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Kaffistova

Kaffistova est Ă  l’origine un cafĂ© associatif et culturel spĂ©cifique Ă  la NorvĂšge du dĂ©but du XXe siĂšcle liĂ© Ă  l’exode rural, le monde paysan, les mĂ©tiers de l’artisanat d’art ou domestiques et la promotion de la langue nynorsk. D’un cafĂ© associatif, lieu de rencontre de la jeunesse rurale ou paysanne en milieu urbain dans toute la NorvĂšge, elle est devenue une enseigne de restauration qui existe aujourd’hui encore, notamment celle d’Oslo qui s’est concentrĂ©e sur le crĂ©neau du petit dĂ©jeuner et du lunch dans un cadre dĂ©contractĂ© modernisĂ© ayant perdu la vocation folkloriste de la kaffistove originelle. Environ 130 kaffistover furent fondĂ©s Ă  90 endroits diffĂ©rents sur l’ensemble du territoire norvĂ©gien, dont six Ă©tablissements Ă  Oslo.

Kaffistova
Image illustrative de l’article Kaffistova
Kaffistova, Hotell Bondeheimen et la Maison des Paysans Ă  Oslo
Présentation
CoordonnĂ©es 59° 54â€Č 54″ nord, 10° 44â€Č 25″ est
Pays Drapeau de la NorvĂšge NorvĂšge
Ville Oslo et autres villes
Adresse Rosenkrantz' gate 8, 0159 Oslo
Fondation
Site web https://www.kaffistova.no/
Informations
Type de cuisine cuisine traditionnelle norvégienne
Spécialité(s) Raspeball, Gravlax, RÞmmegrÞt, Morue franche grillée, Viande de renne, Saumon fumé, KjÞttkaker ou boulettes de viande
(Voir situation sur carte : Oslo)
Kaffistova
Kaffistova
GĂ©olocalisation sur la carte : NorvĂšge
(Voir situation sur carte : NorvĂšge)
Kaffistova
Kaffistova

Aspects linguistiques

Le terme « kaffistove » (prononcĂ© : [kafÉȘstoːvə], pluriel kaffistover) est par sa forme et sa phonĂ©tique un mot nynorsk ou nĂ©o-norvĂ©gien[1] que comprennent toutefois les NorvĂ©giens parlant le bokmĂ„l pour lesquels la forme dans cette seconde langue serait plutĂŽt kaffestue (prononcĂ© : [kafəstʉə]. Les synonymes nynorsk sont « kaffistue », « kaffihus » ou « kafĂ© ».

De prime abord, ce n’est pas un nom propre mais la simple dĂ©signation d’un local oĂč l’on peut dĂ©guster du cafĂ© comme pour le terme autrichien Kaffeehaus, maison du cafĂ©. La forme norvĂ©gienne avec stove ou stue fait davantage rĂ©fĂ©rence Ă  la salle commune de restauration du cafĂ© : « stove » signifie une piĂšce Ă  vivre, un salon ou une salle Ă  manger dans les maisons d’habitation. La prĂ©fĂ©rence pour « stove » au lieu de « hus » (maison) s’explique par le fait que la premiĂšre est associĂ©e Ă  la dĂ©tente, Ă  la communautĂ© et au plaisir de partager Ă  boire et Ă  manger comme en famille. À l’instar de la « Stube » des Allemands, Autrichiens, Alsaciens et Suisses, la « stove » norvĂ©gienne Ă©tait toujours la piĂšce la plus dĂ©corĂ©e et la plus publique des anciennes fermes traditionnelles. La « stove » reflĂšte ainsi une communautĂ© culturelle cohĂ©sive.

La forme avec le A en finale n’est pas une variante dialectale : il s’agit juste de l’article dĂ©fini des mots fĂ©minins en nynorsk. Dans les langues scandinaves, quand le substantif est seul et non dĂ©terminĂ© par quoi que ce soit, l’article dĂ©fini est postposĂ©. « Ei stove » signifie une salle Ă  manger, « stova » veut dire la salle Ă  manger. Stove et stue sont des mots fĂ©minins. kaffistova avec un K minuscule pour dĂ©signer le type d'Ă©tablissement frĂ©quentĂ© est devenu Kaffistova, un nom d’enseigne avec un logo reprĂ©sentant un dragon trĂšs stylisĂ©. À l’image d’une coopĂ©rative qui devient une Coop, le mot commun est entrĂ© dans le langage courant par habitude pour dĂ©signer un lieu de restauration, pour les locaux comme pour les touristes.

