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La Llorona

La Llorona (API : /la ʝoˈɟona/, prononcer « Yorona » ou « jorona », « la pleureuse » en espagnol), est un fantĂŽme issu du folklore d'AmĂ©rique hispanique. Selon la lĂ©gende, elle se prĂ©sente comme l'Ăąme en peine d'une femme ayant perdu ou tuĂ© ses enfants, les cherchant dans la nuit prĂšs d'un fleuve ou d'un lac, effrayant ceux qui entendent ses cris de douleur perçants.

Il existe beaucoup de versions différentes de cette légende selon les régions, mais elles s'accordent toutes plus ou moins.

Origine du mythe

« 
TrĂšs souvent on l’entendait : une femme pleurait, criant la nuit, errant en hurlant : « Mes enfants, dĂ©jĂ  nous devons partir loin ! » Et parfois elle disait : « Mes enfants, oĂč donc vous conduirai-je ? »  » (Traduction du livre de Bernardino de SahagĂșn, Historia general de las cosas de Nueva España, 1956, IV, p. 82)


La prĂ©sence d’esprits pleurant sur les rives des fleuves, pour diverses raisons, est une caractĂ©ristique rĂ©currente de la mythologie aborigĂšne des peuples prĂ©hispaniques. Ainsi donc, nous pouvons rencontrer les rĂ©cits de ces fantĂŽmes dans de nombreuses cultures prĂ©colombiennes, qui probablement avec la venue des conquistadors espagnols, furent intĂ©grĂ©s au folklore de toute l’AmĂ©rique latine, cela Ă©tant dĂ» Ă  l’expansion de la dominance espagnole dans le continent. Cette lĂ©gende fait rĂ©fĂ©rence Ă  divers mythes de l’univers prĂ©hispanique, mais l’action se dĂ©roule dans le dĂ©cor d’épouvante des conquĂȘtes coloniales.

Au Mexique, certains chercheurs estiment que la Llorona, comme personnage de la mythologie et des lĂ©gendes mexicaines, trouve ses origines dans des crĂ©atures ou divinitĂ©s prĂ©hispaniques : Auicanime, pour les PurĂ©pechas ; Xonaxi Queculla, pour les ZapotĂšques, CihuacĂłalt, pour les Nahuas, et Xtabay, pour les Lacandons. Elle est toujours assimilĂ©e Ă  l’Au-delĂ , Ă  la faim, Ă  la mort, au pĂ©chĂ© et Ă  la luxure. Dans le cas de Xtabay, cette dĂ©esse lacandonnienne est plutĂŽt vue comme un esprit malin qui prend la forme d’une femme envoĂ»tante dont le dos a la forme d’un arbre creux. Elle incite les hommes Ă  la dĂ©sirer, les rendant fous, pour pouvoir ensuite les tuer. Pareillement, la dĂ©esse zapotĂšque Xonaxi Queculla est une divinitĂ© de la mort, de l’Au-delĂ  et de la luxure qui apparaĂźt dans quelques reprĂ©sentations avec les bras dĂ©charnĂ©s. Si elle paraĂźt sĂ©duisante au premier regard aux yeux des hommes qu’elle rend fous amoureux, elle se transforme ensuite en squelette et emporte les Ăąmes de ses victimes dans l’Au-delĂ . Auicanime Ă©tait considĂ©rĂ©e par les PurĂ©pechas comme la dĂ©esse de la faim (son nom peut se traduire par l’AssoiffĂ©e ou la NĂ©cessiteuse). C’était Ă©galement la dĂ©esse des femmes qui mouraient en donnant la vie pour la premiĂšre fois, lesquelles, selon les croyances, devenaient alors des guerriĂšres (Mocihuaquetzaque). Celles-ci se transformaient donc en divinitĂ©s, et par consĂ©quent, elles Ă©taient priĂ©es et de nombreuses offrandes leur Ă©taient offertes.

Enfin, CihuacĂłalt Ă©tait, pour les mexicains, la dĂ©esse de la terre (Coatlicue) et de la fertilitĂ© et des accouchements (Quilaztli). En plus de cela, c’était une femme guerriĂšre (YaocĂ­huatl) et la mĂšre de tous les AztĂšques et de leur dieux (Tonantzin). Mi-femme, mi-serpent ; elle Ă©merge, selon la lĂ©gende, des eaux du lac Texcoco pour pleurer ses enfants (les aztĂšques), annonçant alors le sixiĂšme prĂ©sage de la destruction de la culture mexicaine par les conquĂ©rants venus de la mer. CihuacĂłalt prĂ©sente trois attributs majeurs : ses cris et ses lamentations, la prĂ©sence de l’eau (d’ailleurs AztlĂĄn et TenochtitlĂĄn Ă©taient proches des eaux de ce lac, symbole d’une connexion physique mais Ă©galement mythique), et les Cihuateteo, des esprits hurlant et gĂ©missant la nuit, dont elle est maĂźtresse. Ces esprits sont ceux de femmes mortes en couches. Ils descendent sur terres certains jours du calendrier pour effrayer les passants au carrefour des chemins, tuant les enfants Ă©galement prĂ©sents.

