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Lei Tai

Le lĂši tĂ i (traditionnel : 擂è‡ș SimplifiĂ© : æ“‚ć° littĂ©ralement: « plateforme de contact ») est une arĂšne de combat surĂ©levĂ©e, sans garde-corps, oĂč des tournois, souvent mortels, impliquant des combats armĂ©s ou Ă  mains nues avaient lieu. Les matchs « sanctionnĂ©s » Ă©taient supervisĂ©s par un arbitre sur la plateforme et des juges sur les cĂŽtĂ©s. Les combattants perdaient en capitulant, en Ă©tant mis hors de combat ou Ă©taient projetĂ©s Ă  l’extĂ©rieur de la plateforme. Le gagnant demeurait sur la scĂšne jusqu’à ce qu’un meilleur combattant prenne sa place. Une fois tous les aspirants Ă©liminĂ©s, il devenait le champion. Les duels privĂ©s n’avaient aucune rĂšgle et se terminaient souvent par la mort d’un des participants.

lĂši tĂ i

Dans sa forme actuelle, le lei tai est apparu en Chine durant la dynastie Song. Toutefois, des variations plus anciennes peuvent ĂȘtre retracĂ©es jusqu’à la dynastie Qin. Aujourd’hui, il est utilisĂ© dans les compĂ©titions de Sanshou[1] et Kuoshu Ă  travers le monde.

Le dessin montrĂ© ci-dessous est la version couleur d’un original apparu dans l’édition de la dynastie Ming (ca. WanLi æ˜ŽèŹæ­· 1573-1620) du cĂ©lĂšbre roman chinois Au bord de l'eau (æ°Žæ»žć‚ł). La scĂšne montre un des personnages principaux, Yan Qing (æ°Žæ»žć‚ł), en train de vaincre son rival, Ren Yuan, surnommĂ© Qing TianZhu (æ“Žć€©æŸ±ä»»ćŽŸ), dans un duel de Lei Tai.

Étymologie

Le symbole chinois pour LĂši (擂) combine le mot tonnerre (lĂ©i 雷) avec le radical main (shǒu 手). La signification pourrait se traduire par dĂ©fier ouvertement[2]. Mais, littĂ©ralement, il signifie frapper (un tambour). Tai veut dire scĂšne ou plateforme. Le terme Da lei tai est aussi utilisĂ©.

Le symbole Da combine le mot robuste ou vigueur avec le radical pour main. La combinaison des deux peut vouloir dire frapper ou combattre. La prononciation cantonaise de Lei tai est Leui Toi. En anglais, la prononciation est Lui Toi ou Loey Toy. Da lei tai est prononcé Da leui toi.

Il est important de noter que les militaires chinois utilisaient aussi Zhong Jun Lei Gu Tai (Plateforme centrale de percussion militaire) pour transmettre des ordres sur le champ de bataille ou pour indiquer l’heure dans la capitale. Dans Les Trois Royaumes, le gĂ©nĂ©ral Zhang Fei a utilisĂ© une « plateforme Ă  percussion » pour enseigner le mouvement des troupes Ă  ses militaires. Il est possible que le lei tai tienne son nom de cette pratique Ă©tant donnĂ© que le vainqueur risquait de battre son adversaire comme tambour.

Dimensions

La surface de combat est carrĂ©e mais ses dimensions varient d’une source Ă  l’autre.

  • Le Swiss Open Kusohu Tournament indique que les combats de lei tai classiques prenaient place sur une scĂšne d’au moins 2,5 m de haut et avait une superficie 100 m2.
  • Le Tien Shan Pai Association indique que la dimension est soit de 24’ x 24’ ou 30’ x 30’ et de 2’ Ă  4’ de haut.
  • La International Wushu Federation et la Chinese Wushu Association utilisent un lei tai de 24’ x 24’ et 2’ de haut. De plus, des tapis de 6’ de long x 1’ d’épaisseur sont installĂ©s sur tout le pĂ©rimĂštre. Il est appelĂ© le « Lei Tai de la Montagne Sanda des Neuf Soleils ». Il a Ă©tĂ© utilisĂ© au 8e World Wushu Championships tenus au Vietnam en .
  • Le International Chinese Kuoshu Federation utilise une scĂšne de 24’ x 24’ x 16’’ de hauteur.
  • Selon le livre Chinese Fast Wrestling for Fighting, les dimensions Ă©taient de 24’ x 24’ x 5’ de haut[3].
  • Le World Sport Encyclopedia parle d’une plateforme de m x m Ă©levĂ©e d’environ m et entourĂ©e de mur de caoutchouc.

