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Jules Audent

Jules Audent est un homme politique, avocat et administrateur de société belge, membre du Parti libéral, né le à Charleroi et mort dans cette ville le .

Jules Audent
Jules Audent en grand costume de bourgmestre.
Fonctions
SĂ©nateur belge
-
Bourgmestre de Charleroi
-
Échevin
Charleroi
-
Conseiller communal
Charleroi
-
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  76 ans)
Charleroi
SĂ©pulture
Nom de naissance
Jules André Albert Audent
Nationalité
Formation
Activités

En tant qu'avocat, il marque par sa forte personnalité la vie judiciaire carolorégienne de son temps. Échevin de l'Instruction publique, il crée des écoles pour garçons et filles. Comme bourgmestre, il doit faire preuve de diplomatie lors de la question de la « séparation du Faubourg » et faire face aux ouvriers qui menacent de piller la ville lors des grèves de mars 1886.

Il est principalement connu pour les grands travaux réalisés sous son impulsion et qui lui valent le surnom de « Haussmann carolo ». Ces travaux d'urbanisation remplacent les fortifications qui ceinturaient la ville par des boulevards, parcs, habitations et édifices publics.

Biographie

Jules-AndrĂ©-Albert Audent est le fils de l'avocat Albert Audent[alpha 1] et de LĂ©ocadie Masquelier. Il fait ses Ă©tudes secondaires au collège communal de Charleroi d'abord, Ă  l'athĂ©nĂ©e royal de Bruxelles ensuite. Il obtient un doctorat en droit Ă  l'universitĂ© de Liège en 1857col. 48_2-0">[1].

Le [2], il épouse Aline François, fille de l'industriel Alexandre François[3]. Elle meurt le à l'âge de 29 ans[4], quelques jours après la naissance de leur fille, Élise[alpha 2].

Avocat

Dès sa sortie de l'universitĂ©, il devient avocat au tribunal de première instance de Charleroi oĂą ses compĂ©tences sont reconnues, notamment dans les affaires civiles. Il fait autoritĂ© comme jurisconsulte et forme de nombreux stagiaires qui deviennent par la suite des magistrats et des avocats en vue. Huit fois bâtonnier entre 1871 et 1908, Jules Audent marque par sa forte personnalitĂ© la vie judiciaire carolorĂ©gienne de son tempscol. 48-49_7-0">[5].

Administrateur de société

Avocat d'affaires, Jules Audent siège dans le conseil d'administration de nombreuses sociétés, notamment de la Caisse générale d'épargne et de retraite, de la Fabrique de fer et des Forges de la Providence à Marchienne-au-Pont, des charbonnages d'Ormont à Châtelet et du Petit-Try à Lambusart[3]. À la fin de sa vie, il est administrateur de la Banque de Bruxelles[6].

En outre, Jules Audent figure parmi les 154 libĂ©raux qui, en 1878, fondent la Gazette de Charleroicol. 57_9-0">[7].

Homme politique

Carte topographique en couleur
Carte topographique publiée en 1873 qui reprend le projet primé en 1867. Le projet de 1867 sera fortement modifié par un nouveau plan d'aménagement de 1880[8].

Jules Audent est Ă©lu conseiller communal le col. 49_11-0">[9]. Ă€ cette Ă©poque, la ville est ceinturĂ©e de remparts qui empĂŞchent son extension et dont les autoritĂ©s communales veulent obtenir le dĂ©mantèlement. Dès 1865, Jules Audent demande l'ouverture d'un concours pour l'Ă©laboration d'un plan d'amĂ©nagement des terrains militaires. Il est rapporteur du jury chargĂ© d'examiner les projets retenuscol. 50_12-0">[10] - [11]. Il s'occupe Ă©galement des nĂ©gociations entre l'État et la commune quant Ă  leurs droits et obligations respectives dans l'appropriation des terrains militairescol. 49_11-1">[9]. Il veille Ă  dĂ©fendre au mieux les intĂ©rĂŞts de la ville[11]. Les travaux de dĂ©molition sont entamĂ©s en 1868 et s'achèvent en 1871.

En 1871, l'administration communale contracte un emprunt pour permettre des dĂ©penses importantes au profit de l'enseignementcol. 50_12-1">[10]. Audent devient Ă©chevin de l'Instruction publique de Charleroi en 1873. SecondĂ© par l'instituteur Eugène Cobaux, il crĂ©e des Ă©coles pour garçons et filles dans les diffĂ©rents quartiers de la villecol. 50_12-2">[10]. Il organise Ă©galement un enseignement maternel officielcol. 50-51_14-0">[12].

