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Kako (hippopotame)

Kako, surnommé par la presse Kako le misanthrope ou Kako le terrible, est un hippopotame amphibie de la ménagerie du Jardin des plantes, à Paris. Il se fait connaître au début du XXe siècle pour avoir tué deux de ses gardiens, la première fois en 1901 et la deuxième en 1903.

Kako
Kako et sa compagne, Liza (date inconnue, après 1903).
Informations
Espèce
Hippopotamus amphibius
(hippopotame amphibie)
Sexe
Date de naissance
Vers 1895
Lieu de naissance
Lieu de vie
Date de décès
Lieu de décès
Fait notable
Connu pour avoir tué deux de ses gardiens, en 1901 et en 1903.

Biographie

Les premières années

NĂ© au SĂ©nĂ©gal, Kako est achetĂ© 10 000 francs au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne par Alphonse Milne-Edwards, le directeur du MusĂ©um national d'histoire naturelle[1]. ArrivĂ© Ă  l'âge de huit mois Ă  la mĂ©nagerie du Jardin des plantes, le [1], il cĂ´toie d'abord Bichette, la « grosse doyenne Â» du parc. La vĂ©nĂ©rable femelle, qui avait Ă©tĂ© offerte en 1855 par Halim Pacha, frère du vice-roi d'Égypte, SaĂŻd Pacha, est une des cĂ©lĂ©britĂ©s de la mĂ©nagerie. Elle meurt le , âgĂ©e de 43 ans. Ă€ cette Ă©poque, Kako « n'est guère plus gros qu'un gros porc », selon les mots du Petit Journal[2], tandis que La Croix le qualifie de « moutard Â»[3]. Les deux quotidiens notent de la tristesse chez le jeune hippopotame après la mort de sa compagne[2] - [3].

Pour parer à la solitude de Kako, le muséum fait l'acquisition auprès de Carl Hagenbeck d'une nouvelle femelle, Liza, née en au zoo d'Anvers. Elle fait son entrée à la ménagerie le [4] - [5].

Les drames de 1901 et 1903

Le , Kako inflige de graves blessures à M. Laudy, gardien titulaire de la ménagerie. Le malheureux est coincé contre une grille, lacéré et piétiné. Malgré l'aide courageuse apportée par un autre employé, Pierre-Auguste Defaux[6], Laudy meurt le à l'hôpital de la Pitié après une agonie de plusieurs jours[7]. Cet événement vaut à l'hippopotame une célébrité morbide. Les foules se pressent pour le voir[8].

Interrogée sur la nécessité de mettre en place des mesures de protection, l'administration du muséum répond :

« Mais aucune mesure ne paraît s'imposer. C'est la première fois qu'un pareil accident arrive chez nous ; le malheureux Laudy a été pris dans une sorte de cul-de-sac, derrière la rotonde consacrée aux ébats de l'hippopotame. Il n'a pas pu s'échapper. Que voulez-vous ? Nos animaux ne sont pas des plus apprivoisables. Avec eux, il faut toujours être sur ses gardes. Toutes les mesures du monde ne peuvent absolument empêcher de tels accidents. »

— Administration du Muséum national d'histoire naturelle[9]

Le second accident a lieu le . Ce jour-lĂ , un public nombreux est venu assister au repas du cĂ©tartiodactyle. La gardien chargĂ© de la besogne est Jean-Baptiste Lancel, un employĂ© expĂ©rimentĂ© de la mĂ©nagerie qui s'occupe de Kako depuis son arrivĂ©e. Alors que Kako et la femelle Liza sont immergĂ©s dans le bassin, il entre, une botte de foin Ă  la main. Liza sort de l'eau et la mange puis rentre docilement dans sa cage, suivie par Lancel. Le gardien, revenu sur ses pas, tend une autre botte de foin Ă  Kako qui se dirige vers la porte de sa cage. En passant Ă  la hauteur de Lancel, il a soudain un geste violent et le fait tomber, puis il ouvre en grand sa gueule et mord son gardien par le milieu du corps. Ses canines de près de 20 cm broient le bassin du vieil homme sous les cris de peur de la foule. D'autres gardiens accourent dans l'enclos et saisissent Kako par la patte arrière jusqu'Ă  ce qu'il lâche prise, ce qui finit par se faire avec difficultĂ©[8].

Lancel est placĂ© sur une civière et transportĂ© conscient, mais mourant, Ă  l'hĂ´pital de la PitiĂ©. Son bassin est fracturĂ©, ses cuisses sont broyĂ©es et sa vessie a Ă©tĂ© perforĂ©e. MalgrĂ© les efforts des mĂ©decins, il meurt une heure après son arrivĂ©e. Jean-Baptiste Lancel avait trente-et-un ans de service Ă  la mĂ©nagerie et Ă©tait chargĂ© des animaux les plus dangereux. MariĂ© et père de quatre filles, il Ă©tait aussi Ă  six mois de la retraite. Cet Ă©vĂ©nement vaut Ă  Kako le surnom « le misanthrope Â», trouvĂ© le lendemain par Le Petit Journal[8].