Histoire (avant 1928)

Le lei tai est apparu durant la dynastie Song alors qu’il Ă©tait utilisĂ© pour des matchs de boxe, d’exhibition de Shuai Jiao et pour des duels privĂ©s. Selon la Chinese Kuoshu Institute (UK), un ancĂȘtre du lei tai Ă©tait utilisĂ© durant la dynastie Qin pour tenir des compĂ©titions de lutte Jiao Li entre les soldats impĂ©riaux. Le gagnant Ă©tait choisi comme garde du corps de l’empereur ou comme instructeur d’arts martiaux pour l’armĂ©e impĂ©riale.

Selon Cung Le, un combattant cĂ©lĂšbre d’arts martiaux, « À l’époque, pour vous prĂ©senter comme boxeur dans un nouveau village, vous construisiez un lei tai, vous vous teniez debout dessus et invitiez tout le monde Ă  vous dĂ©loger ». Certains combattants faisaient parvenir leur dĂ©fis sous la forme d’une lettre Ă©crite Ă  la main Ă  l’adversaire qu’ils dĂ©siraient affronter. Cette forme de dĂ©fis a Ă©tĂ© illustrĂ©e dans le film Fearless quand le personnage interprĂ©tĂ© par Jet Li dĂ©fie un autre combattant Ă  un match. Le livre Ultimate Sparring : Principles & Practices mentionne : « les artistes martiaux organisaient des « matchs dĂ©fis » sur le lei tai afin de tester leur talents, pour rĂ©gler des disputes personnelles ou pour prouver la supĂ©rioritĂ© d’un style sur un autre. Un des combattants perdait le match et sa crĂ©dibilitĂ© en tombant au tapis ou en Ă©tant projetĂ© hors de la surface de combat. Dans ce cas, personne ne voulait apprendre Ă  boxer de ce professeur. Le gagnant devenait le « propriĂ©taire » de la plateforme et le demeurait jusqu’à ce que quelqu’un rĂ©ussisse Ă  le vaincre. Lorsque tous les aspirants Ă©taient Ă©liminĂ©s, le vainqueur devenait le champion et son style rĂ©gnait dans toute la rĂ©gion. Une autre mĂ©thode consistait Ă  vaincre un maitre dĂ©jĂ  Ă©tabli sur le lei tai et prendre le contrĂŽle de son Ă©cole.

Pour devenir le champion, il fallait souvent affronter une multitude d’adversaires. Par exemple, le grand maitre de Lama Pai, Wong Yan-Lam, a installĂ© son propre lei tai devant le monastĂšre Hai Tung Ă  Guangdong aprĂšs une brillante carriĂšre comme garde du corps dans la Chine du nord. Durant 18 jours, il a combattu plus de 150 adversaires sans subir la dĂ©faite. Selon le grand maitre de Hop Gar, David Chin, « Les aspirants Ă©taient soit blessĂ©s ou tuĂ©s. Wong ne laissait jamais un aspirant quitter son Ă©cole sans avoir subi une blessure. Il Ă©tait un maitre dans l’utilisation de la technique de la cruautĂ© ». Peu de temps aprĂšs, il fut nommĂ© dirigeant des Dix Tigres de Canton, composĂ© des 10 meilleurs hommes de kung fu de Guangdong. Grand maitre de la 18e gĂ©nĂ©ration de Taijiquan style Chen, Chen Zhao Pi (1893-1972), 3e neveu de Chen Fake, installa son lei tai devant la porte Xuan Wu Men de la ville de Beijing aprĂšs la parution d’un article non autorisĂ© sur la supĂ©rioritĂ© du Taijiquan de style Chen dans le Beijing Times qui encouragea de multiples adversaires Ă  venir dĂ©fier ses talents. Durant 17 jours, il vaincu plus de 200 personnes et fit la rencontre de plusieurs amis. Il fallait donc, en moyenne, de 17 Ă  18 jours et entre 150 et 200 combats gagnants afin d’établir la supĂ©rioritĂ© d’un style dans une rĂ©gion donnĂ©e. Tous les combats, armĂ©s ou non, se dĂ©roulaient sans Ă©quipement de protection fidĂšle Ă  la tradition des Jissen Kumite du karatĂ© Kyokushin. Au-delĂ  de l’expulsion de la scĂšne, les combats se poursuivaient souvent jusqu’à ce qu’un boxeur capitule, soit sĂ©vĂšrement blessĂ© ou tuĂ©.

