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Le Christ interdit

Le Christ interdit (Il Cristo proibito) est un film italien réalisé par Curzio Malaparte et sorti en 1951.

Le Christ interdit
Description de cette image, également commentée ci-après
Raf Vallone et Rina Morelli dans une scène du film
Titre original Il Cristo proibito
RĂ©alisation Curzio Malaparte
Scénario Curzio Malaparte
Acteurs principaux
Sociétés de production Excelsa Film
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Genre Drame
Durée 92 minutes
Sortie 1951

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Bruno revient dans son village de Toscane après la fin de la Seconde Guerre mondiale durant laquelle il a combattu sur le front russe et oĂą il a Ă©tĂ© fait prisonnier. Il retrouve sa famille, mais pas son frère, abattu par les soldats allemands sur dĂ©nonciation d’un habitant du village. Personne dans sa famille ne veut lui parler de ce qui s’est passĂ©. Sa fiancĂ©e lui avoue qu’elle a couchĂ© avec son frère le soir oĂą il a Ă©tĂ© assassinĂ©. Bruno veut quand mĂŞme venger son frère. Le jour de la fĂŞte Ă  Marie, un harangueur demande aux habitants si quelqu’un est prĂŞt Ă  se donner la mort pour conjurer les pĂ©chĂ©s des autres, et personne ne se sacrifie. Le sacrifice du Christ est-il donc interdit, Ă  prĂ©sent ? Antonio, un humble tonnelier que tout le monde considère comme un saint, car il donne son argent aux pauvres, est la seule personne que Bruno estime en dehors de sa famille. Celui-ci lui avoue qu’il a tuĂ© un homme en AmĂ©rique ou en Australie, et qu’il vit dans le dĂ©nuement pour expier ce crime. Quand il lui annonce que c’est lui qui a dĂ©noncĂ© son frère, Bruno lui plante un couteau dans la poitrine, mais Antonio lui avoue alors qu’il s’est accusĂ© d’un pĂ©chĂ© qu’il n’a pas commis pour imiter le Christ et racheter la faute du dĂ©nonciateur. Lorsque Bruno revient chez lui, sa mère lui rĂ©vèle le nom du coupable, mais Bruno renonce Ă  sa vengeance.

Fiche technique

  • Titre original : Il Cristo proibito
  • Titre français : Le Christ interdit
  • RĂ©alisation, scĂ©nario et dialogues : Curzio Malaparte
  • DĂ©cors : Orfeo Tamburi, Leonida Marulis
  • Photographie : Gabor Pogany
  • Son : Venanzio Biraschi
  • Montage : Giancarlo Cappelli
  • Musique : Ugo Giacomazzi
  • Production : Eugenio Fontana
  • SociĂ©tĂ© de production : Excelsa Film (Italie)
  • SociĂ©tĂ©s de distribution : Minerva Film (Italie), Omnium International du Film (France), Tamasa Distribution (international)
  • Pays d'origine : Drapeau de l'Italie Italie
  • Langue originale : italien
  • Format : 35 mm — noir et blanc — 1,33:1 — monophonique
  • Genre : drame
  • DurĂ©e : 95 minutes
  • Dates de sortie : ,
  • (fr) Classifications CNC : tous publics, Art et Essai (visa d'exploitation no 11498 dĂ©livrĂ© le )

Distribution

Production

Genèse

Curzio Malaparte avait d'abord songé à une œuvre conçue comme un prolongement de son célèbre roman La Peau (1949). Son intérêt croissant pour le cinéma et les conseils conjugués de ses amis, l'écrivain Daniel Halévy et le peintre Orfeo Tamburi, le conduisent à abandonner le projet littéraire pour le transformer en scénario. « Le cinéma en plein essor des Rossellini, De Sica, De Santis et autres... […] Le tentait beaucoup plus, car il avait pu en observer l'impact sur un public désorienté par cinq années de massacre et de souffrance »[1].

Casting

Malaparte avait pensé à des acteurs français et, notamment, à Pierre Fresnay pour le rôle principal. C'est à ce dernier qu'il confie ses intentions : « Je veux que mon film ne soit pas un « fait divers », ni une histoire romancée, ni une « aventure » plus ou moins mondaine, ni une chronique néoréaliste. […] Mais, plutôt un film qui soit populaire sans être banal ; et qui pose un problème non point spécifiquement italien. […] Mais commun à tous les hommes de nos jours, de n'importe quel pays : le problème de la justice, de l'amour, de la responsabilité personnelle et collective »[1].

Tournage

Extérieurs en Italie : Sarteano (maison de famille de Bruno et Nella) et Montepulciano (scènes de rue) dans la Province de Sienne (Toscane).

Accueil

  • Film singulier, dont le « ton oscille entre le mĂ©lodrame et la tragĂ©die spirituelle »[2], Le Christ interdit provoqua, Ă  sa sortie, des controverses publiques parfois violentes. Georges Sadoul qualifia le film de « nĂ©ofasciste »[3].
  • Le Christ interdit semble effectivement une Ĺ“uvre Ă©trange « qui dĂ©veloppe une idĂ©ologie insaisissable, oĂą se cĂ´toient revendications sociales (le partage des terres), dĂ©sir de vengeance, renvoi dos-Ă -dos des victimes et des bourreaux. […] Et dans laquelle se lisent les contradictions de lendemains de guerre sans apaisement possible »[3].
  • Le martyre christique : sous la plume de Jean-Christophe Ferrari, dans la revue Positif, nous pouvons lire l'analyse suivante : « Si toute forme de martyre christique est aujourd'hui prohibĂ©e, pourquoi maĂ®tre Antoine (Alain Cuny) se l'autorise-t-il ? Et s'il se sacrifie vraiment, pourquoi Bruno (Raf Vallone) n'est-il pas pardonnĂ© Ă  la fin ? L'incertitude du propos provoqua malaise ou perplexitĂ© chez les critiques de l'Ă©poque, soit au nom de l'orthodoxie catholique (Henri Agel, Xavier Tilliette), soit par mĂ©fiance de principe envers toute espèce de propagande esthĂ©tique (AndrĂ© Bazin). Les commentateurs les plus remontĂ©s… […] Allèrent jusqu'Ă  condamner une astucieuse tentative de justification, voire d'amnistie (la dĂ©nonciation de la responsabilitĂ© collective permettant d'oublier celle, individuelle, de l'auteur), et une expression de la « pingrerie morale et de la niaiserie » de l'Ă©crivain cinĂ©aste, car Curzio Malaparte (ne l'oublions pas) traĂ®nait le boulet de son passĂ© fasciste »[4].

Distinctions

RĂ©compenses

SĂ©lection

Le film a été présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 1951[5].

Notes et références

  1. Maurizio Serra, Malaparte. Vies et légendes, Grasset.
  2. Gilbert Salachas, Dictionnaire mondial des films, Éditions Larousse.
  3. Rapporté par Jean A. Gili, in supplément DVD Tamasadiffusion.
  4. Jean-Christophe Ferrari : Le vitalisme amer et hérétique d'un condottiere, Positif, no 615, mai 2012.
  5. « La sélection – 1951 – Compétition », site officiel du Festival de Cannes

Liens externes

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