Historique

La premiĂšre kaffistove a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e le Ă  Oslo au centre-ville (A l’époque, "Christiania"). Le concept initial est d’un cĂŽtĂ© de servir Ă  un public plutĂŽt jeune et rural des boissons non alcoolisĂ©es et un repas de midi simple tirĂ© de la tradition culinaire norvĂ©gienne. D’un autre cĂŽtĂ©, elle souhaite mettre en contact ses clients avec la langue nynorsk Ă©crite par le truchement de livres et de publications de presse. Tout est fait pour y rĂ©aliser la jonction entre tous les secteurs de l’art, du divertissement et de l’artisanat. Les associations culturelles qui chapotent une kaffestove organisent des piĂšces de thĂ©Ăątre, des chorales, des soirĂ©es dansantes et font la promotion du costume traditionnel (bunad), des chants populaires et des produits faits maison (husflid) comme le tricot ou la broderie[2]. De nombreuses stover Ă©taient associĂ©es Ă  un hĂŽtel dĂ©nommĂ© bondeheimen (foyer paysan) gĂ©rĂ© par l’association Bondeungdomslag axĂ©e sur la promotion de la culture traditionnelle paysanne auprĂšs de la jeunesse vivant en ville. Outre la restauration et l'hĂ©bergement, les kaffistover poursuivaient au dĂ©part Ă©galement un but idĂ©ologique et nationaliste : mettre en avant et soutenir l'authenticitĂ© de la vie rurale comme socle de l'identitĂ© norvĂ©gienne.

Ainsiplusieurs kaffistover ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es dans les grandes et moyennes villes de NorvĂšge avec la mĂȘme finalitĂ© partout :

En offrant aux nouveaux arrivants des rĂ©gions rurales et aux voyageurs rĂ©currents ou passagers un lieu de rencontre et d’expression en pleine ville, les kaffistover ont eu un grand succĂšs auprĂšs de la jeunesse des provinces et Ă©taient des sources de revenus pour les associations tutelles de ces cafĂ©s. La plupart refusaient la vente de boissons alcoolisĂ©es.

  • Exemple d'intĂ©rieur de la kaffistove d'Oslo au dĂ©but du XXe siĂšcle. On remarque le dĂ©cor et le personnel en bunad.
    Exemple d'intérieur de la kaffistove d'Oslo au début du XXe siÚcle. On remarque le décor et le personnel en bunad.
  • Ancienne Kaffistova oĂč l'on peut observer la dĂ©coration ancrĂ©e dans l'esprit norvĂ©gien, notamment par l'usage du bois sculptĂ©.
    Ancienne Kaffistova oĂč l'on peut observer la dĂ©coration ancrĂ©e dans l'esprit norvĂ©gien, notamment par l'usage du bois sculptĂ©.
  • Ancienne Kaffistova Ă  Oslo au centre-ville en 1926.
    Ancienne Kaffistova Ă  Oslo au centre-ville en 1926.
  • Ancienne Kaffistova au no 26 de la Nordre gate, les sculptures sur bois frappent le regard.
    Ancienne Kaffistova au no 26 de la Nordre gate, les sculptures sur bois frappent le regard.

Le milieu associatif

La kaffistove Ă©tait un local associatif Ă  vocation culturelle et sociale crĂ©Ă© par l’antenne communale ou cantonale de deux fĂ©dĂ©rations principales: l’association de la jeunesse de NorvĂšge (Noregs Ungdomslag) et l’association de la langue norvĂ©gienne (Noregs MĂ„llag).