Un exemple de dĂ©cĂšs sur la scĂšne a Ă©tĂ© dĂ©crit par le grand maĂźtre de Hung Gar Chiu Kow (1895-1995), pĂšre du grand maitre Chiu Chi Ling. Le combat opposait le maitre de Hung Gar Leng Cai Yuk et un patron des triades nommĂ© Ha Saan Fu qui Ă©tait aussi un maitre en arts martiaux internes. Parce que Ha trempait dans la prostitution, le jeu et le trafic de drogue, Leng dĂ©fia Ha Ă  un combat sur le lei tai pour freiner l’expansion de ses activitĂ©s criminelles. Ha accepta le dĂ©fi et s’engagea Ă  quitter la rĂ©gion s’il Ă©tait dĂ©fait. Ha avait entendu parler de l’habiletĂ© de Leng Ă  arracher la chair de ses adversaires avec ses mains nues, et il dĂ©cida de protĂ©ger son torse avec des laniĂšres de cuir avant le combat. Les deux hommes se prĂ©sentĂšrent sur le lei tai pour signer les documents qui stipulaient qu’ils acceptaient que le combat puisse se terminer par la mort. La foule les regardait avec attention alors que les deux adversaires entamaient le combat. AprĂšs un moment, Leng (qui avait aperçu les laniĂšres de cuir Ă  travers les vĂȘtements dĂ©chirĂ©s de Ha), contourna l’armure en glissant par le dessus et arracha les tripes de son adversaire qui tomba mort sur la scĂšne. Lorsque les hommes de Ha voulurent s’en prendre Ă  Leng, en revanche, la police arrĂȘta Leng immĂ©diatement pour le protĂ©ger et le remirent en libertĂ© peu de temps aprĂšs.

L’architecture sans garde-corps du lei tai permettait Ă  un combattant de s’en sortir sans blessure grave. À tout moment, lorsque confrontĂ© Ă  une adversaire supĂ©rieur, il pouvait simplement descendre de la scĂšne. C’était considĂ©rĂ© comme une dĂ©faite mais il avait, au moins, la vie sauve[2]. MalgrĂ© cette option, le gouvernement nationaliste a quand mĂȘme dĂ©cidĂ© de bannir l’ancienne tradition en 1928 Ă  cause de trop grand nombre de dĂ©cĂšs[2].

Temps modernes (1928 à aujourd’hui)

Compétitions nationales de boxe

Dans le but de filtrer les meilleurs Ă©lĂ©ments pour des postes d’enseignants dans le nouvel Institut Central de Kuoshu et dans les Ă©coles provinciales, les gĂ©nĂ©raux Zhang Zhi jiang (1881-1966), Lie Jun (1882-1946) et Li Jinglin (1885-1931) ont tenu la premiĂšre compĂ©tition de full-contact nationale en . Plusieurs maitres traditionnels refusĂšrent de participer parce qu’ils disaient que leurs habiletĂ©s ne pouvaient ĂȘtre mises en valeur que dans des duels sĂ©rieux et non sportifs. Toutefois, la compĂ©tition a quand mĂȘme attirĂ© des centaines de combattants qui ont participĂ© dans des disciplines telles que la boxe, les armes et la lutte sur une arĂšne de type lei tai. Mais, aprĂšs quelques jours, la compĂ©tition a dĂ» ĂȘtre arrĂȘtĂ©e aprĂšs le dĂ©cĂšs de deux maitres et plusieurs blessures sĂ©rieuses. Les 12 derniers combattants ont Ă©tĂ© interdits de poursuivre le tournoi de peur de perdre les meilleurs maitres du pays. Le gagnant fut dĂ©signĂ© par un jury. Plusieurs des 15 meilleurs combattants (dont certains Ă©taient des boxeurs de xingyiquan) ont poursuivi en enseignant Ă  l’institut. En 1929, le gouverneur de la province de Guangdong a invitĂ© des maitres de l’institut (incluant certains des maitres prĂ©sents durant l’édition 1928) Ă  venir au sud pour Ă©tablir l’Institut de Kuoshu du sud. Le gĂ©nĂ©ral Li Jinglin a alors choisi cinq maitres pour reprĂ©senter le nord. Ces hommes Ă©taient connus comme les Wu hu xia jiangnan (Les 5 Tigres se rendant au sud de Jiangnan) :

