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Lac du Mont-Cenis

Le lac du Mont-Cenis est un lac situĂ© dans le massif du Mont-Cenis Ă  1 974 m d'altitude sur la commune de Val-Cenis.

Lac du Mont-Cenis
Image illustrative de l’article Lac du Mont-Cenis
Administration
Pays Drapeau de la France France
département Savoie
commune Val-Cenis
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 45° 14′ 16″ N, 6° 56′ 03″ E
Type artificiel
Montagne Alpes
Superficie 6,68 km2
Altitude 1 974 m
Volume 315 hm3
Hydrographie
Bassin versant 295 km2
Émissaire(s) Cenise
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Lac du Mont-Cenis
GĂ©olocalisation sur la carte : RhĂ´ne-Alpes
(Voir situation sur carte : RhĂ´ne-Alpes)
Lac du Mont-Cenis
GĂ©olocalisation sur la carte : Savoie
(Voir situation sur carte : Savoie)
Lac du Mont-Cenis

Le lac du Mont-Cenis est situĂ© sur le passage le plus frĂ©quentĂ© au Moyen Ă‚ge entre l'Europe de l'Ouest et la pĂ©ninsule italienne, le col du Mont-Cenis, sur l'axe Lyon-Turin-Milan, alors que le col du Montgenèvre nĂ©cessitait un premier franchissement, celui du col du Lautaret et que le col du Petit-Saint-Bernard Ă©tait plus haut de 107 mètres.

Emplacement

Si on attribue une contenance de 315 millions de mètres cubes Ă  ce lac de barrage, il est la sixième plus grande retenue d'eau artificielle française, situĂ©e Ă  près de 2 000 mètres d'altitude[1]. Se trouvant entièrement sur le territoire français, le lac est situĂ© sur le versant italien du col du Mont-Cenis. RattachĂ©e Ă  la vallĂ©e de la Maurienne tant d'un point de vue historique, culturel et Ă©conomique, la combe est administrĂ©e par la commune de Val-Cenis. Autour du lac se trouvent la pointe de Ronce (3 612 m), la pointe du Lamet (3 504 m), le mont Giusalet (3 312 m), le mont Malamot (2 917 m) et le signal du Petit Mont-Cenis (3 162 m).

De par son emplacement, l'Ă©missaire naturel du lac est la Cenise (Cenischia en italien), qui elle-mĂŞme se jette dans la Doire Ripaire, affluent du PĂ´. Le lac fait donc partie du bassin versant du PĂ´.

Histoire contemporaine

Le traitĂ© de Paris de 1947 voit le territoire de la province de Maurienne s'agrandir d'une superficie de 81,79 km2[2]. Ce nouveau tracĂ© frontalier englobe dĂ©sormais le col et la combe du lac du Mont-Cenis franchissant ainsi la ligne du partage des eaux[3]. La dĂ©marcation de 1947 a Ă©tĂ© faite pour deux raisons : dans un premier registre, en vertu des rĂ©parations de guerre de l'Italie envers la France, le rattachement de cette combe protĂ©geant ainsi la vallĂ©e d'une Ă©ventuelle nouvelle invasion militaire[4] ; mais Ă©galement afin de restituer ces territoires aux communes savoyardes du canton de Lanslebourg-Mont-Cenis, en Haute Maurienne, le traitĂ© d'annexion de la Savoie de 1860 faisant passer ces alpages de l'autre cĂ´tĂ© de la frontière nouvellement crĂ©Ă©, la Maurienne retrouvant finalement ses frontières historiques[5].

Aménagement hydroélectrique

Panorama du lac du Mont-Cenis
Panorama du lac du Mont-Cenis


C’est, logiquement, par l’amont, qu’EDF a entrepris entre 1962 et 1969 l’amĂ©nagement hydroĂ©lectrique intĂ©gral de la vallĂ©e de l’Arc. Le choix du site du rĂ©servoir d’accumulation, au centre du dispositif, s’est portĂ© dans les annĂ©es 1960 sur le plateau du Mont-Cenis qui venait d’être intĂ©grĂ© dans le territoire français depuis le traitĂ© de paix avec l’Italie en 1947. Ce plateau cumulait les avantages d’une altitude Ă©levĂ©e et d’une topographie de large cuvette naturelle : hauteur de chute et forte capacitĂ© Ă©taient garanties ! La difficultĂ© majeure consistait Ă  ancrer le barrage de retenue sur de solides assises gĂ©ologiques si on s’en tenait Ă  la mĂ©thode classique. La solution du barrage-voĂ»te comme Ă  Tignes ou Ă  Roselend s’avĂ©rait impossible. Mais EDF Ă©tait alors riche de l’expĂ©rience acquise Ă  Serre-Ponçon, dans la vallĂ©e de la Durance : le barrage en terre, rĂ©sistant Ă  la poussĂ©e par sa seule masse ou barrage poids avec un noyau central d’argile pour en assurer l’étanchĂ©itĂ©. Les quantitĂ©s de terre mises en Ĺ“uvre ont Ă©tĂ© sensiblement les mĂŞmes : 15 millions de m3 ici contre 14. Le barrage du Mont-Cenis l’emporte par la longueur (1 500 mètres contre 620 mais il est moins Ă©pais (550 m Ă  la base contre 650) et un peu moins haut (115 m contre 122)[6].