Le , Jules Audent est nommĂ© au poste de bourgmestrecol. 51_15-0">[13]. Avec l'aide d'Alfred-Hyppolite Defontaine, devenu Ă©chevin de l'Instruction, il poursuit la politique scolaire. La ville organise l'enseignement technique et professionnel, et l'ancienne Ă©cole de porions et contremaĂ®tres devient une Ă©cole industrielle rĂ©putĂ©ecol. 53_16-0">[14] - [15]. L'ancien collège communal devient athĂ©nĂ©e royal en 1881col. 53_16-1">[14]. Lors de la question de la « sĂ©paration du Faubourg », quartier que les habitants Ă  majoritĂ© ouvrière veulent faire Ă©riger en commune autonome, Audent doit faire preuve de diplomatie et d'Ă©nergie pour conserver l'intĂ©gritĂ© territoriale de Charleroicol. 54_18-0">[16] - [15] - [alpha 3].

Lors des grèves de mars 1886, où les troubles sociaux prennent des dimensions d'insurrection générale, et à la suite des événements de Liège, Jules Audent réclame à Joseph d'Ursel, gouverneur de la province de Hainaut l’envoi d’un escadron de lanciers de Tournai pour protéger Gilly[17]. Il fait afficher un texte qui invite fermement les citoyens à rester chez eux, « ils éviteront ainsi d'être victimes d'une imprudente curiosité[18] ». Le général Alfred van der Smissen refuse tout secours militaire à Charleroi considérant que la Garde civique suffit pour défendre la ville. Il invite l'échevin Defontaine à faire ouvrir le feu, sans sommations légales, par cette même Garde civique, si celle-ci se trouvait en péril. L'échevin Defontaine refuse et dénonce le caractère illégal et inconstitutionnel des ordres du général[19] - [20] - [alpha 4]. Les ouvriers qui menacent de piller la ville sont repoussés par les seules forces de police et la Garde civique sans qu'il y ait mort d'homme[15].

Le , Ă  la suite du dĂ©cès d'Émile Balisaux, Audent devient sĂ©nateur. Il est rĂ©gulièrement rĂ©Ă©lu jusqu'en 1908, date Ă  laquelle il ne se reprĂ©sente pluscol. 55_25-0">[21]. Au sĂ©nat, il est peu prolixe et se trouve parmi les doctrinaires[alpha 5] - col. 56_27-0">[22]. Il intervient principalement pour les questions de justicecol. 56_27-1">[22]. Il rĂ©clame Ă©galement l'instauration du service militaire personnel et obligatoire[alpha 6] - col. 56_27-2">[22]. Peu ouvert aux problèmes sociaux, il prĂ©fère un système Ă©lectoral basĂ© sur le capacitariat au droit de vote gĂ©nĂ©ralcol. 57_9-1">[7].

Ă€ la suite des Ă©lections communales du , les premiers Ă©lus socialistes, emmenĂ©s par Édouard Falony, entrent au conseil communal et les dĂ©bats prennent un caractère plus engagĂ© et plus violent qu'auparavant. Ceci mettait parfois mal Ă  l'aise le bourgmestre Audent qui n'apprĂ©cie guère les querelles politiques excessives dans les rĂ©unions du conseilcol. 54_18-1">[16].

Le , Jules Audent, alors familièrement appelĂ© le « vieux mayeur », s'estimant trop âgĂ© pour remplir son mandat de bourgmestre avec le zèle qu'il y a montrĂ© jadis, quitte son poste et prend congĂ© du conseil communalcol. 55_25-1">[21].

Distinctions

photo en couleur d'une maison de style Ă©clectique
Maison de Jules Audent construite en 1877, boulevard Central[23], devenu boulevard Audent en 1889[24].

Postérité

L'Ă©poque de Jules Audent est pour Charleroi une pĂ©riode de grands travaux. Ă€ partir de plusieurs plans d'ensemble, sont amĂ©nagĂ©s des parcs publics, rues et boulevards Ă©quipĂ©s d'un rĂ©seau de distribution d'eau et d'Ă©gouts et bordĂ©s de maisons Ă©lĂ©gantes. En dehors des Ă©coles, d'autres Ă©difices importants voient le jour ou sont achevĂ©s : construction d'un abattoir, d'un vaste entrepĂ´t communal, d'un nouveau palais de Justice en 1880 et d'une bourse du commerce en 1893col. 57_9-2">[7]. De 1879 Ă  1910, annĂ©e de sa mort, la population de la ville double quasiment, augmentant de plus de 15 000 personnes[alpha 7], et environ 2 000 maisons sont construites[24].

Audent est parfois surnommé le « Haussmann carolo »[25].

Un boulevard de Charleroi, initialement appelé Boulevard Central, prit son nom dès le [24].