  • Gu Ru Zhang (1893-1952) du style Shaolin du Nord. Il Ă©tait connu sous le nom de « Gu Ruzhang aux paumes de fer). Il s’était classĂ© dans les 15 premiers au lei tai de 1928.
  • Wan Laisheng (1903-1995) des styles Shaolin du Nord et Interne (incluant la Boxe Naturelle)
  • Fu Zhensong (1881-1953) du style Baguazhang
  • Wang Shao Zhou des styles Shaolin du Nord et Cha
  • Li Xian Wu des styles Shaolin du Nord et Interne

En 1933, l’Institut organisa de nouveau la compĂ©tition nationale. Les rĂšgles disaient : « 
si un dĂ©cĂšs survient durant un combat, le corps sera retournĂ© chez le combattant dans un cercueil ». Les gagnants de cette compĂ©tition incluent :

  • Chang Tung Sheng (1908-1986) du style Shuai Jiao. Il gagna dans la catĂ©gorie poids lourd ce qui lui valut le surnom « Flying Butterfly ».
  • Wang Yu Shan (1892-1976) du style Taiji de la Mante Religieuse
  • Li Kun Shan (1894-1976) du style de la Mante Religieuse du Prunier en Fleur

Kuoshu (combat de lei tai)

Les principales diffĂ©rences rĂ©sident dans les rĂšgles. Ainsi, dans le Kuoshu, les adversaires sont autorisĂ©s Ă  frapper au mĂȘme endroit deux fois. Le Kuoshu et le Sanshou sont des exemples de la popularitĂ© du concept de kung fu full-contact. Bien que certains voient une diffĂ©rence marquĂ©e entre les sports, des gens comme Anthony Goh, prĂ©sident de la United States of America Wushu-Kung Fu Federation, y voit moins de contraste. « Les rĂšgles seront toujours lĂ©gĂšrement diffĂ©rentes », dit Goh, « mais les diffĂ©rents noms veulent tous dire la mĂȘme chose ». D’autres y voient des variations purement historiques. Huang Chien Liang, prĂ©sident de la United States Kuoshu Federation et de la World Kuoshu Federation, note que : « Kuoshu veut aussi dire « art national ». En 1928, l’AcadĂ©mie Central de Kuoshu a Ă©tĂ© formĂ©e et a organisĂ© un tournoi de full-contact, mais quand le Parti Communiste Chinois pris la direction de la Chine, le gouvernement Nationaliste a dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Taiwan, oĂč, en 1955, ils organisĂšrent une compĂ©tition full-contact qu’ils nommĂšrent Lei Tai. À ce moment-lĂ , ils utilisaient les rĂšgles originales, sans protection et aucune catĂ©gorie de poids – le chiffre que vous pigiez dĂ©terminait votre adversaire. En 1975, Taiwan organisa le premier World Kuoshu Championship Tournament et instaura la notion de catĂ©gories de poids. En 1992, Taiwan avait dĂ©jĂ  organisĂ© sept compĂ©titions Kuoshu Lei Tai ».

Pendant ce temps, en Chine, « le Kuoshu a Ă©tĂ© persĂ©cutĂ© durant la RĂ©volution Culturelle », note le prĂ©sident Huang, « et les arts martiaux n’étaient autorisĂ©s que pour des fins de dĂ©monstration jusqu’en 1979, alors que le wushu fut autorisĂ© Ă  inclure des notions d’auto-dĂ©fense, les pratiquants commencĂšrent Ă  Ă©crire les rĂšgles pour les tournois de wushu sanshou, et le gouvernement Communiste organisa un tournoi qu’ils appelĂšrent Sanshou ».

Confirmant une commune orientation de la modification des rĂšgles vers la sĂ©curitĂ©, le prĂ©sident Huang approuve ces changements dans le kung fu full-contact. « En 1986, au 5e championnat du monde Ă  Taiwan, il y avait des catĂ©gories de poids sĂ©parĂ©es mais toujours aucune protection. Plusieurs participants ont souffert de nez cassĂ©s et autres blessures ». L’International Kuoshu Federation dĂ©cida donc de changer les rĂšgles. « Depuis 1988, les nouvelles rĂšgles s’appliquent ».

