Accueil🇫🇷Chercher

L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir

L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir[1] (La ridicula idea de no volver a verte[2]) est une œuvre de la romancière espagnole Rosa Montero, parue en 2013 aux éditions Seix Barral en langue originale, et publiée en version française en 2015 chez Métailé, traduite par Myriam Chirousse.

L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir
Auteur Rosa Montero
Pays Espagne
Version originale
Langue espagnol
Titre La ridicula idea de no volver a verte
Éditeur Seix Barral
Date de parution 2013
Version française
Traducteur Myriam Chirousse
Éditeur Métailé
Date de parution janvier 2015
Nombre de pages 180 pages
ISBN 979-10-226-0164-1
Chronologie

L'Ĺ“uvre

Résumé

En 2011, alors que Rosa Montero s’enlise dans l’écriture d’un roman, son éditrice espagnole lui envoie un court texte qu’elle veut rééditer, pour lui demander d’en rédiger la préface. C'est le journal écrit par Marie Curie après la mort de son mari, Pierre, renversé par une voiture à cheval en 1906. La lecture bouleverse Rosa Montero, qui va se lancer dans ce nouveau projet : « J’ai senti que je pouvais utiliser le personnage de Marie Curie, si grand, si complexe, comme un écran où projeter les réflexions et les émotions qui tournaient dans ma tête et dans mon cœur depuis deux ans[3]. »

L'œuvre centrée sur la vie de Marie Curie comporte de nombreux éléments autobiographiques de Rosa Montero.

Les thèmes abordés

  • Le deuil : Marie Curie est devenue veuve brutalement alors qu'elle avait trente huit ans. Rosa Montero vient de perdre son compagnon au terme d'une longue maladie. Le livre mĂŞle des extraits du journal que Marie Curie a tenu pendant l'annĂ©e qui suivit le dĂ©cès de Pierre Ă  des analyses de Rosa Montero sur la manière dont elle a vĂ©cu (et vit encore) la mort de son Ă©poux.
  • La place de la femme dans la sociĂ©tĂ© : Marie Curie nĂ©e en Pologne en 1867 a dĂ» venir en France pour faire des Ă©tudes supĂ©rieures. Toute sa vie elle s'est battue pour concilier sa vie de femme avec sa vocation scientifique, pour faire reconnaĂ®tre son rĂ´le dans les avancĂ©es de la physique et de la chimie de son Ă©poque (malgrĂ© ses prix Nobel) et enfin elle a dĂ» subir des attaques sur sa vie privĂ©e lors de sa liaison avec Paul Langevin. « L'envergure de Mme Curie fut une bizarrerie absolue Ă  une Ă©poque oĂą les femmes n'Ă©taient autorisĂ©es Ă  presque rien[1]. » (page 13)
  • L'identitĂ© et ses liens avec les souvenirs. Comment la personnalitĂ© dĂ©pend des souvenirs et comment la mĂ©moire est une mĂ©moire palimpseste : « Pour vivre nous devons nous raconter. Nous sommes un produit de notre imagination. Notre mĂ©moire est en rĂ©alitĂ© une invention, un conte que nous rĂ©Ă©crivons un peu tous les jours (ce dont je me souviens aujourd'hui de mon enfance n'est pas ce dont je me souvenais il y a vingt ans). Ce qui veut dire que notre identitĂ©, elle aussi est fictionnelle, Ă©tant donnĂ© qu'elle se fonde sur la mĂ©moire[1]. » (page 101-102)
  • La fin de vie et la mort : Une rĂ©flexion sur la façon dont la sociĂ©tĂ© considère la vieillesse. « Il se trouve que la pĂ©riode de l'enfance occupe habituellement beaucoup de place, puis viennent la jeunesse et la maturitĂ©, qui naturellement englobe des pages et des pages. Mais il arrive un moment dans le rĂ©cit de leurs vies oĂą brusquement tout paraĂ®t se vider ou s'accĂ©lĂ©rer ou se contracter. Je veux dire que quand ils ne meurent pas jeunes, on dirait que tout ce qui leur arrive quand ils atteignent la vieillesse n'intĂ©resse pas beaucoup[1]. » (page 153 ) Si la vieillesse est marginalisĂ©e dans les biographies, la mort du personnage principal est considĂ©rĂ©e comme un Ă©vĂ©nement malheureux alors qu'elle est partie intĂ©grante de la vie. « Mais la vie n'a pas d'autres fins possible que la mort. Et avant, si vous avez beaucoup de chance : la vieillesse. Les films hollywoodiens ne finissent pas comme ça d'habitude. Les gens trouvent ça dĂ©primant. Mon roman Le Roi transparent s'achève avec la mort du personnage principal. Pour moi, c'est une mort magnifique, une mort heureuse. Elle a vĂ©cu une vie formidable et elle choisit sa manière de partir. Je considère que c'est un roman très optimiste et l'Ă©crire a attĂ©nuĂ© ma peur de ma propre fin. Et il y a des lecteurs qui le voient ainsi comme ça, mais d'autres me disent qu'ils ne me pardonne pas d'avoir tuĂ© l'hĂ©roĂŻne. Enfin voyons, tous les hĂ©ros meurent, c'est juste qu'ils le font en dehors des pages du livre[1]. » (page 167)