Notes et références

Notes

  1. Albert Audent a organisé le mouvement patriotique à Charleroi lors de la Révolution de 1830 (Hendrickx, col. 48).
  2. En 1891, Élise épouse Paul Dewandre, fils du sénateur Barthel Dewandre. Paul Dewandre est ingénieur et l'une des grandes fortunes de Belgique (Delaet, Kurgan-van Hentenrijk, Jaumain et Montens, p. 24).
  3. La requête de 1887 des habitants du Faubourg est la quatrième après celles de 1843, 1851 et 1874 (Schaeffer, p. 37, 55, 87 et 119).
  4. Une autre version indique que c'est le bourgmestre qui refuse que le général van der Smissen envoie ses troupes pour réprimer l'émeute, et que lui et l'échevin Defontaine dénoncent le caractère illégal et inconstitutionnel des ordres du général et exigent que les troupes se retirent de la ville qui n'était pas en état de siège (Schaeffer, p. 118).
  5. Au sein du Parti libéral, les doctrinaires, tel que Walthère Frère-Orban, s'opposaient à l'élargissement du corps électoral réclamé par les radicaux, par exemple Paul Janson.
  6. Il lui semble utopique de confier la protection du pays à ceux qui ont le moins d'intérêts à le défendre (Hendrickx, col. 56).
  7. De 16 225 habitants en 1879 (Schaeffer, p. 98) Ă  31 856 en 1910 (Schaeffer, p. 149).

Références

  1. col. 48-2" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 48.
  2. « Acte de mariage », sur familysearch.org, (consulté le ).
  3. Delaet, Kurgan-van Hentenrijk, Jaumain et Montens, p. 24.
  4. « Acte de décès », sur familysearch.org, (consulté le ).
  5. col. 48-49-7" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 48-49.
  6. Samuel Tilman, Les Grands Banquiers belges (1830-1935) : Portrait collectif d'une élite, Bruxelles, Académie royale de Belgique, coll. « Mémoire de la Classe des lettres », , 441 p. (ISBN 2-8031-0226-9, lire en ligne [PDF]), p. 158-159.
  7. col. 57-9" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 57.
  8. Jean-Alexandre Pouleur, « Charleroi, de sa création à l'aménagement des grands boulevards », dans Charleroi 1911-2011 : L'industrie s'associe à la culture, , 564 p. (ISBN 978-2-87522-075-2), p. 96-98.
  9. col. 49-11" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 49.
  10. col. 50-12" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 50.
  11. Schaeffer, p. 104.
  12. col. 50-51-14" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 50-51.
  13. col. 51-15" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 51.
  14. col. 53-16" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 53.
  15. Schaeffer, p. 105.
  16. col. 54-18" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 54.
  17. van Kalken, p. 99.
  18. Schaeffer, p. 118.
  19. Houdez, p. 17-18.
  20. van Kalken, p. 110.
  21. col. 55-25" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 55.
  22. col. 56-27" class="mw-reference-text">Hendrickx, col. 56.
  23. Anne-Catherine Bioul, Alain Dauchot et Jean Alexandre Pouleur, Charleroi, ville d'architectures : Du Temps des Forteresses aux Années Folles 1666-1940, Bruxelles, Atelier Ledoux, Espace Environnement, , p. 48.
  24. Everard, p. 32.
  25. Didier Albin, « Jules Audent, mayeur durant 33 ans », L'Avenir,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Louis Delaet, Ginette Kurgan-van Hentenrijk, Serge Jaumain et ValĂ©rie Montens, « Jules Audent », dans Dictionnaire des patrons en Belgique : Les hommes, les entreprises, les rĂ©seaux, De Boeck & Larcier, , 729 p. (ISBN 2-8041-1581-X), p. 24.
  • Jean-Luc De Paepe et Christiane Raindorf-GĂ©rard, « Jules Audent », dans Le Parlement Belge 1831-1894 : DonnĂ©es Biographiques, Bruxelles, AcadĂ©mie Royale de Belgique, , 645 p. (ISBN 978-2-8031-0140-5), p. 10-11.
  • Jean Everard, Monographie des rues de Charleroi, Charleroi, Collins, , 223 p.
  • Jean-Pierre Hendrickx, « Audent (Jules-AndrĂ©-Albert) », dans Biographie nationale, t. 39, Bruxelles, AcadĂ©mie Royale de Belgique, (lire en ligne [PDF]), col. 48-60.
  • Gustave Houdez (prĂ©f. Jules DestrĂ©e, photogr. Edmond BĂ©vierre), Quatre-vingt-six : Les troubles de Charleroi, mars 1886, vingt-cinq ans après, Frameries, Dufrane-Friart, , 130 p.
  • Pierre-Jean Schaeffer, Charleroi 1830-1994 : Histoire d'une MĂ©tropole, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Quorum, , 466 p. (ISBN 2-930014-42-3).
  • Frans van Kalken, Commotions populaires en Belgique (1834-1902), Bruxelles, Office de publicitĂ©, , chap. 3 (« Les Émeutes de 1886 »), p. 96-112.

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