Le , de retour sur les lieux de la tragĂ©die, un journaliste du Petit Journal rapporte une hypothèse sur l'accès de violence de Kako : « trop bon Ă©poux Â», il se serait attaquĂ© au gardien car celui-ci le sĂ©parait de sa femelle. Après l'attaque, les gardiens ne sont plus autorisĂ©s Ă  entrer dans l'enclos. Pour nettoyer sa cage, un système de trappes Ă  coulisse, qui n'est pas sans rappeler ceux rĂ©servĂ©s aux fauves, est mis en place. Il permet de dĂ©placer Kako dans une cage provisoire pendant que les gardiens officient[10].

Descendance et fin de vie

Le , Kako et Liza donnent naissance Ă  un petit, nommĂ© Kako II[11]. NĂ© dans le bassin et dĂ©laissĂ© par Liza, d'après les tĂ©moins, il est pris en charge par les gardiens[12] mais meurt dès le [13]. Dans la nuit du 14 au , Liza et Kako sont parents d'une femelle, baptisĂ©e Mariusa[14] - [15]. Elle est enlevĂ©e Ă  sa mère et confiĂ©e aux gardiens qui la font allaiter par huit chèvres[16]. « Folâtre Â», la petite devient en son nom propre une cĂ©lĂ©britĂ© du parc. Les journaux — qui la prennent pour un mâle et l'appellent Marius[14] — publient ses bulletins de santĂ© de manière quotidienne et elle reçoit mĂŞme la visite d'un ministre, Aristide Briand, ministre de l'Instruction publique. Malheureusement, Mariusa meurt le lendemain de cette visite, le [17] - [18] - [19], victime d'une maladie du cĹ“ur[20] (une endocardite) causĂ©e par les mauvais traitements de ses parents, et surtout ceux de sa mère peu après la naissance[14] - [21]. D'autres petits suivent dans les annĂ©es qui suivent, mais aucun ne survit. En 1912, Ă  l'occasion de la naissance du huitième descendant du couple, l'hebdomadaire Le Rire se fait l'Ă©cho de l'incomprĂ©hension des savants face Ă  cette mortalitĂ© infantile. Kako et Liza ont perdu les sept premiers. Un manque d'hygiène, une alimentation insuffisante, l'insalubritĂ© des logements, le comportement des parents voire la mauvaise qualitĂ© du lait sont Ă©voquĂ©s[22].

Kako meurt à la ménagerie le [23] - [24]. Liza lui survit plusieurs années, avant de le suivre le [25] - [26].

Sur demande des employés échaudés par ces « incidents », ils ne seront pas remplacés, et des statues grandeur nature sont érigées à la place.

Postérité

La mĂ©nagerie cite Kako parmi ses « stars d'hier et d'aujourd'hui Â», au cĂ´tĂ© de la girafe Zarafa, des Ă©lĂ©phants Hans et Parkie et de la tortue Kiki[27].

En 2013, l'historienne Emmanuelle Polack et le dessinateur Barroux adaptent l'histoire de Kako en livre pour enfants, sous le titre Kako le terrible chez La Joie de lire[28].

Notes et références

  1. Archives de la ménagerie, vol. 19, p. 20.
  2. Le Petit Journal sur Gallica, 5 février 1897
  3. La Croix sur Gallica, 6 février 1897
  4. L'Univers sur Gallica, 20 mai 1897
  5. Archives de la ménagerie, vol. 19, p. 37.
  6. Bulletin du Muséum d'histoire naturelle sur Gallica, année 1901, no 8
  7. L'Aurore sur Gallica, 23 septembre 1901
  8. Le Petit Journal sur Gallica, 2 juillet 1903
  9. Le Radical sur Gallica, 25 septembre 1901
  10. Le Petit Journal sur Gallica, 27 juillet 1903
  11. Le Rappel sur Gallica, 24 janvier 1906
  12. L'Univers sur Gallica, 28 janvier 1906
  13. Archives de la ménagerie, vol. 23, p. 4.
  14. Le Radical sur Gallica, 16 octobre 1907
  15. Archives de la ménagerie, vol. 19, p. 317.
  16. Le Figaro sur Gallica, 30 août 1907
  17. Le Petit Parisien sur Gallica, 16 septembre 1907
  18. Archives de la ménagerie, vol. 23, p. 28.
  19. Catalogue des animaux morts à la ménagerie 1898-1924, p. 204.
  20. Le Figaro sur Gallica, 24 janvier 1909
  21. Le Figaro sur Gallica, 22 septembre 1907
  22. Le Rire sur Gallica, 6 avril 1912
  23. Archives de la ménagerie, vol. 23, p. 139.
  24. Catalogue des animaux morts à la ménagerie 1898-1924, p. 351.
  25. Archives de la ménagerie, vol. 23, p. 179.
  26. Catalogue des animaux morts à la ménagerie 1898-1924, p. 400.
  27. « Stars d'hier et d'aujourd'hui à la ménagerie », sur jardindesplantesdeparis.fr (consulté le ).
  28. Emmanuelle Polack / Barroux, Kako le terrible, La Joie de lire, , 32 p. (ISBN 978-2-88908-190-5).

Documents

Voir aussi

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