Sanshou / Sanda

Tel que mentionnĂ© ci-dessus, jusqu’en 1979 les arts martiaux n’étaient autorisĂ©s que pour des fins de dĂ©monstration. Mais, en mars de cette annĂ©e, le Centre Provincial d’Entrainement Sportif de Zhajiang, l’UniversitĂ© d’éducation physique de Beijing, et le CollĂšge d’éducation physique Wuhan furent convoquĂ©s par le ComitĂ© de Sport National de la Chine, mandatĂ©s par le gouvernement pour transformer le Sanshou en sport de compĂ©tition. En octobre, les 3 premiĂšres Ă©quipes de Sanshou avaient Ă©tĂ© crĂ©Ă©es Ă  partir de combattants provenant des collĂšges wushu citĂ©s plus haut. Plus d'Ă©quipes Ă©taient formĂ©es dĂšs .

Les premiĂšres rĂšgles officielles de Sanshou furent rĂ©digĂ©es en janvier 1982 lorsque le CNSC convoqua la ConfĂ©rence Nationale des RĂšgles de Sanshou de CompĂ©tition Ă  Beijing. Six Ă©quipes des provinces de Shandong, Hebei et Guangdong, de l’UniversitĂ© d’éducation physique de Beijing et le CollĂšge d’éducation physique Wuhan furent mandatĂ©es pour Ă©tablir les rĂšgles, et le systĂšme de pointage qui seront utilisĂ©s pour ce sport. Dix mois plus tard, la toute premiĂšre compĂ©tition de Sanshou Ă©tait tenue en . La surface de combat Ă©tait un cercle de 9m de diamĂštre, mais elle fut changĂ©e plus tard par un lei tai carrĂ© traditionnel.

Selon le grand maitre de Shuai Jiao, Liang Shou Yu, « Dans le passĂ©, les compĂ©titions de San Shou Ă©taient tenues sur des lei tai, une plateforme de 24’ x 24’ x 5’ de haut. La victoire Ă©tait acquise en projetant l’adversaire hors de la surface ou lorsqu’il demeurait au sol. En ce sens, le Shuai Jiao est une part importante du San Shou. Un participant sans connaissance en Shuai Jiao ne survivrait pas facilement dans un match de San Shou[3].

Kung Fu Magazine mentionne que projeter un adversaire hors du lei tai vaut 3 points, ce qui est « un Ă©quivalent d’un coup de pied crochet pivotĂ© Ă  la tĂȘte ou un fauchage parfait ».

Lei tai sur l’eau

La ville de Taizhou, Zhejiang a Ă©tĂ© l’hĂŽte du premier tournoi « On water Contest of the « liqun Cup » International Traditional Wushu and Unique Feats Tournament » du 22 au . 24 pays et 28 Ă©quipes nationales chinoises composĂ©es de plus de 1000 participants s’y sont opposĂ©s.

Le lei tai su l’eau s’est tenu dans l’aprĂšs-midi de la 2e journĂ©e de compĂ©tition (). Il y avait 5 divisions, et c’était l’évĂ©nement le plus attendu du tournoi. De la pluie juste avant l’évĂ©nement avait rendu la surface glissante rendant les combats plus difficiles. Aussi, les combattants Ă©taient restreints Ă  l’équipement minimum, soit des gants et shorts. Le perdant qui tombait ou Ă©tait projetĂ© hors de la surface, se retrouvait dans l’eau. Pour une question de sĂ©curitĂ©, le lei tai Ă©tait plus petit de m que le standard ce qui rĂ©duisait les impacts et permettait Ă  des sauveteurs de pouvoir intervenir rapidement dans les situations oĂč le combattant Ă©tait inconscient. Aucune blessure sĂ©rieuse ne fut enregistrĂ©e dans cette Ă©preuve[2].

Il y a eu d’autres Ă©vĂ©nements sur l’eau depuis. En , le 9e Championnat du monde de la ICKF a Ă©tĂ© l’hĂŽte du 3e lei tai sur l’eau. Ce fut le premier Ă©vĂ©nement international tenu par la ICKF qui a eu lieu entiĂšrement sur l’eau.

