LĂ©gion C 40
La Légion C 40 est une organisation française de Résistance et de renseignement en Alsace annexée de fait pendant la Seconde guerre mondiale. Elle est composée d'adolescents de 13 à 16 ans qui agissent à l'insu de leurs parents. Elle est démantelée, aprÚs quelques mois d'existence, par les Allemands.
LĂ©gion C 40 | |
Idéologie | Patriotisme |
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Objectifs | RĂ©sister Ă l'occupation, la germanisation et la nazification de l'Alsace. |
Fondation | |
Date de formation | Juillet 1940 |
Origine | Ces membres sont des Ă©lĂšves de l'Ă©cole primaire supĂ©rieure (EPS) et de l'Ăcole pratique de commerce et d'industrie (EPCI) de Mulhouse. |
Pays d'origine | France |
Fondé par | Fernand Demouge |
Dissolution | |
Date de dissolution | 3 octobre 1940 |
Causes | Démantelé par les Allemands |
Actions | |
Mode opératoire | Renseignement et sabotage |
Zone d'opération | Alsace (France) |
Période d'activité | juillet 1940 au 3 octobre 1940 |
Organisation | |
Chefs principaux | Fernand Demouge, René Ehrhardt, Yves Ruhlmann et Raymond Sick |
Allégeance | France |
RĂ©pression | |
Considéré comme terroriste par | Allemagne nazie |
Seconde Guerre Mondiale | |
Histoire
En , Fernand Demouge, RenĂ© Ehrhardt, Yves Ruhlmann et Raymond Sick crĂ©ent la « lĂ©gion de la Cagoule » qui devient trĂšs vite la « LĂ©gion C 40 » pour ne pas ĂȘtre confondue avec l'organisation terroriste des annĂ©es 30. Ses membres fondateurs sont des Ă©lĂšves de l'Ă©cole primaire supĂ©rieure (EPS) et de l'Ăcole pratique de commerce et d'industrie (EPCI) de Mulhouse. Ils ont de 14 Ă 16 ans. Leur but est de s'opposer Ă l'occupant[1].
Les membres se rassemblent dans un ancien poste militaire de la forĂȘt de Nonnenbruch oĂč Raymond Sick a trouvĂ© des armes et des munitions abandonnĂ©es par l'armĂ©e française. Cet armement est enterrĂ© dans les environs. Le groupe s'agrandit avec l'arrivĂ©e de RenĂ© Reinold et Germain Winterhalter, tous deux de Wittenheim et Richard Mock de Mulhouse. Pour protĂ©ger leur cache, un vĂ©ritable dispositif est mis en place avec des appareils morse, construits avec des moyens de fortune[1].
Raymond Sick prend conseil auprĂšs de son oncle, Roger Sick, instituteur et ancien sous-lieutenant de l'armĂ©e française. Ce dernier le met en garde et lui indique les actions qui peuvent ĂȘtre menĂ©es dans le cadre de la RĂ©sistance. La LĂ©gion C 40 devient un vĂ©ritable service de renseignements (SR) qui a pour but de relever les mouvements des troupes allemandes, le genre et l'importance des effectifs stationnĂ©s dans la rĂ©gion ou transitant par Mulhouse, l'installation des administrations militaires et civiles, notamment la Gestapo ou la Kreisleitung et les mesures et les ordres pris par ces derniĂšres[1].
L'organisation déplace son poste de commandement (PC) chez Fernand Demouge à Dornach. Chaque membre reçoit un plan du secteur qu'il doit reconnaßtre. Il renvoie un rapport détaillé codé à Roger Sick en contacte avec les services de renseignement de l'armée de Vichy[1].
En , la Légion C 40 compte déjà deux groupes à Mulhouse et Wittenheim. Avec le recrutement de Raymond Raedel et Charles Streicher, elle en ouvre un troisiÚme à Strasbourg. à ces actions de renseignement, elle ajoute des sabotages[1].
