Leonid Koutchma
Leonid Danylovytch Koutchma (en ukrainien : Леонід Данилович Кучма), né le à Tchaïkine, dans la région de Novhorod-Siverskyï (oblast de Tchernihiv), est un homme d'État ukrainien. Ingénieur, membre du Parti communiste de l'Union soviétique de 1960 à 1991, il est Premier ministre de 1992 à 1993, puis président de 1994 à 2005.
Leonid Koutchma Леонід Кучма | ||
Leonid Koutchma en 2019. | ||
Fonctions | ||
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Président de l'Ukraine | ||
– (10 ans, 6 mois et 4 jours) |
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Élection | 10 juillet 1994 | |
Réélection | 14 novembre 1999 | |
Premier ministre | Vitaliy Massol Ievhen Martchouk Pavlo Lazarenko Vassyl Dourdynets Valeriy Poustovoïtenko Viktor Iouchtchenko Anatoliy Kinakh Viktor Ianoukovytch |
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Prédécesseur | Leonid Kravtchouk | |
Successeur | Viktor Iouchtchenko | |
Premier ministre d'Ukraine | ||
– (11 mois et 9 jours) |
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Président | Leonid Kravtchouk | |
Prédécesseur | Valentin Simonenko | |
Successeur | Ioukhym Zviahilsky | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Leonid Danylovytch Koutchma | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Tchaïkine, oblast de Tchernihiv, RSS d'Ukraine (Union soviétique) | |
Nationalité | ukrainienne | |
Parti politique | PCUS (1960–1991) Sans étiquette (depuis 1991) |
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Diplômé de | Université nationale Oles-Hontchar de Dnipro | |
Profession | Ingénieur | |
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Premiers ministres d'Ukraine Présidents d'Ukraine |
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Jeunesse et carrière professionnelle
Leonid Koutchma nait en 1938 dans une famille paysanne du nord de l'Ukraine. Son père, Danylo Prokopovytch Koutchma, est blessé en 1942 durant la Seconde Guerre mondiale et meurt de ses blessures dans l'hôpital de campagne no 756 (près du village de Novoselytsia) alors que Leonid Koutchma a quatre ans[1]. Sa mère, Paraska Koutchma, travaille dans un kolkhoze[1].
Leonid Koutchma est scolarisé dans une école d'enseignement général dans le raïon de Semenovka, un district voisin de sa ville d'enfance. Il s'inscrit ensuite à l'université nationale de Oles-Hontchar à Dniepropetrovsk (aujourd'hui Dnipro), où il obtient en 1960 un diplôme d'ingénieur en génie mécanique[2]. La même année, il rejoint le Parti communiste de l'Union soviétique[3].
Il devient cadre supérieur dans l'usine Ioujmach de Dniepropetrovsk qui fabrique les principaux missiles intercontinentaux de l'Union soviétique avant d'occuper le poste de directeur. En 1967, il épouse Lyudmila. Son épouse lève des fonds de charité et soutient le mouvement paraolympique dans le pays[4].
Premier ministre
Directeur d'une des plus grandes usines du complexe militaro-industriel qui joue un rôle central dans l'économie du pays, Koutchma est nommé Premier ministre d'Ukraine en 1992.
Président
En Koutchma démissionne de son poste de Premier ministre et se porte candidat à l'élection présidentielle de 1994. Il incarne aux yeux des électeurs l'industriel soviétique typique de l'ère Gorbatchev, gestionnaire pragmatique qui arbore une tenue de businessmen moderne alors que son concurrent, le président sortant Kravtchouk continue de porter le costume gris des apparatchiks soviétiques. Il mène une campagne électorale novatrice pour le pays au cours de laquelle il sillonne le pays en utilisant les médias télévisés. Il remporte la victoire grâce aux votes de la région industrielle (l'est de l'Ukraine) alors que son concurrent reçoit la majorité des voix dans l'ouest du pays[5].
Il veut stimuler l'économie par le rétablissement des relations économiques avec la Russie et plus rapidement passer à l'économie de marché après des dizaines d'années passées sous l'économie planifiée. Il est réélu en 1999. Certains journaux d'opposition au cours de sa présidence sont interdits et des journalistes sont morts dans des conditions mystérieuses[6].
Politique économique
En , Koutchma annonce la réalisation de réformes économiques, y compris la réduction des subventions, la levée des contrôles des prix, la baisse des taxes, la privatisation de l'industrie et de l'agriculture, et des réformes financières et bancaires. Le Parlement approuve les principaux points du plan. Le Fonds monétaire international promet un prêt de 360 millions de dollars pour initier ses réformes.
Il est réélu en 1999 pour son second mandat. Les opposants l'accusent d'implication dans l'assassinat en 2000 du journaliste d'opposition Gueorgui Gongadzé, ainsi que d'autres scandales, ce qu'il nie. Des critiques blâment Koutchma pour les restrictions sur la liberté de la presse. Koutchma semble jouer un rôle clé dans le limogeage du Conseil des ministres de l'Ukraine de Viktor Iouchtchenko par la Rada (le Parlement) le .
Le Premier ministre de Koutchma à partir de 2002 jusqu'au début de a été Viktor Ianoukovytch, qui deviendra quelques années plus tard président à son tour.
