe 1993, p. 12.
  10. Schick 2009, p. 20.
  11. Murray et McCabe 1993, p. 48.
  12. Hart Hennessey et Knutson 1999, p. 95.
  13. Murray et McCabe 1993, p. 13.
  14. Murray et McCabe 1993, p. 15.
  15. Murray et McCabe 1993, p. 73.
  16. Solomon 2013, p. 201.
  17. Solomon 2013, p. 202.
  18. Hart Hennessey et Knutson 1999, p. 96.
  19. Murray et McCabe 1993, p. 21.
  20. Solomon 2013, p. 203.
  21. Murray et McCabe 1993, p. 26.
  22. Sonder 1998, p. 87.
  23. Solomon 2013, p. 204.
  24. Claridge 2001, p. 305.
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  41. Murray et McCabe 1993, p. 71.
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  44. Murray et McCabe 1993, p. 72.
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  46. Murray et McCabe 1993, p. 77.
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  48. Murray et McCabe 1993, p. 80.
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Annexes

Bibliographie

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