Les principaux personnages

  • Marie Curie : c'est l'hĂ©roĂŻne de l'histoire. Elle est vue par les yeux de Rosa Montero : « Il y a deux choses difficiles Ă  comprendre dans la biographie de Marie Curie: La première, c'est qu'en dĂ©pit de toutes les preuves qui se sont accumulĂ©es au cours de sa vie, elle n'ait pas pris conscience de la dangerositĂ© du radium. Les Curie avaient vu que l'exposition tuait les animaux de laboratoire, mais ils pensaient allègrement et illogiquement qu'elle ne produisait que des brĂ»lures de la peau chez les humains.(...) La deuxième chose difficile Ă  comprendre de Marie Curie, c'est son silence total quand il s'agit de parler des problèmes supplĂ©mentaires qu'elle a dĂ» affronter du fait d'ĂŞtre une femme. Jamais elle n'a mentionnĂ©, mĂŞme pas en passant, le machisme Ă©vident et fĂ©roce de la sociĂ©tĂ© dans laquelle elle vivait, et jamais elle n'a soulignĂ© les injustices particulières dont elle a elle-mĂŞme souffert et qui furent nombreuses[1]. (page 105 Ă  113)
  • Pierre Curie : il rencontre Marie Curie alors qu'il a trente cinq ans. C'est un bel homme qui vit encore chez ses parents. Jusqu'alors il craignait que la prĂ©sence d'une Ă©pouse et d'enfants remette en question sa carrière scientifique[1]. (p. 81). Tout comme sa femme il ne voit pas les dangers du radium Lorsqu'il meurt accidentellement en 1906 en tombant sous les pieds d'un cheval, il est dĂ©jĂ  très affaibli. (p. 97-98)[1].
  • Rosa Montero : elle apparait dans le roman par ses rĂ©flexions sur Marie Curie, et Ă  travers les bribes de sa propre histoire d'amour qui apparaissent tout au long de l'histoire.
  • Paul Langevin : il devient l'amant de Marie Curie quatre ans après la mort de Pierre. Il est mariĂ© Ă  une femme avec qui il a des rapports conflictuels et il est père de quatre enfants. Il est dĂ©crit comme l'exemple mĂŞme de l'homme faible (page 134-138)[1]. Cette liaison rendue publique par l'Ă©pouse de Langevin dĂ©chaina la presse contre Marie Curie (p. 142-143)[1].

Les procédés narratifs marquants

Ce n'est pas un récit à la première personne car l'auteur n'est pas un personnage romancé. Ce n'est pas une autobiographie (l’autobiographie se caractérise à minima par l’identité de l’auteur, du narrateur et du personnage), car le personnage de L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir n'est pas Rosa Montero. C'est encore moins un roman autobiographique puisque le sujet n'est pas un personnage de fiction. On pourrait penser qu'il s'agit d'une biographie mais l'intervention constante de l'auteur dans le récit à travers ses propres souvenirs ne permet pas non plus de classer cette œuvre dans cette catégorie. « Pourtant, L’Idée ridicule de ne plus jamais te revoir, son nouveau livre introduit une rupture : pour la première fois, l’écrivaine espagnole a fait de sa douleur la plus intime, la perte de son compagnon, Pablo, en 2009, la matière d’un livre étrange et captivant, au genre inclassable, entre l’essai, le récit et la biographie – celle de Marie Curie (1867-1934)[3]. »

Il se distingue aussi par l'usage de hashtags récurrents, rassemblés dans un index en fin d'ouvrage, émaillant le texte comme une ponctuation[4].

