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La Jangada

La Jangada, sous-titré 800 lieues sur l'Amazone, est un roman policier et d'aventures de Jules Verne, publié en 1881.

La Jangada
Image illustrative de l’article La Jangada
Illustration par LĂ©on Benett.

Auteur Jules Verne
Pays France
Genre Roman policier - Roman d'aventures
Éditeur Pierre-Jules Hetzel
Date de parution 1881
Illustrateur LĂ©on Benett
Chronologie
SĂ©rie Voyages extraordinaires

Une jangada est un train de bois, un vaste radeau en Amérique du Sud. C'est sur ce genre d'embarcation que Joam Garral et toute sa famille, qui résident au Pérou, descendent le cours de l'Amazone, afin de marier sa fille à Belém, à l'embouchure du fleuve.

Historique

L'œuvre est d'abord parue sous forme de feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation du 1er janvier au , puis est reprise en édition grand-format in-18 la même année chez Hetzel.

Résumé

En 1852, à Iquitos, au Pérou, Joam Garral, fazender de 48 ans, est l'heureux propriétaire d'une fazenda qui prospère, et le père de famille également épanoui de deux enfants, un fils Bénito de 21 ans et une fille Minha de 17 ans, qui va épouser le meilleur ami de son fils, Manoël Valdez, médecin militaire brésilien.

L'annonce du mariage implique de se rendre à Belém, au Brésil, afin de rencontrer la mère de Manoël et de célébrer le mariage sous sa bénédiction. Joam Garral décide donc d'adapter un train de bois flotté à vendre vers le littoral atlantique du Brésil, en un radeau gigantesque, une jangada, pour descendre le cours de l'Amazone et parcourir « huit cents lieues » sur le fleuve avant de célébrer le mariage à Belém.

L'intrigue se déroule donc au fil du fleuve et contraste avec son cours tranquille, tant elle est jalonnée de rebondissements qui en constituent les ressorts et l'intérêt. Comme dans Voyage au centre de la Terre (1864) ou Les Enfants du capitaine Grant (1867-1868), c'est un message codé, en l'occurrence cryptographié, qui sert de point de départ et de fil conducteur à l'histoire.

Joam Garral semble un héros tourmenté, avec toujours de la tristesse dans le regard, et une sorte de mélancolie qui étonne ses proches et ses domestiques, tant sa réussite à la fois professionnelle et personnelle est éclatante. Le cours du voyage est l'occasion de se rendre compte que le héros annonce son arrivée à Belém, qu'il avait connu mais quitté étant jeune, sans espoir de retour au Brésil, à un magistrat, le juge de droit Ribeiro, au fil d'une correspondance secrète.

Mais le décès du juge Ribeiro, deux jours avant l'arrivée de la jangada à Manao, est un des coups de théâtre dont Jules Verne, ancien dramaturge ayant régi le théâtre parisien d'Alexandre Dumas père, a toujours eu le secret dans ses Voyages extraordinaires…

Commentaire

En parallèle de l'intrigue policière, le roman est une découverte biologique et géographique de l'Amazone et des pays immenses que traverse le fleuve, avec les habituels morceaux de bravoure des romans de Jules Verne, comme une attaque de caïmans, la découverte de Fragoso, sorte de Figaro affectionné dans les romans de l'auteur (à rapprocher de Passepartout dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Jo dans Cinq semaines en ballon ou Michel Ardan dans Autour de la Lune), en cherchant la naissance d'une liane, ou encore la ponte des tortues sur les bords du fleuve (phénomène impressionnant que l'auteur reprendra, sous forme d'une transhumance, dans Le Superbe Orénoque, en 1898, au Venezuela cette fois).

Liste des personnages

  • Araujo (pilote de la jangada, fidèle et expert mais portĂ© sur la boisson, dont la maĂ®tresse est une "dame-jeanne" de tafia).
  • Cybèle (servante de la famille Garral).
  • Fragoso (barbier de son Ă©tat, vĂ©ritable hommage au Figaro de Beaumarchais, loustic rĂ©current des Voyages extraordinaires).
  • Benito Garral, fils du fazender, au caractère enjouĂ© mais emportĂ©, qui dĂ©fiera Torres en duel.
  • Joam Garral, alias Joam Dacosta, le hĂ©ros du roman.
  • Minha Garral, fille du prĂ©cĂ©dent, promise Ă  ManoĂ«l.
  • Yaquita Garral, fille de Magalhaes et femme de Joam Garral, d'une fidĂ©litĂ© et confiance Ă  toute Ă©preuve en son mari.
  • Vicente Jarriquez, juge de droit (par opposition au juge de paix) supplĂ©ant du juge Ribeiro, as des charades, rĂ©bus, mots et Ă©nigmes en tous genres (sa description physique est l'une des plus drĂ´les jamais Ă©crites par l'auteur).
  • Lina, anagramme de liane (liana en portugais), servante de Minha et plutĂ´t son intime qu'une suivante, Ă  l'origine de la dĂ©couverte de Fragoso dans la jungle et de son sauvetage in extremis, en proposant l'idĂ©e de suivre une liane pour en dĂ©couvrir la naissance.
  • Magalhaes, fazender pĂ©ruvien d'origine portugaise, qui recueille le jeune exilĂ© Ă  bout de force Joam Garral et lui offre l'hospitalitĂ©, le travail et l'association, avant de lui donner la main de sa fille sur son lit d'agonie (père de Yaquita).
  • Ortega.
  • Padre Passanha, le confesseur de la famille, qui a mariĂ© Joam et Yaquita, qui bĂ©nĂ©ficie d'un logement avec la famille et de la chapelle sur la jangada, qui marie les enfants après avoir mariĂ© en leur temps les parents, et se retire dans un couvent Ă  BelĂ©m avec le sentiment du devoir accompli (Ă  rapprocher du Padre Esperante au fil de l'OrĂ©noque dans Le Superbe OrĂ©noque).
  • Juge Ribeiro, Ă©voquĂ© dans la seconde partie du roman, il meurt avant l'arrivĂ©e de Joam Garral au BrĂ©sil.
  • Torrès, le personnage du mĂ©chant dans l'histoire, capitaine des bois (capitao de matos), c'est-Ă -dire mercenaire passant marchĂ© de retrouver les esclaves marrons (non affranchis et fugitifs), qui proposera un marchĂ© immonde Ă  Joam Garral en Ă©change de sa rĂ©habilitation (Ă  rapprocher du nĂ©grier Negoro dans Un capitaine de quinze ans, 1878).
  • Manoel Valdez, le meilleur ami de BĂ©nito, le fiancĂ© de Minha, le second fils de Joam et Yaquita.
  • Mme Valdez, seulement Ă©voquĂ©e comme le juge Ribeiro, seul parent en vie de ManoĂ«l, elle rĂ©side Ă  BelĂ©m et sa connaissance motive la construction de la jangada et la descente de l'Amazone.