Stratégie

Kung Fu Magazine mentionne que l’absence de garde-corps autour du lei tai oblige les participants Ă  troquer la puissance contre des manƓuvres d’évitement circulaires puisqu’ils ne peuvent pas se faire coincer dans les cĂąbles. Un combattant ne peut pas, non plus, se contenter de charger directement sur son adversaire. Une manƓuvre d’évitement et de redirection rapide enverrait un adversaire qui charge trop rapidement hors de la surface de combat. Les combattants doivent donc composer, en plus, avec le facteur psychologique de se retrouver prĂšs du rebord de la surface. Comme un Sumo japonais, le combattant doit dĂ©fendre sa position. Être chassĂ© de la surface de combat constitue une dĂ©faite[2].

Selon Steve Cotter, le champion 1995 et 1996 du United States National Kuoshu, « une part de la stratĂ©gie consiste Ă  projeter son adversaire hors du lei tai et espĂ©rer qu’il ne puisse pas revenir, ce qui vous accorde des points ».

Avantages de la pratique

Selon le Swiss Open Kuoshu Tournament, le lei tai permet aux Ă©tudiants de kung fu de dĂ©montrer leurs connaissances techniques, de dĂ©placements, d’enracinement de respiration et de contrĂŽle de ses Ă©motions. Le Kung Fu combinĂ© au Lei Tai entraine l’instinct et le synchronisme. Ils favorisent la culture de la concentration et la relaxation en mĂȘme temps. Ils enseignent la pratique du combat et l’application des mouvements appris dans les routines et la Taolu (formes). Avec le Lei Tai, un Ă©tudiant reçoit un feedback personnel de ses forces et ses faiblesses.

Kuoshu Lei Tai vs Wushu Sanshou

Le Wushu moderne est une standardisation sportive des arts martiaux chinois et comporte traditionnellement deux disciplines : le Taolu (Formes) et le Sanshou ou Sanda (combat libre). De nos jours les termes Sanshou et Sanda se rĂ©fĂšrent Ă  la discipline sportive Sanshou/Sanda dans le cadre du Wushu. Le Wushu Sanshou moderne est un sport de combat full-contact standard qui tire ses origines des techniques de combat Ă  main nues de l’acadĂ©mie militaire Whampoa et qui possĂšde son propre curriculum de techniques.

Le Lei Tai, quant Ă  lui, obĂ©it aux principes du Kuoshu (aussi prononcĂ© Guoshu ou « art national »). Lei Tai, pris littĂ©ralement, veut dire « plateforme surĂ©levĂ© ». Pour le Guoshu, lei tai veut dire combat full contact sur la plateforme du mĂȘme nom. Avant la modernisation de ce sport, les combats pouvaient inclure des armes. Contrairement au Wushu, le Lei Tai ne contient pas de curriculum de techniques spĂ©cifiques. Chacun des participants arrive avec son propre bagage technique spĂ©cifique en art martial chinois.

La diffĂ©rence principale rĂ©side, toutefois, dans les rĂšgles rĂ©gissant ces deux sports. PremiĂšrement, les rĂšgles du Wushu Sanshou de l’édition 2005 de la FĂ©dĂ©ration international de Wushu (www.iwuf.org) stipulent :

  • Techniques lĂ©gales : tous les types de coups de poing, coups de pied et projections
  • Techniques illĂ©gales : coups de tĂȘte, coups de coudes, coups de genoux et les prises aux articulations. Toutefois, en Sanda professionnel, tĂ©lĂ©diffusĂ© en Chine, les coups de genoux sont permis.
  • Zones d’attaques lĂ©gales (pointage) : tĂȘte, tronc et cuisses
  • Zone d’attaques illĂ©gales : arriĂšre de la tĂȘte, cou et les parties gĂ©nitales

Ensuite, il y a les rĂšgles de Guoshu Lei Tai :

  • Techniques lĂ©gales : tous les types de coups de poing, coups de pied, coups de coude, coups de genou et projections
  • Techniques illĂ©gales : coups de tĂȘte, frapper en maintenant l’adversaire et les prises aux articulations.
  • Zones d’attaques lĂ©gales (pointage) : aucune mention
  • Zone d’attaques illĂ©gales : yeux, gorge, arriĂšre de la tĂȘte et les parties gĂ©nitales (poitrine pour les femmes)

Les arts martiaux chinois contiennent traditionnellement quatre Ă©lĂ©ments gĂ©nĂ©raux : les coups de poing, les coups de pied, les projections et le combat au sol. En combat full-contact, seulement les trois premiers Ă©lĂ©ments sont permis ; sont interdits le combat au sol, la lutte et le contrĂŽle des articulations. En ce qui concerne les projections et la lutte debout, les deux sports partagent les mĂȘmes critĂšres :