L’abondance de dĂ©esses associĂ©es aux cultes phalliques et Ă  la vie sexuelle fut le commencement non seulement de la lĂ©gende de la Llorona, mais Ă©galement de nombreux autres fantĂŽmes de femmes punissant les hommes, comme la Sihuanaba, la Cegua, ou encore la Sucia.

LĂ©gende

C'est une des légendes mexicaines parmi les plus connues.

Il existe plusieurs versions de cette lĂ©gende, mais la plus populaire raconte que, au milieu du XVIe siĂšcle les habitants de l'ancienne TenochtitlĂĄn fermaient portes et fenĂȘtres, et toutes les nuits certains se rĂ©veillaient au son des pleurs d'une femme qui dĂ©ambulait dans les rues.

Ceux qui s'enquirent de la cause des pleurs durant les nuits de pleine lune dirent que la lumiĂšre leur permettait de voir que les rues se remplissaient d'un brouillard Ă©pais au ras du sol. Ils voyaient aussi une personne semblable Ă  une femme, vĂȘtue de blanc et le visage recouvert d'un voile, parcourant les rues Ă  pas lents dans toutes les directions de la ville. Mais elle s'arrĂȘtait toujours sur la grande place (ZĂłcalo) pour s'agenouiller et lever son visage vers l'est, puis elle se levait et reprenait sa route. ArrivĂ©e sur la rive du lac de Texcoco, elle disparaissait. Peu se risquĂšrent Ă  s'approcher de la manifestation fantomatique, mais ils apprenaient des rĂ©vĂ©lations effrayantes ou mouraient.

On sait des autres versions que :

  1. La version originale de la lĂ©gende est d'origine mexica. Cette mystĂ©rieuse femme serait la dĂ©esse Cihuacoatl, vĂȘtue comme une dame de cour prĂ©colombienne, qui criait lors de la ConquĂȘte du Mexique : « Oh, mes enfants ! OĂč pourrais-je vous emporter pour ne pas tous vous perdre ? » en annonce de terribles Ă©vĂ©nements.
  2. Une version indique que la Llorona est l'Ăąme de La Malinche, punie pour avoir trahi les Mexicains durant la ConquĂȘte.
  3. Une autre version relate la tragédie d'une femme riche et cupide, qui perdit ses richesses à son veuvage. Ne supportant pas la misÚre, elle noya ses enfants et mourut, mais revint de l'au-delà pour payer ses crimes.
  4. Une autre version encore raconte que c'était une jeune fille amoureuse morte la veille de ses noces, et qui apportait à son fiancé la couronne de roses qu'elle n'avait pas pu porter.
  5. Pour d'autres, il s'agissait d'une Ă©pouse morte en absence de son mari, revenant pour lui donner un baiser d'adieu.
  6. Une derniÚre version assure que cette femme fut assassinée par son mari jaloux et réapparaissait pour déplorer sa mort et protester de son innocence.
  7. Au Venezuela, le mythe a son origine aux Llanos vénézuéliens[1].

ƒuvres inspirĂ©es de la Llorona

Chansons

En 1961, Chavela Vargas inclus dans son premier album la version chantée de La Llorona qui deviendra la plus populaire et sera reprise ensuite par de multiples artistes.

Lhasa de Sela nommera son premier album La Llorona, sorti le . Il correspond au besoin de Lhasa d'exprimer et d'explorer ses racines mexicaines, pays dont elle dit alors avoir la nostalgie[2].

Films mexicains

Film américain

Film guatémaltÚque

Série américaine

  • Grimm dirigĂ© par Holly Dale, saison 2, Ă©pisode 9 La Llorona (2012)
  • From Dusk Till Dawn dirigĂ© par Diego Gutierrez, saison 3, Ă©pisode 7 La Llorona (2016)
  • Riverdale (sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e) saison 6, Ă©pisode 2 Ghosts Stories (2021), rĂ©alisĂ© par Gabriel Correa

"L'amante éplorée" de la série "Sleepy Hollow" en 2014-2015 (https://g.co/kgs/aEzpNp)

Livres

  • Des contes pour enfants de Gloria AnzaldĂșa.
  • Un livre pour enfant de Joe Hayes
  • Un livre de Juan Trigos
  • Un recueil de contes de Judith S. Beatty
  • Un recueil de nouvelles de Alma Luz Villanueva, Weeping Woman: La Llorona and Other Stories.
  • Un recueil de poĂšmes de Alicia Gaspar de Alba.
  • Ray John De Aragon, The Legend of La Llorona, Sunstone Press, 2006.
  • Llorona on the rocks, de Charlotte Bousquet, Éditions Argemmios, 2010.

Notes et références

  1. (es) El Cooperante, « "La Llorona": La historia del espectro mås escalofriante de Venezuela », sur El Cooperante, (consulté le )
  2. Remuer des choses dans L'Humanité du 23 mars 2004.

Voir aussi

Inspirée de la page la Llorona.

Articles connexes

Bibliographie

  • MĂ©lanie Roche, « RĂ©cits sur la folie : la lĂ©gende mexicaine de la Llorona », Babel [En ligne], no 26, 2012, mis en ligne le , consultĂ© le . [lire en ligne]

Liens externes

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