La capacitĂ© du rĂ©servoir du Mont-Cenis est de 320 millions de m3. Les apports naturels sont limitĂ©s, vu la modeste superficie du plateau (85 km2). Le bassin d’alimentation a Ă©tĂ© agrandi grâce au rĂ©seau d’adductions par lequel sont dĂ©tournĂ©es artificiellement vers la cuvette les eaux de l’Arc supĂ©rieur et de ses affluents de rive gauche, AvĂ©role et Ribbon : au total la part française correspond Ă  270 millions de m3. L’Italie apporte vers la retenue les apports de la Cenischia et du Rio Clarea dont l’écoulement naturel est vers le PĂ´ et l’Adriatique. Au total, 270 millions de m3 proviennent du territoire français, 50 du territoire italien[6].

Les eaux du rĂ©servoir accumulĂ©es Ă  la cote maximale de 1 974 mètres, sont donc dirigĂ©es en partie vers la centrale italienne de Venaus, au pied du barrage, sous une chute 1 355 mètres avec une production moyenne annuelle de 230 millions de kWh. La part française est turbinĂ©e dans la centrale de Villarodin-Bourget sous une chute de 880 mètres au bout d’un tunnel de 18 km qui collecte au passage les apports des affluents de l’Arc Ambin et Saint-Anne. Les meilleures annĂ©es, 600 millions de kWh sont injectĂ©s dans le rĂ©seau de transport de force international, le plus souvent, par commoditĂ©, vers l’Italie dans le cadre d’un Ă©change entre EDF et ENEL[6].

Le traité de Paris de 1947 voit le retour du plateau du Mont-Cenis en Haute Maurienne ; en fond le mont Giusalet et son glacier, au centre le col du Petit Mont-Cenis, et à droite le signal du Petit Mont-Cenis.

Environnement

La construction du barrage entre 1962 et 1968[7] a un impact direct sur le col et son plateau. Les chalets d'alpage séculaires, l'hospice et son prieuré sont engloutis par la montée des eaux. Bien que ce lac eût un impact moins important sur l'économie locale que son homologue de Roselend, car étant principalement un lieu d'estive, cela changea de manière définitive le visage du col et le mode de vie des habitants du cœur de la Haute Maurienne, sa construction entraina l'abandon du village de Grand-Croix situé au pied du barrage qui jusque-là était un point de passage sur la route menant à l'Italie.

La disparition du prieuré est prise en compte par EDF qui édifie à la place une chapelle, consacrée le par André Bontems, archevêque de Chambéry, évêque de Maurienne et de Tarentaise[8]. Celle-ci de forme de pyramidale en béton a été imaginée par Philippe Quinquet[9].

C'est dans cette optique que la combe a vu naître en 1970, sous l'impulsion du père Fritch, un jardin alpin. Faute d'entretien, ce dernier s'est détérioré jusqu'au début des années 2000. Cette dégradation avancée déclencha une prise de conscience, et grâce aux efforts conjoints du parc national de la Vanoise et des communes environnantes, une zone de protection du biotope accompagnée d'une longue restauration et réaménagement du jardin alpin fut entrepris[10] - [11]. Cette valorisation était d'autant plus nécessaire, car non seulement 700 espèces florales de montagne y prospèrent, mais trois d'entre elles se trouvent uniquement dans cet espace protégé et au Spitzberg[12].

Notes et références

  1. [PDF]EDF, Groupe d'Exploitation Hydraulique, Vallée de la Maurienne Plaquette de présentation octobre 2011
  2. Hervé Chabaud, L'Italie dans la 2e guerre mondiale : les chemins de la liberté (décembre 1944 - janvier 1945) - Le traité de paix de 1947
  3. [PDF] ONU, Recueil des Traités (vol.49), « Article 9 - 1. Plateau du Mont-Cenis » p. 10-11, p. 57, Annexe III p. 65
  4. Daniel David, « Géographie militaire et fortification : cinq siècles d’histoire en Maurienne », Revue historique des armées, no 243,‎ , p. 89-107 (lire en ligne).
  5. Collection de cartes anciennes des Pays de Savoie, 1562-1789, Archives départementales de la Savoie
  6. Louis Chabert, Aimer la Maurienne, , 190 p., p. 132-136
  7. Bernard Demotz et François Loridon, 1000 ans d'histoire de la Savoie : La Maurienne, vol. 2, Cléopas, , 845 p. (ISBN 978-2-9522459-7-5), p. 339
  8. Michèle Brocard, Maurice Messiez-Poche et Pierre Dompnier, Histoire des communes savoyardes : La Maurienne - Chamoux - La Rochette, vol. 3, Roanne, Éditions Horvath, , 558 p. (ISBN 978-2-7171-0289-5), p. 165.
  9. Article de Christian Sorrel, « Catholicisme, tourisme et sports d'hiver en Savoie », p.374, paru dans Serge Brunet, Dominique Julia et Nicole Lemaître, Montagnes sacrées d'Europe : Actes du colloque "Religion et Montagnes", Tarbes, 30 mai-2 juin 2002, vol. 49, Publications de la Sorbonne, , 427 p. (ISBN 978-2-85944-516-4, lire en ligne).
  10. DĂ©pliant de l'APPB du mont Cenis
  11. Arrêté préfectoral de protection du biotope du mont Cenis
  12. Mont-Cenis les couleurs du temps, La Fontaine de Siloé, page 56.

Voir aussi

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