  • Si un combattant reste debout alors que l’autre tombe ou est projetĂ© au sol, celui qui reste debout reçoit 2 points
  • Si un combattant atterrit par-dessus l’autre, celui du dessus recevra 1 point
  • Si les 2 combattants tombent au sol en bas du lei tai, aucun point n’est accordĂ©
  • Aucun point n’est accordĂ© lorsqu’on tient l’adversaire

Les deux sports divisent les combats en rounds de 2 minutes. Le combat est gagnĂ© en remportant 2 des 3 rounds, par KO ou par une blessure rendant la poursuite du combat impossible. Toutefois, en Guoshu Lei Tai, il y a une rĂšgle qui dit qu’un combattant perd s’il tombe au sol 3 fois consĂ©cutivement.

Les protocoles de compĂ©tition sont pratiquement identiques dans les deux cas, en incluant les saluts, l’arbitrage, les gestes et les signaux durant le combat. Le Sanshou se pratique aussi sur un lei tai. Contrairement Ă  la boxe, le kick-boxing ou le Muay Thai, le lei tai n’a pas de cordes ou de limites structurelles. Les combattants peuvent donc tomber ou ĂȘtre projetĂ©s hors de la surface de combat. Cette configuration fait qu’on ne peut pas « emprisonner » un adversaire dans un coin pour lui servir une correction. En Wushu Sanshou, lorsqu’on rĂ©ussit Ă  projeter l’adversaire hors du lei tai deux fois dans le mĂȘme round, la victoire est acquise. En Guoshu Lei Tai, il faut le projeter 3 fois dans le mĂȘme round.

Outre certaines petites diffĂ©rences, la diffĂ©rence majeure repose sur la lĂ©galitĂ© des coups de coudes et de genoux en Guoshu Lei Tai. Cet aspect offre un Ă©ventail de possibilitĂ©s beaucoup plus Ă©tendues qu’en Sanshou et rehausse d’autant le spectacle. Essentiellement, le Sanshou possĂšde des limitations semblables au kick-boxing.

Une autre diffĂ©rence rĂ©side dans le temps permis pour tenir ou agripper l’adversaire. En Wushu Sanshou, il n’est pas permis d’agripper l’adversaire durant plus de 2 secondes alors que le Guoshu Lei Tai accorde 5 secondes au total. Ce dĂ©lai permet l’exĂ©cution de techniques de projections efficaces mĂȘme s’il est beaucoup plus court qu'en MMA ou en Muay Thai.

Une autre diffĂ©rence majeure Ă  l’avantage du Guoshu Lei Tai est la versatilitĂ© des techniques de mains. Le Sanshou utilise des gants de boxe traditionnels qui limitent beaucoup la dextĂ©ritĂ© du combattant. Le Lei Tai utilise des gants semblables Ă  ceux utilisĂ©s en MMA, qui permettent d’agripper ou de frapper l’adversaire Ă  main ouverte. Le Sanshou oblige aussi le port d’un plastron, contrairement au Lei Tai. Sauf au niveau du Sanshou professionnel, les deux sports imposent le port de protection pour la tĂȘte, d’un protecteur buccal et d’une coquille.

Le Guoshu Lei Tai interdit les frappes Ă  l’intĂ©rieur de la jambe alors que ces derniĂšres sont permises en Sanshou et dans d’autres sports de combat tel que le Muay Thai.

En rĂ©sumĂ©, chaque style possĂšde ses forces et ses faiblesses. À cause des variations rĂšglementaires et la perspective de pouvoir aller chercher plus de points lors de projections, les comabattants de Wushu Sanshou ont eu tendance Ă  nĂ©gliger le raffinement de bonnes techniques de combat debout contrairement Ă  ce qui est observĂ© en Guoshu Lei Tai. Il en rĂ©sulte des combats plus agressifs et de meilleure qualitĂ© du point de vue du spectateur.

Références et notes

  1. (en) San Shou Rules, www.ikfkickboxing.com, (consulté le )
  2. (en) eXtreme Kungfu Qigong, kungfumagazine.com, (consulté le ).
  3. (en) Liang Shou Yu (dir.) et Tai D. Ngo, Chinese Fast Wrestling for Fighting : The Art of San Shou Kuai Jiao, YMAA Publication Center, , 188 p. (ISBN 1886969493)

Voir aussi

Liens externes

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