Analyses et commentaires

Les critiques de la presse française

  • Le Monde des livres du [3].
  • Le Nouvel Observateurs du [5]. Didier Jacob insiste sur l'admiration que Rosa Montero voue Ă  Marie Curie et sur la façon dont elle se glisse dans l'histoire de son hĂ©roĂŻne pour raconter son propre parcours, « celui d'une fĂ©ministe convaincue, pur produit de la contre-culture des annĂ©es 1970. Rosa Montero se dĂ©peint ainsi avec un parfait humour en hippie de choc, refusant de porter des soutiens-gorge, de chausser des talons aiguilles, de se maquiller et de s’épiler sous les bras [5]. »

Émission de radio

  • L'Humeur vagabonde du [6] : « Étrange livre que le dernier publiĂ© par la journaliste et romancière espagnole, Rosa Montero. Loin des prĂ©cĂ©dents, contes fantastiques, rĂ©cits Ă©tranges inspirĂ©s de la science fiction, se situant dans un passĂ© lointain ou un futur angoissant, L'IdĂ©e ridicule de ne plus jamais te revoir, qui vient de paraĂ®tre aux Ă©ditions MĂ©tailiĂ© dans une traduction de Myriam Chirousse, est un livre dans lequel l’auteur parle sans fard Ă  la première personne. Marie Curie, qu’elle connaissait peu, va, Ă  travers ce journal qui la rĂ©vèle, lui servir de mètre Ă©talon pour Ă©valuer sa propre vie, ses engagements, son fĂ©minisme, ses amours et la place occupĂ©e par son mĂ©tier. C’est un livre fantasque, virevoltant, rageur et passionnĂ©, qui doit sĂ»rement ressembler trait pour trait Ă  celle qui l’a Ă©crit. »

Autres analyses

  • Une critique nĂ©gative : Chronicart[7]. Pour l'auteur de l'article, Rosa Montero ne nous apprend pas grand chose sur Marie Curie et Ă©choue aussi Ă  dĂ©finir la nouvelle place de la femme. Elle agite trop de thèmes et ne parvient ni Ă  Ă©crire une biographie fidèle ni un rĂ©cit personnel. Il lui donne la note de 2 sur 5.
  • Des critiques positives :
    • Blog de L'Express[8]. VĂ©ronique Poirson insiste sur le fait que l'essentiel de l'Ĺ“uvre de Rosa Montero est consacrĂ©e Ă  Marie Curie, son enfance, sa jeunesse, son couple et la fascination que Pierre et Marie Curie Ă©prouvent pour le radium. Mais elle est sensible au fait que « Rosa Montero par-delĂ  les photographies du visage sĂ©rieux et souvent triste de Marie, nous offre une femme passionnĂ©e, sensuelle, amoureuse, une femme chercheuse, prix Nobel, mère. Et c’est très tendre ».
    • AL ActualitĂ©[9] met l'accent sur un autre aspect du livre : la littĂ©rature comme arme puissante contre la douleur. « Nous avons tous besoin de beautĂ© pour que la vie soit supportable. C'est pour ça que je suis en train d'Ă©crire ce livre. C'est pour ça que vous ĂŞtes en train de le lire[1] ».
    • Le Choix des libraires[10]. MĂ©ditation sur le sens d'existences humaines Ă©crit Pauline Girardin. Max Buvry justifie ainsi son choix : « Deux femmes hors norme, un texte Ă©tonnant et attachant, qui aborde des thĂ©matiques toujours très contemporaines, Ă©clairĂ© par une Ă©criture vivante et enjouĂ©e happe le lecteur dès les premières lignes ».

Notes et références

  1. Rosa Monterao (trad. de l'espagnol), L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir, Paris, Métailié, , 180 p. (ISBN 979-10-226-0164-1)
  2. (es) Ediciones El País, « Cuando Rosa Montero se reflejó en Marie Curie », sur EL PAÍS,
  3. Stéphanie Dupays, « Histoire d’un livre : Marie Curie, entre moi et ma douleur », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne)
  4. Helén Hernández Marzal, « Une poétique du hashtag ? L’Idée ridicule de ne plus jamais te revoir de Rosa Montero », sur fabula.org, (consulté le ).
  5. « Le génie de Marie Curie, femme "imbattable" », sur Bibliobs,
  6. « L'écrivaine espagnole Rosa Montero / France Inter », sur France Inter,
  7. Julie Coutu, « Rosa Montero - L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir - Chro », sur Chro,
  8. « L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir, de Rosa Montero », sur Les 8 Plumes,
  9. « L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir : Marie Curie, différente et meilleure que l'immense majorité des hommes. », sur www.actualitte.com,
  10. Alain Gravelet (http://www.gravelet-multimedia.com) Olf Software (http://www.olfsoftware.fr), « Le choix des libraires - en savoir plus sur le livre L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir », sur www.lechoixdeslibraires.com,
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.