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Kineis

Kinéis est un projet français de constellation de nano-satellites destinés à fournir des services d'Internet des objets (IoT) par satellite. Le projet Kineis est la continuation du système Argos existant depuis les années 1980.

Maquette d'un satellite Kineis, exposée à l'IAC 2022.

Présentation du projet

Le projet Kineis prĂ©voit le lancement de 25 nano-satellites pour offrir une connectivitĂ© dĂ©diĂ©e Ă  l'Internet des objets (IdO ou IoT). Ces satellites seront lancĂ©s sur des orbites polaires hĂ©liosynchrones (dites SSO, Sun Synchronous Orbit) Ă  une altitude de 650 km. Cette configuration permet de garantir une revisite meilleure que 15 minutes partout sur le globe. KinĂ©is base sa technologie sur le système Argos qui offre des services de localisation et collecte de donnĂ©es bas dĂ©bit depuis 1987 en bande UHF. Quant Ă  son offre de connectivitĂ©, elle est fondĂ©e sur le constat que les rĂ©seaux IoT ne peuvent couvrir toute la planète. Ainsi KinĂ©is se positionne par rapport aux autres systèmes spatiaux (Iridium, Inmarsat, Globalstar) comme les rĂ©seaux LPWAN (Sigfox ou LoRa) se positionnent vis-Ă -vis des rĂ©seaux terrestres cellulaires ou câblĂ©s : une proposition d'entrĂ©e de gamme Ă  un niveau de coĂ»t infĂ©rieur. KinĂ©is n'est pas le seul sur ce crĂ©neau, plusieurs start-up du NewSpace ayant le mĂŞme positionnement.

Une charge utile secondaire sur une dizaine de satellites permettra de capter le signal d'identification AIS des bateaux en bande VHF.

Avancement

Le projet Kineis est annoncé officiellement en , la société ayant été créée à Toulouse au cours de l'été 2018. Elle est lancée par la société Collecte Localisation Satellites (CLS) avec l'appui du CNES, l'agence spatiale française. La conception et construction de la constellation doit débuter en 2019 et s'ensuivront les lancements. Après une phase de mise à poste de quelques mois, le système sera officiellement opérationnel. En 2030, Kinéis devrait compter plusieurs millions d'abonnés pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 100 millions d'euros. Le financement du système est assuré par un tour de table qui ouvrira le capital de la société à des investisseurs aussi bien publics que privés. Le consortium industriel qui développe le système est mené par la société Thales Alenia Space qui travaille en coopération avec les sociétés Hemeria (ex-NEXEYA) et Syrlinks, qui sont des PME. Le projet est également soutenu par le CNES. À ce titre, le projet fait figure d'hybride entre le NewSpace et le « Old Space ».

Caractéristiques techniques

Le concept d'IoT spatial repose sur trois fondamentaux : des objets de très petite taille, une consommation très faible, un dĂ©lai raisonnable et un coĂ»t abordable. Les caractĂ©ristiques techniques sont permises par les frĂ©quences choisies (bande UHF, frĂ©quence dĂ©diĂ©e au niveau global et peu polluĂ©e) ainsi que par les orbites retenues. En effet, Ă  environ 650km d'altitude, le bilan de liaison entre l'objet et le satellite reste positif, en comparaison des satellites gĂ©ostationnaires qui sont Ă  poste Ă  plus de 36 000 km. Par ailleurs, les progrès rĂ©alisĂ©s en termes de composants radio et de modulation permettent de sĂ©curiser les transmissions et garantir des niveaux de service Ă©levĂ©s. Ainsi les modulations utilisĂ©es seront en spectre Ă©talĂ©, inspirĂ©es des nouvelles formes d'onde dĂ©veloppĂ©es par l'ESA pour les applications spatiales M2M/IoT[1]. Par ailleurs, si l'IoT ne nĂ©cessite pas fondamentalement de temps rĂ©el, les dĂ©lais de transmission doivent ĂŞtre rĂ©duits au minimum. Ce dĂ©lai est la somme de la revisite du satellite et du temps de traitement au sol. Le dĂ©lai de revisite est rĂ©duit en augmentant le nombre de satellites : ainsi une vingtaine de satellites Ă  650 km permettent d'offrir une revisite meilleure que 15 minutes partout dans le monde, les dĂ©lais les plus longs Ă©tant Ă  l'Ă©quateur et les plus courts aux pĂ´les (principe de l'orbite polaire). Une fois la donnĂ©e de l'objet reçue par le satellite, il faut la retransmettre au sol et la router vers les utilisateurs : c'est le rĂ´le du rĂ©seau de stations au sol qui reçoivent les donnĂ©es de tous les satellites lors des diffĂ©rents passages.

Caractéristiques des satellites

Les satellites sont des nano-satellites de taille intermĂ©diaire, dans la catĂ©gorie des 16 U (16 Unit CubeSat). Ils auront une masse d'environ 25 kg pour une taille de 0,2 x 0,2 x 0,4 mètre. Ces satellites sont basĂ©s sur un compromis entre la taille, le prix et les performances.

CaractéristiquePerformanceCommentaire
TailleSimilaire Ă  16 UCompromis entre les petits nano-satellites (3 U, 6 U) et les micro-satellites
Puissance15 W continu (50 W pic)La puissance disponible permet de garder la charge utile en fonctionnement en permanence
PropulsionÉlectriquePermet de faciliter la mise à poste et de contrôler la constellation
Stabilisation3 axesviseur d'Ă©toiles
Système antennaireUHF déployable, VHF déployable, patch bande S
Panneaux solaires2 panneaux déployables
LanceursCompatible avec tous les lanceurs orbite basse
Durée de vie8 ans
Charge utile secondaireCapacité d'emport complémentaire de 1,5 U

Caractéristiques des objets

La plupart des objets utilisés par la constellation Kinéis seront connectés à des capteurs ou des machines pour fournir des services de type M2M ou IoT. Ils comporteront une électronique miniaturisée de quelques grammes, une batterie destinée à assurer l'autonomie et une antenne. Typiquement, leur taille sera de l'ordre de celle d'un paquet de cigarettes et leur durée de vie de plusieurs mois à plusieurs années suivant les usages.

Une autre catégorie d'objet sera destinée à des usages personnels et seront dotés d'une interface homme-machine. Il pourra s'agir de terminaux de suivi de personnes pour les sports extrêmes (trekking, voile, expéditions), de systèmes de protection des travailleurs isolés (casques ou vestes connectées) ou de boîtiers d'aide à la petite pêche avec des fonctions d'alerte météo. Dans la plupart des usages, ces boîtiers comporteront un bouton SOS pour transmettre un signal de détresse.

Cas d'usage et applications

Les cas d'usage prévus relèvent en général de l'IoT industriel avec des terminaux de petite taille et qui présentent une consommation réduite. Les technologies satellitaires étant par nature plus coûteuses que les technologies terrestres, Kineis ne concurrencera pas directement les réseaux terrestres (cellulaires ou LPWAN) mais vise à compléter les réseaux existants dans des zones non couvertes. Ainsi les applications type seront les suivantes :

  • suivi de migration d'animaux ou de troupeaux d'Ă©levage extensif[2],
  • suivi de conteneurs intermodaux et autres transports internationaux,
  • suivi de bateaux cĂ´tiers dans le cadre de la pĂŞche artisanale ou de la plaisance,
  • « Smart farming » avec par exemple le contrĂ´le de l'humiditĂ© des sols ou des intrants.

Notes et références

  1. ESSA Waveform
  2. (en) Jonathan Amos, « 'Internet of animals' spreads its wings », sur British Broadcasting Corporation, (consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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