Thèmes verniens abordés

Le mythe de la maison navigante, déjà développée dans Cinq semaines en ballon (1863) avec la montgolfière, De la Terre à la Lune et surtout Autour de la Lune (1865 et 1870) avec la fusée, Vingt mille lieues sous les mers (1869-1870) avec le sous-marin Nautilus, La Maison à vapeur (1880) avec l'éléphant mécanique, et qui le sera encore dans l'œuvre vernienne avec Robur le Conquérant (1886) et Maître du monde (1904) ou encore L'Île à hélice (1895), dotée de tout le confort, qui se déplace n'importe où, dans n'importe quel élément, prend de nouveau forme sous la figure de la jangada. Ce radeau portant un village, avec les carbets des Indiens, les cases des Noirs, les habitations de la famille Garral, la chapelle, les docks, un train de bois gigantesque finira détruit, car démantelé et vendu (la famille rentre à Iquitos au Pérou à bord des premiers steamers qui remontent l'Amazone). Ceci est encore une constante de l'œuvre : l'éléphant de Steam House finit en mille morceaux, L'Épouvante de Robur également, tandis que le Nautilus s'abîme lentement et sert de sépulture à Nemo dans L'Île mystérieuse détruite par un volcan.

Un autre thème est celui de l'innocence, de la rédemption, abordés entre autres dans Mathias Sandorf et Un drame en Livonie.

Genre littéraire

La Jangada est un des rares romans de Jules Verne où l'auteur se livre au genre du roman policier, avec une enquête à mener et une intrigue à résoudre. L'auteur français retrouvera ce genre littéraire dans Mathias Sandorf (1885), Les Frères Kip et Un drame en Livonie (1904).

Bibliographie

  • Charles-NoĂ«l Martin : PrĂ©face du roman, aux Éditions Rencontre. Lausanne. 1967.
  • Cornelis Helling : Le roman le plus poe-esque de Jules Verne. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Jules Verne 3. 1967.
  • I. O. Evans : Le cryptogramme de "La Jangada". Bulletin de la SociĂ©tĂ© Jules Verne 9. 1969.
  • Jean-Michel Margot : Verne et Agassiz. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Jules Verne 26. 1973.
  • Michel Serres : Le puraquĂ©, in "Jouvences sur Jules Verne". Pages 185-204. Les Éditions de Minuit. 1974.
  • Jean Roudaut : En suivant la liane. Magazine littĂ©raire. Paris. Nr 119. 1976.
  • RenĂ© Terrasse : Comme quoi le juge Jarriquez n'Ă©tait pas un esprit tout Ă  fait assez ingĂ©nieux. Bulletin de la SociĂ©tĂ© Jules Verne 52. 1979.
  • Lambert Wierenga : Retoriek en ideologie, argumentatieve strategiees in "La Jangada", van Jules Verne. Groningen: Wolters, volume 39, 1980.
  • Simone Vierne : Le Superbe OrĂ©noque et le fleuve des Amazones ou la rĂŞverie des sources. in Jean Marigny (Ed.) : "Le Voyage sur le fleuve". Grenoble - UniversitĂ© des langues et lettres. 1986.
  • Michel Riaudel : O rio palimpsesto: o Amazonas de Julio Verne, des fontes Ă  ficção. in Revista USP. SĂŁo Paolo : Universidad. Nr 13. 1992.
  • Catherine Heymann : L'Amazonie dans "La Jangada" de Jules Verne. in Les Langues nĂ©olatines. Revue de toutes les langues romanes. Paris, vol. 93, Nr 310. 1999.

Sources

  • François Angelier, Dictionnaire Jules Verne, Ă©ditions Pygmalion (2006).
  • Philippe Mellot et Jean-Marie Embs, Le guide Jules Verne, Ă©ditions de L'Amateur (2005).

Liens externes

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