Politique étrangère
Koutchma a signé un « traité d'amitié, de coopération et de partenariat » avec la Russie, et a approuvé une série de pourparlers avec la CEI. En outre, il désigna la langue russe comme « l'une des langues officielles ». Il a signé un accord de partenariat spécial avec l'OTAN, et même évoqué la possibilité d'adhésion à l'Alliance atlantique.
La popularité de Koutchma en Ukraine et à l'étranger a chuté par la suite, embourbé dans des scandales de corruption, tourné vers la Russie comme son nouvel allié, en disant que l'Ukraine avait besoin d'une politique étrangère qui équilibre les intérêts de l'Est et l'Ouest.
Rôle dans la crise de l'élection de 2004
À l'approche de l’élection présidentielle de 2004, les oligarques opposés à Leonid Koutchma versent environ 150 millions de dollars aux partis politiques d'opposition. Les États-Unis interviennent également afin de favoriser un changement de gouvernement en Ukraine. Selon Michael McFaul, ambassadeur des États-Unis en Russie de 2012 à 2014 et architecte de la politique de Barack Obama dans la région, le gouvernement américain a dépensé plus de 18 millions de dollars pour la « promotion de la démocratie » au cours des deux années précédant l’élection[7].
Le rôle de Koutchma dans la crise électorale de 2004 n'est pas entièrement clair. Après le deuxième tour le , il est apparu que Viktor Ianoukovytch avait remporté l'élection par fraude, ce qui a provoqué la fureur de l'opposition et des observateurs indépendants, contestant les résultats et conduisant à la révolution orange.
Koutchma a été invité par Ianoukovytch et Viktor Medvedtchouk (le chef du bureau présidentiel) à déclarer un état d'urgence. Il a rejeté la demande, plus tard, Viktor Ianoukovytch a accusé publiquement Koutchma d'avoir commis là une trahison.
Néanmoins, Koutchma a refusé de rejeter officiellement le Premier ministre, M. Ianoukovytch, après que le Parlement a adopté une motion de censure contre le cabinet le .
Après la présidence
Le second mandat de Leonid Koutchma se termine le ; son successeur est Viktor Iouchtchenko, vainqueur de l'élection présidentielle et meneur de la révolution orange.
Peu après l'investiture de son successeur, et de peur d'être inculpé dans son pays pour des affaires de corruption, Koutchma quitte le pays pour Moscou. Il revient en Ukraine en 2009. Il a indiqué qu'il voterait en faveur de Viktor Ianoukovytch à l'élection présidentielle ukrainienne de 2010[8].
Le , Leonid Koutchma est inculpé d'abus de pouvoir dans le cadre de l'enquête sur la mort du journaliste d'opposition Gueorgui Gongadzé en 2000[9]. L'ancien président est accusé de longue date d'être un des responsables de cet assassinat[9]. Plusieurs suicides de témoins-clé sont relevés dans cette affaire[10].
Fin , Leonid Koutchma est choisi par le président Petro Porochenko pour représenter l'Ukraine aux négociations de Minsk (protocole de Minsk et Minsk II), avec les séparatistes de l'Est ukrainien[11]. Le , le président Volodymyr Zelensky le nomme représentant de l'Ukraine au sein du groupe de contact pour la paix dans le Donbass[12].
Notes et références
- (en) « Leonid Kuchma - Président de l'Ukraine », sur engology.com (version du 23 septembre 2003 sur Internet Archive)
- (en) Steven Eke, « Profile:Leonid Kuchma », sur bbc.co.uk (consulté le )
- (en) Erlanger Steven, « UKRAINIANS ELECT A NEW PRESIDENT », The New York Times, (ISSN 0362-4331)
- (en) « First ladies inUkraine », sur Russian news agency (TASS) (consulté le )
- Sophie Lambroschini, « Genèse, apogée et métamorphoses du présidentialisme clientéliste en Ukraine », Revue d'études comparatives Est-Ouest, vol. 39, no 2, , p. 117-148 (lire en ligne)
- Ukraine, BBC News.
- Ana Otašević, « Un prototype pour la « révolution orange » en Ukraine », sur Le Monde diplomatique,
- « Koutchma dit qu'il va voter en faveur de Ianoukovitch au poste de président de l'Ukraine », Kyiv Post, 16 octobre 2009.
- « Meurtre de Gongadzé : l'ex-président Koutchma inculpé mais possible prescription », dépêche AFP, 24 mars 2011.
- « UKRAINE. Une "épidémie" de suicides protège l'ancien président Koutchma », Courrier international, (lire en ligne , consulté le ).
- Belga, « Ukraine: le président propose des pourparlers avec la Russie », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le )
- « Zelensky appoints ex-Ukrainian President Kuchma envoy to Donbass Contact Group », sur TASS (consulté le ).
Bibliographie
- Sophie Lambroschini, « Genèse, apogée et métamorphoses du présidentialisme clientéliste en Ukraine », Revue d'études comparatives Est-Ouest, vol. 39, no 2, , p. 117-148 (lire en ligne)Analyse de phénomène de clientélisme dans le monde politique ukrainien de l'indépendance du pays juqu'au mandat de Viktor Iouchtchenko (post révolution Orange) . Article en ligne