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Kemenet-Héboé

Le Kemenet-Héboé était une grande seigneurie de l'ouest du comté de Vannes, qui la séparait de la Cornouaille. Son nom s'écrit également « Kemenet-héboë », « Quémenet-héboi », ou bien « Guemenet-héboy » ou « Guemené-héboy ».

Premières attestations

Au haut Moyen Âge, la région formait le Kemenet-Héboé[1] un pagus, c'est-à-dire une subdivision administrative du Vannetais[2].

En 1160, Conan IV confirme leurs possessions aux Hospitaliers en Bretagne dans une charte où l'on peut lire : « in Kemenet-Hebgoeu elemosinoe de Cleker et Tremmatos »[3]. Un acte de cité par Dom Morice[4] mentionne « in terra ipsius Eudonis apud Kemenet-Heboë ratione Adelicie ». On peut être tenté de lire dans Hebgoeu, le nom de Ab Gwion. Goeu étant similaire phonétiquement à gwioù, mot le plus semblable au prénom de Gwion.

Liste des seigneurs

D'après les actes conservés dans le Cartulaire de Quimperlé, on peut citer les seigneurs suivants[5] :

  • Bérenger, vivait en 1029 et 1037
  • Huelin son fils (mort entre 1037/1066), épouse Auan sœur d'Alain Canhiart
  • Guegon, son fils, vers 1069
  • Tanki, son fils, entre 1096 et 1114
  • Guillaume son fils, mort vers 1120
  • Solimon/Salomon son fils, après 1163
  • Henri son fils avant 1200[6]
  • Henri (II) son fils († sp en 1200).
  • Anne (?) dite d'Hennebont, sa sœur épouse vers 1208 Hervé II de Léon († 1218).
  • Adelice dite d'Hennebont, sa sœur, épouse Olivier, baron de Lanvaux († av 1204).

La commendatio

Le Kemenet (traduit par le latin Commendatio dans la vie de Saint Judicaël) est en breton, le participe passé régulier du verbe kemenn, c'est-à-dire « mander », « commander », « ordonner ». Les noms joints à celui de Kemenet tels que Héboë, Guégant, Maen et Ili, sont des noms propres d'hommes. Le Kemenet-Guégant, est donc le territoire confié en garde (commendatus) à Guégant, ou bien le territoire commandé, régi et gouverné par Guégant; et ainsi des autres.

La commendatio est un contrat entre hommes libres dans lequel un homme se place volontairement et sans contrainte sous la protection d'un plus puissant que lui jusqu'à la mort de l’un des deux contractants.

Le protégé obtient ainsi la confirmation de ses droits de propriété sur une terre, où la jouissance d'une terre attribuée par beneficium, (bienfait).

En retour, le « recommandé » doit à son protecteur le service militaire, l'aide économique, le conseil et l'assistance.

À partir du XIe siècle Kemenet signifie une seigneurie, un fief.

Limite territoriale

Les frontières du Kemenet Héboé et celles des trois châtellenies créées par son démantèlement au XIIIe siècle.
Nota : La ville de Lorient n'est pas indiquée sur la carte, elle n'existait pas à l'époque.

Le Kemenet-Héboé est limité :

  • au sud par la mer,
  • à l'ouest par l'Ellé jusqu'à l'embouchure de la petite rivière du Pont-Rouge, entre les paroisses de Priziac et de Meslan ,
  • à l'est le Blavet jusqu'au lieu où il reçoit le ruisseau de La Sarre venant de Bubry, qui fait limite entre Bubry et Melrand,
  • au nord, de l'embouchure du ruisseau de Bubry à celle du Pont-Rouge, une ligne irrégulière séparant le Kemenet-Héboé et le Kemenet-Guégant[Note 1] - [7].

Cette seigneurie comprenait au moins dans l'origine vingt-cinq paroisses et trèves :

Démembrement

Le Kemenet-Héboé fut démembré durant le XIIIe siècle en trois châtellenies principales :

Les Fiefs-de-Léon comprenaient une partie de la vieille ville d'Hennebont, chef-lieu du Kemenet-Héboé, avec les deux tiers du vieux château ; d'ailleurs ils sont constamment appelés Fiefs de Léon en Kémenet-Héboé, ou Fiefs de Kémenet-Héboé dépendants de la seigneurie de Léon.

Pour la Roche-Moisan, il suffit de lire les lettres où Jean IV, duc de Bretagne, donne, en 1380, à Jean Ier, vicomte de Rohan, « le chatiel et toute la chatellenie de la Roche-Moisan o toutes ses appartenances, sise au pais et terroir de Kemenet-Heboay, es paroisses et villes de Lesbin, Ponscorf, Ploemur, Béouay, Arzenou, Redenez, Guidel, Guilgoumarh, Mezlen, et en l'isle de Grouay. »

La plupart de la vieille ville d'Hennebont et une partie de son vieux château dépendaient du Pontcallec. La paroisse de Cléguer, qui en dépendait aussi tout entière, est mise formellement dans le Kémenet-Héboé par un acte de 1160 ; et dans un acte du XIIIe siècle, il en est de même du fief de Tyhenri, dépendance du Pontcallec, qui embrassait la plus grande partie de Plouay.

Le nom de Kemenet-Heboë fut conservé comme celui d'un des six doyennés du diocèse de Vannes jusqu'à la Révolution française ; il comprenait 20 paroisses[8].

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Le Kemenet-Guegant, dont le nom se retrouve dans celui de Guémené-sur-Scorff, serait issu, comme le Kemenet-Héboé, du démembrement d'un kemenet originel qui aurait été une division administrative du comté de Vannes. Il porterait le nom de Guégon [Guégan], qui en aurait été le premier titulaire.

Références

  1. Les kemenet pourraient être à l'origine des circonscriptions des pagi, mais cela reste incertain
  2. Philippe Jouët et Kilian Delorme, Atlas historique des pays et terroirs de Bretagne : histoire, ethnographie et linguistique, Morlaix, Skol Vreizh, , 159 p. (ISBN 978-2-915623-28-4)
  3. Revue de Bretagne et de Vendée, p. 375 ; charte reproduite dans Histoire de Bretagne, Dom Morice, Preuves I, 638.
  4. Dom Morice, Histoire de Bretagne, Preuves I, 996, cité par la Revue de Bretagne et de Vendée, p. 375
  5. Cartulaire du Morbihan, acte no 239 « Henri fils de Soliman donne à l'abbaye de Saint-Mélaine de Rennes la terre de Sainte-Marie d'Hennebont » p. 195.
  6. Jean-Paul Soubigou, « Le Léon dans la Bretagne des Xe-XIe siècles (Kemenet et vicomté) », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, nos 120-4, (lire en ligne, consulté le ).
  7. Aurélien de Courson, "La Bretagne du Ve au XIIe siècle", 1863, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65691822/f162.image.r=Guidel?rk=8476436;4 et http://clergedol.free.fr/dioceses-bretons/di-vannes.htm
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