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Jugement Ă  Nuremberg

Jugement à Nuremberg (titre original : Judgment at Nuremberg) est un film de procès américain réalisé par Stanley Kramer, sorti en 1961. Il s'inspire du procès des juges qui mirent en œuvre la loi nazie, un des procès de Nuremberg, qui eut lieu en 1947.

Jugement Ă  Nuremberg
Description de l'image Judgment at Nuremberg (1961 film poster).jpg.
Titre original Judgment at Nuremberg
RĂ©alisation Stanley Kramer
Scénario Abby Mann (+ histoire)
Montgomery Clift
Acteurs principaux
Sociétés de production Roxlom Films Inc.
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Durée 186 minutes
Sortie 1961

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Richard Widmark (Ă  g.).

Synopsis

Le film s'intéresse à la responsabilité de quatre juges et procureurs allemands, accusés de crimes contre l'humanité pour leur participation aux atrocités commises sous le régime nazi, lors du procès de Nuremberg en 1947.

Résumé

Le juge Dan Haywood est le juge en chef d'un panel de trois juristes alliés qui entendront et décideront de l'affaire contre les accusés allemands. Il cherche particulièrement à comprendre comment l'accusé Ernst Janning a pu commettre les atrocités dont il est accusé, notamment la condamnation à mort de personnes innocentes. Janning, apprend-on, est un juriste et un spécialiste du droit très instruit et respecté dans le monde entier. Haywood cherche alors à comprendre comment le peuple allemand a pu fermer les yeux et faire la sourde oreille face aux crimes du régime nazi. Pour ce faire, il se lie d'amitié avec la veuve d'un général allemand ayant été exécuté par les Alliés. Il s'entretient avec un certain nombre d'Allemands, qui ont des points de vue différents sur la guerre. Il rencontre également le capitaine Byers, membre de l'armée d'occupation américaine, chargé d'assister les juges américains, ainsi qu'Irene Hoffmann, qui craint de fournir un témoignage susceptible de renforcer les arguments de l'accusation contre les Allemands.

L'avocat allemand de la défense, Hans Rolfe, fait valoir que les accusés ne sont pas les seuls à avoir aidé le régime nazi, ou du moins, à avoir fermé les yeux sur ses agissements. Il suggère par ailleurs que les États-Unis ont commis des actes tout aussi mauvais, voire pires que ceux perpétrés par les nazis, et met en avant plusieurs faits historiques : le soutien du juge de la Cour suprême américaine Oliver Wendell Holmes Jr. aux premières pratiques eugéniques ; la ségrégation raciale ; la stérilisation des handicapés mentaux ; le Concordat du 20 juillet 1933 avec le Vatican, qui a permis au gouvernement allemand d'obtenir auprès de l'étranger une reconnaissance implicite du nazisme ; ainsi que le rôle de Joseph Staline dans la signature du Pacte germano-soviétique, qui a permis l'invasion et l'occupation de la Pologne occidentale par l'Allemagne, déclenchant ainsi la Seconde Guerre mondiale. Il explique également qu'il était possible, pour les démocraties du monde libre de l'Entre-deux-guerres, de lire Mein Kampf et de constater la folie destructrice qui habitait Adolf Hitler, et affirme que l'Occident a fait preuve de lâcheté en laissant l'Allemagne se réarmer et en cédant aux appétits territoriaux des nazis.

Janning, quant à lui, décide de témoigner en faveur de l'accusation, se déclarant coupable du crime dont il est accusé, à savoir la condamnation à mort d'un homme juif pour "souillure du sang", à la suite de relations intimes avec une jeune Allemande de seize ans. L'ancien juge reconnaît qu'il n'ignorait pas qu'il n'y avait aucune preuve pour soutenir un tel verdict. Au cours de son témoignage, il explique que d'autres personnes bien intentionnées comme lui ont approuvé, par patriotisme, les politiques antisémites et racistes, bien que conscients de leur caractère injuste, en raison des effets du traité de Versailles qui a suivi la Première Guerre mondiale.

Haywood se voit ensuite tiraillé entre des considérations géopolitiques et des idéaux de justice. Le procès se déroule en effet dans le contexte du blocus de Berlin, et des pressions sont exercées pour que les accusés allemands s'en tirent à bon compte afin de gagner le soutien de l'Allemagne de l'Ouest dans la Guerre froide contre l'Union soviétique. Au cours du procès qui se poursuit, on comprend pourquoi les trois autres accusés ont soutenu le régime nazi : l'un avait peur, l'autre se contentait de suivre les ordres et le dernier croyait réellement au nazisme. Les quatre accusés sont reconnus coupables et condamnés à la prison à vie.

Plus tard, Haywood rend visite à Janning dans sa cellule. Ce dernier affirme alors qu'il respecte le juge et que son verdict, bien qu'impopulaire, est juste. Toutefois, il lui demande de croire qu'il ignorait qu'autant de personnes mourraient ainsi et que la situation prendrait une telle ampleur (« Those people, those millions of people... I never knew it would come to that. »). Mais Haywood lui répond qu'il a lui-même initié cette situation lorsqu'il a pour la première fois condamné à mort un homme qu'il savait innocent (« Herr Janning, it came to that the first time you sentenced a man to death you knew to be innocent. »). Puis le juge s'en va. Un carton-titre informe alors le public que, sur les 99 personnes condamnées à des peines de prison lors des procès de Nuremberg ayant eu lieu en zone américaine, aucune ne purgeait encore sa peine à la sortie du film en 1961.

Fiche technique

Distribution

Autour du film

Jugement à Nuremberg est adapté d'un épisode de Playhouse 90[1], basé sur le véritable procès de magistrats allemands à Nuremberg en 1947. Le film apporte une réflexion sur la culpabilité des juges et, au-delà du peuple allemand, sur les différents degrés de culpabilité.

Dans le film, les Américains ne sont pas présentés simplement comme des héros libérateurs. Le personnage de Hans Rolfe, interprété par Maximilian Schell, avocat de Ernst Janning, explique vers la fin du film que, finalement, si l'Allemagne est coupable, le monde l'est aussi. Il s'appuie sur le constat de l'inaction des différents gouvernements devant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et du soutien dont celui-ci a bénéficié de la part d'industriels américains.

Le film présente notamment les images de la libération des camps, projetées à Nuremberg en 1947.

À propos de la participation de l'actrice Marlene Dietrich, Kramer dit : « Je voulais absolument qu'elle ait un rôle dans Jugement à Nuremberg. Lorsque je lui ai rendu visite à New York, elle était déjà d'accord. Elle était convaincue que le national-socialisme en Allemagne n'était pas encore mort et elle adhérait à la thèse du film selon laquelle tout le peuple allemand était responsable. »[2]

En 2001, l'auteur du scénario, Abby Mann, écrit une adaptation du film pour le théâtre, qui fut jouée à Broadway.

Distinctions

RĂ©compenses

Nominations

Notes et références

  1. (en) Mark Deming, « Judgment at Nuremberg (1961) », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  2. Marie-Theres Arnbom, Marlene Dietrich, traduit de l'allemand par Adrien Rogge, Ă©dition Place des Victoires, 2010, p. 166.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marcel Roy, « Le procès de Nuremberg », TĂ©lĂ©cinĂ©, no 102, Paris, FĂ©dĂ©ration des Loisirs et Culture CinĂ©matographique (FLECC), fĂ©vrier-, (ISSN 0049-3287)

Articles connexes

Liens externes

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