Association de la jeunesse de NorvĂšge

La plus importante des associations tutelle des kaffistover est le Noregs Ungdomslag[3]. Il fĂ©dĂšre au niveau national toutes les organisations de jeunesse respectueuse de la libertĂ© d’opinion. CrĂ©Ă© Ă  Trondheim en 1896, il a son siĂšge Ă  Oslo. Il comptait en 2018 dans les 14 000 adhĂ©rents rĂ©partis sur environ 350 antennes rĂ©gionales. L’association est neutre et non affiliĂ©e Ă  un parti politique. L’objectif de l’association au moment de sa crĂ©ation Ă©tait de promouvoir la culture norvĂ©gienne et de mettre en contact tous les acteurs du monde associatif rural pour une meilleure coordination des activitĂ©s. Une de ses prioritĂ©s Ă©tait d’offrir aux jeunes issus des campagnes un lieu de rencontre et d’échange dans les villes. Ceci laisserait entendre que la ville a un effet destructeur sur la tradition et que le citadin rejette les coutumes des campagnes comme dĂ©modĂ©es Ă©ventuellement. L’association a travaillĂ© essentiellement dans les domaines de la musique populaire, les costumes traditionnels (bunad), le thĂ©Ăątre amateur et l’artisanat traditionnel. Son action dĂ©bouche sur la crĂ©ation de musĂ©es consacrĂ©s Ă  la culture rurale et sur la coordination des activitĂ©s avec des associations similaires Ă  l’international. L'association travaille en Ă©troite collaboration avec les universitĂ©s populaires dont les programmes de cours pour adultes portent aussi sur la dĂ©couverte d’un artisanat local, d’une technique de tricot ou de broderie traditionnelle entre autres. La danse et la musique traditionnelles occupent une place privilĂ©giĂ©e dans leur programme. C’est pourquoi il ne faut pas omettre de parler du rĂŽle des artistes dans les diffĂ©rents mĂ©tiers d’art souvent contactĂ©s ou citĂ©s en exemple par les associations promouvant la culture locale. On peut citer Lars Kinsarvik qui a non seulement dĂ©corĂ© de nombreux kaffistover avec la sculpture bois traditionnelle de NorvĂšge afin de donner un cadre authentique, local et identitaire aux jeunes clients, mais aussi parce que Kinsarvik jouait du violon traditionnel norvĂ©gien pour exĂ©cuter les mĂ©lodies populaires que le compositeur national Edvard Grieg est venu collecter chez lui. L’autre volet de l’association porte sur la dĂ©fense de la langue nynorsk. Pour Oslo, les choses sont plus claires car il s’agit d’une rĂ©gion de NorvĂšge oĂč on parle le bokmĂ„l. Pour Bergen, Stavanger, Ålesund ou Trondheim, le contact avec la variante rĂ©gionale est permanent. NĂ©anmoins, le fait de soutenir une langue par le monde associatif au profit des populations rurales isolĂ©es dans les centres urbains tend Ă  dĂ©montrer qu’on craignait dans ce cas une trop forte influence du bokmĂ„l. L'Ungsdomslag organise des rĂ©unions et des moments de partage en nynorsk mais il travaille surtout dans le monde de l’édition pour faire connaĂźtre la littĂ©rature en nynorsk (livres, magazines, articles de presse, bulletins de l'association).

Association de la langue norvégienne

Le Noregs MĂ„llag rassemble les associations de dĂ©fense des dialectes norvĂ©giens et du nynorsk comme langue Ă©crite. Son siĂšge est Ă  Oslo. Au dĂ©but des annĂ©es 2010, il comptait environ 12 000 membres dans 160 antennes rĂ©gionales dans 19 circonscriptions. Il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1906 par Marius HĂŠgstad qui en sera le premier prĂ©sident. Les groupes de mĂ©tiers les plus reprĂ©sentĂ©s sont les enseignants, les commerçants, les mĂ©decins, les juristes, les thĂ©ologiens et les journalistes[4]. L’association publie un bulletin pour ses membres qui s’appelle Norsk Tidend (Journal norvĂ©gien) et un magazine en ligne dĂ©nommĂ© Magasinett. Elle dĂ©cerne un prix de littĂ©rature nynorsk, un prix de littĂ©rature pour enfants en nynorsk et un prix de l’économie nynorsk.

Association de la jeunesse paysanne

AffiliĂ©e Ă  la Noregs Ungdomslag, l’association de la jeunesse paysanne (Bondeungdomslag) faisait aussi des affaires en gĂ©rant ces kaffistover, mais aussi des hĂŽtels et des magasins de vente de costumes folkloriques ou des produits issus de l’artisanat de l’art (Mouvement husflid). Les rentrĂ©es d’argent permettaient l’organisation des Ă©vĂ©nements culturels mais faisaient Ă©galement de cette association du monde paysan le propriĂ©taire de l’hĂŽtel Bondeheimen, la kaffistova et le Heimen Husflid dans la capitale. Luttant pour le maintien des traditions rurales encore trĂšs imprĂ©gnĂ©es par la culture paysanne, la kaffistove faisait fonction de lieu de rencontre pour les jeunes du monde agricole qui habitaient ou travaillaient dans les agglomĂ©rations urbaines. L’autre objectif affichĂ© Ă©tait la dĂ©fense du nynorsk en parallĂšle avec les autres associations de jeunesse citĂ©es plus haut.

Kaffistova aujourd’hui

L'enseigne commerciale a une carte basée en grande partie sur la tradition culinaire norvégienne et propose des plats de steak de renne, saumon fumé, gravlax et morue franche[5].

Liens externes

Références et notes

  1. « Kaffistove », sur BokmĂ„sordboka – Nynorskordboka, Conseil de la langue norvĂ©gienne, universitĂ© de Bergen, .
  2. (no) Olav Garvik, « Bondeungdomslag », Store norske leksikon,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. (no) Marit Greve, « Noregs Ungdomslag », Store norske leksikon,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. (no) Ernst HĂ„kon Jahr, « Noregs MĂ„llag », Store norske leksikon,‎ .
  5. Version anglaise dans le texte : « Business Idea : To spread Norwegian food traditions to new generations ».
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