Avec l'arrivĂ©e de l'automne, les armes et les munitions de la forĂȘt de Nonnenbruch sont dĂ©terrĂ©es et cachĂ©es chez Roger Sick[1].
Ă la suite d'une dĂ©nonciation, le , la Gestapo arrĂȘte les principaux membres de l'organisation. Fernand Demouge, Raymond Sick, RenĂ© Reinold, Richard Mock, Germain Winterhalter, RenĂ© Ehrhardt et Yves Ruhlmann sont internĂ©s Ă Mulhouse. Le lendemain, Raymond Raedel et Charles Streicher sont arrĂȘtĂ©s et incarcĂ©rĂ©s Ă Strasbourg. Les dĂ©tenus sont interrogĂ©s par les agents de la Gestapo. Le , ils sont tous transfĂ©rĂ©s au centre de redressement de Sinsheim[1].
La Gestapo dĂ©couvre les armes cachĂ©es chez Roger Sick qui est internĂ© Ă Fribourg-en-Brisgau puis Ă la prison de Moabit de Berlin. Le , il est jugĂ© par le Reichskriegsgericht pour « trahison envers son pays » et condamnĂ© Ă une peine de pĂ©nitencier Ă vie. Le , il est internĂ© Ă BĂŒtzow oĂč il meurt[2].
L'histoire des membres du groupe
- Fernand Demouge, né le à Mulhouse, est libéré du centre de redressement de Sinsheim le . Les autorités allemandes obligent Fernand Demouge à germaniser son nom qui devient Bohrer. Ce dernier renoue des contacts avec Raymond Sick et Yves Ruhlmann. Ils recréent une nouvelle organisation appelée « Mission Z799 » qui édite un mensuel clandestin de huit à dix pages de à [1].
- René Ehrhardt, né le à Strasbourg, est libéré du centre de redressement de Sinsheim le . Incorporé de force dans la Wehrmacht, il s'évade aux Pays-Bas[1].
- Richard Mock, né le à Mulhouse, est libéré du centre de redressement de Sinsheim le [1].
- Raymond Raedel, né le à Holtzheim, est libéré du centre de redressement de Sinsheim le [1].
- René Reinold, né le à Soulzmatt, est libéré du centre de redressement de Sinsheim le [1].
- Yves Ruhlmann, né le à Mulhouse, est libéré du centre de redressement de Sinsheim le . Avec Fernand Demouge et Raymond Sick, il recrée une nouvelle organisation appelée « Mission Z799 » qui édite un mensuel clandestin de huit à dix pages de à . En se mutilant, il parvient à éviter son incorporation de force dans l'armée allemande[1].
- Raymond Sick, né le à Ingersheim, est libéré du centre de redressement de Sinsheim le . Avec Fernand Demouge et Yves Ruhlmann, il recrée une nouvelle organisation appelée « Mission Z799 » qui édite un mensuel clandestin de huit à dix pages de à . En 1943, il est incorporé de force dans la Wehrmacht et affecté en Pologne puis sur le front de l'Est. Il meurt le , prÚs de Tartu. Il est déclaré Mort pour la France[1].
- Charles Streicher, est libĂ©rĂ© du centre de redressement de Sinsheim le pour ĂȘtre expulsĂ© avec ses parents par les Allemands[1].
- Germain Winterhalter, né le à Wittenheim, est libéré du centre de redressement de Sinsheim le [1].
Notes et références
- Ăric Le Normand (ill. Christophe Clavel), La rĂ©sistance des Alsaciens, copyright 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne)
- Auguste Ferhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés, Cherche MIdi, (ISBN 9782749120676)
Voir aussi
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
- Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « La Légion C 40 », dans La résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9). DVD pédagogique
- « Sick Roger », dans Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés, Cherche MIdi, (ISBN 9782749120676)
- « La Légion C. 40 », dans Charles Béné, L'Alsace dans les griffres nazies : Les communistes alsaciens, la jeunesse alsacienne dans la résistance française., Fetzer, (ISBN 9782402227605)